Accueil > Les pires ennemis d’Israël, article de Karim Sarroub
Les pires ennemis d’Israël, article de Karim Sarroub
Publie le vendredi 20 février 2009 par Open-Publishing2 commentaires
Les pires ennemis d’Israël, article de Karim Sarroub
Le conflit au Proche-Orient m’a toujours laissé presque froid. Le conflit, pas les victimes civiles. Pourquoi le cacher ? N’en déplaise à Rony Brauman, de ma vie, je n’ai jamais rien écrit sur ce qui se passe au Darfour, par exemple, ou au Rwanada, ou encore en Tchétchénie. Quand ça passe à la télé, je zappe. A propos de ce dernier pays, la Tchétchénie, on verra après la crédibilité de certains « humanites » qui s’étaient intéressés ou s’intéressent encore à ce pays. Car excepté l’Algérie, au-delà du onzième arrondissement, c’est-à-dire l’axe Bastille-République-Porte de Montreuil, je n’ai jamais levé un sourcil.
Mais là, c’en est trop. Ce qui m’accable, ce qui me fout les jetons, c’est de voir qu’en France, le pays des droits de l’homme, de Sartre et de la révolution, il n’y a plus d’intellectuels engagés, rien, walou. Que sont-ils devenus, nos donneurs de leçon, ces « nouveaux philosophes » ? Ce n’est pas beau à voir. Car cette spécificité française (depuis Sartre), ils ont chié dessus. Ils se sont désengagés. Plus personne pour dénoncer la colonisation, pour défendre la « cause des peuples », des plus faibles, des pauvres, des opprimés, des sans papiers ou des ouvriers. Plus personne pour dénoncer l’acharnement aveugle d’une armé ultra sophistiquée sur une population civile. Aujourd’hui, on défend les plus forts. A travers des think thank à la con et des réunions mondaines absolument ridicules et inutiles.
Commençons par là où il faut. Qu’est-ce qu’un intellectuel engagé ? Je suis allé me renseigner. Pas loin. Google, bien naturellement. Voici ce que j’ai trouvé, première ligne de la première page :
« L’engagement est le critère définissant l’intellectuel d’après J. Julliard et M. Winock (Dictionnaire des intellectuels). Si l’intellectuel devient politique avec l’affaire Dreyfus, la notion d’engagement naît véritablement à la Libération avec Sartre : c’est désormais une activité consubstantielle à sa qualité d’homme de culture. Si certains ont parlé de la « parenthèse de l’engagement » pour qualifier la période partisane, ne peut-on lui attribuer une définition plus large à une époque où l’engagement semble multiforme et anonyme ? On a bien assisté à la mort de l’intellectuel partisan mais qu’en est-il de l’intellectuel engagé ? Mais, avant tout comment le définir ? Car s’il y a bien une spécificité française, c’est de rattacher la notion d’intellectuel à celle de protestataire, d’homme critique, d’homme de pensée qui intervient, à certains moments, dans la vie politique au nom d’une éthique supérieure, au point de faire de l’expression « intellectuel engagé » un pléonasme. Pourtant, comme l’a souligné Aron, toute société génère ses intellectuels. L’engagement est-il défini de la même manière dans les autres sociétés modernes (comparables à la France) ? Les différences remettent-elles en question la définition de l’intellectuel engagé ? Connaissent-elles les mêmes interrogations que nous sur la mort de leurs clercs ? »
Et voici ce que j’ai trouvé ailleurs, et après j’arrête avec ça :
« Sartre reste la grande figure de l’intellectuel engagé. Il a toujours considéré qu’il est du devoir du philosophe de prendre part à l’histoire. On lui reproche souvent aujourd’hui de s’être beaucoup trompé mais juger les événements après-coup est une position plus simple et surtout bien plus confortable que lorsqu’on en est le contemporain immédiat. Reconnaissons à Sartre d’avoir eu le courage de prendre des risques avec une sincérité sans failles tout en restant toujours fidèle à sa philosophie de la liberté. »
Le Juif, personnage irremplaçable dans tous les domaines, que ce soit dans la philosophie, la littérature, les mathématiques ou la psychanalyse, son image est en train d’être dégradée par certains enragés, des inconscients, de la même manière que Bush a dégradé l’image des Etats-Unis à travers le monde. Parmi certains Juifs qui veulent, j’ai bien l’impression, tout sauf du bien à Israël, je n’en citerai qu’un, justement parce qu’il vient de l’ouvrir dans deux quotidiens.
