Accueil > Les téléspectateurs-producteurs ébranlent le secteur audiovisuel

Les téléspectateurs-producteurs ébranlent le secteur audiovisuel

Publie le lundi 11 septembre 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

Les téléspectateurs-producteurs ébranlent le secteur audiovisuel

par Lucas van Grinsven

AMSTERDAM (Reuters) - De plus en plus de téléspectateurs passent derrière la caméra et produisent leurs propres programmes de télévision, un phénomène qui constitue un véritable casse-tête pour l’industrie audiovisuelle, qui cherche désormais à intégrer dans une offre unique des programmes de télévision classiques, des films diffusés par internet et des vidéos amateurs.

Les sites internet de partage de vidéos, tels que YouTube ou Google Video, ont enregistré une explosion de leur fréquentation au cours des douze derniers mois - quelque 100 millions de vidéos sont regardées chaque jour sur YouTube - forçant les distributeurs audiovisuels conventionnels à améliorer leur offre.

Ainsi, le système de télévision par internet du fabricant français d’équipements télécoms Alcatel, développé en collaboration avec Microsoft et présenté lors du salon de l’audiovisuel IBC d’Amsterdam, propose désormais les canaux dédiés aux vidéos personnelles sur un pied d’égalité avec les chaînes généralistes, d’information ou de sport.

Ces chaînes de télévision personnelles diffusent en général des vidéos amateurs ainsi que des programmes partagés par des membres d’une même famille ou d’un même club de sport.

"Les producteurs amateurs font de bien meilleurs programmes que ce que l’on pourrait penser et il existe actuellement une énorme demande pour ce type d’émissions", indique Andre Mika, directeur de la programmation et de la production chez AOL, filiale internet du groupe Time Warner.

L’IMPORTANT C’EST L’HISTOIRE

"L’important c’est l’histoire. Si vous avez une histoire intéressante à raconter, les gens vous regarderont, même avec un budget serré et une petite caméra", ajoute Mika, se référant à l’audience enregistrée par la chaîne nord-américaine Current TV, qui ne diffuse que des programmes élaborés par les téléspectateurs.

"Current TV est suivie à la loupe par l’ensemble de l’industrie audiovisuelle. Le contenu proposé est de très bonne qualité", insiste-t-il.

Selon Mika, la télévision amateur influence la production audiovisuelle professionnelle. Et il ne cache pas son souhait de voir ses programmes s’inspirer de cette nouvelle donne.

"Il y a des tonnes de matière première disponible, gratuite et sans coût de production. Plus mon budget sera faible, mieux ce sera, parce que ces programmes seront bruts et incisifs."

Les distributeurs audiovisuels conventionnels câblés ou satellitaires se préparent également à mélanger des programmes professionnels avec ceux réalisés par les téléspectateurs.

UPC, le principal câblo-opérateur européen, détenu par Liberty Global, diffusera ainsi à partir de novembre une émission qui sera un mélange de production traditionnelle et de contenus bruts produits par le public, a annoncé Ivo Lochtman, vice-président du contenu vidéo.

"Nos téléspectateurs souhaitent que 80 à 90% de la programmation soit composée d’émissions généralistes de haute qualité. Même la tranche des 6-14 ans veut un gros noyau dur de programmes télévisés, et autour de ça, de la messagerie texte, des blogs et des vidéos amateurs", tempère-t-il.

"Pour le moment, le développement des deux se fait de pair. L’un n’empiète pas sur l’autre même si à un moment donné, ils commenceront à se superposer."

Le groupe britannique de télévision par satellite BSkyB reconnaît également une demande de programmes de plus en plus spécialisés et personnalisés, alors que les chaînes généralistes deviennent tout à la fois de plus en plus superficielles et, avec l’avènement de la télévision haute-définition, qui renchérit de 15% en moyenne les coûts de production, de plus en plus chères.

"Il n’y a pas de raison pour que les deux ne coexistent pas. Beaucoup de personnes travaillent à cela chez nous", affirme Brian Sullivan, directeur de la stratégie et du management de produits de BSkyB.