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NON À LA CRIMINALISATION DU COMMUNISME ET DU SOCIALISME EXISTANT

Publie le mardi 10 janvier 2006 par Open-Publishing
13 commentaires

NON À LA CRIMINALISATION DU COMMUNISME ET DU SOCIALISME EXISTANT

Un projet de résolution anticommuniste devrait être voté aux environs du 24
janvier par le conseil de l’ Europe . Le Parti communiste de Grèce et le Parti du Travail de Belgique, après avoir consulté plusieurs partis et organisations communistes et progressistes en Europe, ont décidé de lancer une pétition à l’échelle du continent. Les signatures seront portées en délégation internationale au président du Conseil de l’Europe dans les prochains jours.

Objet : Non à la criminalisation du communisme et du socialisme existant

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Pétition :

NON AU MACCARTHYSME EUROPÉEN

L’Europe va-t-elle prendre le chemin du Maccarthysme à la manière des Etats-Unis voici une cinquantaine d’années ? Tuera-t-on les libertés d’expression et d’organisation " au nom de la démocratie " ?

Le 14 décembre 2005, à Paris, Commission des questions politiques de
l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté un projet de résolution introduit par Göran Lindblad du Parti Populaire Européen/Démocratie Chrétienne (PPE/DC), intitulé " Nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires".

Ce projet, devrait être soumis à la session plénière de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe qui se tiendra du 23 au 27 janvier 2006.

Parmi ceux qui ont approuvé le projet, on trouve des parlementaires de pays qui n’hésitent pas à emprisonner des dirigeants de partis et de mouvements populaires, tout en fermant les yeux sur la restauration de symboles hitlériens et en tolérant l’impunité d’anciens criminels de guerre.

Ce projet ne vise pas à condamner des auteurs d’actes répréhensibles, mais à stigmatiser l’ensemble du mouvement et de l’idéologie communiste qui aurait "partout et à toutes les époques où elle a été mise en oeuvre, que ce soit en Europe ou ailleurs, toujours débouché sur une terreur massive, des crimes et des violations des droits de l’homme à grande échelle". Le projet nie ainsi que l’idéologie et le mouvement communiste font partie de l’histoire du mouvement ouvrier et du progrès social et criminalise une pensée progressiste héritée des Lumières et aspirant au changement social, économique et politique.

Le projet nie aussi le rôle déterminant de l’Union soviétique et du
mouvement communiste dans la lutte contre l’horreur nazie. Souvenons nous des paroles d’Albert Einstein lorsque la machine nazie jusqu’alors invaincue était stoppée à Stalingrad : "Sans la Russie, ces chiens sanguinaires (...) auraient atteint leur but ou, en tout cas, en seraient proches".

La résolution, si elle était votée, conduirait à une histoire officielle de
l’URSS et du communisme, paralysant les recherches historiques et empêchant un débat objectif sur le bilan comparatif des systèmes capitalistes et communistes. Elle ouvrirait la voie à une chasse aux sorcières - similaire au maccarthysme des années 1950 contre les chercheurs qui ne se soumettraient pas à cette histoire officielle. Nous devons assurer la liberté de recherche et d’expression des scientifiques contre une version européenne actualisée du maccarthysme.

CRIMINALISATION DES PAYS SOCIALISTES ET PARTIS COMMUNISTES ACTUELS

La résolution exige que " les prétendus intérêts nationaux n’empêchent pas
(...) de critiquer les régimes communistes totalitaires actuels (...) dans
certains pays du monde (...) où des crimes continuent d’y être commis ". En
criminalisant ainsi les pays socialistes actuels, ce projet de Résolution prépare
les esprits aux agressions militaires, dont les a déjà menacés l’administration Bush à plusieurs reprises.

En critiquant le fait que "des partis communistes soient légaux et encore
actifs dans certains pays, alors qu’ils n’ont parfois même pas pris leurs
distances par rapport aux crimes commis dans le passé par des régimes communistes totalitaires", le projet prépare la mise hors la loi de ces partis.

