Les marchés inquiets malgré le plan du gouvernement américain

Les marchés inquiets malgré le plan du gouvernement américain

mar. juil. 15, 2008 6:42 CEST

par Lynn Adler

NEW YORK (Reuters) - Le plan de sauvetage des deux géants américains du refinancement du crédit immobilier Fannie Mae et Freddie Mac n’ont pas réussi lundi à restaurer la confiance des marchés dont les inquiétudes sur la santé des banques se sont au contraire accrues.

Les marchés boursiers en Asie et en Europe avaient dans un premier temps monté après l’annonce dimanche par le Trésor américain et la Réserve fédérale d’un plan de refinancement des deux organismes : ligne de crédit renforcée au-dessus de celle de 2,25 milliards de dollars en place jusqu’ici, recapitalisation possible par l’Etat et autorisation d’emprunter au taux accordé par la Réserve fédérale quand elle prête en direct aux banques.

Mais les marchés se sont rapidement retournés et Wall Street a fini en baisse, les investisseurs estimant que les mesures annoncées seraient de peu d’utilité pour empêcher les pertes du secteur financier confronté à la chute du marché immobilier résidentiel et au ralentissement économique.

La déconfiture vendredi de l’établissement de crédit immobilier IndyMac Bancorp, troisième plus importante faillite bancaire de l’histoire américaine, a pris le dessus dans l’esprit des investisseurs. Lundi, les banques ont presque toutes dévissé en Bourse, l’indice du secteur perdant 5%. Certains établissement comme la banque d’affaires Lehman Brothers chutant bien plus fortement.

"Cette affaire n’est pas la dernière", a déclaré le milliardaire George Soros à propos de Fannie Mae et Freddie Mac en soulignant qu’à son avis, la crise financière actuelle était "très grave".

"Il est inévitable qu’elle ait des conséquences sur l’économie réelle. Ce sont de doux rêveurs ceux qui pensent qu’on peut avoir ce genre de crise sans que l’économie réelle soit affectée", a ajouté celui qui s’est rendu célèbre en pariant - et gagnant un milliard de dollars - sur la sortie de la livre sterling du Système monétaire européen en 1992.

AUDITIONS TRES ATTENDUES

Fannie et Freddie possèdent ou garantissent 5.000 milliards de dollars de dette, soit environ la moitié de la valeur des crédits immobiliers aux Etats-Unis. Les deux organismes sont considérés comme cruciaux pour la stabilisation du marché immobilier eh proie à une crise considérée par certains comme la plus importante depuis la Grande dépression des années 30.

Alors que les défauts sur les crédits immobiliers sont de plus en plus nombreux, même chez les emprunteurs considérés comme plutôt solides, les marchés estiment que les deux agences pourraient avoir besoin de fonds supplémentaires pour couvrir leurs pertes.

C’est pourquoi Fannie et Freddie ont perdu du terrain lundi, malgré le bon accueil fait à une émission obligataire de trois milliards de dollars de Freddie Mac.

Freddie Mac a fini en baisse de 8,3% à 7,11 dollars et Fannie Mae de 5,1% à 9,73 dollars.

Les trois milliards de dettes émis lundi par Freddie ont attiré une demande supérieure à celle enregistrée lors d’une opération similaire il y a une semaine.

Mercredi, ce sera au tour de Fannie de vendredi trois milliards de dollars.

Fannie et Freddie se financent en organisant régulièrement des émissions de dette. Si ces opérations venaient à mal se dérouler, cela pourrait faire monter le taux des crédits immobiliers et aggraver encore la crise du marché du logement.

L’attention va maintenant se porter sur l’audition mardi devant la commission bancaire du Sénat du président de la Réserve fédérale Ben Bernanke, que devraient rejoindre, en raison des circonstances, le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le président du gendarme des marchés boursiers, la SEC, Christopher Cox.

Le Congrès va devoir approuver une partie des mesures annoncées dimanche. Selon Barney Frank, président démocrate de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants, ces mesures devraient être incluses dans une loi plus vaste sur le logement.

Version française Danielle Rouquié
http://today.reuters.fr/news/newsAr...