Accueil > Les intermittents de retour
Ils manifestent à nouveau un peu partout en France ce jeudi à l’appel de
la fédération CGT du spectacle et de leurs coordinations pour dénoncer
la réforme de leur système d’assurance-chômage. A Paris, manifestation
cet après-midi depuis les abords du Medef vers le ministère de la
Culture.
Intermittents en grève
Les intermittents du spectacle sont redescendus dans la rue jeudi. Après
avoir perturbé les festivals tout l’été, et provoqué l’annulation de
plusieurs de ces rendez-vous, ils manifestaient à nouveau un peu partout
en France à l’appel de la fédération CGT du spectacle et de leurs
coordinations pour dénoncer la réforme de leur système
d’assurance-chômage.
Mouvements de grève, rassemblements et défilés étaient prévus tout au
long de la journée alors qu’avait lieu à Paris une réunion du Conseil
national des professions du spectacle (CNPS, organisme consultatif qui
regroupe notamment les organisations d’employeurs et de salariés du
secteur) sous l’égide du ministère de la Culture.
L’ébauche d’un "grand débat national sur les politiques publiques du
spectacle vivant" ainsi que "la fraude et le travail illégal"
– c’est-à-dire l’utilisation frauduleuse du statut d’intermittent par
certaines sociétés- étaient à l’ordre du jour de cette réunion à
laquelle doit participer le ministre de la Culture Jean-Jacques
Aillagon.
A Paris
Plusieurs milliers d’intermittents du spectacle (4.500 selon la police)
ont manifesté jeudi après-midi du siège du Medef, dans le VIIème
arrondissement, jusqu’au ministère de la Culture, derrière le
Palais-Royal (Ier). En chemin, ils se sont arrêtés près du ministère des
Affaires sociales.
Etaient présents dans le cortège notamment Anne Hidalgo, première
adjointe au maire de Paris et secrétaire nationale du PS à la culture et
aux médias, Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, les comédiens
Hugues Quester, Delphine Rich, Garance Clavel (l’héroïne de "Chacun
cherche son chat" de Cédric Klapisch) ainsi que plusieurs "cinéastes en
colère" dont le réalisateur Jacques Maillot.
La Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France, très en
pointe dans la contestation de la réforme, était également présente en
force aux côtés des militants anarcho-libertaires de la CNT
(Confédération nationale du travail).
"Artistes et techniciens en lutte pour vivent le spectacle et la
culture", pouvait-on lire sur la banderole en tête du cortège.
Des manifestations similaires ont eu lieu dans plusieurs aitres villes,
notamment Lyon, Bordeaux et Marseille, à l’occasion de cette journée
nationale de grève et d’action des intermittents, à l’appel,
principalement, de la fédération CGT du spectacle.
Accès plus restreint
La CGT entend dénoncer l’agrément, le 6 août dernier par le
gouvernement, de la réforme durcissant les conditions d’accès à
l’indemnisation du chômage pour les intermittents du spectacle, un "coup
de force du gouvernement et du patronat" selon l’organisation syndicale.
La réforme prévoit que les techniciens devront cumuler 507 heures de
travail sur dix mois -et sur dix mois et demi pour les artistes- pour
pouvoir ouvrir huit mois de droit à indemnisation, ce qui réduit l’accès
à l’indemnisation de deux mois, et sa durée de quatre mois.
Auparavant, les intermittents du spectacle devaient cumuler 507 heures
de travail sur 12 mois pour bénéficier d’un an d’indemnisation. Les
syndicats opposés au texte et les coordinations d’intermittents estiment
que ces nouvelles règles vont exclure 30% à 35% de la profession.
"Sans tarder"
"La page n’est surement pas tournée. L’agrément doit être retiré et de
nouvelles négociations ouvertes sans tarder", estime la CGT.
Outre les actions dans la rue, les opposants à la réforme attaquent
également sur le terrain juridique. La CGT et FO -également
non-signataire du texte de la réforme- ont décidé de saisir le Conseil
d’Etat pour tenter de faire annuler l’agrément.
Une autre procédure pour "faux" à l’initiative de la Coordination des
intermittents et précaires d’Ile-de-France et de la CGT a été lancée
devant le tribunal de grande instance de Paris et devrait durer
plusieurs mois.
Les plaignants affirment que des modifications ont été apportées au
texte après l’ultime séance de négociations entre les partenaires
sociaux sur ce sujet le 8 juillet dernier, "ce qui est illégal" selon la
CGT.
L’organisation syndicale et la Coordination espèrent ainsi provoquer la
remise à plat de l’ensemble du texte et la réouverture de négociations.
(avec AP)