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Les mensonges des nucléocrates pour lancer l’électronucléaire en France
Publie le vendredi 2 mars 2007 par Open-Publishing5 commentaires
EPR... ITER... plus fiables, plus sûr, moins polluant, une énergie presque inépuisable... aller, rappel sur les mensonges des nucléocrates pour lancer l’électronucléaire en France :
Dès l’irruption de l’énergie nucléaire en 1945 le nucléaire civil a été présenté comme l’énergie de l’avenir, abondante à l’infini, parfaitement sûre, une énergie sans déchets.
En France l’électronucléarisation prend une accélération spectaculaire en 1974 (alors qu’aux USA les industriels sont méfiants et prudents). Le dossier nucléaire qui est présenté aux élus et à la population est des plus rassurants. Des scientifiques réputés se portent garants, tous les problèmes sont ou seront résolus. Le corps médical quant à lui assure que les rayonnements ne présentent aucun danger.
La précipitation du programme EDF de 1974 prenait prétexte de la crise pétrolière. En réalité la nucléarisation de la France se préparait depuis fort longtemps par la mise en place dès les années 50 d’une Commission gouvernementale pour la "Production d’Énergie d’Origine Nucléaire" (Commission PÉON) constituée de représentants de la technocratie de l’État et de l’industrie privée. Cette commission a défini le cadre et les responsabilités des différents partenaires nucléaires : l’État et les industriels.
L’activité de cette commission n’a guère eu d’écho dans les médias ou dans les institutions représentatives de la nation.
La technologie nucléaire était totalement maîtrisée, tel était le crédo de base du dossier de l’énergie nucléaire en 1974. Elle devait servir de référence de perfection technologique dont toutes les autres industries devaient s’inspirer. Il en découlait que :
1- les accidents graves n’étaient pas possibles. Les réacteurs n’étaient finalement que des "cocottes-minute" (Interview accordée à Énerpresse le 25 janvier 1975 par André Giraud, administrateur général du CEA puis ministre de l’industrie, puis ministre des armées). A la même époque en URSS les responsables soviétiques de culture différente de la nôtre assimilaient les réacteurs à des "samovars".
2 - EDF garantissait une sécurité absolue par la mise en place de sa "défense en profondeur". Une "triple barrière" entre le combustible et l’environnement devait assurer la protection de la population contre tout rejet intempestif.
Cela revenait à reconnaître la possibilité d’accident sur les installations puisqu’il fallait des "barrières" de protection mais cela ne fut guère remarqué.
3 - Les effets biologiqes du rayonnement étaient considérés comme négligeables, voire inexistants et même bénéfiques pour les faibles doses de rayonnement.
L’existence d’un seuil de dose en dessous duquel il n’y avait aucun effet biologique était largement admise par la communauté scientifique. Les quelques chercheurs indépendants qui contestaient ce seuil n’eurent guère d’impact et furent mis sur des listes noires sans que leurs collègues protestent au nom de la liberté de discussion dans la communauté scientifique.
4 - L’existence supposée de ce seuil [bien qu’il fût affirmé par ailleurs que par mesure de précaution on dirait qu’il n’y en avait pas] était à la base de tout le système de radioprotection et servit de justification à des pratiques qui eurent des conséquences désastreuses (cancers) dans bien des services de recherche et dans l’industrie.
5 - Les déchets ne devaient pas poser de problème. Les rejets radioactifs des réacteurs nucléaires n’étaient pas évoqués et dans l’opinion publique ils n’existaient pas.
En ce qui concernait les coeurs usés certains ont même affirmé qu’une bonne partie pourrait être utilisée comme médicaments (cela aurait transformé l’ensemble de la population en site de stockage ! ) Quant à ce qui n’était pas utilisable leur volume serait négligeable (l’équivalent en volume d’1/100ème de cachet d’aspirine par habitant au bout de dix ans d’après le Professeur Pellerin, le responsable de la santé). Des solutions seraient trouvées en laissant travailler tranquillement les chercheurs du CEA. Des scientifiques (Le Prince-Ringuet sur ce sujet était en pointe) avançaient la possibilité d’envoyer ces déchets dans le soleil, de les mettre sur la calotte glaciaire, de les introduire subrepticement entre les plaques continentales en glissement. Il serait assez curieux de ressortir cette littérature "scientifique" fantasmatique.
