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Lutte des etudiants:16 arrestations sur le campus

Publie le jeudi 6 novembre 2003 par Open-Publishing

Lutte des etudiants sans logement a Caen : 16 arrestations sur le campus
mardi 4 novembre suite a l’occupation de la presidence

Depuis la rentree de septembre, plusieurs centaines d’etudiantEs francaisEs
et etrangerEs sont en galere de logement. La capacite d’accueil en logement
sociaux etudiants a Caen est tres en deca des besoins.
Environ 150 etudiantEs boursierEs francaisEs et plus de 300 etudiantEs
etrangerEs n’ont pu avoir de chambre universitaire. Deborde le CROUS a cesse
de distribuer des dossiers de demande de logement social etudiant des la fin
du mois de septembre alors que continuaient a arriver de nombreux/ses
etudiantEs etrangers de 2eme et 3eme cycle.

Face a cette situation de crise, la solidarite (etudiante, amicale,
familiale, nationale, humaine...) a joue et la plupart des gens a pu trouver
un hebergement, parfois tres precaire (plusieurs par appartements ou
chambres de cite-U) ou trouver quelque chose sur le marche locatif prive
pour les plus fortuneEs (chambres chez l’habitant, studios...souvent chers).
Tres rapidement cependant des dizaines d’etudiants (surtout des etrangerEs )
se sont retrouves dans la rue et y ont passe plusieurs nuits pour la
plupart...

Suite a cette situation dramatique, initie par des syndicats etudiants, un
collectif a ete cree. Le 9 octobre un gymnase situe sur le campus du
centre-ville a ete occupe pour accueillir en urgence celles et ceux qui
n’avaient aucun toit. La presidente , Nicole Le Querler (PS apparemment) a
declare tolerer l’occupation si elle avait lieu uniquement la nuit sans
perturber les activites sportives le jour.

Sans lieux de vie ni endroit pour tenter d’organiser la lutte, les
etudiantEs sans logement ont decide d’occuper le jour comme la nuit. Cela a
dure pres de 4 semaines durant lesquelles de nombreuses actions symboliques
et d’information ont eu lieu ainsi que de multiples rencontres infructueuses
avec le CROUS et la presidence de l’universite.
Le collectif " Urgence logement ", regroupe une trentaine d’etudiants
(surtout en provenance du Maghreb) vivant au gymnase et quelques dizaines de
personnes solidaires, une cinquantaine de personnes gravitent donc autour
de cette lutte de maniere relativement reguliere. Le collectif fonctionne
desormais comme un collectif d’individus et sur la base de la democratie
directe.Quelques personnes du Syndicat Intercorporatif Anarchosyndicaliste
de Caen y participent activement. La FSE et SUD-etudiant, recemment cree,
sont les seules autres structures a soutenir reellement cette lutte depuis
le debut.

Au fil du temps la presidence de la fac (epaulee par l’UNEF qui a cherche a
saboter et diffamer un mouvement qui lui a echappe) a multiplie pressions,
menaces, intimidations pour que l’occupation du gymnase soit levee durant la
journee. Lundi 3 novembre, la presidente a fait couper eau, electricite et
chauffage, a menace de faire intervenir la police et d’entamer des
procedures de sanctions disciplinaires si l’occupation ne cessait pas durant
la journee. Elle a promis une salle pour que les etudiants puissent reviser
et se reposer durant la journee et permis la poursuite de l’occupation
nocturne (de 20H a 8H du matin).

Peu apres, accompagne d’une dizaine d’agents techniques, le secretaire
generale de l’universite a tente de deloger la poignee d’etudiants qui
gardaient le gymnase ce jour la...sans toutefois y parvenir.
Soumis a cette forte pression, les etudiants sans logement vivant au
gymnase, reuniEs en AG, ont decide de lever l’occupation de jour.
Le lendemain, mardi 04 novembre, une quarantaine de personne ont envahi la
presidence vers 9 heures du matin pour demander l’attribution de la salle
promise et les cles de celle-ci. La presidente a refuse de donner les cles
tant que durerait l’occupation de son bureau. Des membres de la police
politique (RG) ont fait leur apparition, filme tous les visages au camescope
et ont menace les etudiants etrangers d’expulsion. Un responsable de
l’universite a pris de nombreuses photos des personnes participant a
l’action en disant qu’elles serviraient a identifier celles et ceux qui
allaient passer en conseil de discipline. Il a ete decide par les personnes
occupant la presidence que les etudiants etrangers devaient sortir pour des
raisons de securite. Le temps passant, la quinzaine de personnes qui
continuaient l’occupation ont accepte de redescendre vers la porte de la
presidence et d’y attendre la remise des cles. Le bureau de la presidente a
donc ete evacue. C’est en redescendant vers la sortie qu’ils sont tombes nez
a nez avec une vingtaine de policiers casques appeles par la presidente. Les
flics ont interpelles 16 personnes (parmi lesquelles quelques intermittents
et chomeurs solidaires) dont des gens qui etaient deja a l’exterieur du
batiment.

