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Les renégats de Mai 68

par Denis Langlois

Publie le vendredi 30 mars 2018 par Denis Langlois - Open-Publishing
4 commentaires

Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar, têtes de gondole de Mai 68, avaient promis de ne pas s’exprimer à l’occasion du cinquantième anniversaire de cet événement. Ils n’ont pas pu s’empêcher de le faire collectivement dans un entretien avec Michel Wieviorka pour la revue Socio.

Ils voient dans Mai 68 ce qu’ils appellent trois dimensions : la dimension sociale, c’est-à-dire la grève générale qui a abouti aux accords de Grenelle, la dimension culturelle, "cette envie de vivre différemment" et la dimension révolutionnaire.

Pour les deux premières dimensions, le bilan leur semble positif. Mai 68 a permis d’entrer dans la "modernité culturelle et sociale", incarnée pour eux par Emmanuel Macron dont ils ont soutenu la candidature.

En ce qui concerne la dimension révolutionnaire, nos deux compères font un rapide mea-culpa, puis tombent à bras raccourcis sur "l’idéologie gauchiste révolutionnaire". Cohn-Bendit estime que, de 1968 à 1974-1975, il est tombé dans le piège de la "révolution possible". Geismar, qui a adhéré au Parti socialiste, dilue sa désertion en constatant que le P.S. tel qu’il l’a connu "avait absorbé énormément d’anciens militants gauchistes".

Ceux qui ont trahi leurs idéaux de jeunesse trouvent généralement comme excuse qu’ils ne sont pas les seuls, que c’est une évolution normale.
Ils se trompent. Des révolutionnaires qui continuent de croire à l’édification d’une société libre et sans classes, ni riches ni pauvres, il y en a encore. Pour eux Mai 68 n’est pas mort. Ils ne participent pas à son enterrement. Ils n’ont pas déserté. Ils peuvent encore se regarder dans la glace et reconnaître les jeunes gens enthousiastes qu’ils étaient il y a cinquante ans. Ils savent aussi qu’ils ont été rejoints par d’autres qui partagent leurs convictions.

Loin d’incarner la modernité sociale, nos deux "renégats" sont les véritables "croulants". "Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi", disait-on en Mai 68. Cohn-Bendit et Geismar sont les dignes représentants de ce vieux monde fait d’injustices sociales, d’inégalités et de guerres.

Nous qui croyons encore en la révolution, nous qui étions en 1968 et dans les années suivantes des militants discrets mais actifs, nous leur dénions le droit de parler en notre nom. Conseiller Macron dans sa "casse sociale" leur suffira.

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Denis Langlois, avocat et écrivain .
mai-68-revolution-possible.fr

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Messages

  • Merci Monsieur Langlois l’espoir est toujours dans nos coeurs.

  • Pour ne rien dire de romain goupil.
    Je doute qu’ils aient trahi leurs idéaux. Ils cherchaient la lumière pour s’assurer carrière et revenus cqfd.

    • Les Anonymes vivants de 68 sont toujours là et n’ont rien à foutre de ces bouffons embourgeoisés !..
      Vivre l’Unité Populaire contre ce monde capitaliste pourri !
      Ouvriers, Etudiants, Retraités,Paysans, exclus en tous genres...A 2 mains dans la lutte de classe (sans pavés, sans pitié ni piété) !.. Grève Générale !

    • Merci, Monsieur Langlois, pour cette remise à l’heure de nombreuses pendules. Cohn Ben Dit, n’est qu’un imposteur, un militant et artisan de l’Europe libérale, son livre "une envie de politique" est un plaidoyer pour l’économie de marché, comme quoi les "pavés de mai 68" étaient truffés de mauvaises intentions, pire que l’enfer...
      car cette europe libérale et atlantiste, c’est celle que les américains nous imposent depuis la libération en 1944, année où ces américains ont débarqué en Normandie pour se faire passer comme libérateurs (alors que c’était l’armée soviétique qui avait fait reculer les troupes nazies à Stalingrad en 1943, avant de marcher jusqu’en Allemagne en 1944). Celes et ceux d’entre vous qui veulent plus de détails les trouveront dans l’excellent ouvrage coécrit par Florence Leray et Paul Ariès, "Cohn-Bendit, l’imposture" aux éditions Max Milo ’publication en 2010).

      Aujourd’hui, Macron compte parmi les hommes politiques européens les plus fidèles lieutenants de cette politique atlantiste et hypercapitaliste. Si Macron casse le service public de la SNCF, il s’attaquera ensuite, à la sécurité sociale, le principal acquis du Conseil National de la Résistance. Nous sommes, non pas dans la "révolte" des petits renégats de Mai 68 à la sauce Cohn Ben Dit, mais nous sommes de nouveau en Résistance, il suffit de voir comment le fascisme est instrumentalisé dans des facs comme celle de Montpellier, comment des idées fascistes sont mises en valeur par des médias comme bFNtv

      aujourd’hui, faisons converger les zad, les cheminots et tous les grévistes, les étudiants et lycéens, pour une écologie distributive. Il y a des milliards à reprendre à ceux qui nous les volent, afin de redistribuer l’argent entre nous, pour une vie digne et respectueuse de la nature dont nous faisons partie. Résistance, résistance, résistance !