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Les intermittents continuent de mettre la pression sur TF1

Publie le mercredi 22 octobre 2003 par Open-Publishing

PARIS (AP) - L’"affaire Star Ac" fait remonter les intermittents du
spectacle sur le devant de la scène. Ils étaient environ 300 lundi
après-midi à manifester devant le siège de TF1 à Boulogne-Billancourt. Ils
réclamaient la remise en liberté de quatre de leurs camarades gardés à vue,
la levée de la plainte déposée par TF1 après leur irruption sur le plateau
de l’émission-phare de la chaîne, de nouvelles négociations et, aussi, une
vraie émission-débat sur leur statut.

Une délégation a été reçue en fin d’après-midi par le patron de la chaîne,
Patrick Le Lay. Devant l’entrée de la Tour TF1, la Coordination des
intermittents et précaires d’Ile-de-France avait déployé sa banderole, sur
fond de velours rouge théâtre, en présence de nombreux journalistes et
d’Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Et ce à l’heure où on attendait la comparution des quatre intermittents, qui
devaient s’entendre notifier leur mise en examen.

En attendant, au pied de la tour TF1, on revenait sur le coup d’éclat de
samedi soir, avec la même question sur toutes les lèvres : "Tu y étais ?".

Les intermittents avaient pénétré sur le plateau de "Star Academy" au studio
de la Plaine Saint-Denis. L’animateur Nikos Aliagas leur a donné la parole,
avant que l’émission ne soit interrompue.

Des échauffourées entre manifestants et vigiles ont fait plusieurs blessés
légers et deux plus sérieux, selon la préfecture, et quatre personnes ont
été interpellées. TF1 a porté plainte, son directeur des programmes Etienne
Mougeotte évaluant le préjudice subi (soit le manque à gagner publicitaire)
à deux millions d’euros. Selon les intermittents, c’est d’ailleurs la somme
que les avocats de TF1 auraient demandée comme caution pour la remise en
liberté des "quatre".

Tonitruant, Jean-François Pujol, secrétaire général adjoint de la
CGT-Spectacle, a empoigné le micro du camion CGT orné de deux drapeaux,
assurant que faute de retrait de la plainte, "aucun tournage de TF1 ne sera
plus à l’abri".

Parmi les affichettes circulant dans la foule, on pouvait lire : "La Télé
marchande viole les consciences et l’imaginaire collectif" ou "Refusons la
confiscation et le détournement de l’information par les grands médias".

Claude Michel, également de la CGT, est revenu pour sa part sur ce qui s’est
passé à la Plaine Saint-Denis, version intermittents : il n’y a eu "aucun
acte de destruction volontaire" de leur part, mais en revanche des "actes de
violences inédits" venant des vigiles, selon lui dirigés par "le garde du
corps d’Arthur" (patron de la société Endemol, producteur de Star Academy).
Du coup, on n’exclut pas de porter plainte contre TF1, preuves filmées à
l’appui.

Dans la matinée, Arthur avait lui jugé "scandaleux" le procédé de
"l’opération commando" et affirmait sur RTL : "On va pas rester otage de
cette peur-là. On va faire de la télévision en direct. La prochaine ’Star
Academy’ sera blindée avec des CRS, c’est dommage pour le spectacle".

Pour Daniel Rivière, du syndicat français des artistes-interprètes (affilié
à la CGT-Fédération spectacles), la "radicalisation est de l’autre côté".
Les objectifs restent clairs, "retirer cet accord-catastrophe" et obtenir
une réelle négociation.

Les intermittents luttent contre la réforme de leur système
d’indemnisation-chômage, qui doit entrer en vigueur début 2004, après la
signature d’un accord le 27 juin entre le MEDEF et trois syndicats
minoritaires dans le secteur du spectacle (CFDT, CGC et CFTC), réduisant
notamment la durée des prestations ASSEDIC. Après avoir fait beaucoup parler
de lui cet été, avec notamment l’annulation du Festival d’Avignon, le
mouvement semblait s’essoufler ces derniers temps. AP