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Marie-George Buffet au pays de Bolivar

Publie le dimanche 23 décembre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Caracas. La secrétaire nationale du PCF en visite au Venezuela avant de se rendre à Cuba.
La responsable communiste y a partagé « l’intérêt des expériences en cours ».

Caracas (Venezuela), envoyée spéciale.

Côtoyant les traditionnelles fresques colorées, les « oui » et les « non » à la réforme constitutionnelle se disputent encore le terrain sur les murs de la capitale vénézuélienne, quinze jours après le référendum où les - opposants aux changements du texte fondateur l’ont emporté sur le fil du rasoir avec 60 000 voix face aux partisans de la réforme. C’est dans ce contexte encore bouillonnant de la campagne référendaire que Marie-Gorge Buffet a entamé, mardi, une visite de trois jours au pays de Simon Bolivar.

Au fil des rencontres avec les principales figures du gouvernement et des acteurs des programmes sociaux, les missions, éléments clés du processus de changements dans le pays depuis 2003, la secrétaire nationale du PCF a partagé « l’intérêt des progressistes et des communistes français et européens à l’égard de l’expérience vénézuélienne de progrès social et de réappropriation populaire de la démocratie » à l’heure où domine le « capitalisme mondialisé » (1).

L’approfondissement de la démocratie

En 1999, l’arrivée au pouvoir de Hugo Chavez va marquer une rupture alors que le Venezuela est dévasté par les politiques d’ajustements structurels du FMI. Depuis, en dépit des différentes tentatives de déstabilisation politique et économique (coup d’État, sabotage pétrolier, boycott des institutions par l’opposition) et des propres difficultés du « chavisme », le nouvel exécutif est parvenu à promouvoir des réformes sociales, inédites en faveur des exclus (80 % de la population auparavant), à modifier radicalement les - leviers de pouvoir et les structures de l’économie, notamment en reprenant la maîtrise des ressources pétrolières. « La construction d’un pays socialiste, l’approfondissement de la démocratie a réveillé des attentes et soulevé de l’intérêt en Amérique latine et dans le monde », a rappelé Jorge Rodriguez, le vice-président de la République bolivarienne du Venezuela avec lequel la responsable communiste s’est entretenue. Mais, a-t-il averti, « dans le même temps cela a intensifié une action agressive au point que le Venezuela est une démocratie menacée » de l’extérieur en premier lieu par les États-Unis mais également par un front médiatique de dénigrements.

Partageant l’inquiétude de son interlocuteur face à « cette guerre médiatique qui trouve ses prolongements en Europe », Marie-George Buffet a fait valoir le « besoin de mieux connaître la résistance » qui s’exprime dans ce pays mais également « l’innovation en matière de démocratie participative », colonne vertébrale des changements en cours (voir ci-dessous). Les expériences au Venezuela mais également en Bolivie « constituent une réponse aux aspirations sociales de ces pays mais bénéficient aussi à l’Amérique latine et au reste du monde », a estimé la secrétaire nationale du PCF. Une bouffée d’oxygène à ses yeux alors que « les organismes économiques internationaux sont dominés par le modèle libéral, au moment même où l’Union européenne veut imposer un nouveau traité », coulé dans ce même moule, et pourtant rejeté par voie référendaire en France en 2005.

Cette visite aura également été l’occasion pour Marie-George Buffet de s’entretenir avec des élus du Parlement latino-américain (Parlatino) et de la communauté andine des nations ainsi qu’avec des responsables du Parti communiste vénézuélien (PCV). Les conséquences des résultats du référendum, les raisons de la popularité de Chavez et de la politique de son gouvernement, les changements en cours, les faiblesses ainsi que les difficultés auxquelles est confronté le pays ont été quelques-unes des questions échangées. Autre thème discuté : la création du ’’Parti socialiste unifié’’, ’(et non unique), du Venezuela (PSUV) qui compte depuis son lancement il y a un an 5,7 millions -d’adhérents.

Instrument « d’élaboration - politique et de participation de masse » en vue de « restituer le pouvoir au peuple », selon la définition de Vidal Cisneros, élu au Parlatino, la création du PSUV est l’objet d’intenses débats au sein même des premiers comités et des formations politiques impliquées dans le processus de changements du pays. Ce qu’a confirmé Jeronimo Carrera, président du PCV. « Notre parti a renforcé son appui à Hugo Chavez, affirme-t-il, mais également son indépendance d’analyse et d’action en tant que parti. » Surtout, a-t-il dit, « la liberté d’expression n’a jamais été aussi importante », faisant allusion au matraquage médiatique affirmant le contraire.

