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Les « idées saines » de Serge Dassault
Publie le mardi 6 octobre 2009 par Open-Publishing1 commentaire
France Inter vendredi 10/12/2004 « Inter Matin, Le 7-9 »
Invité : Serge Dassault
Sénateur-maire UMP de Corbeil-Essonnes - PDG du groupe industriel Marcel Dassault - PDG de la Socpresse (groupe de presse français : Le Figaro, l’Express etc.)
Transcription de Pablo pour Acrimed
J = Journaliste
D = Dassault
Préambule 7h56
J : « 7h56 sur France Inter, préambule à « question directe » avec Serge Dassault, Bonjour »
D : « Bonjour »
J : « Vous êtes sénateur UMP de Corbeil-Essonnes, PDG du groupe industriel Dassault aviation, PDG de la Socpresse premier groupe de presse en France. Avec vous on parlera de la difficulté de la, de la presse quotidienne en France mais vous êtes aussi un des hommes les plus, les plus fortuné de France. La France a été gouvernée à gauche, à droite, on a parlé de réduire les injustices, la fracture sociale et voila que chaque hiver, on découvre heu… ces milliers d’exclus. Ce n’est pas un échec redoutable de toute la classe politique ? »
D : « C’est un échec social…heu il est évident que heu les gens, j’en connais malheureusement à Corbeil-Essonnes, qui n’ont même pas aujourd’hui de payer les loyer mais de hein…malgré toutes les aides de l’Etat, ne sont pas logés. Il devrait y avoir effectivement, moi je cherche ce système, heu des logements disponibles pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer les loyers…pour les familles, pour les mères de famille avec enfants qui ne trouvent pas à se loger…ce qui est dramatique pour les mères et les enfants. Et que heu on devrait avoir…heu construire, non pas des sous HLM…heu mais des habitations qui sont réservées pour les personnes qui, qui ne peuvent même pas payer le loyer d’HLM »
J : « Mais c’est comme même, heu…l’échec c’est pas un échec complet de tous les hommes politiques qui depuis des dizaines d’années promettent de réduire les injustices et finalement on retrouve chaque année ce, ce drame, dans les rues de Paris et aussi dans d’autres villes françaises »
D : « Oui, il faut aussi que les personnes… y a aussi les sdf qui veulent pas se loger qui veulent rester dehors, c’est comme même aussi dramatique. Mais on a pas aujourd’hui dans notre structure de, de logements dits sociaux, des logements disponibles justement pour des personnes qui n’on même pas les moyens de payer. Donc heu, c’est un échec mais les hommes politiques n’y ont pas pensé, mais c’est un vrai problème. Moi j’y pense pour, pour Corbeil-Essonnes, parce que c’est inadmissible d’avoir des familles, qui surtout avec enfants, qui n’ont pas…qui n’ont pas un toit. Donc il faudrait leur, leur donner les moyens et c’est un peu aussi un problème de réinsertion de leur trouver après du travail, parce que c’est le problème de l’emploi »
J : « Serge Dassault… »
D : « Sans emploi, y a pas de ressource »
J : « Très bien on se retrouve à 8h20 dans « question directe » pour parler de la situation de la presse en France. Vous êtes un patron de presse heureux, inquiet ? D’un mot »
D : « Difficile »
J : « Difficile, ouais…et on parlera aussi de cette réforme des 35heures annoncée hier par Jean-Pierre Raffarin, à tout à l’heure »
France Inter vendredi 10/12/2004 « Inter Matin, Le 7-9 »
Invité : Serge Dassault
Sénateur-maire UMP de Corbeil-Essonnes - PDG du groupe industriel Marcel Dassault - PDG de la Socpresse (groupe de presse français : Le Figaro, l’Express etc.)
