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Mon cœur halète, ne sais pour qui…

Publie le dimanche 18 février 2007 par Open-Publishing
24 commentaires

de Alina Reyes

Il n’y avait rien dans cette pièce, sinon un livre ouvert, un livre plus grand que moi. L’encre noire sur le papier gravait des caractères géants, les dessinait dans toute leur étrangeté, leur beauté mystérieuse. Je fis quelques pas vers l’ouvrage, le cœur battant d’enthousiasme et d’une vague appréhension, comme si je m’attendais à voir ses ailes se refermer doucement sur moi, pour m’embrasser et m’enlever.
(…)

Je m’approchai de la page, la pris entre mes mains pour la tourner. Elle pivota comme une porte et je me retrouvai dans une forêt, au milieu d’un sentier broussailleux.
(…)

Le vilain sauta sur ses pieds, dès qu’il me vit vers lui approcher. Je ne sais s’il voulait me toucher, ni ce qu’il voulait entreprendre, et je me tins prête à me défendre. Il se tenait là, debout, tout coi et sans bouger, monté sur un tronc. Et il devait bien faire au moins cinq mètres de haut.

Il me regarda mais ne dit mot, pas plus qu’une bête ne l’eût fait. Toutefois, j’eus la hardiesse de lui demander :

- Dis-moi, es-tu ou non une bonne créature ?

Alors il me répondit qu’il était un homme.

- Quelle sorte d’homme es-tu ?
- Comme tu le vois. Je suis comme je suis, je ne change pas de forme.
- Que fais-tu ici ?
- C’est là que j’habite, et je garde les bêtes de ce bois.
- Tu les gardes ? Mais, par saint Pierre de Rome, elles ne savent pas ce qu’est un homme ! Je ne vois pas comment on pourrait garder une bête sauvage (…)
- (…) Je suis donc le seigneur de mes bêtes, et tu ferais mieux maintenant de me dire qui tu es et ce que tu veux.
- Seigneur, fis-je, dans l’espoir de m’attirer par flatterie sa bienveillance, je suis entrée dans la forêt pour y quêter quelque aventure. De quelle nature, je ne puis le dire, car j’ignore pourquoi je marche parmi les bêtes de ce bois, telles que vous, beau gentil seigneur, et ces vôtres taureaux sauvages, que je vois prêts à m’encorner.

Le fort géant, en m’oreillant, roulait des yeux sous ses sourcils, et je pensai que par ces yeux il me voyait aussi étrange qu’il pouvait l’être à mon regard.
- Quelle sorte de femme es-tu ?, dit-il.
- Comme tu le vois. Je suis comme je suis, je ne change pas de forme…
(…)

Du doigt, le vilain me montra le chemin.
(…)

La clairière était toute pleine de silence, comme si la sauvagine, à cette heure, était à reposée.

Soudain les banches du pin se mirent à bruire, de froissements d’ailes et de cris d’oiseaux.

Aussitôt après paraissait devant moi un chevalier, armé de toutes ses armures et monté sur un brun destrier. Il mit pied à terre et, retirant son heaume, me fit paraître le plus charmant visage d’homme que femme pût contempler.

- Gente dame, fit-il en s’inclinant, me permettrez-vous de m’approcher de votre fontaine ? Une flèche à la cuisse m’a tant blessé que jamais, je crois, je ne m’en remettrai.
Je vis qu’il avait, sous son haubert, noué sa chemise autour de sa plaie, et qu’elle était tout ensanglantée.

(…) je l’entraînai vers la fontaine, où je le fis asseoir et où je l’aidai à retirer ses armures. Quand il fut libéré de la lourde cotte de mailles, je défis la chemise nouée autour de sa cuisse blessée et la trempai dans l’eau de la fontaine, qui devint plus rouge que son socle de rubis. Ses braies étaient déchirées à l’endroit où la flèche avait percé sa chair, et je lavai soigneusement la plaie.
(…)

Quand il eût fini son histoire, il mit ses yeux dedans les miens, et ajouta :

- Voilà comment, chère gente dame, je me trouvai par le destin abandonné entre vos mains.

Par ce regard j’eus l’impression qu’une flèche à mon tour m’avait blessée, cette flèche qui par les yeux touche le cœur des amoureux. Et lui aussi, sans doute, de la même flèche était touché car, tout en finissant de bander sa plaie, je vis dessous ses braies serrées sa pigne d’amour qui brandonnait.

- Dame, fait-il, je meurs pour vous. Mon cœur souffre mille tourments. Si vous ne m’en voulez guérir, alors il me faudra mourir. Je vous demande votre amour, belle, ne me repoussez pas !

