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Les grandes marques rendent la vie difficile aux travailleurs vulnérables
Publie le lundi 8 mars 2004 par Open-Publishingpar Oxfam-en-Belgique (1) Les grandes marques de confection et de l’alimentation ainsi que les distributeurs de ces marques sont responsables des mauvaises conditions de travail de millions de travailleuses dans le monde. C’est la conclusion du nouveau rapport Oxfam "La marchandisation de nos droits. Le travail des femmes dans la chaîne d’approvisionnement mondialisée", élaboré dans le cadre de la campagne internationale Pour un commerce équitable (Make Trade Fair).
Le rapport complet (version originale en anglais) (2090 K)
http://www.oxfamsol.be/fr/docs/report_042008_labor.pdf
Egalement disponible sur simple demande
Résumé du rapport en français (1207K)
http://www.oxfamsol.be/fr/docs/travail-femmes.pdf
Le rapport d’Oxfam constate que les entreprises concernées travaillent selon un modèle qui compromet les droits sociaux à large échelle, exigeant la livraison de plus en plus rapide de produits nouveaux et frais au prix le plus bas. Les multinationales se servent de leur pouvoir au sommet de la chaîne de production pour imposer ces normes à leur fournisseurs. La pression tombe finalement sur le dos des travailleurs, des femmes en particulier, sous la forme d’horaires de travail allongés et de rythmes accélérés, souvent sans mesures de sécurité et sans sécurité d’emploi. il n’est souvent hors question du droit à l’organisation syndicale ou congé de maternité. La mondialisation n’apporte rien à ces femmes : si elles ont un emploi, elles n’ont pas de perspectives pour autant d’échapper à la pauvreté.
En d’autres mots : il existe un fossé béant entre la rhétorique des grandes marques de distribution, affichant d’un côté la responsabilité sociale de l’entreprise et leur modèle d’entreprise réel. Différentes entreprises ont adopté un code de conduite, qui implique les conditions de travail, applicable également à leurs fournisseurs, mais rendu inapplicable à cause de la stratégie d’achat des ces mêmes entreprises.
Le rapport d’Oxfam, présenté ce 8 février 2004 au Cambodge, est basé sur une étude dans des pays du Nord et du Sud et sur plus de 1000 entretiens avec des travailleurs d’usine et agricoles, avec leurs employeurs, des représentants du gouvernement, des syndicats, avec des exportateurs et importateurs et avec les grandes marques. L’étude couvre l’industrie du vêtement et de l’alimentation, deux secteurs qui déplacent la production vers des pays à bas salaire. Leur position dominante sur le marché est utilisée pour repousser les risques et les coûts le plus loin possible ; leur énorme pouvoir d’achat sert à mettre la pression sur les fournisseurs pour livrer "just-in-time" au prix le plus bas.
L’éthique d’entreprise semble se résumer aujourd’hui à : "faites vite, de manière flexible et bon marché ". Ce modèle doit changer d’urgence.
Les travailleurs du tout début de la chaîne de production en sont les premières victimes. Parmi eux, les femmes surtout sont touchées, car elles ont en outre la charge de leur famille. Elles supportent cette charge dans des mauvaises conditions de travail et de sécurité, loin de leur domicile. Le travail mine leur santé et les perspectives d’avenir pour les générations futures et déstabilise familles et communautés.
Les autorités sont souvent coresponsables de la situation dans laquelle ces femmes doivent survivre, encouragées par la Banque mondiale, le FMI et des multinationales à développer des législations et des accords commerciaux qui "flexibilisent" le travail.
Il en résulte une concurrence entre les pays pour fournir la réserve de main-d’œuvre la plus flexible. Ainsi au Chili, 75 pour cent des cueilleurs de fruits travaillent sous contrat temporaire, la duré d’une saison, 60 heures pas semaine et en-deça du salaire minimum pour un tiers d’entre eux. Moins de la moitié de femmes dans l’industrie du vêtement au Bangladesh ont un contrat, mais la majorité n’a pas droit au congé de maternité ou de maladie. En Chine, des jeunes femmes prestent souvent 150 heures supplémentaires par mois ; nonante pour cent n’a droit à aucune sécurité sociale.
En Europe aussi on constate des situations inacceptables : au Royaume-Uni des travailleurs à domicile peuvent être rémunérés à hauteur de 80% du salaire minimum, sans droit aux congés, au congé de maladie ou de pension.
Ces avantages à court terme du commerce international, réservés à un petit nombre, font aussi preuve de manque de prévision, car ils constituent à long terme un coût pour toute la société. Par contre améliorer les conditions de travail contribuerait à une réduction de la pauvreté dans le monde.
Les entreprises devraient changer leur fusil d’épaule. Les Etats devraient garantir les droits de leurs citoyens à s’associer librement et à négocier collectivement, appliquant correctement la législation sociale. Les consommateurs ont la possibilité d’acheter des marques qui respectent les droits sociaux.
Ce rapport a été présenté dimanche 8 février à Phnom Penh (Cambodge) par Minnie Driver (actrice de cinéma britannique), en présence de travailleurs du textile et de Cham Prasidh (ministre du Commerce du Cambodge).
Contact presse
Xavier Declercq - 0475/220791 - xavier.declercq@oxfamsol.be
Oxfam, en tant que mouvement international, soutient différents programmes et campagnes en faveur de l’amélioration des conditions de travail.
En Belgique, Magasins du monde-Oxfam, Oxfam-Solidarité et Oxfam-Wereldwinkels reprendront ce thème dans une campagne (en collaboration avec Vêtements Propres et les syndicats) dans la perspective des Jeux Olympiques de 2004. Le rapport supplémentaire et la campagne spécifique seront présentés à la presse le 4 mars prochain.
(1) Oxfam-en-Belgique assure la coordination entre Oxfam-Solidarité, Magasins du monde-Oxfam et Oxfam-Wereldwinkels.