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MOUVEMENT CONTRE LES DECRETS PECRESSE : UNE MASCARADE OU UNE VRAIE LUTTE ?

Publie le vendredi 20 février 2009 par Open-Publishing
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MOUVEMENT CONTRE LES DECRETS PECRESSE :

UNE MASCARADE OU UNE VRAIE LUTTE ?

Voilà plusieurs semaines que les enseignants chercheurs se mobilisent contre le décret concernant leurs statuts. Ils appellent les étudiants à les rejoindre mais sur quelles bases ? Les enseignants chercheurs demandent le retrait du décret les concernant et de manière secondaire le retrait de la mesure sur la masterisation des concours de l’enseignement. Ce qu’ils omettent de dire c’est que le décret les concernant résulte de la loi LRU. Alors pourquoi ne dénoncent- ils pas et ne se battent-ils pas clairement contre la LRU ? Le mouvement des enseignants chercheurs est large. Il regroupe des enseignants de différents horizons politiques. Parmi ces enseignants certains ne sont pas contre la LRU et la privatisation des universités. André Cartapis, enseignant à l’IEP d’Aix Marseille, soit disant très remonté contre le décret déclare : « Bien sûr qu’il faut réformer mais (…) il fallait d’abord réfléchir (…) à la sélection à l’entrée, à l’augmentation des droits d’inscription, puis voir si cela nécessite de changer les statuts des enseignants-chercheurs ». Est-ce avec ce genre de réactionnaires qu’il faut faire l’unité ?

Le mouvement des enseignants cherche à créer l’unité entre les membres de ce même corps au prix que cela puisse être un mouvement corporatiste où il est uniquement question du statut de nos chers enseignants en jetant à la trappe les préoccupations des étudiants et la lutte menée l’an passé sur les facs contre la LRU. Au nom de « l’unité syndicale » on impose un monologue préfabriqué pour ne pas poser les questions qui fâchent comme celle de la privatisation des facs. Ne pas prendre en compte le sort des étudiants et du personnel BIATOSS (ouvriers et personnels techniques de la fac), c’est de l’étroitesse, mais demander à ces mêmes que l’on rejette, de soutenir inconditionnellement la lutte, c’est de la manipulation. Alors certes, parmi ces enseignants, il y en a qui sont contre la LRU et qui veulent construire un mouvement avec les étudiants puisqu’ils ne veulent pas d’une fac au service du marché qui mettrait sur la touche les étudiants issus des milieux défavorisés. Seulement, ces enseignants restent pour le moment silencieux, craignant de perdre cette honteuse « unité » avec leurs collègues réactionnaires. Le mouvement actuel ressemble de plus en plus à une mascarade. La seule remise en cause du décret sur le statut des enseignants chercheurs est insuffisante, elle permet d’éviter une crise majeure qui remettrait en cause le processus de privatisation dans son ensemble.

Nous appelons les enseignants à reprendre le flambeau de certains de leurs prédécesseurs qui ne craignaient pas de dénoncer l’injustice et de se battre contre. En l’occurrence et pour commencer, se battre pour une autre université contraire à ce que Pécresse et ses prédécesseurs mettent en œuvre depuis plusieurs années : la privatisation des universités. L’UNEF dans tout cela ne porte pas les préoccupations des étudiants, ne pose pas la question de la privatisation de l’université. Après avoir élaboré la LRU avec Pécresse elle s’est contentée de demander quelques modifications qui ne changent d’ailleurs pas grand chose à la loi. Le syndicat de cogestion accompagne le processus de privatisation.

Que faire ? Recréons cette université qui refuse de se coucher devant les mesures infâmes qu’on lui impose. Il s’agit ici de lutter contre la privatisation de l’université déguisée en autonomie. La LRU est un jalon du processus de privatisation qui doit être combattu dans son ensemble. La privatisation de l’université signifie créer des pôles d’excellence destinés à ceux qui ont les moyens financiers d’y entrer au détriment des autres qui seront amenés à étudier dans des universités « poubelles ». A ceux qui pensent que ce schéma est caricatural il suffit de regarder à quoi ressemble les universités anglo saxonnes où les étudiants issus des milieux populaires s’endettent pour pouvoir étudier. D’ailleurs ces universités représentent le modèle de référence repris sans cesse par Sarkozy et ses relais.