- Ami, dis-je avec un sourire, ce serait aller bien vite que d’accéder à votre demande. Et ce n’est pas mon habitude.

- Douce gente dame, je vous en prie, ne vous fâchez pas si je vous dis qu’une femme légère de métier se doit longtemps faire prier, pour se donner du prix, et pour que nul ne la croie coutumière de ce déduit. Mais la dame aux pensées honnêtes, qui garde en elle valeur et sens, si elle rencontre un homme qui lui plaît, ne se fera trop désirer. Sans tarder elle l’aimera, et elle y trouvera sa joie. Avant que nul ne le sache, ils se seront donné de grands bonheurs. Belle dame, finissons-en, je vous en prie, de ce débat !

Nous laissâmes le parlement pour nous regarder doucement.

Auprès de moi je le sentais tout entier frire, tandis que mon cœur pour lui haletait. Il m’accola et se mit à me baiser le visage, à me chérir, à me serrer. Je tendis la main, empoignai cette grosse pigne chaude qui bossoyait dessous ses braies. Sous mes doigts, je sentis ses génitailles si pleines et son braquemart si roide que, défaillante d’ardeur, je ne songeai désormais plus qu’à me laisser broyer le cul.

Il me renversa dans l’herbe avec lui, au pied de la fontaine, et me pelota la coquille. En tirant sur ses braies, je découvris un fier dardel et deux bien blondoyantes bourses, qui attisèrent ma fureur. Je me mis à calefourchies et, d’une empeinte, il me fichia. Nous eûmes vite conjoui.
(…)

Au quatrième coup d’estoc, il vint s’épandre entre mes mamelettes et m’esclabota à grand foison, jusqu’au menton. Affriandée par la fragrance de son onguent, je me mis à langueter le top de son dardel devenu flac et puis je l’engoulai, et je lui fis tant de bontés que de nouveau, entre mes lèvres, il se remit à brandonner. Il brailla fort quand j’exprimai tout ce qui lui restait de suc, que j’avalai et dégustai.

- Aurez-vous merci de moi, dites, douce savourée ? dit enfin mon courtois ami.

Et je me mis entre ses bras à reposée, car j’avais grande lassitude, en la bouche, la crevasse et le cul, et aussi les gambettes, et le corps tout entier. L’air était clair, net et serein. Tout rayonnants et fatigués de nos amours enlangourées, nous nous laissâmes emporter dans une douce dormeveille.

Sous la feuillée verte du pin, que traversent des hirondeaux, nous échangeons de doux regards.

- Très belle amie au clair visage, dit mon gentil seigneur, de ton plaisir et de ta main je veux mourir et vivre. En ce vouloir m’a mon cœur mis.
- Et qui le coeur, beau doux ami ?
- Dame, mes yeux.
- Et les yeux, qui ?
- La grand beauté qu’en vous je vis.

Mon cœur pour lui halète, encore, encore, car c’est de lui que me viendront bon et mal heur, et tout ce qui me donne vie. Mon front rosoie, dans son épaule je l’enfouis, pour qu’il ne voie ma joie de lui et mon émoi. Entre ses bras je suis enclose, et il m’enlace, et ardemment sa peau je baise où je repose, je ris, et presse mon amant, et aussi pleure, pour autre chose, car grande joie de grand tourment est souvent cause.
(…)

Mais apparut un seul chevalier, un inconnu qui menait si grand bruit qu’on aurait dit qu’il était huit. (…)

Sans me laisser le temps de lui répondre, il se pencha sur moi, me souleva de terre et m’enleva en croupe sur son cheval, qu’il lança aussitôt au galop. (…)

Il m’emmena ainsi, sur son noir destrier, jusqu’en un château fort, ceint de hauts murs et d’eau profonde. Pour nous laisser passage, on nous descend un pont-levis. Dès que nous avons mis pied à terre, le chevalier par le bras me tient en son poing, qu’il a fort et dur, et traverse avec moi une très vaste salle et beaucoup de belles chambres, jusqu’en la pièce la plus haute du donjon. Et je ne vis nul autre homme ni femme en ce manoir. Puis il me laisse seule en cette chambre et quitte les lieux, non sans avoir fermé la porte à clé.
(…)

Le soir tombait, et il pleuvait, une petite pluie qui pleuvinait, tout doucement, sans se lasser. « Lasse ! dis-je, qui me fera de ce donjon un jour sortir, sinon la mort ? » En bas, très bas, le noir fossé aux eaux sans fond me ceinturait. Le jour passait, et la forêt tout à l’entour disparaissait. Beau doux ami, mon cœur se noie, le bruit s’enfuit et, dans le bois, la vie s’en va avec la brune. Anquenuit ne luira la lune. Et la nuit et le bois me donnent grand ennui, et plus que le bois ni la nuit, la pluie.