UNE MENACE POUR L’ENSEMBLE DU MOUVEMENT SYNDICAL

Au-delà du communisme, le projet de résolution va jusqu’à criminaliser le
concept même de lutte de classe, " utilisée pour justifier les crimes ". De
cette manière il menace l’ensemble du mouvement ouvrier et syndical en Europe qui veut s’opposer aujourd’hui aux politiques néo-libérales.

Les populations en Europe de l’Est sont plongees dans une misère inconnue
auparavant. Dans toute l’Europe les travailleurs, les jeunes en particulier,
s’inquiètent pour leur avenir. Le chômage augmente, des acquis sociaux sont démantelés, les droits démocratiques et syndicaux se trouvent menacés, et les guerres sont réapparues à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Europe (Yougoslavie, Afghanistan, Irak). Pour les initiateurs du projet, " la condamnation des crimes commis joue un rôle important dans l’éducation donnée aux jeunes générations. Une position claire de la communauté internationale sur ce passé pourrait leur servir de référence pour leur action future ".

Cette citation révèle qu’une telle stratégie entre dans la logique d’une
lutte politique partisane et non pas dans celle de la recherche de la justice.
Elle constitue par ailleurs une reconnaissance de la profondeur du rejet
populaire des politiques appliquées à l’Europe orientale.

Aujourd’hui les communistes, demain les syndicalistes et les
altermondialistes, après-demain...?

Nous, soussignés, appelons les Parlementaires de l’APCE à rejeter fermement ce projet de résolution.

Pétition à renvoyer d’urgence à

prcf.inter@voila.fr

Nom
Prénom
Profession ou (et) fonction
Ville
Département

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Esteban

Messages

  • esteban, mon camarade ,
    meme affaiblis , nous leur faisons encore peur , il faut donc se battre et lutter pour le renouveau de nos idées ; je signe des deux mains .
    claude de touse .

  • Cette pétition est largement relayée ; voici le texte d’accompagnent que j’ai reçu venant de Belgique :


    Chers amis,

    Fin janvier 2006, un projet de Résolution tendant à instaurer un maccarthysme de type européen sera soumise au vote de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Vous trouverez dans le texte ci-joint intitulé "Non au maccarthysme européen", de plus amples informations.

    A l’initiative du Parti du Travail de Belgique et d’autres partis communistes et ouvriers européens, en concertation avec plusieurs intellectuels européens, une motion très simple a été élaborée et est soumise à votre considération.

    Elle tient en une phrase : Nous, soussignés, indépendamment de nos opinions sur les anciens pays socialistes, appelons les Parlementaires de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) à rejeter le projet de résolution anticommuniste, appelé « Nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires »

    Un mouvement de protestation se développe en Europe notamment parce que, parmi ceux qui ont approuvé le projet, on trouve des parlementaires de pays qui n’hésitent pas à emprisonner des dirigeants de partis et de mouvements populaires, tout en fermant les yeux sur la restauration de symboles hitlériens et en tolérant l’impunité d’anciens criminels de guerre.

    Une délégation des signataires remettra fin janvier 2006 la motion accompagnée des signatures au Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Monsieur René van der Linden en lui exposant la gravité de la situation.

    Vous pouver marquer votre adhésion à la motion en allant sur le website www.no2anticommunism.org

    Vous pouvez également envoyer votre signature à

    Jean Pestieau
    Rue Haeck, 53
    1080 Bruxelles
    Tel/fax 02 4118430
    e-mail : jean.pestieau@wol.be
    Professeur à l’Université catholique de Louvain

    Je vous prie de recevoir mes salutations les meilleures,
    Jean Pestieau
    Professeur à l’Université catholique de Louvain


    Remarques :
     comme indiqué, vous pouvez signer la motion en ligne (le texte est le même, mais en anglais)
     à lire aussi le compositeur Mikis Theodorakis répond

    RESISTANCES !
    Patrice Bardet

    • Ce qui fut l’espoir, l’effort, l’élan absolu de millions de gens dans le monde est en passe aujourd’hui de se trouver inscrit par diverses confusions à l’annuaire des crimes. Ben voyons ! Comme c’est commode !