L’un d’eux s’appelle André Glucksmann. Philosophe, nous dit-on. Va pour philosophe ; on verra après. J’ai découvert qu’il a réagi avec grande « émotion » le 11 novembre dernier dans le Figaro pour philosopher sur l’élection de « Barack Hussein Obama », comme il l’écrit. Puis il a récidivé le 6 janvier dans le Monde sur le conflit qui oppose le Hamas (et surtout des civils palestiniens) à l’armée israélienne.
Il y a plus de trente ans (mai 1977), Bernard Pivot, qui avait du flair non seulement pour dénicher les bons bouquins, s’interrogeait déjà, incrédule, les yeux face à la caméra : « Les nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? »
Déjà en 1977, personne n’y comprenait rien. Et on n’y comprend toujours rien. Et je doute fort qu’eux-mêmes comprennent quelque chose à leur histoire et à leurs engagements.
C’est donc bien lui le plus terrible, au parcours tortueux et dégoutant, André Glucksmann, ce renégat. J’ai essayé de me renseigner sur lui pour rien. J’avais des haut-le-coeur. Impossible de suivre son cheminement intellectuel, ses vrais engagements politiques. Plus antithétique, tu meurs. Avant, il était noyé dans la contradiction jusqu’au cou. Aujourd’hui, c’est dans la proportion et la disproportion qu’il nage, en n’hésitant pas à citer Pascal (comme d’habitude) pour donner du poids à son charabia. J’espère que vous avez lu son dernier article dans le Monde. Voici le lien. Une confiture. Je vous jure : rien compris. Si ce n’est que j’ai saisi, assez vaguement d’ailleurs, qu’il prenait la défense d’Israël et de son armée, indécence et humour noir à l’appui. En revanche, pas un mot sur les victimes civiles palestiniennes. Rien. Il est des morts qui pèsent le poids d’une plume : ces victimes civiles palestiniennes (voir le blog de J-M Bouguereau qui s’est enfin réveillé – images dures), ces femmes éventrées, enfants décapités et gazés avec des bombes non conventionnelles, comme jadis les kurdes sous Saddam, ces crimes de guerre resteront à jamais comme une plaie dans le parcours de nos « philosophes », un parcours jalonné d’une philosophie aussi ridicule qu’inutile.
En guise de « philosophie », et plus précisément à propos de la loghorée d’André Glucksmann sur la proportion et la disproportion, voici un extrait de ce qu’en pense Kevin Jon Heller dans Opinion Juris. Cet article sera disponible dans son intégralité dans Philosophie Magazine jeudi 22 janvier. Précisons que l’article de Kevin Jon Heller est paru le 03 janvier et celui d’André Glucksmann le 06 janvier.
