Marion et le complot américain

Elle est bien mignonne Marion. Elle correspond tout à fait à l’image de la Française telle que se l’imaginent les Américains : un prénom qui fleure bon l’ancienne France, un nom même pour nous limite cocasse et finalement très facile à prononcer par les Texans de Fox News (ils adorent se tordrent la bouche et accentuer la prononciation de nos patronymes) et un Oscar pour un film formaté pour le public US.

Et en le recevant elle s’est dit : voilà, c’est ça, c’est grand l’Amérique, la vraie Amérique. Pas celle de Bush.

Non Marion, la vraie Amérique elle n’est pas à Hollywood et dans son cinéma. Là, les F-18 arrêtent les avions-suicides et même les soucoupes volantes, les GIs massacrent les méchants Talibans sanguinaires et gagnent les guerres, et la presse américaine est libre et surtout pas aux ordres de l’armée. A Hollywood, on s’est même repris à aimer les Français et à vous donner un Oscar, tellement le Pentagone a besoin de nos Légionnaires et de nos Marsouins en Afghanistan. D’ailleurs, comme par un fait exprès, on annonce qu’on va y renvoyer nos commandos du COS. On dit merci à qui pour l’Oscar, Marion ? Merci Nicolas !

Non Marion, la vraie Amérique, elle est dans ces 4 millions de Floridiens privés d’électricité, elle est dans ces F-18 qui le 11 septembre arrivent après la bataille, elle est dans ces GIs qui ont beau massacrer et torturer en Irak, ne s’en prennent pas moins une raclée militaire. Le complot, Marion, il n’est pas dans une théorie conspirationniste qui prête encore à l’Amérique une puissance et une efficience qu’elle n’a plus, quand bien même serait-ce pour manipuler la terre entière au soir du 11 septembre. Le complot, il est dans la représentation que l’Amérique vend d’elle-même au monde, et vous l’aviez sous les yeux le soir des Oscars.

Et ce complot, il ne date pas d’hier. Mais celui-là, personne ne veut le voir, ou plutôt, tout le monde veut croire que l’Amérique est ce qu’elle prétend, surtout quand elle se nomme Obama. Et c’est là qu’elle est vraiment trop forte, l’Amérique du complot…