Manifestation Arkéa : c’est le grand jour… ou pas  !

À chaque manifestation, syndicats, médias, patrons et autorités y vont de leurs chiffres concernant le nombre de manifestants. Celle organisée par le Crédit Mutuel Arkéa, destinée à soutenir son projet d’indépendance, n’échappe pas à la règle. Néanmoins, aujourd’hui, tout un chacun semble s’accorder sur un chiffre : le zéro.

Jean Pierre Denis, dirigeant d’Arkéa, revendique pas moins de 10 000 salariés en faveur de la scission entre Arkéa et le Crédit Mutuel. Au cours des derniers jours, ce dernier annonçait «  plus de 6 000 manifestants  » dans les rues de la capitale ce jeudi 5 avril, soit 60 % des salariés partisans du divorce. Jusque-là, rien d’étonnant.

Mais c’était sans compter sur les syndicats — pourtant souvent accusés de gonfler les chiffres — qui ont pour leur part recensé seulement 2 100 salariés inscrits à l’événement. La manifestation d’Arkéa n’en finit donc plus de casser les codes de la mobilisation sociale traditionnelle.

Non seulement les chiffres annoncés par le patronat sont supérieurs à ceux communiqués par les syndicats — du jamais vu —, mais la direction avait également tout fait pour inciter les salariés à manifester. Ces derniers ont ainsi pu entendre de petites allusions subtiles : «  Dans le cadre de ton évolution prochaine, je pense que la question de ta présence le 5 ne se pose pas  », ou encore, «  ceux qui ne viennent pas n’ont rien à faire dans l’entreprise  !  ».

Par ailleurs, la direction avait également décidé de prendre en charge tous les frais de la manifestation (nourriture, transports, etc.). Un choix étonnant lorsqu’on sait que durant les «  journées d’équipe  », les «  réunions métiers  » ou encore les «  réunions d’instance  », les patrons d’Arkéa demandent explicitement aux salariés d’indiquer dans leurs déclarations qu’ils ont bien pris le repas, afin de pouvoir retirer la part patronale correspondant au déjeuner de cette journée.

Ce jeudi 5 avril, la direction d’Arkéa avait donc décidé de faire preuve de générosité sur le plan financier, mais aussi comptable donc. Néanmoins, la manifestation ayant été annulée au dernier moment — officiellement pour des raisons de sécurité — aucun partisan de la scission ne foulera le sol parisien. Le chiffre officiel est donc zéro  ! Et pour une fois, tout le monde ne peut qu’être d’accord.