Journaliste : Pierre Weill
8h20 Question directe
J : « 8h20. Acheter un journal, acheter son journal reste traditionnel, essentiel dans une démocratie, mais en France, la presse quotidienne se porte mal. Moins de lecteurs, moins de publicité, il y la concurrence d’internet, la concurrence des quotidiens gratuits, le quotidien gratuit « 20 minutes » est lu par plus de deux millions de lecteurs actuellement. « 20 minutes » devient le 4ième quotidien français derrière « Ouest France », « Le monde » et « Le parisien ». Invité de question directe ce matin, Serge Dassault. Bonjour »
D : « Bonjour »
J : « Vous êtes sénateur maire UMP de Corbeil-Essonnes, PDG du groupe Dassault. Cette année vous avez pris le contrôle de la Socpresse, qui regroupe 70 titres, dont « Le Figaro » et vous avez dit récemment que la presse française est, est « veillotte » et qu’elle n’est plus adaptée au besoin des lecteurs, qu’est ce que vous proposez alors ? »
D : « Vous avez raison en disant que la presse quotidienne va mal et bien au « Monde » etc, parce que, heu… y a moins de lecteurs et en particulier moins de jeunes lecteurs. On a une clientèle de lecteurs plus âgés qui achètent le journal de façon traditionnelle. Mais les jeunes comme d’ailleurs on a dit tout à l’heure que bon… ils veulent un journal où il y a des informations, peu que des commentaires. En réalité, les gratuits, c’est un peu l’agence France Presse… ce qu’on lit un peu, qu’on entend à la radio, à la télé etc et puis y a internet. Alors c’est vrai qu’il y a moins de lecteurs. Heu…le problème de…des gratuits, les gratuits c’est bien mais le gratuit vit de quoi ? Puisqu’on l’achète pas, le gratuit vit de la publicité. Je crois que c’est extrêmement dangereux. Car n’avoir qu’un source de revenu, la publicité, si jamais comme malheureusement on la déjà vu et on le verra encore : la conjoncture baisse, la économique baisse et qu’il y a moins de publicité et bien les journaux gratuits vont disparaître. Nous on le voit bien, on a à la fois la publicité et heureusement la vente…la vente ça fait à peu prés la moitié »
J : « Mais Serge Dassault, vous avez aussi dit un formule assez inquiétante : « la presse doit diffuser des idées saines », qu’est ce que ça veut dire ?
D : « Ah oui…ce n’est pas de la désinformation…vous savez… »
J : « Pourquoi, actuellement on diffuse de la désinformation ? »
D : « Vous savez, il y a plusieurs façon de traiter l’actualité… »
J : « Les idées saines, qu’est ce que c’est ? »
D : « Ben c’est les idées qui font que ça marche…heu vous savez, par exemple, les idées de gauche sont des idées pas saines. Aujourd’hui nous sommes en train de crever à cause des idées de gauche qui continuent…
J : « Nous sommes entrain de crever ? »
D : « Ben oui, oui, oui, on y va tout droit : faut pas travailler heu heu, il faut pas gagner beaucoup d’argent, faut partir en vacance… et après qu’est ce qui se passe ? Eh ben on fabrique plus de produits qui se vendent, ils sont trop chers… »
J : « Mais vous prenez des vacances vous ? Vous gagnez de l’argent ? »
D : « Oh j’en prend assez peu, j’en prend assez peu. Le problème n’est pas moi ; moi vous savez, je travaille 70 heures ou plus par semaine, alors j’en suis loin des 35 heures. Heu…mais quand je dis des idées pas saines, c’est des idées qui trompent le monde… en leur disant, en leur trompant la vérité. Qu’est ce que c’est que la vérité ? La vérité c’est la vie. La vie c’est ce qui marche. Heu… aujourd’hui quand on pousse les gens à dire, heu… faut pas travailler, on est dans l’erreur. Quand on parle d’acquis sociaux, non y a pas d’acquis sociaux, il y a le fait que nous sommes dans une situation extrêmement