Entre les draps je me couchai. Bientôt s’ouvrit la porte, et parut le chevalier funeste.

- Seigneur, dis-je, que ferez-vous de moi ? Me tiendrez-vous ainsi recluse, en agonie ?

Il avait revêtu de riches atours sombres, un bliaut noir tout brodé d’or et un mantel d’écarlate, fourré de petit-gris. Sa figure était longue et plus inquiétante que jamais, quoiqu’il tentât de faire bonne mine. Il me welcoma en des termes fort courtois et me tendit une chemise, une robe de soie et un bliaut fourré d’hermine blanche.

Il m’invite à l’accompagner jusqu’en la salle pour dîner. Il me regarde et ses yeux noirs, fixes, lancent des étincelles. « Cet homme t’aime, dis-je en moi-même. » Et je ne sais s’il me faut plutôt en espérer ou en trembler.
(…)

Les jours sont pâles comme mort, les nuits je reste à ma fenêtre, à écouter dans les étoiles le chœur silencieux des cieux. A l’aube, à l’heure où dans les airs plane sans bruit la sombre aiglesse, mon cœur halète, ne sais pour qui. Et je retourne dans mon lit, chercher le sommeil et l’oubli.

La septième nuit, j’entends la clé dans la serrure.

Le chevalier dans la chambre est entré.

- Dame, fait-il, vous êtes libre.

Et il s’apprête à me quitter, en me laissant la porte ouverte.

- Sire ! dis-je, tout angoissée d’amour.

Alors il vient vers moi et dans ses bras me presse, et me chérit, me caresse. Ensemble en la profonde couche nous fait tomber l’ardent désir qui tant s’est tu, et de la bouche, et des mains, et du corps tout entier, nous nous baisons, fol et folle, et de folie perdus.
(…)

Toute la nuit et tout le jour, le noir seigneur et moi nous compagnons charnellement. Jamais nous ne nous demandons de quels délices voulons paître, mais paissons tous ceux que nous commandent nos membres et notre tête, et de paumes et de langues, et de culs et de crevasse, et de bourses et de braquemart, et de jambes et de bras, et de ventres et de seins, et de doigts et de cheveux, et d’ongles et de dents. Et l’un par l’autre toujours attisés, toujours évigorés, nous forniquons sans nous lasser, comme, à force de jeu, pour l’un et l’autre nous tuer.

Messages

  • Si je retrouve ta forêt, je te le jure belle infirmière, que tu me m’apercevras avec une flèche dans la cuisse.

    Grâce à tes soins bien prodigués et tes attentions si raffinées auras-tu l’expérience de prolonger ton étreinte à un terrien émerveillé devant la tigresse affamée ?

    Fidèle à toi même,

    Érotiquement,

    Esteban

  • BELLE DONZELLE ALINA...

    Cà, c’est le portrait tout craché du preux Esteban !!

    Tzigane

    • Alina doit absolument faire quelque chose pour Esteban. Il ne va vraiment pas bien. Il a carrément pété un cable.

      JMH

    • J’ETAIS SÛR DE VOUS TROUVER...

      ... par là !
      Aujourd’hui, si on veut parler à Estéban, il faut chercher... Aline !
      Estéban il ne va plus ou quasiment plus au Fou. Point, à l’Aline !
      Il se pointe à l’Aline...
      Et si vous nous l’invitiez pour une abracadabrantesque tournée de Champagne au Fou ?
      Cela ferait plaisir à tous, à Thom et à Roberto aussi, d’ailleurs, et à Bellaciao !
      Alors, Estéban, qu’est-ce que t’en dis ?
      Moi, je tiens compagnie à Anna, Juju, Léa, Rose (çà fait un bail qu’on l’a pas vue !), Fiona (qui est passé en coup de vent), etc.

      Un peu de Khalil Gibran avec le blanc de blanc :

      "Chanson de la vague

      Le rivage puissant est mon bien-aimé

      Et je suis son amante.

      Nous sommes enfin réunis par l’amour, et

      Ensuite la lune me sépare de lui.

      Je vais à lui en hâte et repars

      À contrecoeur, avec pleins

      De petits adieux.

      Je pars rapidement de derrière

      L’horizon bleu pour répandre l’argent de

      Mon écume sur l’or de son sable, et

      Nous nous mêlons dans l’éclat en fusion."

