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Manuel Valls : "Changer la gauche pour la faire gagner"

Publie le mardi 29 avril 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

de Muncerus

Oui, Manuel Valls aime la gauche ! Quand elle est celle de la droite et qu’elle ne fait plus qu’alimenter cette dynamique contrastive dont a besoin le libéralisme pour assurer la pérennité de son système !

Le tropisme libéral, voilà ce qui pousse le maire d’Evry à envisager un aggiornamento du PS tel que ledit parti ne subsiste sous un autre nom que pour s’inscrire dans la même démarche moderniste de ses prédécesseurs de la fameuse "deuxième gauche", celle qui aura si bien contribué à délier le Parti Socialiste de ses engagements fondateurs. Au reste Manuel Valls ne manque pas de revendiquer sa filiation avec Michel Rocard et il s’empresse, dans son intervention de ce matin sur France-Inter, de faire élogieuse référence à "la ligne Bockel-Blair, portée par Rocard et DSK".

L’inconvénient réside dans le fait que la poussée droitière au sein du PS, inaugurée dès l’émergence de la "deuxième gauche" dans les années 70, a fini par bouleverser l’ensemble de la gauche et par modifier les comportements de l’électorat, lequel, d’abstention en vote provocateur, a fini par laminer les espoirs de cette gauche maintenant moribonde.

L’exemple actuel de l’Italie devrait pour le moins interpeller Manuel Valls. La nouvelle de ce jour qui nous apprend l’accession du post-fascisme à la mairie de Rome place la cerise sur le gâteau que s’était déjà offert Berlusconi en remportant les élections législatives aux dépens de Veltroni, ancien maire de Rome et grand adepte de cette gauche tellement délavée que l’électeur italien a préféré opter pour une droite parfaitement décomplexée.

Le Parti Socialiste, en France, vient de se doter d’un document préparatoire en vue de son prochain congrès, par lequel il confirme sa vocation réformiste. Dont acte. Mais ce texte est tout autant à vocation refondatrice, il est significatif du progressif délitement des références qui jusqu’ici marquaient encore le socialisme français au coin de la fidélité à sa lutte maintenant séculaire. Tout au plus s’accorde-t-on à "ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est", à se révolter contre les injustices et à espérer une vie meilleure. Quant aux objectifs poursuivis, ils le seront une fois affirmée la nécessité de bâtir "une société nouvelle qui dépasse les contradictions du capitalisme". Et, si l’on poursuit la lecture du document, force est de constater que le PS, s’il adoptait ce texte lors de son prochain congrès, se situerait définitivement dans une mouvance droitière à connotation sociale. Alors, les Kouchner, Bockel et autres Besson feraient véritablement figures de pionniers et "l’élargissement" selon Sarkozy aurait quelque allure de plaisante lapalissade.

Jusque dans son rythme, d’une remarquable fluidité, la langue nouvelle adoptée par les rédacteurs de cette "déclaration de principes du PS" gomme toutes aspérités susceptibles d’éveiller quelque élan réactif de la part du lecteur branché. Le vocabulaire est soigneusement peigné de manière à ne pas effaroucher l’adhérent potentiel, de façon à ne pas heurter le militant nouveau qui, avec sa carte à 20 euros, entend peser sur l’inflexion des choix dans le sens d’une modernisation de la pensée unifiante.

Mais, comme le note Manuel Valls lui-même, il s’agit bien d’un "texte de rattrapage" qui se donne pour but de relooker l’affichage sans trop laisser paraître le virage idéologique. Aussi la rhétorique humaniste subsiste-t-elle vaguement, notamment dans le "préambule", et l’on ne craint pas d’avouer que le PS "plonge ses racines dans la tradition de l’humanisme et dans la philosophie des Lumières"...

Bref, tout le monde trouvera son compte dans cette sorte de concordat et les hiérarques du parti pourront, dans un grand mouvement d’ensemble, signer au bas de la page sans prendre le risque de compromettre leur avenir.

Reste qu’en affirmant que le texte d’Alain Bergougnoux n’est qu’un texte de "rattrapage" encore plein des relents du siècle passé, Manuel Valls lève le voile sur ses intentions réelles. Et lorsqu’il déclare préférer Clemenceau à Jaurès, on saisit encore mieux dans quelle perspective se situe l’ancienne "plume" de Jospin. Un réformisme de couleur toute "radicale" en quelque sorte et, somme toute, de nature à satisfaire une large couche de l’électorat. Adopter cette "souplesse" qu’observe Manuel Valls chez les britanniques et donc "changer la gauche pour la faire gagner".

Nul doute qu’Alphonse Allais nous eût asséné une formule encore plus édifiante !