mauvaise. Heu… la France, dont l’économie est pire que les autres. On produit moins, ça coûte trop cher, on démotive les cadres, on a des syndicats qui comprennent rien, la preuve…on est, on a des contraintes administratives. Aujourd’hui la France va mal, à la fois sur le plan financier, la dette du budget de l’Etat est énorme : 1100 milliards, le déficit, on s’en fout 45 milliard d’euros, ça sera 50 l’année prochaine… Le service de la dette est le deuxième budget de l’Etat. Bon ! il faut comme même savoir ce qu’il se passe et arrêter de rêver. Alors ce que je dis, les idées pas saines… c’est de dire alors bon tout va bien, faut pas changer, les acquis sociaux, les 35 heures, gnagna et en ce moment on est entrain de glisser carrément… »
J : « Alors ça veut dire que dans vos journaux on n’a plus le droit de parler des 35 heures, des positions de la gauche… ? »
D : « C’est pas le droit… »
J : « Il y a un débat en France ? »
D : « Nan, c’est pas le droit. C’est de dire les choses qui sont réalités. Pas la fiction. Nous vivons dans la fiction. Et heu… les journaux continuent la fiction en disant : « Monsieur Untel à dit ça, monsieur Hollande a dit ça, monsieur CGT a dit ça… » Bon ils peuvent ce qu’ils veulent… »
J : « Mais c’est le débat démocratique… Si la presse n’en rend pas compte, alors ce n’est plus la démocratie »
D : « La presse peut rendre compte mais elle peut aussi dire : « Halte là ! ». On va dans l’erreur, ce n’est pas ça qui marche. C’est comme si la presse disait c’est le soleil qui tourne autour de la terre, ouais bon c’est de l’information … C’est idiot, bon c’est idiot. Bon il y a des choses comme ça. En effet il faut faire très attention : aujourd’hui la gauche trompe, les syndicats trompent les français… trompent les français en leur faisant croire des choses qui n’existent pas, qui ne sont pas vraies. On ne vit pas seul, on vit dans un monde, on a la concurrence nationale, on a les chinois. Les chinois vont gagner la bataille économique, on va devenir un pays sous développer… »
J : « Mais monsieur Dassault, mais c’est pas un peu caricatural ce que vous dites ? Moi je me souviens… »
D : « Non… »
J : « …de cette phrase, cette phrase terrible de Lionel Jospin, premier ministre en 2001 et ça montrait bien que la gauche était devenue très réaliste, il disait que face à certaines contraintes économiques, le pouvoir politique ne peut rien »
D : « Le pouvoir politique peut mettre… peut faire en sorte que les choses marchent mieux. Si le pouvoir politique ne donne pas à l’économie, ne donne pas à ceux qui travaillent, les moyens de travailler, les moyens de produire, les moyens de créer des bons produits, les moyens de les vendre…, eh bien la France va tout droit à un chômage généralisé. Il faut le savoir, c’est ça que moi j’appelle la réalité et pas la fiction, parce que c’est la vérité, pace que nous sommes en train de descendre vers un gouffre, parce que on ne voit pas, parce qu’on vit dans… dans… dans.. dans... dans le rêve. Bon, on est le plus beau, on a plus rien à craindre, faut pas travailler, on va en vacances tout le temps… vous savez, bon … alors qu’est ce qu’il se passe ? On travaille plus…, on… »
J : « Vous avez l’impression que les gens que vous croisez tous les jours dans les rues de Paris ne pense qu’à une chose, c’est d’être en vacances ou sont en vacances en permanence… Mais c’est… »
D : « Car ils ne savent pas qu’à force de ne pas travailler, ils ne travailleront plus du tout…, ils seront tous au chômage. Pourquoi ? Parce que aujourd’hui les entreprises françaises, ça c’est la vérité, elles ne peuvent plus produire en France, ça coûte trop cher, elles sont empoisonnées par les syndicats qui disent, qui bloquent tout. Bon, donc elles fabriquent ailleurs. Où ? A l’étranger »