Il faut tout de même préciser que parmi les décideurs il y avait des gens beaucoup plus réalistes, soit sur la gestion des déchets nucléaires, soit sur la possibilité des catastrophes nucléaires. Mais ils furent suffisamment discrets et les médias suffisamment peu curieux pour que cela ne perturbât pas le consensus populaire.
Donnons-en deux exemples :
– Les déchets nucléaires.
En 1974 la revue Science et Vie publiait une polémique entre le physicien Hannes Alfen (prix Nobel 1970) et Marcel Boiteux, directeur général d’EDF, considéré comme le père du nucléaire français.
Ainsi, Alfen affirmait : " Le réacteur à fission produit à la fois de l’énergie et des déchets radioactifs : et nous voudrions nous servir maintenant de l’énergie et laisser nos enfants et nos petits-enfants se débrouiller avec les déchets. Mais cela va à l’encontre de l’impératif écologique "Tu ne lègueras pas un monde pollué et empoisonné aux générations futures" .
A cette position morale, sans nier qu’il n’y avait pas de solution satisfaisante pour éliminer les déchets, le responsable du programme nucléaire français, Marcel Boiteux répliquait : " N’est-ce pas une évidente et dangereuse illusion que de vouloir extirper de notre héritage toutes difficultés, toutes responsabilités, que de vouloir transmettre à nos descendants un monde sans problèmes ". En somme, on pouvait considérer l’absence de solution pour éliminer les déchets nucléaires comme une bénédiction pour nos descendants, une garantie de santé mentale. Marcel Boiteux a dû se réjouir en 1986 car Tchernobyl allait laisser un héritage particulièrement difficile à gérer et pour longtemps...
– Les accidents nucléaires graves
Avant de s’engager sérieusement dans des programmes électronucléaires importants, les industriels, gens prévoyants et prudents, exigèrent d’être assurés contre les effets d’accidents graves qu’ils estimaient possibles. Ils firent voter des lois limitant la responsabilité des exploitants nucléaires en cas d’accident. Dès 1957 le Congrès des États-Unis votait une loi (le Price-Anderson Act) qui limitait la responsabilité civile des exploitants en cas d’accident nucléaire ; une nouveauté dans le droit de la responsabilité civile.
En Europe, le 29 juillet 1960 était signée la "Convention de Paris" par 16 pays européens définissant la "responsabilité objective et exclusive" mais "limitée" [souligné par nous] en cas d’accident grave nucléaire. Il s’agissait d’après les termes de la convention de prendre " les mesures nécessaires pour éviter d’entraver le développement de la production et des utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ".
C’est en 1968 (loi du 30 octobre 1968) qu’ont été précisées en France les modalités de l’application de la convention de Paris.
Il est intéressant de mentionner l’intervention au Sénat le 17 octobre 1968 de M. Pierre Mailhe, le rapporteur de la commission des lois :
" Dès l’instant que les hommes, dans leur quête incessante du progrès, avaient libéré des forces d’énergie dépassant très largement les données de la science jusqu’alors connues ou à peine explorées, il tombait sous le sens que leurs nouvelles activités devaient être réglementées (...). Ce domaine des activités humaines étant, à beaucoup d’égards, exceptionnel, il n’est pas surprenant que la législation qui s’y attache soit elle-même exceptionnelle et, dans une large mesure, dérogatoire au droit commun de la responsabilité ". On s’attend à un ajustement du droit à ce nouveau risque pour une protection correcte de la population. " La notion de l’exceptionnel nous est donnée par la dimension que pourrait atteindre ce qu’on appelle "un accident nucléaire", à la vérité un désastre national, voire international " [souligné par nous] (J.O du 18 oct. 1968, p. 831).
Cet élu de la nation avait la prémonition de Tchernobyl et d’une version française possible. Avec le droit sur la responsabilité civile admise habituellement, l’accident nucléaire pouvait se doubler d’un désastre financier pour l’industrie nucléaire. Il fallait à tout prix éviter un tel "désastre". Il est probable que la Commission PÉON n’a pas été étrangère à l’introduction de cette responsabilité "limitée" préalable au développement de l’industrie nucléaire en France.
