Manifestations et coupures : journée d’action dans l’énergie autour des salaires

Manifestations et coupures : journée d’action dans l’énergie autour des salaires

PARIS - Le secteur de l’énergie, principalement EDF et GDF Suez, a été touché jeudi par des grèves, entraînant parfois des coupures de courant et de gaz ainsi que des manifestations révélatrices d’un climat social tendu depuis plusieurs semaines, notamment sur la question des salaires.

A EDF SA, le taux de grévistes s’établissait à 13,5%, sur 62.000 personnes, selon la direction.

A GDF Suez, 6% des salariés étaient en grève, selon la direction, qui n’était pas en mesure de préciser l’effectif global concerné. A la mi-journée, elle avait évoqué 19% de grévistes, incluant sa filiale GrDF.

FO a parlé de "plus de 30%" de grévistes dans l’ensemble des industries électriques et gazières.

Dans le réseau de distribution d’électricité ErDF (filiale d’EDF), la direction a comptabilisé 28% de grévistes à la mi-journée sur 46.000 salariés. Pour le gaz, il y avait 28% de grévistes à GrDF sur 45.000 salariés.

Des "coupures sauvages" d’électricité ont eu lieu notamment dans le nord, affectant près de 16.000 clients, selon ErDF, et plusieurs agences ont été occupées. Pour GrDF, 900 clients d’Ile-de-France ont été affectés par des coupures de gaz.

Des mouvements de grève touchent depuis plus d’une semaine ErDF et GrDF. La semaine dernière, des coupures de gaz avaient eu lieu. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.

Les fédérations de l’Energie avaient appelé à cette journée d’action afin d’exiger des augmentations de salaires, après des mouvements de grève similaires chez GRT Gaz (transport du gaz) et dans les terminaux méthaniers de GDF Suez.

Des actions ont eu lieu jeudi dans toute la France comme à Toulouse, où des salariés de GDF et d’EDF ont perturbé le trafic routier. A Nantes, environ 300 manifestants d’ErDF et GrDF ont défilé. A Agen, des agents ERDF ont laissé une quinzaine de véhicules, pneus à plat, devant la préfecture.

A Paris, 1.100 à 3.000 salariés (selon respectivement la police et les syndicats) ont défilé avenue de Friedland entre l’Union française de l’Electricité (patronat des entreprises d’électricité) et l’Union nationale des employeurs des industries gazières (Unemig).

Les salariés réclament notamment une prime de 1.500 euros pour tous et une augmentation mensuelle de 5%.

"Sur l’ensemble des dirigeants, les rémunérations ont quasiment triplé depuis la fusion GDF Suez, on comprend mieux pourquoi ils la voulaient", a ironisé Philippe Taurines (FO).

La rémunération totale du vice-président de GDF Suez, Jean-François Cirelli, a presque triplé en 2008, à 1,3 million d’euros, selon le groupe.

"La direction (de GDF Suez) nous a proposé une augmentation de 4,5 euros par mois. Ils n’ont honte de rien", a dit Jacques Mouton (CFDT).

Chez ErDF, les salariés manifestaient aussi "contre les projets d’externalisation, notamment des astreintes" alors qu’"on a bien vu pendant la tempête que c’était un service très important", a affirmé Frédéric Imbrecht (CGT).

Selon lui, ces externalisations, combinées avec des départs non remplacés, vont représenter "sur 3 ans, 7.000 emplois supprimés à ErDF".

A GDF Suez, il y a "un véritable mal-être au siège (...). Les ex-Suez ont une rémunération de 30% supérieure aux ex-GDF", a souligné M. Mouton.

De même, dans le groupe fusionné depuis un an, les 8.000 salariés des plateaux d’accueil clientèle sont en grève perlée depuis une semaine, pour dénoncer la réduction du nombre de plateau de 32 à 10, selon FO.

Tous ont fait part de craintes de "dérapages". "On sent que les tensions et les mouvements échappent à notre contrôle", a dit Dominique Villers (CFTC).

09 avril 2009 20h23

http://www.romandie.com/infos/News2/090409182348.2hxpanjv.asp