Au terme de trois jours d’échanges à Caracas, Marie-George Buffet était attendue hier à La Havane.

(1) Participent également à la délégation : Obey Ament, Gérard Busque, et Pascal Schillé.

***
Cathy Ceïbe
L’Humanité du 20/12/2007

 http://www.humanite.fr/

Messages

  • AH !! MAIS QUEL DOMMAGE QUE Marie-Georges n’est pas fait ce voyage en 2006

    Alors que peut être ,je dis peut être que ???? Nous aurions évité d’élire

    tournicoti -tournicoton c’est Zébulon

    oeil de bison

  • Chavez réélu au Venezuzela : Le nouveau visage de l’Amérique Latine

    Source : www.pcf.fr Rubrique : Dossier et actualité, sur le vif. Mis en ligne : 7 décembre 2006

    Le vieillard couvert de sang que fut le dictateur Augusto Pinochet sort de la scène et la réélection de Hugo Chavez au Venezuela a un sens immédiat.

    Le thème de la fin de l’Histoire semblait, il y a encore quelques années, une chape de plomb posée sur la misère des peuples. Il n’était pas autre chose que le fantasme et le désir du capitalisme mondialisé.

    Réélu pour la troisième fois avec un score en progrès, le nouveau président qui se réfère à la grande figure de Simon Bolivar, El Libertador, a sans doute fait siennes ses paroles : « La société doit avoir pour base constituante une égalité absolue de droit et de justice qui ne s’incline jamais devant la naissance ou la fortune ». On a parlé de Hugo Chavez comme d’un populiste, un ancien putschiste narcissique, un autocrate. La réalité, c’est aussi qu’il fut lui même, et son gouvernement, victime d’un coup d’Etat en 2002, avec l’appui à peine voilé des Etats Unis.

    Jamais le Venezuela ne sera « une colonie américaine » vient-il de déclarer. Le fait est qu’on assiste à une évolution sensible de la situation sociale du pays. Le Venezuela est devenu le maître de son pétrole. Il s’est affranchi du pillage des majors. Il a tourné sa richesse vers l’éducation, les programmes sociaux. Les drois d’inscription dans les écoles publiques ont été supprimés. L’armée est allée réparer les écoles et les hopitaux. Elle a construit dans les zones rirales. La pauvreté a reculé.

    L’adversaire de Chavez a reconnu sa défaite tout en promettant de « triompher démocratiquement ». Les multiples tentatives de destabilisation du pays menées depuis les USA avec une partie de la droite interdisent de prendre ces propos pour argent compant. Car non seulement le Venezuela a échappé à leur tutelle politique, non seulement il s’est libéré du vampirisme économique des grands groupes mais il contribue de manière décisive à dessiner une autre carte de l’Amérique latine.

    Sous des formes diverses, modérées ou plus radicales, les forces de gauche sont désormais au pouvoir au Chili, en Equateur, en Uruguay, au Nicaragua, en Bolivie, au Bresil et la dernière décennie a vu apparaître des leaders atypiques, Morales en Bolivie, Lula au Bresil. Des hommes issus des couches les plus pauvres ont accédé au pouvoir. Ils sont attendus au tournant par les couches dirigeantes qui avaient pour tradition depuis des décennies de se partager le pouvoir comme un bien privé et hereditaire. Ceux là n’ont pas renoncé et renonceront d’autant moins que la tâche est considérable. Il y a loin du recul de la pauvreté à son éradication. Loin du recul du travail des enfants à sa fin. Loin de l’alphabétisation à la citoyenneté. La drogue, le crime organisé et massif, la corruption perdurent.

    Bolivar dans une lettre citait Montesquieu : « Il est plus difficile de tirer un peuple de la servitude que d’en asservir un libre » et le même à la fin de sa vie confiait amèrement que servir la révolution, c’était « labourer la mer ». Rien n’est jamais acquis à l’homme. Mais l’Amérique Latine d’aujourd’hui nous dit que seules les batailles qui se mènent peuvent être gagnées. C’est vrai pour tous les continents et tous les pays.

    Le 7 décembre 2006.
    Parti communiste français.

    Article toujours disponible ici : http://www.pcf.fr/spip.php?article1029