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"Les partis s’accommodent de militants intermittents"
Publie le vendredi 4 avril 2008 par Open-Publishing2 commentaires
de Olivier Pognon
Roland Cayrol, directeur de recherche à Sciences Po, estime que le militantisme traditionnel tend à disparaître.
LE FIGARO. Les « adhérents à 20 euros », recrutés par le PS l’année dernière, l’ont quitté. Pourquoi ?
Roland CAYROL. Ces adhésions correspondent à l’air du temps. L’adhésion n’a plus la même valeur d’engagement que naguère dans les partis classiques. Adhérer, c’était s’engager à aller dans des réunions, à participer à l’élaboration du programme et aux activités militantes. On est bien obligé de constater que cela n’attire plus autant. Participer à des discussions programmatiques, c’est rebutant. Les mots employés sont obscurs, les nouveaux n’y comprennent rien. D’ailleurs les femmes et les jeunes, quand ils s’y rendent, se bornent à écouter. Ils se demandent s’ils sont utiles. Réserver du temps à des tâches militantes ne les séduit sûrement pas non plus. Ils ont une image de la politique assez brillante, très éloignée du militantisme.
Ce sont donc par nature des adhésions fugitives ?
Les Français ne s’intéressent plus tellement à la vie politique. Ce sont les élections qui les attirent, et principalement la plus importante d’entre elles, celle qui oriente l’ensemble de la vie politique. Les Français ont voté à plus de 85 % à l’élection présidentielle et se sont démobilisés pour les municipales. De la même façon, les militants adhèrent pour soutenir un programme ou pour participer à la désignation d’un candidat à l’élection présidentielle. Ils s’inscrivent avant la présidentielle et prennent leurs distances ensuite. C’est ce qui explique en effet que le PS ait vu arriver un flux d’adhérents par Internet dans les mois qui ont précédé l’élection présidentielle. Sans les adhérents à 20 euros, Ségolène Royal aurait de toute façon été désignée. Mais il est évident que cela a joué en sa faveur.
Y a-t-il un moyen, selon vous, de fidéliser de tels adhérents ?
Il faudrait d’abord savoir si les partis sont tellement désireux d’avoir des adhérents fidèles et militants. Les partis ne sont plus les pompes à oxygène permanente de la démocratie. Ils sont devenus des machines électorales, à l’image des grands partis américains. Les décisions sont prises par les dirigeants et les cadres. Quant aux activités militantes collage d’affiches, envoi de courrier elles sont de plus en plus souvent sous-traitées à des organismes privés. Les militants réguliers et engagés sont donc moins utiles. Et il y a quelque chose d’assez pratique à avoir des militants intermittents. Cela permet d’organiser les affaires du parti entre dirigeants et militants sérieux. À supposer qu’ils le veuillent, les partis traditionnels auront sûrement du mal à couler ces nouveaux adhérents dans le moule militant traditionnel.
L’UMP essaye de soutenir leur intérêt en les consultant régulièrement par Internet…
Ça permet en effet de les faire participer, sans trop les mobiliser. C’est bien la preuve qu’on est passé à une autre époque. Il faut dire qu’au siècle d’Internet il y a beaucoup d’autres façons de s’occuper, ou de suivre la vie politique, que de militer dans un parti.
Messages
1. "Les partis s’accommodent de militants intermittents", 4 avril 2008, 11:11
Nous sommes dans un système qui pour ne pas paraitre illégitime doit revendiquer une "démocratie" de façade.
En réalité ce système politique est de plus en plus autonome, et on remarque que la classe politique est de plus en plus coupée du peuple. une démocratie sans le peuple en fait !
Le seul rapport au peuple que peuvent avoir politiciens, faiseurs d’opinions et professionnels de la politique se limite, la plupart du temps, a des actions revendiquant un soutien majoritaire (et non populaire) censé être démocratique.
pour les uns, le nec plus ultra de la démocratie (en dehors des périodes électorales) c’est le sondage d’opinion, pour les autres, le seul rapport au peuple consentis c’est l’exhibitionisme dans les pages "people". ridicule !
Le peuple, et les portes paroles des revendications populaires ont disparu du paysage médiatique et politique.
Lorsqu’on parle du peuple, c’est simplement pour stigmatiser tel ou tel parti jugé démagogue et "populiste".
Dans ce petit jeu les partis de gauche ne sont pas neutres. Le virage néo-libéral du PS est aussi a mettre en lien avec l’exclusion des classes populaires du projet politique socialiste. Ce parti n’a pratiquement plus de militants issus des classes populaires, les énarques ont remplacé les militants de base et seuls les sondages servent de boussole. dans ces conditions on ne peut que comprendre pourquoi ces partis n’ont pas besoin de militants, seuls des professionnels (ou quasi professionels) de la politique sont nécessaire à la course aux postes. Parti de cadre, le PS n’a même plus besoin des votes populaires, le bipartisme qui s’installe l’aide emplement a maintenir le chantage basé sur le "nous ou la droite".
En réalité, l’abstention (qui prioritairement touche les classes populaires) et la logique du "vote utile" ont été inclus dans les calculs politiques depuis longtemps...
2. "Les partis s’accommodent de militants intermittents", 4 avril 2008, 12:21
C’est quand qu’on les vire ses taches ?
Il est moins 23h59,10 sur l’horloge de la démocratie.
Hyoo