Lors de la discussion de cette loi le 2 avril 1968 à l’Assemblée Nationale, Maurice Schumann, ministre d’État chargé de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales, précisait dans son exposé des motifs que " l’exploitant d’une installation nucléaire est seul responsable des accidents nucléaires survenus dans son installation ". Cela garantissait une immunité totale aux sous-traitants en cas de malfaçon grave non détectée lors de la construction. Il semble bien que ceux-ci ne se sentaient pas capables d’assumer une technologie totalement parfaite. Le Price-Anderson Act américain ne prévoyait pas une telle limitation et les fournisseurs de composants de réacteurs pouvaient être tenus pour responsables au même titre que les exploitants.
Cette loi de 1968 fut modifiée le 16 juin 1990. Elle précisait dans son article 3 que " le montant maximum de la responsabilité de l’exploitant est fixé à 600 millions de francs pour un même accident nucléaire ".
Fixons quelques grandeurs. L’incendie du siège du Crédit Lyonnais en 1996 a coûté 1,6 milliards de francs aux compagnies d’assurances. En clair, une catastrophe nucléaire devrait coûter moins cher à EDF pour indemniser les victimes qu’un demi-incendie du Crédit Lyonnais !
On peut remarquer, tant en ce qui concerne les déchets nucléaires, que les accidents désastreux de l’industrie nucléaire, qu’il y avait une vision assez claire et réaliste de la situation chez les décideurs, que des mesures ont été mises en place pour permettre à l’industrie nucléaire de se développer à l’abri de toute responsabilité mais que cela n’a guère transpiré dans le débat nucléaire. Les textes existaient, aucune censure ne s’est exercée mais les instances représentatives de la démocratie française les ont ignorés, voire étouffés, afin d’obtenir un large consensus de l’opinion publique, garantie d’un développement sans problème de l’industrie nucléaire. Ceci est une des composantes majeures du bas coût du nucléaire français en comparaison avec ses concurrents étrangers. C’est ce qu’affirmait cyniquement Marcel Boiteux le patron d’EDF le 6 décembre 1984 dans l’Événement du Jeudi. A la question " Mais pourquoi les autres pays ont-ils réduit la fabrication des centrales nucléaires ? ", il répond " Parce que chez nous le nucléaire est bon marché, alors que les pays qui n’ont pas pu pour des raisons diverses résister aux attaques de la contestation, le nucléaire est devenu très cher ".
La contestation fait monter le prix de l’électricité nucléaire, exigeant une réglementation pointilleuse, le respect de cette réglementation et des autorités de sûreté ayant un réel pouvoir sur les exploitants. L’absence de contestation permet une exploitation des installations avec de faibles contraintes. La France est devenue le rêve des promoteurs du nucléaire du monde entier. Pendant longtemps ce fut l’URSS qui eut ce privilège jusqu’à la survenue de Tchernobyl.
Marcel Boiteux, en lançant le programme d’électronucléarisation massive de la France, n’excluait pas l’éventualité du "pire", il l’admettait. Dans la polémique évoquée plus haut, (datant de 1974) Hannes Alfen précisait : " Il n’est pas exact de prétendre que les réacteurs offrent une sécurité parfaite, parce qu’il n’existe pas de produit technologique qui soit sûr, ni de technicien infaillible. Il n’est pas loyal de prétendre que les accidents de réacteur doivent être acceptés de la même manière que les accidents de train ou d’avion, étant données les conséquences beaucoup plus graves d’un accident de réacteur ".
Marcel Boiteux très au fait du dossier nucléaire ne réfutait pas les arguments de Alfen sur la possibilté d’un accident nucléaire catastrophique. Il répliquait : " Jamais la crainte du pire n’a retardé longtemps l’humanité ".
Non seulement Marcel Boiteux ne craignait pas le pire mais il se voyait en représentant de l’humanité. C’est ce genre de personnage qui fit la loi nucléaire en France avec l’accord et même le respect des pouvoirs politiques et l’indulgence des médias.
Enfin notre père du nucléaire français avait une vision assez lucide de l’impact que devait avoir son programme nucléaire sur l’organisation sociale par les contraintes inévitables sur la vie des citoyens. Marcel Boiteux, toujours dans l’article de Science et Vie de 1974, précisait : " Il est certes peu attrayant de s’acheminer vers un monde où un strict contrôle des activités dangereuses s’imposera de plus en plus aux nations et aux individus. Mais n’est-ce pas le sens constant de l’évolution d’aller vers une complexité et une organisation croissantes ? ". Et il ajoutait cyniquement " Et, si paradoxal soit-il, n’est-ce pas là la condition d’une plus grande liberté "intérieure" ".