La privatisation de l’université s’accompagne de l’arsenal sécuritaire et répressif qui s’étend d’ailleurs partout en France. La levée de la franchise universitaire en 2001 pour Nanterre (franchise qui interdisait à la police de venir sur la fac) et la mise en place d’un service de sécurité, armé de bombes lacrymogènes représentent cet arsenal qui a pour objectif d’éviter ou réprimer toute lutte. En effet, la privatisation des facs c’est aussi pouvoir se débarrasser des étudiants les plus contestataires en les trainant devant les tribunaux. Après avoir jeté en prison Sébastien Schiffres, des militants de l’AGEN ont été visés : Naima a été exclue de l’université et Marco poursuivi par des membres du service de sécurité. (Pour le cas de Marco cf Siné Hebdo du mercredi 11 février). Sur la Cité U de Nanterre, le CROUS opère un nettoyage social depuis plusieurs années qui consiste à expulser les étudiants qui sont le plus en difficultés sociales en les trainant devant les tribunaux. De plus, le manque énorme de Cité U sociales est criant tout comme celui du nombre de bourses et de leurs montants.

Face à la crise générale du capitalisme, à « l’horreur économique », aux guerres impérialistes, l’université reste aphone. Recréons l’université comme lieu posant les questions de société, dénonçant l’injustice sociale, qui lutte et qui est solidaire des luttes progressistes et d’émancipation. Pour ce qui concerne le mouvement en cours sur les facs : prenons pour exemple la grève actuelle aux Antilles et notamment en Guadeloupe. Les Guadeloupéens ont su rassembler le peuple en regroupant tous les problèmes que rencontre la population autour d’une même lutte.

ABROGATION DE LA LRU ! NON A LA PRIVATISATION DES FACS !

RETABLISSEMENT DE LA FRANCHISE UNIVERSITAIRE

ET DESARMEMENT DES VIGILES !

CONSTRUCTION MASSIVE DE CITES-U SOCIALES ET AUGMENTATION DU NOMBRE DE BOURSES ET DE LEURS MONTANTS !

SOLIDARITE AVEC LA GUADELOUPE :

PRENONS EXEMPLE SUR LA LUTTE AUX ANTILLES !

AGEN (Association Génèrale des Etudiants de Nanterre)

Local : F 307

agenparis10@hotmail.com

Blog de l’AGEN : www.agen-nanterre.over-blog.com

Messages

  • Les délégués à la Coordination Nationale des Universités se sont réunis aujourd’hui 20 février à l’Université Paris-X à Nanterre. Par un vote très largement majoritaire, ils ont exigé l’abrogation de la loi LRU.

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/02/20/la-coordination-nationale-des-universites-demande-l-abrogation-de-la-loi-lru_1158508_3224.html

  • Que faire ? Recréons cette université qui refuse de se coucher devant les mesures infâmes qu’on lui impose. Il s’agit ici de lutter contre la privatisation de l’université déguisée en autonomie. La LRU est un jalon du processus de privatisation qui doit être combattu dans son ensemble. La privatisation de l’université signifie créer des pôles d’excellence destinés à ceux qui ont les moyens financiers d’y entrer au détriment des autres qui seront amenés à étudier dans des universités « poubelles ». A ceux qui pensent que ce schéma est caricatural il suffit de regarder à quoi ressemble les universités anglo saxonnes où les étudiants issus des milieux populaires s’endettent pour pouvoir étudier. D’ailleurs ces universités représentent le modèle de référence repris sans cesse par Sarkozy et ses relais.

