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Les intermittents profitent de la tribune de la Croisette pour amplifier leurs exigences...

Publie le mercredi 12 mai 2004 par Open-Publishing

Les intermittents profitent de la tribune de la Croisette pour amplifier
leurs exigences sur l’assurance chômage.

Par Bruno MASI

A Cannes, la météo est mauvaise. A vingt-quatre heures de l’ouverture
officielle du 57e Festival de Cannes, le ciel est bas tant sur le bord de
mer que du côté du Palais. Les spéculations vont bon train quant à la
présence massive d’intermittents en lutte contre la réforme de leur
convention d’assurance chômage. On parle de plusieurs centaines de
manifestants. Des cars doivent quitter ce matin Paris et les principales
villes de province pour rejoindre la Croisette. L’Appel des cinéastes rédigé
samedi « en soutien aux intermittents » s’est étoffé de nouvelles signatures
dont celles d’Olivier Assayas, Yolande Moreau, Denis Gheerbrant, David
Lanzman, Christine Dory et Oren Nataf. Le CIEL (Cannes intermittents en
lutte), qui regroupe notamment la coordination nationale des intermittents,
la CGT-spectacle et le comité de suivi (composé de parlementaires de tous
bords), doit rencontrer la direction du festival en fin de matinée pour
tenter de trouver un compromis.

A peu près au moment où une manifestation
des restaurateurs et hôteliers de la ville (« Une marche pour les marches »)
partira de la rue d’Antibes et prendra la direction des allées de la
Liberté.

La Croisette est-elle définitivement minée ? La mairie de Cannes tente de
juguler la grogne de ses administrés, sans déclarer la guerre ouverte aux
manifestants : « L’organisation de cette manifestation est une démarche
spontanée de la part des restaurateurs et des hôteliers, explique un
conseiller du maire, Bernard Brochant (UMP). Des milliers de familles vivent
grâce aux retombées directes et indirectes du festival, qui s’élèvent à plus
de 120 millions d’euros. On manifestera pour que le festival ne soit pas
annulé, ni bloqué ou perturbé. » Du côté du festival, on garde le cap affiché
depuis la semaine dernière : les relations avec les intermittents sont
bonnes, pas question de s’affoler. « Nous faisons preuve des plus grandes
disponibilités et ouvertures possibles, relate-t-on du côté de la direction.
Que le festival se déroule tout à fait normalement est compatible avec
l’expression des revendications des intermittents. On essaie d’apaiser cette
atmosphère survoltée. »

Même si le ministre de la Culture semble avoir abattu toutes ses cartes lors
de l’annonce de ses mesures mercredi, il entretient le doute d’un éventuel
retournement de situation en demandant « un geste fort » aux partenaires
sociaux, « sous peine de voir le gouvernement prendre ses responsabilités ».
Une initiative reprise hier par Jean-Pierre Raffarin, qui demande par écrit
au président de l’Unedic, Denis Gautier-Sauvagnac, « d’engager des
discussions (...) et de bien vouloir prendre les dispositions les plus
favorables possibles à l’égard des femmes enceintes » (lire ci-dessous). Les
échanges portent désormais sur le corps des annonces qui pourraient être
faites d’ici demain. Pour Jean Voirin, secrétaire général de la Fédération
CGT des syndicats du spectacle, « si elles se limitent au règlement de la
question de la maternité, c’est une nouvelle provocation. Régler la question
des femmes enceintes sans même remettre en cause les congés maladie, voire
surtout aller plus loin, ça ne va calmer personne ». Pour Etienne Pinte,
député-maire (UMP) de Versailles et membre du comité de suivi, « il faut
pourtant rester optimiste. On espère qu’il y aura de nouvelles propositions
avant l’ouverture du festival ».

C’est dans ce contexte houleux qu’intervient la remise du rapport sur le
spectacle vivant rédigé par Bernard Latarjet et quinze professionnels de
l’industrie culturelle. C’est un véritable « état des lieux » du
fonctionnement du spectacle et de l’emploi artistique en France

Liberation