J : « Donc faut supprimer, faut supprimer les syndicats ? »
D : « Hein ? »
J : « Faut supprimer les syndicats ? »
D : « Les syndicats français n’ont pas compris que lorsqu’ils disent défendre les travailleurs, au contraire ils les condamnent. Parce que défendre les travailleurs, ce n’est pas dire « il faut pas travailler, il faut pas licencier, il faut heu…il faut…il faut pas licencier, il faut gagner plus ». C’est faux c’est un mauvais calcul. Aujourd’hui la rigidité de l’emploi est en train de casser toute l’économie française. Parce que si on n’a pas la flexibilité, si l’entreprise ne peut pas débaucher lorsqu’elle n’a plus de travail pour l’ensemble de son personnel, elle fait faillite, elle n’embauche plus, elle… »
J : « Alors y a trop de contraintes législatives en France, vous vous sentez bridé, …vous voulez donc rétablir, je ne sais …loi de la jungle ? »
D : « Non, ne dites pas ça. Ne dites pas n’importe quoi ! Regardez… regardez la c’est quoi, c’est quoi, c’est quoi l’économie ? Bon… c’est, c’est avoir des emplois…, bien payer les gens quand on le peut et faire travailler, faire de bons produits… On vit dans la fiction parce qu’on oublie que l’économie c’est fait pour fabriquer et pour vendre à des clients qui acceptent d’acheter des produits bons pas chers et… et de bonnes qualités… »
J : « On est d’accord la dessus… »
D : « … On peut pas le faire…, on peut pas le faire. Ce sont les chinois qui le font : eh bien on achètera des produits chinois, c’est ce qui se passe… C’est ce qui se passe aux Etats-Unis. Les Etats-Unis sont très endettés parce qu’ils ont une balance commerciale très faible, parce que la… ils ont…u ne importation extraordinaire de produits chinois. Aujourd’hui c’est les chinois qui …qui s’enrichissent, c’est les chinois vont tous acheter leur produits et donc, comme des imbéciles, on va dire « il ne faut pas travailler »… Bon ben on va tous au chômage… C’est tout, c’est ça la vérité. C’est la fiction, c’est pas parce qu’on dit, on dit que il faut parler de tout, peut être heu… mais il faut dire aussi ce qui va et ce qui va pas. Et ben ce que je souhaite c’est qu’on dise « attention, halte là ». Monsieur Lang dit que c’est… que c’est je ne sais pas quoi… qu’on aide les entreprises, Quelle entreprise ? C’est stupide ! Y a pas de cadeaux aux entreprises. On fait un cadeau au Medef, c’est stupide ça ! ça veut rien dire, le Medef, c’est quoi ? C’est des chefs d’entreprises qui essaient de créer des emplois pour embaucher des gens, pour créer des produits, c’est ça. Alors on fait pas de cadeaux. Mais le pire des cadeaux a été fait par Martine Aubry. Martine Aubry qui a donnée aux entreprises 17 milliards, 17 milliards à cause des 35 heures… On dit « il faut garder les acquis sociaux »… »
J : « Mais Serge Dassault, les 35 heures ont créé… »
D : « … C’est stupide ! »
J : « Les 35 heures ont créé près de 350 000 emplois »
D : « Mais quoi ?! Vous rigolez… mais quels emplois ? hi hi hi hi… Franchement, c’est pas sérieux. Franchement, c’est… vous êtes vous-même complètement désinformé, la preuve. Parce que vous croyez que les 35 heures créent des emplois ? Regardez, regardez les hôpitaux crèvent, pourquoi ? Parce qu’il n’y plus d’infirmière, parce qu’on a plus de personnel, parce que les gens s’en vont du boulot… partent à 4h et laissent les malades… Bon… C’est pas vrai, c’est pas comme ça que ça se passe, on vit dans un monde réel et vous vivez dans fiction et moi ce que je souhaite c’est que les gens disent : « Halte là, vous avez tord, vous avez pas compris », ils faut les informer. Il faut que les gens sachent plus ce que l’économie fasse, aide…
