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MONDIALISATION DE LA RESISTANCE

Publie le mardi 11 avril 2006 par Open-Publishing
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CPE et mondialisation de la resistance

Mes chers amis, il faut tirer deux enseignements majeurs de la crise du CPE.

Le premier à les traits affligés, le visage souvent dépité de nombreux étudiants en apprenant l’abrogation de l’article 8 de la loi sur légalité des chances. Certains commentateurs semblent s’en étonner, mais pas Demos.
Jeunes inconsolables, non parce qu’ils douteraient que le terme « remplacement » employé par le Premier ministre cache un CPE bis sous quelques mesures sournoises, mais parce que cette contestation - de la plus haute importance - n’en demeure pas moins le prétexte à une critique globale
qui couve depuis des mois sans cesser de grossir : celle du modèle néolibéral. La crise du CPE, mes chers amis, c’est l’arbre qui cache la forêt.

Si depuis trois mois, il stigmatisait le triomphe néolibéral en France, aujourd’hui le CPE n’existe plus. Il n’existe plus certes, mais la précarité oui, mais l’injustice oui, mais l’exclusion oui et cela les jeunes
le savent, le sachant ils sont tristes comme le lutin Demos est triste ; ils sont frustrés comme lui par cette demi victoire. Ils sont frustrés car ils se régalaient à surfer sur la vague enthousiasmante qui ne reconnaît dans le
réel que ce qui peut se réaliser par liberté. Ils ont eu trois mois pour questionner leur conscience et répugnent maintenant à se livrer à une indigestion de réel.

Ils ont goûté à l’ivresse de porter leur enthousiasme
autre part que dans le nihilisme idiot et affligeant des néolibéraux qui n’offrent aux salariés en général et à la jeunesse en particulier aucune autres perspectives qu’une existence précaire, que l’exploitation ou l’assistanat, que la soumission ou la clochardisation de la rébellion.

Mes chers amis, non seulement la jeunesse de ce pays est remplie de projets, mais elle est motivée dès qu’il s’agit de réformes ambitieuses.

Je pense aux 86% de jeunes de moins de 26 ans favorables à la création d’un service civil obligatoire de solidarité par exemple. (1)

Les jeunes, mes chers amis, refusent la peste et le choléra qu’on leur propose soutenus par une population largement associée à leur résistance Les jeunes que les néolibéraux présentent comme une charge pour la société
ne sont pas des boulets à traîner. Au contraire, les véritables forces de progrès de ce pays les tiennent pour une fierté et une richesse au service de notre société capable de bousculer les mentalités et de réunir les
conditions d’un monde meilleurs. C’est toute la différence...!

De la crise franco-américaine au sujet de la guerre illégale d’Irak, en passant par le vote noniste du référendum européen, la révolte des
banlieues, et maintenant la crise du CPE, pointe le second enseignement de
cette crise constructive.

La France est devenue la figure emblématique de la résistance à la
globalisation libérale. C’est un pays à soumettre, un pays à réduire voire,
à abattre. Mais cette offensive néolibérale orchestrée par les USA est aussi
un challenge pour nous. Ce n’est pas un handicap comme ces oiseaux de
malheur néolibéraux s’évertuent à le criailler de leur petites ambitions.

L’histoire prouvera que nous ne seront pas tombés dans l’erreur historique
de l’utopie capitaliste. Les néolibéraux sont anesthésiés par l’illusion du
succès en oubliant que la crise française n’intéresserait pas le monde sans
être en même temps, le reflet d’une crise profonde à vocation planétaire ;
une crise que la société occidentale refuse d’admettre face à la
globalisation libérale. Comme si les Européens ou les Américains pouvaient
s’intéresser à la crise française du CPE si cette crise n’était pas aussi
pleinement la leur. Et l’exemple affligeant de la façon rocambolesque dont
les médias étrangers traitent l’information depuis plusieurs mois, montre à
quel point les néolibéraux sont impuissants malgré leur efforts de
désinformation à contrecarrer cette évidence.

Face à cette mascarade médiatique de plus en plus contestée, de moins en
moins tolérable, la France, loin de se ridiculiser, vient d’insuffler une
dimension internationale au courant anti-néolibéral en donnant l’exemple de
ce qu’il faut faire concrètement pour endiguer ses ambitions démesurées.

