MANUEL VALLS TROUVE QU’IL FAUT PLUS DE "BLANCS", DE "WHITE", de "BLANCOS" À ÉVRY (video)

de Charlotte Chaffanjon

Le 7 juin dernier, Manuel Valls visite une brocante de la ville d’Évry, dont il est député-maire, et lâche : "Belle image de la ville d’Évry... Tu me mets quelques Blancs, quelques white, quelques blancos." Il porte un micro-cravate et la chaîne Direct 8 diffuse la scène dans un reportage de son émission Politiquement parlant , scène qui a, depuis, été visionnée plus de 60.000 fois sur YouTube.

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"Évidemment avec les stands qu’il y avait là, on a le sentiment tout à coup que la ville, ce n’est que cela, alors que j’ai l’idée, au fond, d’une diversité, d’un mélange, qui ne peut pas être uniquement le ghetto. (...) Il faut une diversité sociale, il est là le problème aussi à Évry", se justifie-t-il sur le plateau après la diffusion du sujet. "Ce qui a tué une partie de la République, c’est la ghettoïsation, la ségrégation sociale, territoriale, ethnique" qui est une "réalité", ajoute-t-il.

Ces propos du jeune lion ont déjà provoqué une réaction du Conseil représentatif des associations noires (Cran) cette semaine. "Le Cran s’inquiète de la signification de ces propos et veut rencontrer Martine Aubry et Manuel Valls", fait-il savoir dans un communiqué samedi, se disant "inquiet" du "silence de la direction du Parti socialiste sur cet incident". Si le Cran affirme partager "les craintes exprimées par de nombreux sociologues, responsables d’associations et de partis politiques sur la ghettoïsation de certains quartiers, en particulier en banlieue parisienne", il "souhaite connaître, au-delà de ce constat, le projet du Parti socialiste contre l’accélération de cette ghettoïsation ".

"Dérapage scandaleux", selon Faouzi Lamdaoui

Dimanche, c’est au tour d’un camarade socialiste de réagir aux propos de Manuel Valls, et d’être beaucoup moins conciliant. Faouzi Lamdaoui qualifie en effet de "dérapage scandaleux" cette sortie. "La confusion, volontaire ou non, entre la mixité sociale et l’origine des habitants de la ville ne l’honore pas", accuse l’ancien secrétaire national à l’égalité du PS. Ce proche de François Hollande, que Manuel Valls a combattu lorsqu’il était encore Premier secrétaire, estime que cette petite phrase "conforte des thèses chères à l’extrême droite qui prône une hiérarchie absurde entre les races". "Je rappelle à Manuel Valls, lui-même issu de l’immigration (espagnole, ndlr), que la problématique des ghettos est de nature économique et sociale et n’a donc rien à voir avec la couleur de peau de leurs habitants", ajoute le responsable PS qui demande à la première secrétaire de "dénoncer ce genre de dérapages qui bafouent les valeurs" qu’ils défendent.

Manuel Valls est régulièrement isolé au sein de son parti, n’hésitant pas à prendre des positions iconoclastes. Il a ainsi récemment fait savoir qu’il pourrait voter en faveur de la proposition de la loi Estrosi sur les bandes violentes, un texte vigoureusement dénoncé par le PS. Il n’hésite par ailleurs pas dans le Journal du Dimanche de cette semaine à prendre date, une semaine après les catastrophiques élections européennes du PS : "Sarkozy réélu ? Évidemment oui, si nous ne changeons pas, ni nous ne changeons pas tout, ni nous ne changeons pas vite, pense-t-il. C’est possible, mais les dirigeants actuels de mon parti en sont objectivement incapables." Et de lâcher : "Maintenant, je sais exactement où j’en suis. Si on ne me prouve pas qu’un autre socialiste peut mieux que moi porter le renouvellement - et pour l’instant, je ne vois pas - je porterai ces idées moi-même. (...) Clairement, je serai candidat à des primaires pour représenter les socialistes et la gauche à la présidentielle."

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