J : « Serge Dassault, vous avez un moment pour restez avec nous ? Parce que y a beaucoup d’appels au standard de radio com… pour réagir à vos théories économiques… »
D : « Ben, naturellement. C’est pas de la théorie, c’est de la pratique, moi je ne suis pas un théoricien, je suis un chef d’entreprise depuis 35 ans… »
J : « Un homme de terrain… »
D : « …franchement… »
J : « D’accord, on se retrouve vers neuf heure moins 20 »*
Radio Com 8h40 [manque le tout début]
D : « alors…alors…voila ! Faut comme même… »
J : « C’est de la caricature : Il faut pas licencier. On protège les travailleurs, on n’empêche pas les licenciements, y en a tous…tous les jours… mais disons que c’est pas la liberté absolue »
D : « Nan, nan, nan. Ce n’est pas ça le problème, le problème… regardez le problème du Danemark. Ben le Danemark fait de la « flexecurité ». Ca veut dire quoi ? Ca veut dire la liberté totale d’embauche et de licenciement. Y a même pas de salaire minimum, heu, y a même pas d’encadrement, c’est la liberté totale et en réalité : 6% de chômage ! Vous savez, la la l’embauche et le licenciement, c’est une question qui est liée à l’économie, à la production. Si on empêche les entreprises de licencier, elles n’embauchent pas »
J : « Bon, on se retrouve dans un instant dans radio com… »
D : « C’est aussi simple que ça… »
J : « …D’abord des petits conseils à 8h41… »
(Pub)
(Intervention de Bernard Darliche (Orthographe ?)
Extrait (voix mielleuse) :
BD :« Oui Bonjour Pierre, bonjour à tous. Vous me permettrez de saluer Monsieur Dassault. J’ai commencé ma vie à Corbeil-Essonnes à l’âge de 18 ans comme ajusteur, on parle de travail et j’en ai un vrai souvenir et c’est une ville qui m’a accueillie pendant 45 ans… »
D : « et c’est quoi ? »
BD : « Ajusteur chez Testu j’étais »
D : « Vous étiez à la SNECMA ? »
BD : « Non chez Testu, ajusteur…ouais. Et c’est une ville qui m’a accueillie pendant 45 ans donc heu… c’est quelque chose de très important dans la vie d’un homme comme même… »
J : « Bon ! bon, revenons ! revenons… »
BD : « Revenons à notre sujet. Oui, oui …on se rend compte que à travers ces études… » etc
Fin intervention de BD
J : « On prend un premier appel, c’est Henri qui est en ligne. Bonjour »
H : « Oui, bonjour, je souhaitais poser une question à Monsieur Dassault… »
J : « Il vous écoute ! »
H : « …Concernant le problème des logements …qui a été évoqué tout à l’heure par votre invité à 8h. Donc je précise que c’est pas du tout…enfin que y a aucune couleur politique sur sur ma question. Heu…ce que je voulais savoir, c’est que la question qui été abordée tout à l’heure, était de savoir si le problème était un problème politique de droite ou de gauche …par manque de courage et manque de prise de décision. Et personnellement je pense que ce n’est pas un problème politique mais un problème de société civile. Et ce que je voulais savoir c’est si Monsieur Dassault, en tant que heu…parton d’un des plus grands groupes français et qui a un pouvoir décisionnel et une écoute dans les plus hautes sphères de l’Etat et du patronat français, est-ce qu’il peut prendre heu ici un engagement, devant les auditeurs, de dire : « et bien effectivement, c’est un problème, qui est un problème intolérable, ce manque de logement, et nous, représentants de l’entreprise privée, nous proposons d’avoir recours au mécénat et nous engageons une partie de nos fonds pour essayer de résoudre ce problème et que ce problème soit traité par la société civile, voila. »
J : « Réponse de Serge Dassault »
