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Marché noir nucléaire

Publie le mercredi 18 juin 2008 par Open-Publishing
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19/06/2008 : Le Monde
Marché noir nucléaire

EDITO

Jusqu’à présent, l’essentiel du marché noir nucléaire était attribué à Abdul Qadeer Khan. Le " père " de la bombe pakistanaise est accusé d’avoir vendu son savoir à trois pays au moins - Corée du Nord, Libye et Iran - sans que la complicité du pouvoir pakistanais ait été établie.

L’enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le site d’Al-Kibar, en Syrie, détruit par l’aviation israélienne en septembre 2007, permet aujourd’hui de soupçonner Pyongyang d’avoir également contribué à la prolifération nucléaire à destination d’Etats menaçants et opaques. Kim Jong-il, dirigeant très stalinien du pays le plus fermé du monde, aurait aidé Damas à construire un réacteur semblable au réacteur nucléaire nord-coréen de Yongbyon.

Une fois vérifiée la réalité du programme nucléaire clandestin syrien, la question posée à l’AIEA est claire : la Corée du Nord n’a-t-elle pas vendu à d’autres Etats la technologie qui lui a permis de faire exploser un engin atomique, le 9 octobre 2006, et de devenir ainsi le neuvième pays nucléarisé de la planète ?

Les regards inquiets se tournent vers l’Iran, soupçonné, en dépit de ses démentis virulents et des rapports contradictoires des agences de renseignements occidentales, de chercher à se doter de l’arme atomique.

La leçon du nucléaire nord-coréen est diplomatique. Car c’est l’administration Bush qui, après huit années de coopération entre Pyongyang et l’AIEA, de 1994 à 2002, a provoqué l’interruption du dialogue en incluant la Corée du Nord dans l’" axe du Mal ".

C’est la même administration qui, après un accord en 2005, a à nouveau stoppé les négociations en gelant les avoirs nord-coréens à l’étranger. Lorsque Washington est revenu à une approche diplomatique plus pragmatique et que Pyongyang a accepté l’idée d’une dénucléarisation, il était trop tard. Kim Jong-il avait sa bombe. Et était disposé à l’exporter.

La volonté des Etats " en marge " de se doter de l’arme atomique obéit souvent aux mêmes règles : un nationalisme exacerbé sur fond d’isolement international. Instruit, en matière de prolifération nucléaire, par les cas pakistanais puis nord-coréen, le monde, s’il ne réagit pas, pourrait bien se réveiller un jour avec une demi-douzaine de puissances nucléaires de plus.

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