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M. Redeker, ou l’expertise foulosophique d’un sophiste...
Publie le jeudi 5 octobre 2006 par Open-Publishing3 commentaires
Suite à la Tribune paru dans Le Figaro du 19 septembre, ou M. Redeker (enseignant en philosophie dans un lycée de la région de Toulouse) signait une libre opinion intitulée : "Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?"
Par Firestome
Voltaire disait en substance à un de ses détracteurs : "Je ne suis pas d’accord avec vos idées mais je me battrai pour que vous puissiez les exprimer"... c’est sans doute la meilleure définition que l’on puisse donner non seulement de la liberté d’expression mais aussi du combat que l’on peut mener en son nom.
Cependant depuis quelques années la liberté d’expression ressemble à une prostituée, fatiguée de surcroît, qu’on revêt parfois du costume de la vertu, satisfaisant les plaisirs malsains de certains intellectuels auto proclamés.
Ces intellectuels auto-proclamés*** (ou sur-vendus par des médias dénués de tout esprit critique), ce sont des philosophes communautaristes qui peuvent affirmer sans être inquiétés que le monde entier se moque de nous parce-que l’Equipe de France est composé (trop, à son goût) de Noirs, ou qui évoque les révoltes des banlieues de l’automne 2005 comme s’il s’agissait d’un conflit "ethnico-religieux".
Ce sont aussi les écrivains à la mode qui se souhaitent l’aura du dandy XIXème et ne font que ravitailler leur cerveau atrophié par un cynisme de supermarché auprès de Drieu la Rochelle et affirment avec la parfaite certitude de celui qui ne craint pas de procès en xénophobie que la religion musulmane est "la plus con du monde".
Ou encore les "polémistes" qui sont félicités de se répandre sur les Musulmans avec une hargne que
Brasillach n’eût pas reniée, affirmant entre autres gracieusetés et critiques de fond que les Musulmans ont un rituel de prière grotesque puisqu’ils prient le derrière à l’air.
Et plus récemment le professeur de philosophie qui, profitant de l’impunité générale dont jouissent
les contempteurs de l’Islam, demande une tribune pour soutenir le Pape, lequel se débat pourtant désormais pour prouver qu’il n’a pas perdu tout bon sens sacerdotal...
Car cette tribune libre est un condensé de malhonnêteté intellectuel dont l’intérêt échappe à quiconque refuse de se laisser prendre en otage par le racisme anti-musulmans devenu un leitmotiv politique.
A moins que l’enjeu principal de M. Redecker n’ait été de faire parler de soi ? Auquel cas on ne peut qu’applaudir à son pragmatisme tant il est vrai que désormais, tout aspirant à la gloire médiatique doit sinon passer par la case "star ac’" ou autres reality-shows ou, si l’on se targue (fût-ce illégitimement) de représenter l’élite intellectuelle, de fustiger l’Islam et les personnes de culture musulmane.
Même pas l’Islamisme, contre lequel quiconque soucieux du bien-être de la Cité s’insurge, comme il s’insurge contre n’importe quelle autre pensée réactionnaire. Non : c’est bien l’Islam qui est devenu le cheval de bataille de ce qu’un hebdomadaire osa appeler, sans l’ombre d’une ironie, hélas, LES NOUVEAUX INTELLECTUELS.
Nouveaux intellectuels qui brandissent la Laïcité pour justifier des propos qui la déshonorent.
Avant eux la Laïcité se contentait d’être la garante de la séparation de l’Eglise et de l’Etat mais, moderne démocratie oblige, elle est devenue un instrument de propagande aux mains de ceux qui savent racler au fond des peurs ancestrales pour obtenir le pouvoir ou la notoriété. Désormais être laïque c’est aller à l’encontre des valeurs de tolérance et de mesure transmises par les Lumières et être polémiste c’est blesser A DESSEIN une communauté en se fondant sur sa propre xénophobie, c’est valoriser la culture judéo-chrétienne au détriment de la culture musulmane, c’est devenir le chantre d’une morale édictée à coups de chandelier à 7 branches et de goupillon, ô paradoxe !
Pour Monsieur Redeker, il s’agit donc, en bon néo-philosophe, de défendre la liberté d’expression de la démocratie représentée pour le coup par le Pape (!) en arguant que la religion musulmane est un écrit d’une violence inouïe, ce qui explique d’ailleurs, selon lui que la religion musulmane conduise à des actes violents.