« Un éditorial du Wall Street Journal considère que l’attaque menée par Israël contre le Hamas à Gaza est « parfaitement proportionnée. »
Je n’ai pas envie de débattre des fondement de cet argument. D’abord parce que les avis sur Israël et la Palestine sont à peu près imperméables aux faits et aux arguments (des deux côtés), ensuite et surtout parce que le concept de proportionnalité est si informe et mal défini qu’il est en général inutile. Cela dit, il est important d’examiner les idées fausses à propos de ce concept de proportionnalité dans le droit international. [...] La proportionnalité n’est pas mesurée en comparant le nombre de civils israéliens tués par le Hamas au nombre de « terroristes du Hamas » tués lors des attaques israéliennes ; elle est déterminée en comparant le nombre de civils palestiniens tués lors d’une attaque spécifique à l’avantage militaire obtenu lors de cette attaque. L’article 51 (5) du protocole additionel de la convention de Genève indique qu’une attaque est sans discrimination - donc interdite par le droit international humanitaire (DIH) - si « on peut attendre qu’elle cause incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil, ou une combinaison de ces pertes et dommages, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu. »
L’éventuelle disproportion d’une attaque israélienne est donc indépendante de la léthalité des attaques du Hamas. L’analyse de la proportionnalité sera la même que le Hamas ait tué un ou mille civils israéliens. Dans un cas comme dans l’autre, le DIH contraint Israël à répliquer avec des attaques qui en elles-mêmes sont proportionnées. [...] La volonté évidente du Hamas de commettre des crimes de guerre ne devrait-elle pas être prise en compte lorsqu’Israël est accusé de se venger en commettant à son tour des crimes de guerre ? La réponse est non, pour une simple raison : des civils innocents méritent d’êtres protégés de préjudices (injustifiables) indépendamment du comportement criminel de leurs gouvernements. Ils ne peuvent être considérés comme des pions sacrifiés dans un jeu d’échecs géopolitique. Voilà pourquoi les attaques directes du Hamas sur des civils israéliens sont des crimes de guerre et c’est pourquoi des attaques disproportionnées contre des combattants palestiniens sont aussi des crimes de guerre. »
Autrement dit : soit notre cher philosophe fait semblant de ne pas savoir ce que sait Kevin Jon Heller (ou n’importe quel juriste) et dans ce cas-là il est dénué de toute probité intellectuelle, soit il l’ignore vraiment et dans ce cas-là il raconte n’importe quoi dans les journaux. Car si on doit suivre le raisonnement d’André Glucksmann, et si vous légalisez ce qu’il prône (ou ce qu’il trouve normal), c’est très simple : les guerres ne finiraient jamais. Sacré va-t-en guerre. C’est assurément la seule philosophie à laquelle il est resté fidèle.
Remarquez, même ce pauvre Mohamed Sifaoui trouve les mots qu’il faut (chose rare) pour nous dire à quel point il est bouleversé par l’ampleur des crimes de civils par l’armée israélienne. On est presque gêné à sa place. On a envie de lui dire : d’accord, mais tais-toi, ne te force pas, ce n’est pas toi qu’on veut entendre. Quant à André Glucksmann, il pousse la plaisanterie jusqu’à nous inviter cyniquement à regarder dans le dictionnaire les définitions des mots proportion et disproportion. Je vous assure que c’est vrai. Une demi-page dans le Monde pour de telles conneries ?
Je vous disais que j’avais essayé de me renseigner sur lui. D’abord par téléphone. « Qui est André Glucksmann ? » Un ami journaliste et écrivain, rédacteur en chef d’une revue de philosophie, m’a répondu ceci : « André Glucksmann ? Tu te casses la tête. André Glucksmann est un type fini. Aucune crédibilité. » Mais moi ce qui m’intéresse, c’est son parcours global. Eh bien, je n’ai retenu que quelques repères autobiographiques. Je vous préviens : c’est dégueulasse.
J’ai d’abord découvert que ce « philosophe » s’est fait connaître du grand public en répétant aux français (durant des décennies) ce que le monde entier savait déjà : les horreurs du communisme stalinien ! Tout une œuvre là-dessus. Une chose est certaine : à cette époque, finalement les intellectuels de droite étaient plus sincères et plus crédibles que ces « nouveaux philosophes » qui ont tourné leur veste avec bassesse au fil du temps.