Ainsi pour lui les contraintes sociales qu’impose l’industrie nucléaire aux individus seraient la condition pour leur "liberté intérieure". Vive la liberté intérieure dans une société nucléaire policière. Ce représentant de l’establishment nucléaire avait parfaitement conscience du slogan jadis lancé "société nucléaire, société policière". Curieusement c’était pour lui la condition de notre liberté intérieure. Concernant notre liberté "extérieure" il ne donnait aucune précision...
Messages
1. Et alors ?, 2 mars 2007, 15:30
La connaissance sur la matière peut reculer par diminution du niveau de l’enseignement scientifique et par contagion de croyances. Il est un fait qui si la recherche sur la matière est déjà entravée par l’utilitarisme immédiat et les solutions à courte vue alors on a du soucis à se faire pour qu’il soit possible de maitriser l’avenir de l’humanité.
A ce titre, il y a une alliance objective entre ceux qui proposent de créer des petites unités de production gaspilleuse d’énergie et régressives dans leur capacité (éolien et cogénération thermique) au détriment d’unités de production socialisées de meilleur rendement et mettant en oeuvre des technologies plus sophistiquées et respectueuses du taux de C02 et ceux qui proposent le démentèlement du pouvoir démocratique sur l’industrie au profit d’une privatisation à tout crin au bénéfice de quelques-uns.
La connaissance a toujours engagé l’humanité toute entière dans son devenir. L’invention du feu, de l’agriculture, de la roue, de la chimie ont toujours impacter automatiquement les générations à venir. Après une découverte, après une invention rien n’est jamais plus comme avant. Le discours propagé par ce texte fait parti de ceux qui sont dangereux pour notre avenir car il met en doute la capacité des hommes à gérer la complexité du monde réel et à maîtriser leur découverte.
Cela permet à des charlatans de promouvoir des retours qui chanteraient sur des visions régressives totalement dangereuses par l’ignorance qu’elles engendrent. Il y a un exemple flagrant où l’ignorance est un risque présent obérant l’avenir : la mise en cause du surgénérateur superphénix alors que l’on sait faire et qu’il était urgent d’en faire la démonstration. L’abandon du surgénérateur superphénix permet maintenant aux détracteurs de l’énergie nucléaire de plaider sur le fait que l’énergie nucléaire est limité par le gisement d’uranium. Il faut s’attendre à une attaque en règle contre la recherche fondamentale en matière nucléaire au profit de recherches shadokesques sur les énergies qui ne peuvent donner plus que ce qui est scientifiquement connu aujourd’hui : Principe de carnot, Energie cinétique, Energie potentielle, Energie photonique....
Il n’y a pas d’autres solutions que de repartir dans la recherche fondamentale et appliquée sur la matière afin de résoudre les problèmes des déchets radioactifs et des nouveaux modes de production EPR.. ITER.. machine Z etc
Il est urgent que tous les démocrates, personnes attachée au progrès de la civilisation, argumentent pour combattre pied à pied les arguments régressifs relatifs à la "désinvention de l’énergie nucléaire". Il est grand temps car demain, lorsque plus personne ne saura ce que peut apporter l’énergie de l’intérieur de la matière, la démocratie sera en péril car l’ignorance sera de nature à permettre les pires aventures pour quelque docteur folamour dans leur buker privatisé qui continueraient à manipuler cette matière du coup dangereuse sans contrôle démocratique.
La seule bataille qui soit digne d’intérêt pour l’homme et la civilisation, c’est de se battre contre l’existence et l’usage des armes de toute nature : bombes à fragmentation, agents défolliants, bombe atomique.... et de se battre pour dispenser la connaissance, favoriser la recherche et permettre la mise en oeuvre de toute energie possible au profit de la civilisation et de sa pérennité sur la terre. C’est le véritable combat à mener pour l’avenir.
2. Les mensonges des nucléocrates pour lancer l’électronucléaire en France, 2 mars 2007, 16:55
Lorsque l’on accuse des gens de mensonge, il est important d’être précis et juste sur le sujet que l’on traite.
Or, mettre sur le même plan l’EPR et ITER est non seulement absurde, mais démontre aussi une méconnaissance totale de la question.
– l’EPR est un réacteur nucléaire de puissance, 1600 MWe, à fission, destiné à fonctionner au moins 7000 heures par an. C’est un réacteur de type REP à la sûreté améliorée, - c’est même le point principal de l’évolution -, et ceux qui prétendent le contraire prennent réellemnt leurs lecteurs pour des imbéciles.