Etonnamment, il se réfère pour preuve (sic) à un article de l’"Encyclopoedia Universalis"... on pouvait pourtant espérer qu’un penseur émérite (un philosophe, rendez-vous compte !) aurait pris la peine sinon de se livrer à une sérieuse exégèse, au moins de (re)lire certains passages du Coran et de la Bible, juste à toute fins utiles... Un de ces livres saints ne demande-t-il pas à ses Croyants : "Que ne réfléchissent-ils sur le Coran !" ? ((Sourate IV) cela lui aurait évité l’impair impardonnable de l’amalgame, écueil où viennent s’échouer les pensées dogmatiques.
On pouvait croire aussi qu’il aurait compris qu’aucun Livre Saint n’est à prendre au pied de la lettre et surtout que la violence est bien ce qui est le mieux partagé par les trois religions révélées... Oublie-t-il la manière dont Yahvé bénit l’entrée du Peuple Elu en Canaan : "mon ange ira devant toi [...] Je sèmerai partout devant toi ma terreur, je jetterai la confusion chez les peuples où tu pénètreras" (Genèse)
On trouve tout de même mieux comme exemple de culture et de religion supérieurement pacifique... Et que dire de ce messager d’amour que nous présente Monsieur Redeker, ce Jésus qui affirme "je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive" ?
M. Redeker met en balance les trois religions révélées en accablant la religion musulmane de ses a priori nauséabonds ; or, si l’une d’elle réclame la loi du talion ,l’autre de tendre l’autre joue, celle qu’il insulte réclame : " Quiconque est injustement tué, Nous conférons un pouvoir à son ayant-droit ; QUE CE DERNIER S’ABSTIENNE DE SURENCHERE SUR LE MEURTRE" (Sourate XVIII)
Affirmer que la religion musulmane porte en elle la graine de l’intégrisme et de la violence parce que le Coran contient des passages d’un prosélytisme barbare, (mais que les Musulmans n’ont jamais mis en oeuvre de manière systématique, contrairement aux Chrétiens) est un sophisme aussi dangereux et inepte que si l’on prétendait que la religion juive portait en elle la ghettoïsation des Juifs puisqu’il est écrit dans l’Ancien Testament : "Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays où tu vas entrer, de peur qu’ils ne constituent un piège au milieu de toi" (Exode)
Bien sûr que les menaces dont M. Redeker fait l’objet sont scandaleuse et bien sûr que personne ne devrait voir sa vie mise en danger pour ses opinions, même si elles sont pour le moins douteuses... le débat n’est pas là et cette levée de boucliers au nom de la liberté d’expression n’est que l’arbre de la mauvaise foi qui cache une forêt de terroristes intellectuels.
Ces menaces ne doivent pas le transformer en héros et encore moins en chevalier de la Démocratie.
Quitte à abandonner son droit de réserve, il aurait dû le faire avec raison et mesure et avoir le courage d’affronter d’autres points de vue que le sien, ors d’un débat public, par exemple, au lieu de balancer son caillou dans la mare fangeuse des xénophobies et de se terrer dans un silence, tout relatif, d’ailleurs.
S’il existe une culture occidentale, c’est-à-dire judéo-chrétienne, d’après M. Redeker comme d’après de nombreux pseudo-intellectuels, je refuse qu’elle apparaisse comme le jalon unique auprès duquel on juge du degré de civilisation d’un peuple et je refuse que ces personnes malhonnêtes parlent en mon nom.
Pour juger du degré de civilisation d’un peuple, il faut non seulement faire référence à l’histoire (et je ne sache pas que la culture musulmane ait organisé des génocides) mais aussi être le garant de cette civilisation. Or, en être le garant, c’est, me semble-t-il, être capable d’en mesurer les grandeurs et les cruautés, c’est ne pas oublier le combat de nos prédécesseurs mais ne pas l’avilir non plus. Car c’est bien galvauder ce combat que le reprendre à son compte pour rendre son ignorance et son intolérance honorables.
La culture occidentale serait-elle menacée, qu’on la mette à ce point sur un piédestal ?
Oh que oui, mais certes pas par le "monde musulman" (mettons cette expression entre guillemets car le monde musulman est une invention de ceux qui en font une menace pour la survie de l’humanité) : elle est menacée par ceux qui l’enferment dans un ethnocentrisme dont Montaigne se dégageait avec justesse et intelligence, par un communautarisme d’idées qui sont devenues les armes des penseurs inféodés à une idéologie xénophobe qui fit les beaux jours de l’Occident de l’Inquisition, du colonialisme, des fascismes et des exterminations qui en découlèrent...