Messages

  • Une bonne nouvelle = le parti socialiste voudrait changer de nom !
    En effet, vu ses espoirs futurs, le mot socialiste est trop gênant !!!!
    Il suffit de rajouter deux lettres !!! Parti du revouveau Social libéral !!!
    Bref juste un élargissement comme la LCR !!! PRSL !!! Au nombre de
    lettres , match nul !!! NPAR = nouveau parti anticapitaliste révolutionnaire
    mais la tendance B propose = RLCR = renouveau de la LCR !!!! alors
    que la tendance C très minoritaire propose = Parti du Renouveau Commu-
    niste Traditionnel = PRCT !!! Pélican a été contacté = vraiment du
    renouveau !!!!

    • Certain se pose la question pourquoi des salaries ont voté Sarko ou pourquoi des salarés Italien berklusconi .

      Pour avoir une réponse camarades, au prochain congrès du PCF , posons la question de l’avenir du communisme notamment en France , avec quelle organisation et comment la diriger démocratiquement ?

      Quelle est bilan de ces 30 dernières années , à voir les interviews dans l’huma , j’ai un peu l’impression que l’on secoue le shaker avec les même ingrédients , c’est un peu Vieu tout ça !

      boris

    • Ce n’est pas le parti socialiste qui veut changer de nom, c’est M VALLS qui veut changer le nom du parti socialiste. Merci de respecter la nuance.
      Quant à s’inspirer de Rocard (pour mémoire quand même le père du RMI, un des animateurs du mouvement des LIPP, un des inspirateurs de l’auto gestion ...même si ces derniers temps il déraille quelque peu...) et de DSK et d’en faire des sociaux libéraux...merci aussi à Manuel VALLS de les laisser sociaux démocrates.
      Qu’il soit social-libéral c’est son problème, il n’est pas obligé d’entraîner tous ses petits camarades dans ses délires idéologiques.
      Et vous n’êtes pas obligés de croire ce qu’il raconte. Qu’il se contente de l’apport "idéologique" de Ségolène ROYAK et de BLAIR, çà nous ira très bien au PS. J’imagine que dans sa soif d’accès au pouvoir la référence à la perdante ne lui convenait pas.
      Je suis SD et ne me reconnais pas du tout chez VALLS

  • j’ai entendu manuel valls déblatérer ce matin sur france-inter ; apparemment , ce monsieur est un grand fan de clémenceau dont il semble se voir un "destin national" de même grandeur pour lui-même ; manque de bol , il prend pour modèle un monsieur qui interdit les manifestations du 1er Mai 1906 par la force des baïonnettes et fit tirer à de nombreuses reprises sur des ouvriers grévistes ; drôle de référence , mais qui en dit long sur le parcours idéologique des "socialistes".
    cf : "clémenceau, briseur de grèves" de jacques JULLIARD, 1965 by rené JULLIARD , collection archives

    E. CORAL , militant syndical

  • Valls veut mettre le PS en conformité idéologique avec ses actes.

    Le PS a eu une pratique gouvernementale ultra-libérale. Même les cures d’opposition ne l’ont pas gauchi. Bien pire, la dérive à droite à continuer.

    On ne change pas une politique qui perd..... Déjà cette politique de droite a amené LePen au 2e tour en 2002, l’accentuation du virage à droite avec Royal a amené Sarko.

    Pour les travailleurs il est tant de se réveiller, de mettre, eux, leurs soutiens politiques en conformité avec un certain nombre de batailles sociales.

    En croyant éviter le pire, la population a eu Sarkozy, comme en Italie, une grande partie de la gauche en soutenant des gauches ultra-libérales, s’est retrouvée finalement avec quand même le retour du crocodile et d’un neo-fasciste à la tête de Rome.

    Je ne suis pas d’accord de voir dans les propos de Valls comme d’ailleurs dans l’orientation du PS une volonté réformiste, un passage au réformisme. Au contraire c’est d’abandon de velléités de réformisme qu’il s’agit.

    C’est clair qu’au contraire c’est une volonté régressive qui favorise + l’ultra-libéralisme , qui fait reculer la démocratie, qui demeure muette sur une série de terrains essentiels, qui représente un recul net des intérêts de l’immense majorité sociale.

    En somme, le PS explique qu’il ferait du sarkozisme, mais en + malin, comme ce bon DSK qui était favorable à l’agression sur les retraites en expliquant que lui aurait été plus malin, ....

    Rien de changé donc, sauf qu’on ne parlera plus de socialisme dans les banquets, que dans des envolées lyriques de campagne on ne parlera plus d’une société meilleure, que lors des commémorations et fins de congrès l’internationale sera considérée comme non grata.

    C’est tout.