Ils ont ete conduits vers 11H au commissariat pour deposition, photos et
prises d’empreintes digitales. La presidence a porte plainte pour violence
(un ponte qui cherchait a faire obstacle aurait legerement ete bouscule lors
de l’entree des gens dans la presidence) et vol de documents administratifs
(un de leurs papiers a disparu de sur une table...) et annonce des sanctions
disciplinaires.

La riposte du collectif ne s’est pas fait attendre. Les gens se sont
progressivement contactes et regroupes. Des affiches informant que 16
arrestations avaient eu lieu sur le campus ont ete placardees sur les
principaux points de passages de la fac et des interventions en amphi ont eu
lieu. Les personnes arretees ont ete relachees vers 13H30.

Une AG a ete convoquee pour 14H.et a reunit pres environ 150 personnes.
Apres quelques debats, ce sont finalement pres de 200 personnes qui sont
retournees a la presidence qui a immediatement ete reoccupee, une secretaire
qui fumait sa clope dehors n’ayant pas eu le temps de refermer la porte. Un
barrage de poubelle a ete mis en place sur la route qui passe devant la
presidence. Les gens tres enerves criaient en permanence des slogans. Il a
ete exige l’arret de toute poursuite judiciaire et disciplinaire et qu’une
solution soit trouvee au probleme des etudiantEs sans logement. Deborde par
la reaction des gens, le secretaire general est rapidement venu et a
annonce que la fac abandonnait sa plainte et toute idee de sanction. Les
gens ont alors quitte la presidence apres y avoir declenche l’alarme
incendie...pour aller en masse (environ 300 personnes) debrayer les amphis,
obtenir la suspension de nombreux cours, declencher les alarmes incendie
dans tous les batiments traverses. Cela a dure pendant environ 2 heures dans
une ambiance tres determinee. A 17H30, plus de 400 personnes sont partis en
cortege vers la prefecture pour denoncer l’intervention de la police. Le
cortege a ete tres dynamique aux cris de " PAS D’ETUDIANTS SANS LOGEMENT,
PAS DE FLICS SUR LES CAMPUS ", " POLICE PARTOUT, JUSTICE NULLE PART ". La
police etait sur les dents et craignait visiblement que ca degenere. Les RG
et la BAC suivaient le cortege en filmant. Une vingtaine de flics en tenue
anti-emeutes avaient ete positionnes dans l’enceinte de la prefecture. La
manif a finalement rejoint la fac apres avoir bloque un rond point devant la
mairie et des tramways devant l’universite. Des compagnons ont procede a un
collage d’affiches sauvage tout au long du parcours. Une AG reunissant une
centaine de personnes a eut lieu vers 20H. La journee a ete largement
couverte par les medias locaux et regionaux.

Aujourd’hui la tension est un peu retombee, les actions prevues ne
rassemblant a chaque fois qu’une centaine de personnes.
L’UNEF a ete exclu du collectif suite a ses positions publiques ouvertement
en faveur de la presidence et justifiant l’intervention policiere. Depuis
des semaines, ils balancent rumeurs sur rumeurs et tentent par tous les
moyens de saper la lutte.

Le CROUS (independant de la presidence de la fac) a propose des mardi de
reloger environ un tiers des etudiants qui sont au gymnase, la vingtaine
d’etudiants restants (avec ou sans dossier de demande de logement) devrait
etre reloge en priorite mi-novembre lorsqu’une cite-U en renovation
reouvrira ses portes. On verra alors ou en est la mobilisation.
Un article plus detaille va paraitre la semaine prochaine dans " Solidarite
", le Kanar du SIA.

SPECIALE DEDICACE A LA LUTTE DES " SANS FAC " SUR PARIS QUI SUBIT LES
AGRESSIONS DES FLICS ET DES VIGILES UNIVERSITAIRES.
ON FAIT CIRCULER L’INFO SUR CE QUI VOUS ARRIVE.
SACHEZ QUE VOUS N’ETES PAS SEULS. NOUS SAVONS QUE NOUS NE LE SOMMES PAS NON
PLUS. LA SOLIDARITE EST NOTRE FORCE.

PLUS ON S’ECRASERA, PLUS ILS NOUS ECRASERONS !!!
SEULE LA LUTTE PAYE !!!