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Maurice et Patapon sont orphelins....

par Rémy-Syndicaliste

Publie le lundi 12 janvier 2015 par Rémy-Syndicaliste - Open-Publishing
2 commentaires

Charlie, peux-tu dire à tes journaleux qu’ils se relèvent…la plaisanterie a assez duré !!!

Charb, Renaud, Maris, Tignus, Cabu, Honoré, Elsa Cayet, Wolinsky, Mustapha, « Maurice et Patapon » pour ceux qui connaissent bien ce journal mais aussi le technicien de maintenance ainsi que les deux policiers dont un qui était chargé de la protection du Directeur de publication de ce journal et à tous les blessés de cette barbarie….
Rappelez-moi, peut-on rire de tout ?

Alors rassure-toi Charlie, mon canard préféré, toi qui avait du plomb dans l’aile au regard de ta situation financière depuis quelques années, aux dires de Luce Lapin, une de tes chroniqueuses animalières, que tu n’as pas provoqué cet attentat abominable pour augmenter les tirages de ton hebdomadaire, tirage qui serait alors digne d’une kalachnikov.

Aussi, pendant des années, tu as été sous tous les feux de l’actualité, mais aussi sous les feux des politiciens de tous poils, de religieux avec ou sans poils, du fascisme, du totalitarisme et du sectarisme qui te faisaient tant hérisser les poils, mais hélas, cette fois-ci, c’est à rebrousse poils avec un« feu de dieu » que ces trous de balles t’ont fait vaciller.

Alors, même si les menaces de mort étaient toujours aussi présentes, jamais, tu n’as accepté de te soumettre et chacune de tes « unes » faisait l’effet d’une bombe face cet l’obscurantisme politique et religieux.

Pour rappel, des hommes meurent parfois au champ d’honneur au nom de l’impérialisme politique ou économique, toi Charlie, tu as choisi de mourir dans ton champ de rédaction au nom de la liberté d’expression et cela, toujours sans sponsors ou publicitaires afin de, conserver ton identité et ta liberté. Je rappellerai que Charlie a disposé que de peu de soutien de la part des autres quotidiens nationaux puisqu’il a été le seul journal à rééditer en 2006, les 12 caricatures du prophète par le dessinateur Danois.

Aussi, si ces journalistes, toujours incorrects, toujours provocateurs, toujours amuseurs, un peu anars et libres penseurs sont tombés à terre, ce n’est ni la faute à Voltaire, ni à Rousseau, mais une idolâtrie proche de l’oppression mentale. Pour rappel, ces hommes et ces femmes qui maniaient si bien le crayon n’étaient pas seulement des caricaturistes extraordinaires mais des chroniqueurs hors pairs qui combattaient la connerie humaine.

Pour te rendre hommage les responsables religieux et politiques qui n’ont cessé de te faire des procès pour te faire taire au regard de tes prises de positions antifascistes, anticléricales, anticapitalistes, contre toutes les formes d’intégrisme et de racisme sont déjà dehors en se prononçant eux aussi « je suis Charlie ».

Et oui, « les Poutine, Kerry, Morano, Boutin, Le Pen, Sarko et autres » te rendent un hommage à titre posthume.

Ces mêmes individus que tu as si souvent combattus, non pas en tant qu’individus, car tu as toujours respecté l’humain, mais pour les idées qu’ils véhiculaient. Pour ma part, cet hommage me semble quelque peu
nauséabond.

Quand Charlie est touché par cette tuerie, ce n’est pas la France qui est visée, c’est le courage de ces journalistes qui depuis des décennies s’emploient à faire sourire, rire et réfléchir.

Ce journal n’est pas simplement satirique, il est laïc et progressiste et de tous les combats contre la soumission telle que le port du voile et de la burqa pour les femmes, contre l’homophobie, le militarisme etc.

Et c’est
pour ces faits que Charlie a été la cible privilégiée de « ces fous de dieu ».

Alors, souhaitons que ces camarades exécutés ne soient pas morts pour rien et que ce journal continuera d’exister.

Gardons en tête la phrase de Charb qui affirmait : « je n’ai ni femme, ni enfant, ni voiture, ni crédit, ça peut paraitre pompeux, mais je préfère mourir debout plutôt que de vivre à genoux ».

Aussi, même si semble-t-il sa peur devait être omniprésente et il y avait de quoi, il a assumé jusqu’au bout ses convictions et a été exécuté d’une balle dans la tête aux dires de certains témoignages.
Néanmoins, nous devons rester lucide et vigilant au regard de l’hypocrisie flagrante des différentes classes politiques dirigeantes ainsi que du gouvernement car ces derniers profitent de l’émotion pour détourner l’attention des travailleurs de la crise et les mesures définies contre la classe ouvrière. Ainsi, c’est le sens des appels de la droite et du gouvernement qui appelaient à « l’union nationale » lors de la manifestation de dimanche à Paris.

Alors, Charlie si tu survis à cette barbarie, réagis vite, avant que cette union nationale te récupère !

Quant à nous, citoyens, travailleurs militants politiques et syndicales de terrain et de luttes, c’est notre devoir et responsabilité de lutter contre ce fondamentalisme religieux et politiques.

Alors soyons irrévérencieux et blasphémons en affirmant ensemble que toutes les formes de pouvoirs soient maudites.