D : « Hé, vous êtes un peu gonflé là. hi hi hi. Du mécénat, vous voulez qu’on construise des logements gratuits pour ceux qui n’ont pas de logement. Heu… Non c’est pas ça le problème. Ca ne concerne pas une politique de droite ou de gauche, d’ailleurs moi je trouve que la droite et la gauche c’est terminé. Parce qu’il y a des problèmes à résoudre et que si on se mettait autour de la table pour les résoudre, ça serai beaucoup mieux que de se bagarrer pour des questions stupides. En ce qui concerne le logement, heu, c’est un problème de bailleurs sociaux…c’est un problème de gouvernement, c’est un problème de financement effectivement. On peut créer une fondation pour, pour créer des logements soc…sociaux, je veux bien. Mais on ira pas très loin parce que bon…ça va être un vrai problème financier vous avez raison. Où trouver l’argent nécessaire pour construire des logements pour les gens qui n’ont pas les moyens de payer les loyers, voila…et je ne pense pas que ce soit le mécénat et je ne m’engage strictement à rien évidement hi hi hi dans ce domaine parce que je ne peux rien faire. Par contre, je vous signale qu’en ce moment ce que j’essaie de faire, c’est de créer des constructions de maisons modulaires qui devraient coûter beaucoup moins cher que la construction classique, beaucoup plus rapide et qui pourrait peut être sur le plan financier résoudre le problème »
J : « Au 01 45 24 7000, c’est Claire qui nous appelle. Bonjour »
C : « Bonjour »
J : « On vous écoute »
C : « Oui je vous appelle, ma question est pour toute la rédaction quasiment. Depuis hier vous parlez de l’assouplissement des 35 heures et je voudrais savoir si si vous avez réfléchis au sens, à la connotation positive de l’assouplissement. Donc c’est un assouplissement pour qui ? Donc je voudrais savoir un petit peu, ce qu’Alain Rey pense de ce terme. Et comment est-ce que vraiment c’est un assouplissement. Merci »
J : « Et bien écoutez : Alain Rey n’est pas là le vendredi, il sera là la semaine prochaine. Mais c’est vrai qu’on parle de cet assouplissement des 35heures depuis hier. Maintenant la formule est facultative, on a le choix et je crois que pour vous Serge Dassault, c’est une bonne nouvelle »
D : « Bien sûr. Raffarin a pris une excellente décision. Vous savez les 35heures, c’est, c’est le cancer de notre économie »
J : « Hou la a, c’est des grands mots là ! »
D : « Nan mais c’est vrai »
J : « Le cancer ?! »
D : « Le cancer c’est quelque chose qui nous ronge. C’est quelque chose qui empêche de travailler. C’est quelque chose qui augmente le coût de production. Et avec les 35 heures c’est le chômage assuré. Alors évidemment, hein comme ça il y aura moins de gens qui travailleront. Ils travailleront plus du tout, c’est pas 35heures, c’est zéro heure. Alors le problème des 35 heures est simple, qu’est ce que vous voulez que je fasse ? Un industriel français qui…oblige à travailler 35 heures, lorsque tous les industriels du monde entier y compris en Europe travaillent 40 heures, 45 heures, etc. Le coût de production n’est pas le même, il faut bien savoir qu’à, qu’à la fin de l’activité industrielle des 35 heures, y a du travail, y a un coût et bien si nos coûts sont trop élevés, eh bien on ne vend rien. Alors ne travaillons pas, on ne vend rien… et tout le monde au chômage. C’est ça la réalité économique, ce n’est même pas… »
J : « Serge Dassault… Je ne suis pas un spécialiste, mais le but c’était comme même travailler moins pour ceux qui n’ont pas de travail puissent eux travailler »
D : « C’est totalement stupide ! »
J : « Ah, je suis stupide…bon »