      La société comtemporaine lentement bordée par nos soins, matériellement améliorée, se donne commodément à présent un visage consumériste, différenciateur et ludique qui passe si fort en pub à la télé et paraît sympathique. La grande liberté de notre société c’est de porter des strings.

      En réalité, L’Histoire des péquins, la nôtre, n’est pas du tout achevée, la vigilance démocratique et sociale n’est nullement obsolète, on ferait bien de s’en apercevoir. La France, a été, mine de rien, largement redécoupée en 30 ans. Nous, on peut vous dire qui sont les nouveaux proprios et qui sont en bas les dupes et les crétins.

      Al.

  • je n’ai pas lu ce texte mais je tiens a apporter l’information suivante concernant le dit PTB ( parti du travail de belgique)
    celui ci est un mouvement qui n’a rien ren ier des crimes de Staline il se fait même l’apotre du grand moustachu par ailleurs ce mouvement se fait également le chantre du régime nord coréen. je suis evidemment communiste mais je ne mange pas dans toute les gamelles. il faut faire aussi du ménage

  • Extrait du manifeste du parti communiste
    Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot [1] , les radicaux de France et les policiers d’Allemagne.

    Quelle est l’opposition qui n’a pas été accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l’opposition qui, à son tour, n’a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète infamante de communiste ?
    redcook

  • http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=11929

    Hors du stalinisme. Pour le communisme

    "Oublier Staline", une tentation toujours présente. Mais, si nous voulons changer le monde, tout refoulement est interdit.

    de Rina Gagliardi

    En 1967, l’Agence NOVOSTI diffusa en Italie une publication de propagande explicite, ayant pour titre L’Union Soviétique. Une petite encyclopédie : un petit livre "naturellement" hagiographique, plein de chiffres et de pourcentages sur l’industrie, l’agriculture et, plus en général, des résultats d’une société désormais acheminée sur la route "de la construction du communisme". La chose la plus singulière de ce texte est qu’un nom y manque complètement : celui de Staline. L’histoire de l’U.R.S.S. - voire de la Russie - y est reconstruite avec une certaine ampleur (à partir du Vème siècle av.J.C. jusqu’à Pierre-le-Grand, de Mikhaïl Lomonosov, fondateur de la première université, jusqu’à la naissance des premières organisations ouvrières), jusqu’à la Révolution d’Octobre. Mais le seul personnage qui y soit nommé est celui de Lénine, puis on passe directement de 1917 au 33ème Congrès du PCUS. Aucune trace de Josif Vissarionovic Dzugasvili, à aucun sujet.

    Un refoulement si éclatant qu’il semble incroyable. Un exemple plutôt maladroit, pourrait-on ajouter, de réécriture de l’histoire par effacement, sinistre technique de type stalinien (immortalisée par Orwell dans son célèbre 1984). Ce refoulement nous livre toutefois un indice intéressant d’une tendance répandue, dans des formes différentes, à l’Est comme à l’Ouest : oublier Staline et le stalinisme. Regarder toute une période historique avec la sensation concentrée, et bien sûr angoissée, d’une "grande et terrible" époque pendant laquelle, comme l’écrivit l’historien américain Stephen Cohen, "une montagne d’énormes réalisations" coexista avec "une montagne de délits inouïs”. Mais s’arrêter là, justement. Chercher secours dans la catégorie de l’"accident historique", fût-il de dimensions importantes, revenir à la fatidique devise de Croce du heri dicebamus. Et surtout résister à l’interrogation de fond : celle du pourquoi et celle du comment tout cela a été possible.

