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Mohamed El-Baradei, homme providentiel des Egyptiens ?

Publie le vendredi 28 janvier 2011 par Open-Publishing
6 commentaires

Son aura internationale pourrait ne pas suffire à faire de lui le leader durable du mouvement de protestation contre le président Hosni Moubarak.

"Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrai pas." Peu avant de quitter Vienne pour Le Caire, ce jeudi, Mohamed El-Baradei se présentait en homme providentiel, littéralement tombé du ciel pour accompagner " Egypte" dans sa "transition pacifique". Au moins la plus pacifique possible, alors que la répression des manifestations a déjà entraîné la mort de sept personnes.

Prix Nobel de la paix en 2005 et ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed El-Baradei est la plus connue des personnalités d’opposition à soutenir publiquement les manifestants. Et il n’en est pas à son premier appel à des réformes démocratiques et sociales en Egypte. C’est le mot d’ordre de l’Association nationale pour le changement qu’il dirige, faute de parti politique reconnu.

En février dernier, il était accueilli en héros à l’aéroport du Caire, après vingt ans passés à l’étranger. L’opposition le rêvait déjà en candidat à l’élection présidentielle prévue en 2011. "Il a créé un appel d’air dans la vie politique égyptienne, il était le recours rêvé, alors que la seule alternative à Hosni Moubarak s’appelait... Gamal Moubarak", explique Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche spécialiste de l’Egypte au CNRS.

Mais cela n’a pas duré. "De mois en mois, sa popularité s’est effilochée", ajoute le chercheur, pour qui Mohamed El-Baradei apparaît avant tout "un homme seul. Seul parce que trop absent de son pays, seul parce qu’il n’a pas su souder l’opposition derrière lui."

Trop effacé, trop absent

En effet, s’il bénéficie d’une aura internationale sans conteste, si son nom est associé à l’AIEA (dont il a quitté la direction en décembre 2009) et à son difficile travail sur le dossier nucléaire iranien, par exemple, il semble peu audible dans son pays. Justement parce qu’il est resté éloigné de l’Egypte pendant de longues années.

Il a ainsi laissé l’espace médiatique nécessaire au régime, inquiet de sa séduction à l’égard des jeunes et des classes moyennes, pour orchestrer une virulente campagne contre lui, le présentant comme déconnecté de la réalité égyptienne, voire comme un agent de l’étranger. Des photos de sa fille Laïla en maillot de bain, et lors de son mariage où du vin est servi, de nature à choquer la société musulmane conservatrice, apparaissent alors dans la presse.

"ElBaradei pense qu’il sert la cause du changement qu’il soit dans le pays ou à l’extérieur. Mais il est vrai que la majorité de nos militants pensent qu’il servira mieux notre cause s’il est davantage présent en Egypte", concédait cet automne le coordinateur de son comité de soutien, Abdel Rahmane Youssef.

Amr Hamzawi, expert de la fondation Carnegie, un centre de recherche américain, estime que ses longues absences du pays l’ont "mis en retrait". "La plus grosse erreur qu’il a commise est qu’il n’est pas resté en Egypte. Il dit qu’il veut le changement, mais il passe les trois quarts de son temps à l’étranger, ceci jette le doute sur son engagement personnel."

Une opposition éclatée

Mohamed El-Baradei, homme intègre, diplomate de carrière et issu d’une famille de notables, très effacé en février dernier, est passé à la vitesse supérieure à l’automne, haussant le ton pour demander à l’opposition de boycotter ce qu’il qualifiait de parodie électorale, en novembre. Mais ces élections législatives, marquées par la victoire écrasante du parti du pouvoir, ont montré qu’il n’avait finalement pas encore réussi à se couler dans le costume de leader de l’opposition.

Son appel n’a été entendu que par quelques petits partis ou mouvements sans espoir de députés. Les Frères musulmans, première force d’opposition, ainsi que le parti libéral Wafd, première formation de l’opposition laïque, avaient quant à eux décidé de se lancer dans la bataille.

Son profil n’est pas le seul en cause dans cet échec, estime le chercheur Jean-Noël Ferrié. "Les petits partis d’opposition sont nombreux en Egypte. Cet éclatement endémique a tout à voir avec l’autoritarisme du régime. Et à chaque rendez-vous électoral, les leaders de chacune de ces formations espèrent mener une coalition qui, immanquablement, se disloque en cours de route."

Candidat... du PND ?

