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Motion de la coordination des groupes anarchistes sur les grèves "de 24 heures"
Depuis des décennies nous contestons, de plus en plus nombreu-x-ses, l’encadrement par les bureaucraties syndicales et l’utilisation politicienne des grèves, dont l’exemple le plus évident est le recours à la grève dite « de 24 heures », qui n’est en fait qu’un débrayage d’une durée de 7 à 8 heures, sans lendemain et le plus souvent sans succès !
Grève ou pas grève... ?
La question, bien évidemment, ne se pose pas entre faire ou ne pas faire grève.
Le problème n’est pas non plus de savoir si une grève doit durer 24H ou pas mais que celle-ci soit déterminée pour durer 24H avant même d’avoir commencé et sans envisager une suite, obtention ou non des revendications.
Quelques fois même la grève de 24 heures a pu offrir au monde du travail l’opportunité de se retrouver unie et mobilisée contre l’Etat et le capital tout comme d’obtenir satisfaction sur des revendications précises (principalement dans le cas de mobilisations sur un site de travail).
Ce qui est en cause ce n’est donc pas tant la durée d’une grève (24 heures, grève reconductible, grève illimitée...) mais bien plutôt le contenu qui la sous-tend et les objectifs réellement visés. Pour nous, la grève est l’une des armes utilisées par les travailleuses et travailleurs pour défendre leurs intérêts mais aussi pour construire un rapport de force face à l’Etat et au patronat. Le refus de travail vise à contraindre le patronat à nous restituer tout ou partie de ce qu’il nous vole mais permet aussi de rendre lisible les causes de l’exploitation et ainsi participer à la constitution d’un véritable rapport de force et d’un mouvement social émancipateur. Pour les révolutionnaires, c’est la capacité à articuler revendication immédiate et revendication de rupture. Or, l’utilisation qu’en font les bureaucraties syndicales est souvent bien loin de ces objectifs.
L’instrumentalisation de la grève
En effet, nous assistons le plus souvent à l’encadrement des grèves « de 24 heures », particulièrement lorsque celles-ci ont un caractère national, par les bureaucraties syndicales souvent en lien avec les intérêts et stratégies de partis politiques, reflétant ainsi la perte d’autonomie du mouvement syndical par rapport à la représentation politique.
Ces grèves ont pour but de servir, même perdantes, les intérêts particuliers et les logiques internes des bureaucraties syndicales, qui privilégient les formes d’accompagnement du système en place, voire les logiques électoralistes des officines politiciennes.
Les grèves « de 24 heures » sont décrétées et programmées longtemps à l’avance, avec l’argument à la clef du délai nécessaire à une large mobilisation. C’est une contrevérité évidente quand nous constatons que ces grèves programmées bien à l’avance ne drainent pas systématiquement beaucoup de monde. De plus, si cet argument peut tenir à peu prés la route en dehors d’un mouvement social, il en est autrement alors qu’une mobilisation est en cours (retraites, CPE,...). De même, les grèves de 24 heures telles que les bureaucraties des confédérations syndicales dites « représentatives » nous les proposent, nous réunissent que très rarement. On assiste le plus souvent à l’émiettement des conflits sociaux et au « saucissonage » des luttes. Un jour c’est à la SNCF, le lendemain à EDF ou dans l’Education, puis dans le secteur privé... alors que bien souvent les thèmes de mobilisation sont proches, voire identiques, et qu’il pourrait donc y avoir une convergence dans la mobilisation.