D : « C’est une idée stupide, d’ailleurs ce n’est pas vrai ! Parce qu’une entreprise qui doit embaucher quelqu’un de plus ne l’embauche pas sous prétexte que d’autres ne travaillent pas. Parce que, à cause aussi de la rigidité et à cause du coût, donc c’est complètement stupide. On embauche quand on a du travail. On n’embauche pas quand on travaille moins. Ca c’était l’illusion totale de Martine Aubry qui a fait un mal épouvantable à notre économie. Alors sortons en de ces 35 heures, on est les seuls au monde à faire ça. Alors faisons comme dit Raffarin : on travaille autant qu’on veut et heu on est un peu plus payé. Comme ça les gens travaillent plus et gagnent plus, c’est d’ailleurs ce que souhaite l’ensemble des salariés. Ils n’en veulent pas des 35 heures, ils veulent gagner de l’argent. Qu’est ce que vous voulez qu’ils fassent de vacances, alors qu’ils n’ont pas les moyens de se payer quoi que ce soit. Il faut leur donner de l’argent, il faut leur donner des revenus. Il faut qu’ils travaillent plus. Donc les 35heures…, au placard…hi hi hi »
J : « Au placard… Au 01 45 24 70 00, nous avons en ligne…Dites moi qui est en ligne…pardon ? Jérôme, Jérôme ! Bonjour Jérôme ! »
Jer : « Oui, bonjour. Ben voila bonjour »
J : « On vous écoute »
Jer : « Ben je voulais poser une question à monsieur Dassault. Qu’était…quel est quel est votre épanouissement personnel. Heu…par rapport à votre métier de fabriquant et de vendeur d’armes et votre mandat de maire heu… à Corbeil-Essonnes ? Voila et je voulais dire au fait, aussi que mon papa lui aussi il a une entreprise et heu les 35 heures, c’est une petite PME, mais ça marche très bien quoi. Tout le monde est satisfait »
J : « Voila. Serge Dassault »
D : « Bon attendez si tout le monde est content, je ne demande que ça. Le problème c’est de faire en sorte que entreprise par entreprise, on puisse adapter son temps de travail à sa ( ??) Si en travaillant 35 heures, l’entreprise marche bien et arrive à vendre ses produits, moi je vois pas d’inconvénients. Mais le problème en France, c’est qu’on veut que tout le monde fasse pareil. Alors que y a des gens qui travaillent 35 heures, qu’ils travaillent 35 heures si y a des entreprises qui ont besoin de travailler plus pour livrer du matériel, elles travaillent 40h, 45h. Il faut laisser la liberté. Quant à mon épanouissement personnel, bon si vous voulez, j’ai plusieurs possibilités de m’épanouir… Heu…j’avoue que d’être maire d’une ville comme Corbeil-Essonnes, c’est quelque chose de formidable pour moi. Qui me permet d’avoir une activité à la fois humaine et sociale, que je ne connaissais pas heu en temps que chef d’entreprise qui me donne aussi les moyens de bien connaître tout les problèmes de la vie, tout les problèmes de la misère, tout les problèmes du chômage, tous les problèmes des gens qui n’ont pas de logement et qui viennent me demander quelque chose. Donc ça c’est une façon de s’épanouir. Alors arrêtez de dire que je vends des armes. Vous savez les avions de combat c’est fait pour défendre des pays, si on ne veut pas d’avions de combat on n’en fait pas et on perd la guerre, hein, comme on l’a fait déjà en 1939. Ca c’est extrêmement, c’est extrêmement automatique. Alors moi je travaille pour l’armée de l’air, si on me commande des avions, je les réalise et si on les commande pas et ben je fais autre chose. Et en particulier aujourd’hui, notre société travaille à 70% ou plus pour fabriquer des avions civils comme les Falcon. Alors arrêtez de dire que je suis un marchand d’armes, s’il vous plait ! »
J : « Mais Serge Dassault, est-ce qu’on peut faire une information libre de toute pression si on est dans la presse sous la coupe de grands financiers, comme vous, qui contrôlent d’immenses réseaux, dans l’industrie, le commerce, la pub. Est-ce qu’il peut avoir une enquête indépendante dans Le Figaro sur les ventes d’armes et les pratiques qui peuvent entourer les ventes d’armes dans le monde et en France ? »