Elevée au biberon de la République et de la culture occidentale, j’ai toujours goûté dans ce lait une amertume administrée goutte à goutte : cette amertume c’était celle de la mémoire de la Shoah. Etrange paradoxe : on me demande de porter le fardeau de cette mémoire occidentale tout en voulant me convaincre de la supériorité de cette civilisation...
La résolution de ce paradoxe n’est certes pas dans la dichotomie orchestrée par des philosophes médiatiques entre Occident et Orient, et encore moins entre Bible et Coran. Des cultures et des civilisations existent en-dehors de ces paroles révélées et l’humanité n’a pas besoin de retourner au beau temps des guerres de religion.
Un philosophe est censé être en avance et non se faire le messager supposé de pensées macérées dans la lie du populisme.
L’équipe de France de sophisme en salon :***
– Pourquoi ne suis-je pas étonné de la composition des pétitionnaires à l’appel en faveur de Robert Redeker paru le 02/10/06 dans journal Le Monde...
Alexandre Adler, Laure Adler, Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Michel Deguy, Raphaël Draï, Roger-Pol Droit, Elisabeth de Fontenay, Alain Finkielkraut, François George, André Glucksmann, Romain Goupil, André Grjebine, Claude Lanzmann et le comité de rédaction de la revue "Les Temps modernes", Corinne Lepage, Bernard-Henri Lévy, Olivier Rolin, Elisabeth Roudinesco, Guy Sorman, Pierre-André Taguieff, Michel Taubmann et la rédaction de la revue "Le Meilleur des mondes", Philippe Val, Marc Weitzmann.
Tiens il Manque Tarnero...! Mais si !! Tarnero, celui qui nous ravissait de ces lumières en prétendant en substance que "Si les jeunes de Banlieues n’aimaient pas Ariel Sharon, c’était parce-que leurs parents avaient été mattraqué dans les années 60 par la police française au métro de la rue de Charonnes"* à Paris.
<"Le sionisme expliqué à nos potes" de Alexandre Adler>*
Messages
1. > M. Redeker, ou l’expertise foulosophique d’un sophiste..., 6 octobre 2006, 08:51
Robert REDEKER :
Distinguons son méfait de la menace qu’il subit !
Mon souci tient en deux points : d’une part la forte montée du racisme contemporain qu’il faut combattre sous toutes ses formes et d’autre part la nécessité de maintenir l’esprit critique y compris contre les fétiches religieux et le droit d’expression qui le permet.
Aujourd’hui la critique sévère à la limite du racisme de Robert REDEKER contre l’islam provoque des menaces de mise à mort. Comment prendre position ?
Avant de se poser la question de la solidarité (2) il faut savoir dire si les propos étaient racistes ou non. La critique de la religion ne peut-elle pas déboucher sur des propos racistes ? Si oui à quel moment situé le dérapage raciste ? (1)
1 - Le moment du dérapage raciste :
Ces affaires de racisme implicite ou explicite ayant pour point de départ la critique de la religion méritent de distinguer les champs d’expression. Ce n’est pas si aisé. Gerard KERFORN ne tranche pas nettement en faveur du racisme (cf site MRAP-Landes) alors que Pierre TEVANIAN a dit l’essentiel en "dix remarques sur un collègue" sur Bellaciao à propos du texte de Robert Radeker . Un second texte de Pierre TEVANIAN concernant la position de la FSU montre que les choses ne sont pas si claire pour tous. Je vais essayer de poser les élements de clarification.
La critique des religions, même sévère, est une conquête de libération historique de l’homme contre les fétichisme qui veulent le rabaisser, le soumettre, l’agenouiller. Mais cette critique ne saurait sortir de son champ, sortir de sa route par dérapage racisant. Quand sort-on du champ licite ?
1 - Il est évident que l’on peut critiquer les religions toutes les religions.
Il est d’ailleurs aisé de trouver de quoi le faire, qu’il s’agisse de la religion juive, catholique ou musulmane. La critique porte en général sur les textes sacrés ou sur les propos des maïtres religieux . Elle peut aussi porter sur des pratiques religieuses, celles mises en application des textes ou par coutume religieuse. Mais la critique de la religion doit rester la critique de la religion.
2 - Or, le racisme n’en reste pas là.
La critique n’est que le prétexte, le moyen. L’interprète dira que le texte de telle religion contient des éléments de violence. Soit. Ou il dira, en plus nuancé : "le texte de telle ou telle religion contient beaucoup plus d’éléments négatifs que positifs". Là encore, à mon avis, pas de problème. On a le droit d’opinion. Le propos peut être "scientifique" ou idéologique. Il est dicible et bien sûr criticable à son tour.