Bien sûr, dans cette logique, tout le monde perd, à des moments différents, mais c’est clair, TOUT LE MONDE PERD ! A part les organisations politiques ou les bureaucraties syndicales, qui leurs servent de « marchepied », qui en retirent un bénéfice bien réel. Les premières s’approprient une mobilisation qu’elles dirigent contre « le gouvernement en place » et la grève apparaît alors comme le relais de l’action parlementaire et vient servir les seuls desseins des partis politiques, de gauches essentiellement, aux visées électoralistes. Les secondes conforte leur existence et situation en donnant l’illusion de créer une mobilisation et en justifiant leur rôle de « partenaire sociale » pouvant parfois hausser le ton. Ces appels à des grèves « de 24heures » s’inscrivent dans une stratégie qui vise à renforcer les logiques réformistes et cogestionnaires dans les syndicats dit représentatifs, dont les orientations consiste à se poser en situation d’interlocuteurs du pouvoir, en faisant émerger des « spécialistes » :
– des délégué-e-s professionnel-le-s qui négocient en notre nom au niveau de l’état, de branches professionnelles, de directions de grand groupe.
– des représentant-e-s des salarié-e-s dans les institutions européennes (Commissions parlementaires,...) et mondiale (BIT,...) qui font du lobing en notre nom.
Ce processus s’appuie sur les élections professionnelles, le nombre de syndiqué-e-s et... des grèves de 24 heures qui permettent aux bureaucraties syndicales de se poser en interlocuteurs légitimes, en « représentants » des salariés à même de canaliser les mécontentements ou de les laisser s’exprimer en fonction de ce que le pouvoir ou le patronat sont prêt à lâcher.
La grève comme alternative aux logiques bureaucratiques et politiciennes
Les grèves de 24 heures aboutissent donc que très rarement à des victoires. Il est souvent question de « temps forts », d’étapes dans la mobilisation, de construction d’un mouvement d’ampleur etc...
Les exemples depuis le mouvement de défense des retraites en 2003 jusqu’au mouvement de février mars avril 2006 contre le CPE et la précarité en général, ont rendu très visible les stratégies syndicales de contrôle et d’étouffement de tout mouvement social.
Il nous faut donc envisager des alternatives à ces journées sans lendemain qui intéressent de moins en moins de monde.
La grève reconductible peut être une première réponse car la multiplication des journées non travaillées peut faire flancher le patron ou l’Etat en instaurant un réel rapport de force.
La grève générale, même de 24 heures, peut elle aussi être victorieuse car elle se caractérise par l’affrontement à un moment précis entre le Travail et le Capital et/ou l’Etat, si bien sur elle revêt une réelle dimension interprofessionnelle.
Les grèves tournantes peuvent dans certains secteurs offrir l’avantage de bloquer la machine avec une petite partie d’employé-e-s en grève journalière (en même temps)...
Offrir aussi, quand cela est possible, l’accès gratuit aux « usagers » en réalisant du même coup deux objectifs : gêner le fonctionnement « normal » de l’entreprise ou du service et en faire profiter l’usager !
L’arrêt de travail à des moments forts, quand il est massif et déterminé, peut entraîner rapidement le repli de l’Etat-Patron ou de l’Entrepreneur : périodes d’examens dans l’Education Nationale, départ en vacances pour les sociétés d’autoroutes...
Le blocage du pays peut aussi entraîner rapidement le repli de l’Etat-Patron ou de l’Entrepreneur : par des grèves associées à des barrages routiers, des coupures d’électricité,...
L’objectif principal, est bien de gêner, voir paralyser l’économie et de frapper le patronat et l’Etat là où cela leur fait le plus mal, au porte-monnaie !
D’autres modes de contestation doivent exister. C’est à nous tous et toutes de les inventer et d’en redécouvrir. Nous devons dépasser les actions sans lendemain et à l’arrière fond politicien, pour avoir une chance de gagner, de reprendre au patronat un peu de ce qu’il nous vole mais aussi de construire un mouvement social émancipateur. Dans tous les cas nous devons trouver ensemble les moyens d’organiser nos luttes afin qu’elles soient le plus efficaces possibles et qu’elles envisagent des issues positives. C’est ce qui doit nous encourager à dénoncer l’utilisation politicienne des grèves, particulièrement le détournement de cette arme dans des journées sans lendemain.