Un vent de « mondialisation de la résistance » vient de souffler sur la
planète comme le tsunami a entraîné après son passage et pendant quelques
mois une « mondialisation de l’émotion « .

D’une contestation nationale, limitée aux frontières de pays qui agissent
isolés - comme par exemple le Venezuela - ou limitée à l’action associative
fusse à vocation internationale - comme l’ONG Attac affaiblie par son refus
obstiné à se former en parti politique international - le Peuple de France a
choisi la voie du « bon sens » de penser une autre réalité que celle imposée
par la droite néolibérale.

Mais il faut clarifier pour être compris du plus grand nombre. Il ne serait
pas honnête de prétendre proposer le modèle français comme réponse unique
aux côtés néfastes de la mondialisation. Certes, je le tiens incontestablement
supérieur en terme de progrès au modèle étasunien, mais je
ne prétends pas qu’il doive s’imposer. Sinon, cela reviendrait à cautionner
la politique agressive que les USA appliquent depuis 30 ans à l’encontre de
ceux qui contestent leur vision du monde. Au contraire, un pays comme la
Suède par exemple, possède un modèle progressiste dont nous aurions tout
intérêt à nous inspirer tant du côté de la décrispation des moeurs que de la
façon de faire la politique.

Mais l’urgence n’est pas d’imposer un modèle ou un autre, l’urgence est de
provoquer un débat international sur le devenir de la mondialisation ; sur la
question essentielle de savoir si le néolibéralisme est une fatalité du XXIè
siècle ou si un autre monde est possible ; à quelles conditions ; de quels
sacrifices ne pourrions nous éventuellement faire l’économie et pourquoi.

C’est cette prise de conscience internationale que la crise du CPE a fait
surgir de façon presque instantanée.

Mes chers amis, le néolibéralisme n’a pas le monopole de la mondialisation !

J’ai lu sur un forum international au milieu d’un flot d’insultes
(le plus souvent proférées par des Français eux même expatriés au
demeurant), j’ai lu que la France est le dernier rempart de l’humanité. J’ai
vu aussi pour la première fois à Paris, John Monks, secrétaire général de la
Confédération européenne des syndicats (CES), et des manifs de soutien
devant l’ambassade de France de plusieurs capitales.
Ce que nous allons provoquer à court terme, c’est un débat à l’échelle
planétaire car il n’est pas pensable d’admettre sans la moindre réflexion
que le néolibéralisme soit une fatalité pour l’humanité.

Ce qui nous allons faire en 2007, c’est élire un candidat capable de
présenter un programme à vocation européenne voire à vocation
internationale. Nous élirons un homme ou une femme qui s’engage à se rendre
au Conseil de l’Europe, à l’Onu, partout dans le monde pour porter,
promouvoir et encourager, à partir d’institutions internationales
existantes, une réflexion à l’échelle internationale sur l’avenir de la
société occidentale, et promouvoir ce qui est bon dans notre modèle au lieu
de laisser le champs libre à ses détracteurs.
Un élu capable de tisser des liens avec les pays et les courants de pensée
de toutes obédiences qui s’opposent aux néolibéralisme.Un élu capable
d’avoir le courage de rompre avec des partenaires qui s’évertuent à ne
concevoir leur relations qu’a travers l’économie de guerre.

Combien de temps encore, le politique acceptera t-il de se plier aux
exigences du marché alors que l’Occident est de plus en plus riche, alors
que la planète est en passe de subir un désastre écologique sans précédent à
cause de cette course effrénée à l’auto-destruction ..?
S’il apparaît évident que les élus sont impuissants - le cas de Jean
Lassalle prouve tout de même que certains ne supportent plus cette
impuissance à réguler la loi du marché - aucune puissance financière n’est
capable de s’opposer à la volonté des Peuples. A ce sujet, William Pfaff,
auteur d’un article paru dans International Herald Tribune du 30 mars 2006
intitulé « Capitalism under fire » eut cette phrase au sujet de la jeunesse
française « Leur prise de position qui peut sembler rétrograde ou même
ludique pourrait s’avérer prophétique ». A suivre ...

1) Sondage TNS commandé par le CIDEM. Nous sommes favorables à un service civil de solidarité à condition qu’il ne soit pas obligatoire et, surtout, qu’il ne soit pas accaparé par l’armée.

demos13 - mardi 11 avril 2006 17:38
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Intéressant ,non ?

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