    La réponse "négationniste"

    Les racines du refoulement sont donc très claires et vont au delà de toute recherche historique et politique, même minutieuse, complexe et exigeante. Si la plus grande tentative du XXème siècle de changer une société dans la direction du socialisme s’est terminée, comme elle s’est terminée, par une immense tragédie et par une féroce et sanguinaire dictature, qu’est-ce qui nous garantit qu’il ne s’agisse pas là de l’issue obligée de n’importe quelle transformation révolutionnaire ? Comment redonner à nos mots-clefs - le socialisme, le communisme - le sens qui leur est propre, c’est-à-dire celui d’un grand projet de libération des femmes et des hommes, en les arrachant par une secousse conceptuelle violente, secousse de valeurs et secousse historique, de leurs réalisations concrètes sur cette terre ?

    A ces dures questions, comme nous le savons très bien, une grande partie du mouvement communiste (tout le groupe dirigeant du PCI, par exemple) a répondu en amplifiant le processus de refoulement au-delà de ses limites : c’est-à-dire en statuant que le "mal" était tel déjà dans sa racine et jusque dans ses prémisses. Un siècle et demi d’histoire était ainsi banalisé comme erreur ( "illusion", a dit Furet) et même Staline, dans un sens bien précis, justifié dans ses crimes - en tant que seul interprète autorisé, historiquement légitimé, d’un mouvement, le mouvement communiste, aveugle et auto-trompeur par sa nature même. Vice-versa et parallèlement, le capitalisme et son idéologie spécifique, le libéralisme dans toutes ses acceptions, devenaient le seul horizon possible de l’histoire et de la société - tout juste avec quelques corrections, quelques interventions modestes de la politique.

    Nous remarquons, encore, que cette énorme "reconversion" politique et idéologique s’est vérifiée non pas à la moitié des années 50 quand le voile sur la période stalinienne commençait à se soulever et même pas à la fin des années 60, pendant la longue agonie brejnévienne, mais juste avant la fin de l’Union Soviétique, devenue désormais son propre fantôme. Le PCI fut capable de dépasser le traumatisme du XXème Congrès et du rapport Kroutchev en tant que porteur d’une expérience propre, originale, relativement autonome de la culture politique du stalinisme. En revanche, il ne survécut pas à la chute du mur de Berlin et au moment où le drapeau rouge fut baissé des flèches du Kremlin, parce qu’il avait perdu désormais son identité révolutionnaire, sa raison d’être. Là aussi, il s’agit d’une donnée restée presque inexpliquée, ou peu creusée, dans la discussion de ces dernières années.

    Le stalinisme de Staline

    C’est donc entièrement à nous - aux nouveaux communistes du XXIème siècle, à tous ceux qui ne renoncent pas au projet de la "Grande Réforme du Monde" - d’assumer le poids d’un bilan critique, la tentative d’une véritable mise à plat. Sur Staline, avant tout, et sur le "stalinisme de Staline", aucun justificationisme n’est admissible - surtout si l’on est intéressé, comme nous le sommes de façon vitale, à l’avenir du socialisme.

    "Sous la dictature de Staline", a écrit Aldo Agosti," le processus révolutionnaire a été déformé et défiguré à tel point que le patrimoine d’idées et de valeurs qui avait été à la base de la révolution d’Octobre a été rendu méconnaissable. Le dommage causé à l’image du socialisme, à sa force d’expansion, à sa valeur d’alternative historique pour l’humanité, a été incalculable". Il est vrai : le tyran géorgien hérita, à la mort de Lénine, d’une sorte de mission impossible. La révolution européenne, et surtout celle de lAllemagne, avaient été défaites, noyées dans le sang : la jeune république soviétique où Lénine avait opéré son "forçage" révolutionnaire sur la base de la prévision d’une catastrophe imminente du capitalisme et d’une prolongation indéfinie du conflit mondial, se retrouvait seule - sans amis ni alliés, entourée en revanche d’ennemis internes et externes. Une fois sortie avec succès de cette immense épreuve, elle emprunta le chemin de l’industrialisation accélérée, de la collectivisation forcée de l’agriculture, du dépassement du sous-développement économique : de "maillon faible de la chaîne"impérialiste, la Russie devenait le siège d’élection d’une autre expérience impossible, la construction du socialisme "dans un seul Pays" .