    Ok avec ce qui est écrit. Mais attention, il convient de signaler qu’en Angleterre les étudiants pauvres abandonnent les études universitaires, parce qu’ils n’ont plus la possibilité d’emprunter à cause de l’incertitude du présent-avenir, ou leurs parents se retrouvent au chômage donc avec aucun soutien possible. Quant aux lycéens ils disent renoncer à entrer à la fac, préférant se chercher du boulot une fois le bac passé.

    Ce qui arrive là-bas aura de lourdes conséquences sur l’état économique et la situation financière des anglais. C’est une chute du niveau de vie qui va s’amplifier, pour revenir un siècle en arrière.

    Est-ce que c’est ça que concoctent à la classe ouvrière par derrière Pécresse et NS ? C’est à craindre vu le mépris total qu’ils affichent à notre encontre. Pourtant il y a autant d’intelligence sinon plus dans la classe ouvrière qu’il n’y en n’a dans la caste des nantis qui eux attendent que ça leur tombe tout cuit dans l’assiette.

    Des réformes oui comme par ex. : contre la sélection à l’entrée, contre la fac payante, allocation généralisée à tous les étudiants et accéssibilité de la fac plus large à toute la population. S’il y a une ressource naturelle, une matière première dans notre pays, c’est bien nos universités. Ca vaut bien des puits de pétrole ou des mines de diamant ! Il faut être nul (le) pour ne pas s’en rendre compte !

  • Une mascarade, certainement pas. Nous menons avec détermination un combat d’une importance capitale contre ce gouvernement, non seulement pour nos statuts, mais pour tous les statuts de la fonction publique, et pour le maintien de services publics de qualité ; pour un enseignement de qualité également, non seulement dans le supérieur, mais également dans les collèges et les lycées, et dans les écoles maternelles, à travers notre opposition au type de recrutement insensé que veut mettre en place le Ministère.
    Je pense que les enseignants-chercheurs sont dans leur grande majorité hostiles à la loi LRU. C’est mon cas, et c’est celui de la (quasi-)totalité des collègues de mon Département. Bien sûr, un certain nombre de Présidents d’Université sont favorables à cette loi, puisqu’elle leur donne des pouvoirs exorbitants, et de ce fait, certains enseignants-chercheurs qui travaillent de manière étroite avec ces Présidents soutiennent au moins en apparence la loi LRU. Je suppose qu’il y a des enseignants-chercheurs qui y sont favorables par conviction. Mais je n’en connais pas personnellement. Et il se trouve même des Présidents, comme Georges Molinié (Paris IV) ou Pascal Bynczak (Paris VIII), qui sont ouvertement hostiles à la loi LRU.
    Pourquoi les enseignants n’ont-ils pas réagi contre la LRU en 2007 ? D’une part, parce qu’ils répugnent toujours à se mettre en grève : ils ont une très forte propension à culpabiliser dès qu’ils ne font pas cours ; le gouvernement à d’ailleurs toujours joué là-dessus. D’autre part, parce que nous avons été pris de vitesse, KO sur place, et parce qu’aucune structure ne s’est mise en place pour que nous puissions exprimer notre mécontentement. Ce qui a complètement changé la donne, cette fois-ci, c’est la création de la Coordination Nationale des Universités, qui a permis de structurer notre mouvement. Et puis, nous en sommes venus à établir des priorités, à nous dire qu’il fallait mieux que les étudiants perdent quelques cours que laisser ce gouvernement porter le coup de grâce à une Université déjà fragilisée. Nous sommes très déterminés, et nos étudiants également. Ils ont bien compris quels étaient les enjeux, et je leur en sais vraiment gré. Le mouvement prend de l’ampleur. Les enseignants et les étudiants sont très mobilisés, et les labos nous ont maintenant rejoints. Apparemment, l’intersyndicale du supérieur a pris contact avec ses homologues des premier et second degrés. Il est important que l’éducation se mobilise de la maternelle à l’Université. Prochaines manifestations : le 26 février (avec en point d’orgue un enterrement symbolique de l’Université prévu au Panthéon), puis les 5 et 10 juin, celle du 10 juin avec nos collègues des collègues et des lycées, et des écoles primaires.