D : « Les ventes d’armes, vous savez, ça veut dire quoi les ventes d’armes ? Si on ne veut pas se défendre et ben on perd la guerre voilà comme c’est arrivé plusieurs fois dans, dans la vie de la nation. Si on n’avait pas arrêté de fabriquer des armements en 1936 grâce aux socialistes, merci ! Et bien on aurait eu des avions et des chars en 1939-40, on ne les a pas eus, pof ! Donc on a été éliminé c’est aussi simple que ça. Alors on ne peut rien faire. Il est évident que tout le monde peut s’exprimer dans Le Figaro… Nicolas Beytout est prêt à recevoir tout le monde, d’ailleurs y a, y a une page qui s’appelle « libre opinion » qui permet aux gens de s’exprimer de dire ce qu’ils veulent. Maintenant c’est pas forcément ce qu’on a envie qu’ils disent, mais ça fait rien »
J : « Juste un mot : quand vous développez les théories que vous avez développées ce matin sur notre antenne devant Jacques Chirac, comment est-ce qu’il réagit ? »
D : « Jacques Chirac ? »
J : « Oui »
D : « Jacques Chirac fait ce qu’il veut »
J : « Qu’on va dans le mur ? Qu’on va à la ruine ? Que plus personne ne veut travailler ? »
D : « Non, je ne dis pas ça »
J : « Qu’est ce qu’il vous dit ? »
D : « Non je… je l’ai comme même mis en garde. Bon. Maintenant, il fait ce qu’il veut, c’est lui le chef, c’est pas moi. Heu.. mais c’est une question de ( ??) et de compréhension. Si on gouverne un pays en voulant faire plaisir à tout le monde, là évidement ça se passe pas bien. Vous savez c’est comme si on voulait élever les enfants en leur donnant des bonbons. Au bout d’un certain temps ils sont malades. Bon, ben c’est pas comme ça qu’on élève les enfants en leur donnant des bonbons. Un chef de gouvernement, à mon avis, c’est quelqu’un qui doit prendre des décisions qu’il pense bonnes pour le pays. Si ça plait pas et ben ça plait pas. Si on veut gouverner en faisant plaisir à tout le monde, si on veut toucher à rien…parce que dés qu’on touche à quelque chose, c’est vrai si la France est bloquée, pourquoi ? Parce que dés qu’on veut toucher à quelque chose en France…une réforme et ben tout le monde rouspète : y a les syndicats qui font la grève, si on veut toucher à la SNCF : ils font la grève, si on touche à EDF :ils font la grève, si on veut toucher aux hôpitaux : ils font la grève, si on veut toucher aux écoles : ils font la grève. Bon alors…
J : « Donc faut supprimer le droit de grève ? »
D : « Donc un pays comme ça… c’est pas ça. C’est le fait de bloquer. On ne peut pas bloquer un pays, il faut que les gens comprennent. Alors, alors c’est là que revient à la presse, il y a un manque d’information, il y a un manque de formation en disant « stop là ! Attention, si on fait ça, ça va pas »
J : « Merci…Serge Dassault. Merci d’être venu nous voir ce matin à France Inter et le vendredi, le 7-9 se termine toujours par de la musique avec…. » etc
Messages
1. Les « idées saines » de Serge Dassault, 6 octobre 2009, 03:09, par NO PASARAN
Ce type est ... indigne de la République dans laquelle il vit et qui lui permet, fort malheureusement, d’être le "fonctionnaire" le mieux payé du pays.
En effet, la quasi totalité du chiffre d’affaire de sa boîte(crée par son père) est acquis par les achats de l’Etat qu’il s’agisse d’avions militaires (il est bien marchand d’armes quoi qu’il en dise) ou civils ; quand l’Etat français n’est pas son client direct, c’est par son entremise que Dassault vend à l’étranger.
Comment est-il possible qu’il ait été à nouveau élu dimanche dernier ? C’est à désespérer.