    L’hyper puissance du parti

    Les racines de ce qui a été appelé stalinisme se trouvent avant tout ici, dans le modèle de développement qui a eu le dessus après les grands débats des années 20. En un gigantisme économique concentré surtout sur la croissance quantitative (l’acier, l’industrie de base, l’énergie), sur l’obsession, d’ailleurs logique, de la planification centralisée (les plans quinquennaux), sur une modernisation qui a compromis tout rapport équilibré entre la ville et la campagne.

    Les résultats, mais surtout les coûts payés pour cette véritable "révolution d’en haut" furent d’une portée énorme. Il suffit de citer les chiffres du premier plan quinquennal, 1929 : ils prévoyaient une croissance de la production industrielle de 180%, de l’agriculture de 55%, du PIB de 103%. Des chiffres qui ne furent atteints que partiellement, mais qui restent un exemple de "titanisme" rarement atteint dans un laps de temps si court. Il suffit de s’arrêter aux chiffres approximatifs de la dramatique guerre civile qui se déroula dans les campagnes jusqu’au début des années 30 : plus de 5 millions de paysans déportés, famines, maladies, déplacement forcé vers les villes.

    Les bases structurelles de l’URSS et de la Russie, qui allait devenir une grande puissance économique mondiale, changeaient radicalement.

    Mais les changements, dus à l’époque du système économique entraînèrent ceux du système politique : le parti unique, au long de ce processus et de cette répression gigantesque, devint de plus en plus totalisant, jusqu’à se juxtaposer complètement à l’état et à la source unique du pouvoir. Le parti contrôlait tout, des choix à l’organisation de la culture, la vie politique d’en haut comme celle d’en bas, la vie au quotidien et le sort de chacun. Le parti dictait les plans quinquennaux et contraignait le musicien Prokofiev à réécrire sa Katerina Ismailova selon des critères plus "populaires" et moins avant-gardistes. Le parti dirigeait un développement colossal de l’instruction, de la santé, de l’émancipation de la femme, mais uniformisait tout aux paradigmes du marxisme-léninisme, une doctrine systémique qui aurait donné la chair de poule à Lénine lui-même, un penseur d’un pragmatisme extraordinairement aigu.

    Le parti était son chef, Jozif Vissarionovic Dzugasvili dit Staline, qui transforma toutes les indications léninistes de propositions contingentes en dogmes ossifiés, d’ "états de nécessité" en sempiternels principes. Par le Manuel d’histoire du parti communiste bolchevique, instrument de formation de base pour au moins trois générations de communistes, Staline fit de lui-même un point de repère théorique indiscutable. Prélude aux tueries des années 30 (le mystérieux cas Kirov, l’assassinat de Trotsky au Mexique en 1940) et aux grandes purges de 38, pendant lesquelles furent assassinés tous les grands protagonistes politiques, intellectuels et militaires de la révolution d’Octobre, de Boukharine au général Tukhacewski. Un nombre exorbitant de communistes fut contraint aux "aveux", à la torture, à l’humiliation d’eux-mêmes, à la mort. Et un nombre incalculable de citoyens fut contraint à une vie indigne de ce nom.

    Un héritage dramatique

    Mais combien a pesé la culture politique du stalinisme dans l’histoire des communistes du XXème siècle ? Evidemment beaucoup. Comment aurait-il pu en être autrement, L’Union Soviétique a été, forcément, pendant 70 ans, le repère des communistes (mais aussi de nombre de socialistes, travaillistes, démocrates) : elle était la preuve concrète qu’on pouvait aller au-delà du capitalisme et même avec des résultats de premier ordre. Et, avec la victoire de Stalingrad et le tribut de sang et de sacrifice payé à la lutte contre les armées allemandes, il était aussi et surtout le pays auquel l’Occident tout entier devait d’avoir été sauvé de la barbarie nazie. Quels autres modèles étaient disponibles, reconnaissables, utilisables ? Il y avait, c’est vrai, heureusement, la voie italienne vers le socialisme, avec laquelle Togliatti construisit un parti "nouveau", de masse, assez différent du modèle soviétique.

