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M. Berlusconi occupe tous les plateaux de télévision pour lancer sa campagne électorale

Publie le mardi 24 janvier 2006 par Open-Publishing

M. Berlusconi occupe tous les plateaux de télévision pour lancer sa campagne électorale

de Jean-Jacques Bozonnet

Trois mois des élections législatives, prévues le 9 avril en Italie, le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, crève le petit écran. "Dans les derniers quinze jours, il a bénéficié de plus de trois heures de temps d’antenne à la télévision, et moi de seulement huit minutes", s’est lamenté, jeudi 19 janvier, son principal concurrent, Romano Prodi, le chef de l’opposition du centre-gauche. Depuis, l’écart s’est encore creusé. Le chef du gouvernement a fréquenté la plupart des émissions de débats des chaînes publiques et privées, mais aussi divers programmes de variétés et de sport. Quand il n’est pas invité, il s’invite. Soit en téléphonant comme un simple auditeur, soit en poussant à l’improviste la porte d’un studio ami.

Le 9 janvier, par exemple, invité sur la 7, une chaîne commerciale qui n’appartient ni au service public ni à Mediaset, il s’est incrusté toute la soirée. Insatisfait de sa prestation à l’émission politique du journaliste Giuliano Ferrara - qui fut le porte-parole du premier gouvernement Berlusconi en 1994 -, "il Cavaliere" s’est offert une séance de rattrapage en déboulant sans crier gare dans le "Processo Biscardi", célèbre talk-show sur le football. Au cours de la semaine, les ménagères l’ont vu dans Uno Mattina, l’équivalent de Télé Matin sur la RAI. Quelques minutes plus tard, il était au micro d’une radio publique. Il a même surgi dans les programmes d’une chaîne spécialisée sur l’automobile.

"J’ai été absent de la télévision depuis cinq ans parce que je travaillais, alors je dispose d’un crédit que je compte bien utiliser", a-t-il expliqué, vendredi 20 janvier sur Canale 5, la principale chaîne de son empire, au cours d’un débat avec Francesco Rutelli, l’un des leaders du centre-gauche. Après une intervention du chef de l’Etat, Carlo Azeglio Ciampi, pour rappeler les dirigeants de la RAI à "une exigence de parité effective au cours de la campagne électorale", Silvio Berlusconi a décidé de ne rien changer : "Je ne vois vraiment pas comment l’avertissement pourrait s’adresser à moi." Et, afin de continuer son marathon audiovisuel, le chef du gouvernement envisage même de reculer le début de la campagne officielle, fixé au 29 janvier.

Après cette date, une loi, dite "par condicio", régira scrupuleusement le temps de parole de chaque parti à la télévision. M. Berlusconi rêve-t-il encore de modifier "cette Marx condicio non conforme à la démocratie" ? Lors de son débat télévisé avec M. Rutelli, le président du conseil a confirmé son envie de repousser à la mi-février la dissolution du Parlement. "Nous avons encore quelques lois en chantier", a-t-il justifié. Le président de la République a repoussé la requête de M. Berlusconi, qui menace désormais de reporter les législatives "à leur date normale", en mai. La majorité de centre-droite pourrait en profiter pour revoir la loi sur la justice que le président Ciampi a refusé de promulguer vendredi 20 janvier. Le texte, qui réduit notamment les pouvoirs du parquet, comporterait, selon le chef de l’Etat, des aspects "en contradiction manifeste" avec la Constitution.

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