De même, nous ne nous interdisons pas dans des cas précis de dénoncer la main mise et les choix des bureaucraties syndicales tout comme les logiques d’instrumentalisation politicienne des mouvements sociaux. La CGA s’autorise à critiquer les appels à la grève au caractère politicien évident et à appeler à ne pas y participer.
Dans toutes les grèves où nous nous impliquons, quelles soient programmées pour 24H par les bureaucraties syndicales ou qu’elles surgissement à l’occasion d’un conflit du travail ou si elles deviennent reconductibles lors d’un mouvement social, nous devons faire émerger d’autres pratiques de luttes et d’autres pratiques syndicales porteuses de perspectives, à court terme comme à long terme. Cela nécessite bien sur, lorsque nous le pouvons de nous impliquer et de développer des syndicats de lutte et non de cogestion et de service.
Ce syndicalisme que nous devons porter doit être basé, animé et doit favoriser dans les luttes des idées et des pratiques essentielles comme :
– l’action et la démocratie directe (c’est-à-dire le refus de toutes formes de délégation de pouvoir dans le syndicat comme dans les luttes et de bureaucratisation) en favorisant au maximum les formes d’auto-organisation du mouvement
– l’organisation, la solidarité et des perspectives interprofessionnelles
– l’autonomie du mouvement social comme refus des conceptions social-démocrates visant à diviser le travail entre syndicalisme et représentation politique, seule détentrice de projet social et des voies pour y parvenir.
Organisation dans des syndicats pour la lutte
Autonomie et auto organisation des luttes sociales, voilà le remède !
Messages
1. > Les grèves "de 24 heures", 20 octobre 2006, 10:04
Les grèves de 24h n’impressionnent plus notre gouvernement qui se fiche pas mal de l’opinion du peuple sauf si elle paralyse l’économie et lui fait perdre de son argent perso, si ses actions baissent. Manque de bol, avec la mondialisation, notre président et nos ministres ont investi dans des multinationales et perçoivent leurs dividendes dans des paradis fiscaux.
Une grève de 24h ne peut être qu’un rassemblement des mécontents pour s’entendre sur une action d’envergure et de longue haleine portant directement atteinte aux intérêts personnels de ceux qui nous briment. Elle sert à :
1- Décider , au niveau européen, avec ou sans l’aide des syndicats étrangers, d’une action d’envergure (par exemple action informatique ou boycott) qui nuise aux finances perso des membres du gouvernement français ou de Bruxelles responsables de mesures antisociales. S’il n’y a pas d’accords entre les peuples de l’"Europe-d’en-bas" nous sommes fichus car nos gouvernements sont actuellement des marionnettes entre les mains de gens de Bruxelles que nous n’avons pas élus, eux-mêmes au service de l’internationale du fric.
2-Préparer la grève générale qui ferait sauter un gouvernement ultra-libéral avec tous les risques qu’il faut peser : avoir en réserve un gouvernement populaire antilibéral prêt à prendre la place, sinon c’est l’armée qui prendra le pouvoir et l’on a déjà connu en Europe les "joies" des régimes militaires.
3- Soutenir la lutte des autres peuples Européens. Les médias français font le silence sur les mouvements sociaux qui durent depuis six mois en Grèce. Soutenons aussi leur lutte dans nos manifs contre le système ultralibéral. L’union fait la force.
4- Bien rappeler au cours de cette grève de 24h que cette grève ne s’arrête pas là mais qu’elle entame une action d’envergure sur les finances personnelles de ceux qui nous exploitent.
Une simple grève de 24h où l’on ne décide pas d’une action d’envergure , immédiate et à long terme contre les intérêts de nos exploiteurs ne sert à rien , sinon à décourager et à appauvrir encore le peuple qui la fait. C’est un rapport de force.
Y a-t-il dans nos troupes des copains informaticiens et au fait du monde de la finance pour réfléchir à cette action d’envergure prolongeant la grève de 24h ?