      .../...

      À rester dehors ainsi, vous allez attraper froid (le temps change et se raffraîchit)...
      Il serait plus judicieux de se réchauffer au Fou !

      NOSE DE CHAMPAGNE

    • Vous êtes tous des rustres !

      Aucun de vous n’a dis combien "l’aventure" d’Alina était bandante, personne n’a parlé de ses chauds ébats, cela ne vous a rien fait lorsque elle a enfourché le pieu de chair et de sang après avoir langoureusement...

      Et vous les filles vous êtes coincées ?

      Un pénis est un pénis, un vagin est un vagin, un clitoris est un clitoris ! na !
      Parlez mes chéries, ouvrez votre...coeur...

      Çà craint pour moi...q ;D

      Esteban

    • Esteban, je suis morte de rire sur mon clavier. Franchement, t’es pas gynécologue des fois ?

  • bonjour

    elle voulait etre princesse ou reine peu importe. par une nuit de pleine lune une fée vint lui porté conseil.
    a son réveil elle s’empressa de rejoindre le village. Elle fit une proposition au premier homme qu’elle apercu. Fort heureu de cette proposition, il acquiessa avec plaisir, elle se mit à genou et lui fit découvrir avec sa bouche des plaisirs qu’il n’avait jamais connu.

    ravi et heureu, il lui demanda pourquoi ce cadeau merveilleu.

    elle lui répondit que pour etre princesse il faut que j’abite au palais.

    (un petit peu d’humour )

    LL

    • LL, tu me rappelles un jaloux de ma connaissance, tout entortillé de pseudos...

      Esteban, Claude, Anna, Juliette, Tzigane, JMH, Nose de Champagne... je souris avec vous, mais... personne n’a joui de mes octosyllabes ?

       ;-)

      Ciao Bellaciao, je m’en vais, à bientôt !

      (principessa) Alina

    • Alina s’il te plaît,

      Ce sont mes ami(e)s. ils disent que je m’éparpille, c’est faux...je suis toujours fidèle avec ceux et celles qui m’aiment, d’ailleurs je suis là...et j’ai joui spirituellementet...Et j’ai envie de tes phrases si captivantes et érotiques, je ne me lasse pas.

      Les filles sont avares ou trop prudes des mots qui sont les tiens...Pourtant ils sont si efficaces dans les préliminaires...

      J’aime ta poésie, Alina...me crois-tu ?

      Esteban

    • Mais bien sûr, Alina, que l’on apprécie ta plume sinon, on ne se permettrait pas de charrier Esteban après ton texte. Tu as un style et un de mes amis philosophes me disait un jour : "Rien n’est plus important que d’avoir un style". Et en disant cela, je ne pense pas à Léo Ferré pour qui "Ton style, c’est ton cul". J’ajouterais que j’apprécie beaucoup que Bellaciao publie justement des textes comme les tiens ou comme ceux de Franca qui nous font sortir quelques instants du tourbillon de la politique. C’est bien pour cela que les Amis du Fou s’y retrouvent...

      Continue Alina, j’aime...

      JMH

    • Je te crois, Esteban. Sérieusement, je me plais ici parce que s’y sent le goût de la vie. En ces temps de nihilisme, rien ne peut être plus politique, résistant et combatif. J’aime ce lieu haut en couleurs, je m’y sens bien. Tu sais quoi ? Tout le monde se bat pour le pouvoir d’achat, mais il faudra bientôt réclamer le droit à une certaine pauvreté, dans le sens de légèreté, gratuité de la vie, contrairement à l’esprit bourgeois qui veut thésauriser et tirer profit de tout et ne rien lâcher. Ce n’est pas de pauvreté que nous souffrons, c’est de misère, misère morale, misère sexuelle, toute sorte de misère, et notamment sur internet, du fait de l’anonymat, veulerie plus débridée que sous n’importe quel régime fasciste.
      Bref, la mort peut attendre, vive la vie !
      Alina

    • "je suis toujours fidèle avec ceux et celles qui m’aiment,"

      Et toi Adonis, est-tu capable d’amour (à prendre dans tous les sens, sans jeu de mots bien-sûr) ?

      Juliette

    • C’est parce que j’aime que je suis heureux, que je suis triste et que je souffre...

      Pourquoi les filles ne commentez-vous pas "l’aventure" d’Alina...les mots vous manquent ?

      Pourtant ce torrent d’érotisme dégage des sensations...

      Esteban émerveillé

    • Oui, mais des sensations pour toi Esteban...

    • slt jespare ke ça va bien bon voila mon fel 00213662358278