Et aujourd’hui, alors que la rue gronde, l’opposition pourrait-elle dépasser ses agendas particuliers et se rassembler derrière lui ? Jean-Noël Ferrié n’y croit pas vraiment et dessine une autre voie : "La situation est désagréable pour le gouvernement. Mais si le mouvement n’enfle pas plus, si les manifestants ne sont pas en mesure d’imposer une solution, on pourrait imaginer Mohamed El-Baradei en candidat... du Parti national démocrate (PND)", le parti au pouvoir. "C’est un homme de l’establishment, il serait acceptable pour tous."

Le président Moubarak écarterait ainsi son fils, certes, mais s’épargnerait une réforme constitutionnelle, réclamée par Mohamed El-Baradei : sans elle, les indépendants comme lui ne peuvent pas se présenter à la présidentielle de 2011. De toute façon, cette demande avait déjà reçu une fin de non-recevoir du gouvernement.

Pour l’heure, Mohamed El-Baradei participe à la prière du vendredi, en Egypte, après avoir décrit son pays comme "une vaste prison coupée du monde", dans une interview accordée au Guardian. Et alors que les manifestants scandent "Moubarak dégage", il met en garde les autorités contre le recours à la violence qui "conduirait à une situation terrible", et appelle le régime à "comprendre qu’il ferait mieux d’écouter et de comprendre que le changement doit arriver." Qu’il en soit le nouveau visage reste à voir.

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/mohamed-el-baradei-homme-providentiel-des-egyptiens_956660.html

Messages

  • Et merde !Toujours besoin d’un leader ou "c’est quand que c’est qu’on vote ?"Libérez-vous les peuples,ni dieu ni maitre.

  • Mohamed el baradei un pentin de plus des PDG du systeme capitaliste .

    Le jour ou l’on comprendra qu’une vrai démocratie n’as pas besoin de président ni d’éléction peut etre arrivera t ’on a quelques chose de plus constructif. Ceci dit l’Egypte dans ce contexte n’aurat jamais la vrai permission de gérer les affaires de son propre peuple. De ce que j’en sais la misére est tellement grande qu’il est quasiment inpensable pour un politiciens de régler l’affaire.
    Le social ne se joue pas en politique, il se joue sur le terrain . Nous n’avons rien a attendre de ce qui soit disant nous représente. Ce sont les chefs ou le peuple qui agissent ? L’homme n’as pas que des mains, il a aussi l’intelligence.

    A bats le taylorisme que vive l’initiative, l’autonomie, l’autogestion, et que le pouvoir soit véritablement rendu au peuple.
    Liberté + fraternité = égalité

    Sylfirez

  • EL BARADEI est l’homme des américains , souvenez-vous c’est lui qui était chargé par l ONU de vérifier l’armement nucléaire de l IRAK et de L IRAN , ce n est pas un homme providentiel , il est quasiment inconnu dans son pays et ne peut donc représenter le peuple lui qui vivait à l’étranger dans le luxe alors que ses compatriotes crevaient de faim et qu’il n a jamais dit un mot pour dénoncer le système MOUBARAK ;le peuple égyptien ne se laissera pas berner un imposer un dirigeant désigné par le capitalisme international .

    • mais aussi
      En 2003, lors de l’invasion de l’Irak par l’armée américaine, el baradai doute publiquement du bien fondé de cette agression et réfute devant l’ONU les "preuves" apportées par les émissaires de George W. Bush (Colin Powell et Donald Rumsfeld) qui affirment que Saddam Hussein possède des armes de destruction massive.( pas sarko je vous le rappelle) L’avenir lui donnera raison. Quelques années plus tard, il s’oppose de nouveau à Washington, mais aussi à Israël et à la France de Nicolas Sarkozy, sur la question du Nucléaire iranien. S’avouant être très inquiet des préparatifs militaires autour du Golfe persique il met en garde contre le "désastre" que représenterait une attaque contre l’Iran. Il fait dès lors l’objet d’une campagne de diabolisation dans les chancelleries et les grands médias occidentaux pro-israéliens, qui l’accusent de se ranger dans le camp de Mahmoud Ahmadinejad et exigent son départ de l’AIEA.
      Également opposant résolu au régime du président égyptien Hosni Moubarak, en place depuis près de trente ans via son Parti National Démocratique (PND), Mohamed El Baradei annonce en février 2010 qu’il souhaite être candidat à l’élection présidentielle de septembre 2011, "si le peuple le lui demande" et si les élections sont "honnêtes et libres". Il dénonce la corruption et l’absence de développement économique qui maintient sous le seuil de pauvreté (moins de 2 dollars par jour et par personne) plus de 40% des 80 millions d’Egyptiens.

      entre autres , un homme qui s’oppose à sarko et à bush ne peut être foncièrement mauvais