    Si vous ne voulez pas Sarko, si vous ne voulez pas des néo-fascistes au gouvernement ou à la tête des grandes villes, le meilleur moyen est de renforcer la gauche radicale , du PCF à la LCR, de LO aux alternatifs, des libertaires aux verts verts de vraiment verts.

    Pour développer la résistances sociale, la solidarité entre les travailleurs, nationale et internationale.

  • Partout en Europe où une gauche populaire progresse, dans des formules differentes, dans des situations différentes : Portugal, Grèce, Danemark, Allemagne, c’est dans le cadre d’une rupture assumée avec le social-libéralisme. De ce point de vue ce qui vient de se passer en Italie est un véritable cas d’école : Le PD de Veltroni a clairement signifié à sa gauche qu’il ne voulait plus de lui. le désastre électoral qui a suivi devrait néanmoins permettre à cette même gauche, et en premier lieu aux communistes italiens, de reconstruire leur espace politique désormais dégagé des ambiguités de cette fausse gauche.
    Pour ce qui nous concerne, le PCF devrait cesser de parler de "la gauche", qui ne signifie plus rien, et aux yeux des gens qui est représentée par le PS (je remarque par parenthèse que le PS, lui, parle du PS, non de la "gauche"), et revenir à un discours plus clair sur cette autre gauche que nous attendons.
    Il devrait également montrer plus clairement les limites de cette extrème gauche qui doit son écho à des formules simples et efficaces, mais qui, du fait même de cette radicalité, refuse tant une implication concrète dans les rapports sociaux et le système représentatif, et à une instrumentalisation politico-médiatique, qui ne remet en aucune manière en cause la sincérité des militants, mais qui, objectivement contribue à affaiblir les forces de transformation sociales. De ce point du vue, Besancenot, s’il dit des choses justes, constitue l’adversaire idéal du PS en ce sens qu’il lui abandonne tout le terrain de la gestion et transformation du quotidien.
    Construire une gauche de transformation sociale supposera qu’on puisse articuler la critique du capital, la critique du social-libéralisme, en même temps que l’affirmation de propositions concrètes avancées dans le cadre d’un système représentatif qui suppose, in fine, des alliances.
    Hervé

    • Eh !

      Il faut se réveiller, la gestion , la gauche de transformation sociale ça ne transforme rien. On n’a vu ce que ça a donné, pourquoi vouloir répéter les choses ?

      Le rapport de force qui existe ne permet pas une gestion sans alliance avec le social-libéralisme. Ensuite l’independance vis à vis du social-libéralisme est une déclinaison de l’indépendance vis à vis du capital et de son état. SON état.

      Il faut arrêter également les histoires comme quoi on ne peut faire avancer les choses concrètement sans s’incruster comme des tiques dans l’appareil d’état !

      La force ne réside pas dans les sièges, mais dans la poussée et l’autonomie de la classe populaire vis à vis des postes de gestion. C’est cette force qui est plus important que tout de construire, le reste est ensuite plus aisé.

      Même un gouvernement de droite se révèle, sous une poussée populaire, tout à fait social, alors qu’un gouvernement de gauche en basses eaux de la mobilisation sociale est pire, privatise à tour de bras , étrangle les conquetes sociales.

      Quelle est la différence ?
      Elle réside dans la force et l’indépendance du mouvement social.

      Parler de gauche de transformation sociale ne sert à rien sinon recommencer jusqu’à la nausée les mêmes problèmes (plus surement la liquidation de son parti).

      La plupart des grandes conquêtes ouvrières se sont faites par la puissance indépendante du mouvement social, pas en allant déjà courir après les postes. C’est la conséquence de la puissance et l’indépendance de ce mouvement qui permet entre autres d’avoir des élus. Bref quand le mouvement social se hisse très haut et est porteur d’une société concurrente au capitalisme c’est là que la bourgeoisie ouvre le porte-monnaie (+40% de SMIC en 1968).

      Ensuite, et sur le fond, la société qu’on désire, n’est pas une société où le centre du pouvoir réside dans les partis et les postes, mais dans le pouvoir des travailleurs sur leurs entreprises, etc.

      Dans le système actuel, on ne va nulle part en posant comme pré-établi que c’est vachement important d’être des gestionnaires.

      La cerise sur le gâteau du mouvement social qui consiste à avoir des élus n’a d’utilité que si ce corps d’élus demeure un détachement du mouvement social en mission dans un système qui lui est adverse.

      Les questions actuelles ne permettent pas de distinguer ce qui ressort des révolutionnaires des réformistes, mais de la bataille pour créer ce camp social indépendant , vaste, multiformes, bien innervé avec cette double indépendance et du social-libéralisme et de l’état (postes, prébendes, appareils d’élus, stratégies centrées à 200% autour de le conquête de postes et non comme appuis de l’organisation du camp social).