Il paraît aussi que c’est bien le renoncement de cet ancien gauchiste à la solidarité internationale qui l’a contraint a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy. Je n’en suis pas si sûr. Mais qu’importe. Un ancien maoïste tourmenté devenu membre du PNAC ? Qu’est-ce donc que le Pnac : un think thank à la con néoconservateur américain qui ne sert strictement à rien mais qui a comme objectif de promouvoir le leadership mondial des Etats-Unis. Des lèches-cul inutiles, d’autant que le peuple américain s’est exprimé amplement contre eux le 4 novembre dernier. Et puis, franchement, un think thank pour ça ? Pourquoi on ne m’y invite pas ? Je n’aurais peut-être pas grand-chose à dire mais j’irais avec ma guitare et mon bottleneck leur servir de musique de fond en leur jouant un morceau d’Ennio Morricone. Car j’aime bien les Etats-Unis, moi aussi, depuis tout petit. Et surtout depuis le 4 novembre dernier. Une date qui a sacrément traumatisé et « remué » notre philosophe. (lisez ici)

Barack Obama
André Glucksmann fait partie de ces intellectuels humanistes et progressistes dont les surprenantes évolutions idéologiques peuvent vous laisser sur le cul. Au hasard : en 1981 (année de l’élection de François Mitterand) il apporte, avec Bernard Kouchner, son soutien à Marie-France Garaud, une excitée de la politique proche de Pasqua et de Philippe de Villiers. Voilà qui vous donne déjà une large idée de la bonne femme que c’est et de ceux qui la soutiennent.
Et la Tchétchénie. Ah, ces pauvres tchétchènes. Ils ont cru qu’ils étaient soutenus. S’ils savaient que c’est sa haine de Poutine et du communisme, et uniquement ça, qui a poussé notre philosophe obsolète à les soutenir, en n’hésitant pas à donner un coup de main à des terroristes qui s’étaient livrés à des actes criminels et barbares dans la région. Il voulait se venger du communisme à sa façon, le méchant. Est-ce ça un intellectuel engagé ? Sartre n’a jamais signé pour la moindre intervention militaire. Il n’a prôné ni le terrorisme comme l’a fait André Glucksmann et quelques médiocres, ni courbé l’échine face au pouvoir établi.
Et puis quelques trucs écœurants : en 1977, ce philosophe anxieux aurait signé avec d’autres intellectuels une pétition demandant la libération d’adultes accusés d’actes pédophiles sur des mineurs de moins de 15 ans. C’est comme si aujourd’hui des intellectuels belges demandaient la libération de Marc Dutroux.
« Mieux vaut, disait Kant, l’homme politique qui a une morale que le moraliste qui n’est qu’un justificateur de la politique. »
Qui a envie d’avoir le même parcours qu’André Glucksmann ?
Pour finir, citons le philosophe et psychanalyste slovène Slavoj Zizek : « En tant qu’ils ont été perçus comme représentatifs de votre vie intellectuelle nationale, les « nouveaux philosophes » sont une des raisons principales de la perte de l’influence de la pensée française dans le monde. » C’est peu dire.
Un expert de l’ONU parle de crimes de guerre systématiques (Nouvel Obs)
Les intellos virent-ils à droite ? (Ceux qui basculent et ceux qui résistent) Enquête de Aude Lancelin
Manifester... mais pour la paix ! par Jean-François Kahn
Modérons-nous, mais pas trop... par Pierre Marcel (Libération)
Les intellectuels et Gaza, par Annabel Benhaiem
ATZMON Gilad, sur le blog d’Anna
La dernière d’André Glucksmann, Jean-François Kahn (août 2006)
Gaza, le droit, la « disproportion » et les barbares, par Alain Gresh
André Glucksmann l’a-t-il lu ? par Dominique Vidal
Messages
1. Les pires ennemis d’Israël, article de Karim Sarroub, 4 mars 2009, 14:32, par Charlie
accablant pour ce pseudo philosophe "rénégat."
je partage et j’adhère entièrement à ce que révèle karim sarroub
2. Les pires ennemis d’Israël, article de Karim Sarroub, 8 mars 2009, 19:44, par Black Boy
Oula ! C’est chaud chaud chaud, et c’est le moins que l’on puisse dire. Il n’y va pas avec le dos de la cuillère Karim Sarroub. Ce qui est plaisant, ce sont les références, les liens, etc. Au moins il cite ses sources.
Mais c’est le titre qui me gêne.
"Les pires ennemis d’israël."
Que veut dire Karim Sarroub par les pires ennemis d’Israël, en critiquant précisément un juif-sioniste-intégriste ? Le titre est ambigu.
Mystère...