– ITER est une machine expérimentale à fusion thermonucléaire de noyaux Deutérium et Tritium (qui effectivement est dangereux au dessus d’une certaine dose), qui fonctionnera quelques minutes lors de ses phases d’expériences. La fusion thermonucléaire engendre des neutrons très énergétiques 14 Mev, qui emmènent d’ailleurs 80% de l’énergie de fusion, dont il faut se protéger et qui produisent des espèces radioactives, par activation des structures, à l’état de traces dans ITER. La Fusion Thermonucléaire maîtrisée représenterait une avancée importante sur le plan de la sûreté et de la production de déchets radioactifs, en dehors de son avantage qui serait décisif sur le plan du combustible.
Ces dernières années, grace à la biologie moléculaire notamment, ont amené des progrès dans les connaissances vis à vis du seuil de dose biologique en deça duquel il n’y a non pas absence de dommages, mais réparation de l’organisme. Ce effet de seuil existe bien et fait l’objet d’un rapport de l’académie de médecine par les professeurs Aurengo et Tubiana [2004].
Heureusement parce que nous sommes baignés dans un milieu de rayonnements électromagnétiques, - rayons cosmiques, radioactivité naturelle et artificielle, radiographies (un scanner complet équivaut à une dose biologique intégrée de 3,6 mSv, en plus de notre source radioactive interne C14, K40..) -.
Jean-Marie Berniolles
1. L’hypothèse du seuil est rejetée au niveau International, sauf en France pour quelques "ultrapronucléaire" comme Tubiana..., 2 mars 2007, 17:47
L’hypothèse du seuil est rejetée
En février 1990, pour la première fois dans un texte officiel de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) il est affirmé de façon explicite l’absence d’un seuil. Cela n’empêche pas les experts de continuer à utiliser la notion de seuil tant dans leurs relations médiatiques avec la population que dans leur pratique. Ils considèrent qu’en dessous de certains niveaux de rayonnement le danger est suffisamment faible, négligeable, pour qu’on puisse le considérer comme naturellement acceptable par tous. Il leur faut à tout prix éviter de tomber dans la logique de la nécessité d’un débat démocratique dans l’ensemble du corps social pour déterminer les niveaux de risque acceptables.
Voici quelques extraits des dernières recommandations adoptées en novembre 1990 par la CIPR (publication CIPR 60) :
"On doit supposer que même de petites doses de rayonnement peuvent produire des effets nocifs sur la santé. Puisqu’il y a des seuils pour les effets déterministes il est possible de les éviter en limitant les doses reçues par les individus. Par contre les effets stochastiques, cancers et effets génétiques ne peuvent être complètement évités car pour eux on ne peut invoquer l’existence d’un seuil". (article 100)
"Les mécanismes de défense ne sont probablement pas totalement efficaces même aux faibles doses, aussi, il est improbable qu’ils engendrent un seuil dans la relation dose/réponse" (article 62)
L’établissement des normes
La CIPR a renoncé dans ses dernières recommandations à définir les normes de radioprotection uniquement à partir de critères scientifiques objectifs.
"Le but premier de la protection radiologique est de fournir un modèle approprié de protection des hommes sans limiter indûment les pratiques bénéfiques qui peuvent conduire à des irradiations. Ce but ne peut être atteint sur la base des seuls concepts scientifiques" (article 15)
"Les fondements de la radioprotection doivent obligatoirement inclure des jugements sociaux" (article 100)
"Dans la pratique, plusieurs idées fausses sont apparues dans la définition et la fonction des limites de dose. En premier lieu, la limite de dose est largement mais d’une façon erronée, considérée comme la ligne de démarcation entre l’inoffensif et le dangereux" (article 124)
Enfin la Commission évoque l’effet du rayonnement naturel :
"La composante de l’irradiation du public due aux sources naturelles est de loin la plus élevée (NdT : en dehors des irradiations en cas d’accidents graves), mais cela ne fournit aucune justification pour réduire l’attention que l’on doit porter aux irradiations plus faibles mais plus facilement maîtrisables, dues aux sources artificielles" (article 140)
Ainsi on peut résumer ces conceptions de la CIPR :
1) Il n’y a pas de seuil pour les effets cancérigènes et les effets génétiques : toute dose de rayonnement aussi faible soit-elle comporte un risque.
2) L’établissement de normes implique obligatoirement des critères sociaux (économiques).