3 - Mais, la pensée raciste va plus loin que de dire son "opinion" sur une religion donnée.
Elle passe au réel, aux "gens" en globalisant. Autrement dit, elle affecte le "négatif" de sa critique à des personnes mais sans distinction. Là ce n’est plus la religion qui est concernée.Ce sont ses adeptes. Et pas des adeptes critiqués pour tel ou tel pratique, comme par exemple l’exhibition de signes hostensibles mais des adeptes critiqués globalement. Ils sont essentialisé sous une caractérisation globalisante. Ce n’est alors plus une opinion.
Voici ce que dit la pensée raciste : Les gens de tel continent sont adeptes de telle religion dont j’ai dit tout le mal. Là ce sont bien les croyants eux-même qui sont qualifiés négativement. Cet essentialisation d’une religion combinée à l’essentialisation d’un peuple suffit pour dire ce n’est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste. Robert Redeker relève de ce régistre
4 - Mais bien souvent le racisme va plus loin.
La critique de la religion n’est qu’un point de départ. Ils disent : Tel peuple croit en une mauvaise religion ; mais aussi tel autre peuple croit en une bonne religion. Nous sommes dans le cas d’une comparaison hiérarchisante classique du racisme.
2 - La question de la réaction à la violence raciste
En fait je vois trois questions sur cet aspect.
A) - Ces menaces sont injustifiées.
– Réponse ambigue : La réponse du MRAP laisse entendre que non tout en faisant le lien entre les propos et les menaces. Mouloud a parlé en quelque sorte de réponse disproportionnée. Ce qui donne lieu à une offensive de Respublica sur le net.
– Réponses claires mais sur fondements différents :
Cela constitue les points 1et 2 des "Dix remarques à un collègue" de Pierre Tévanian sur Bellaciao.
C’est clair aussi dans la position de Gérard Kerforn publiée sur le site MRAP Landes
B) - Qu’elles sont les motivations de ces menaces ?
Les mollahs lancent-ils la guerre contre ce racisme ou contre le blasphème de leur fétiche. Les maîtres spirituels ne s’adonnent pas en général à ce genre de riposte. Ils reconnaissent que dans leur camp il y a des tarés. Il y a des tarés dans toutes les grandes religions. Il y a aussi des personnalités plus réfléchies dans toutes les religions. La théologie de la libération promeut beaucoup plus l’égalité des sexes, la laïcité et appelle à participer auxluttes contre toutes les formes de domination, d’exploitation, d’oppression.
C) - Que faire face aux menaces ?
Face aux menaces de mort contre Robert Redeker, il faut le protéger mais pas aux côtés des racistes .
Faut-il s’accoquiner avec Respublica qui par dogmatisme aveugle sur la laicité ignore le moment du dérapage raciste. Je pense que non.
Christian Delarue
Secrétaire national du MRAP
2. > M. Redeker, ou l’expertise foulosophique d’un sophiste..., 6 octobre 2006, 15:13
Ce qui m’attriste dans "l’affaire" Redeker, c’est l’emballement de certains "intellectuels" à vouloir faire signer une pétition pour défendre la liberté d’expression.
En effet, si R. Redeker n’avait pas, justement, bénéficié de cette liberté d’expression, son papier n’aurait pas été publié.
Bénéficiant de cette liberté d’expression, il prend des positions dont il doit assumer la responsabilité. En particulier de se faire étriper par les mots de contradicteurs, voire par la justice s’il y a lieu.
Cela étant dit, si une pétition proposait de s’insurger contre les menaces de mort, quelqu’en soit le destinataire et pour quelque motif que ce soit, je signe.
Etonne
3. > M. Redeker, ou l’expertise foulosophique d’un sophiste..., 7 octobre 2006, 11:39
Cette Tribune, d’une médiocrité intellectuelle affligeante pour un Agrégé de l’Université, n’a même pas un rôle polémique mais vise à provoquer ce qu’elle dénonce..Affaire Robert Redeker, ou de l’utilisation de la prophétie auto-réalisatrice dans la propagande de guerre.
Je note qu’à ce jour rien n’est venu attester de la crédibilité des menaces dont aurait été victime ce "philosophe".
Les Sevices anti-terroristes sont dans ce domaine peu fiables car ils participent à la propagande bushienne de la "Guerre" contre le terrorisme justifiant demandes de crédits et deet vote de mesures portant atteinte aux Droits de l’Homme et du Citoyen..
Quant à la liste des pétitionnaires soutenant Robert Redeker... elle est parlante.