3) Le maintien des irradiations au-dessous des limites acceptables » n’implique pas que les individus soient complètement protégés.
On peut logiquement en déduire :
1) Puisque ce sont des critères sociaux qui sont à la base de tout système de protection radiologique, c’est à la société de décider les niveaux d’acceptabilité
2) La fixation de limites de dose déclarées acceptables », quel que soit le domaine d’application, implique de considérer comme "acceptable" un certain nombre de morts dans le groupe d’individus concerné par ces limites.
3) En démocratie on ne voit pas qui, en dehors de ceux qui sont susceptibles de subir les risques, pourrait se déclarer investi du droit de fixer ce nombre de morts. Une question est souvent posée dans des situations particulières : "Est-ce que c’est dangereux ?". On attend une réponse, oui ou non. Si il y a un seuil la réponse est simple : en dessous du seuil c’est non, au-dessus c’est oui. Répondre à une telle question par un non, ce que font généralement les autorités "responsables" implique logiquement l’existence d’un seuil. S’il n’y a pas de seuil, il n’est pas possible de répondre simplement. Il faut d’abord préciser à partir de combien de morts considère-t-on une situation comme dangereuse. Cette précision ne peut venir bien évidemment que des individus concernés.
4) L’usage que les décideurs font des normes (qu’ils soient scientifiques, politiques ou autres) et qu’ils décrètent sans explication, est parfaitement erroné. Les normes qu’ils déclarent acceptables sont plus destinées à protéger certaines pratiques économiques et industrielles, voire médicales, qu’à protéger la santé des populations.
5) Enfin le rayonnement naturel ne peut être utilisé comme référence d’innocuité pour les niveaux de rayonnement que l’on veut imposer aux populations.
(... voir la suite du texte)
A propos de Tubiana, lire :
Le Pr Tubiana, éminence grise de la radioprotection en France
2. L’hypothèse du seuil est rejetée au niveau International, sauf en France pour quelques "ultrapronucléaire" comme Tubiana..., 2 mars 2007, 21:15
1990 ! Et des citations tronquées, prises en dehors de leur contexte, mélées à des considérations personnelles ne font pas un raisonnement.
Il ne faut pas confondre le raisonnement conservatif qui est encore appliqué maintenant, notamment par le groupe Nord-Cotentin - GRNC - pour ses travaux d’impact biologique des rayonnements, c’est à dire de considérer qu’il n’y a pas de seuil et que donc il y a un risque cancérigène dès la plus infime des doses biologiques intégrées, avec l’existence d’un seuil.
D’ailleurs, sans effet de seuil on aboutit souvent à un chiffre de cancers de l’ordre de 0.001 pour une population donnée [ceci est l’évaluation du risque de leucémie pour la population des jeunes -0, 24 ans- du Nord Cotentin du à l’activité nucléaire de la région -La Hague, Cherbourg, Flamanville, stockage ANDRA -]. Que fait-on avec ce chiffre ? Dans ce cas précis on dit qu’il n’y a pas de cancer du aux doses biologiques intégrées par les jeunes du Nord Cotentin. Et la polémique issue d’un travail du professeur Viel ne portait que sur un cas de leucémie sortant de la statistique (4 au lieu de 3).
En plus il y a l’expérience des travailleurs du nucléaire en zone active, auxquels on applique cette notion de dose admissible. Est-ce que l’on a remarqué chez ces travailleurs un taux de cancer plus élevé que dans la population ? la réponse est NON. En dehors de cas d’accident où une dose biologique pouvant être forte à été intégrée à la suite de pénétration de Pu dans le corps, par exemple, par ingestion où blessure.
Donc il y a bien un seuil de nocivité des rayonnements, reconnu, donc, par l’académie de medecine en 2004 au moins. Ceci fait suite à beaucoup de travaux, pas seulement du fait des professeurs Aurengo et Tubiana.
Ces derniers font effectivement l’objet d’attaques personnelles de la part des intégristes de l’antinucléaire. On serait tenté de dire que c’est presque une marque de reconnaissance de la qualité de leurs travaux.
Jean-Marie Berniolles
3. L’hypothèse du seuil est rejetée au niveau International, sauf en France pour quelques "ultrapronucléaire" comme Tubiana..., 6 mars 2007, 09:33
http://www.academie-sciences.fr/publications/rapports/pdf/dose_effet_07_04_05.pdf