    Mais Togliatti lui-même n’arriva pas à aller au-delà de l’idée d’un camp socialiste, par rapport auquel une grande autonomie était de mise mais dont la croissance, même contradictoire, demeurait en tant que garantie objective de sa propre position stratégique : la preuve du fait que les communistes avec tous leur distinguo et toutes leurs spécificités nationales, étaient du bon côté de la barricade de l’histoire. Il y avait certes la Chine de Mao qui, pendant plusieurs années, expérimenta un équilibre différent entre industrialisation et agriculture - en allant jusqu’à l’audace de la révolution culturelle qui mettait en discussion la division sociale des rôles, le rapport entre travail manuel et travail intellectuel, la centralité absolue du "Quartier Général". Mais elle était physiquement et culturellement lointaine - et surtout elle n’apparut jamais comme une expérience "gagnante". Il y avait Cuba, avec sa révolution spéciale et autochtone - mais qui rentra bientôt dans l’orbite du système soviétique. Pour toutes ces raisons et pour beaucoup d’autres, la culture politique du stalinisme été forte, rayonnante et enracinée.

    Les nombreux stalinismes

    La vérité est que peut-être, tandis que le "stalinisme" est une abstraction difficile à motiver, en-dehors du contexte historique et politique où il murit, il y a eu (et il y a) en revanche plusieurs "stalinismes". Il y a le stalinisme de qui, comme de vastes masses de millions de communistes, a admiré inconditionnellement ce "merveilleux" georgien et n’a jamais cessé de l’admirer avant et de penser à lui nostalgiquement après. Un mélange d’amour pour le leader fort - l’homme, plus ou moins, de la providence - et pour le leader puissant capable de représenter à lui seul tout l’espoir de rachat de l’humanité subalterne et souffrante. Il s’agit là du stalinisme des "justificationnistes", ceux qui, en suivant à la lettre la dictée de Croce, jurent sur le fait que l’histoire ne se fait pas avec des "si", et donc que tout ce qui est réel est rationnel - étant donné que les goulags, les purges et la terreur sont une donnée inévitable de l’histoire et de la construction du socialisme.

    Il y a aussi le stalinisme comme hérédité, "métabolisée" mais jamais vraiment mise en discussion, de l’agir politique : une hérédité qui attribue au pouvoir, à sa conquête et à son maintien un rôle si privilégié, qu’on finit par considérer "mineure", par rapport à l’horizon du communisme, la dimension de la transformation sociale, culturelle, interpersonnelle. Evidemment, tous ceux qui ont le culte du primat du pouvoir politique ne sont pas des stalinistes. Et d’ailleurs, tous ceux qui ont le culte de l’état ne soutiennent pas pour autant une conception brutale et autoritaire du rôle de l’état. Toutefois, c’est exactement là que se niche le dérapage qui - dans le régime stalinien - devient erreur systématique et horreur : dans l’absolutisation de la sphère du pouvoir, dans la séparation permanente entre fins et moyens pour les atteindre, entre le lieu unique de la "conscience" (le Parti) et donc de la vérité, et les nombreux lieux du désordre (la société), de la partialité, du non savoir. Oui, notre révolution est redevenue pleinement actuelle. Il sera bon cette fois, de la gagner pour de vrai, dans le politique et dans le social.

    Sans partis uniques et sans dépositaires de la conscience extérieure (extérieure à qui ?).
    Si possible, avec les masses.

    Liberazione, 5 Mars 2003

    Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

    Rifondazione Paris

    • Je suis inévitablement un héritier de Staline entre autres.

      Si j’occultais mes ascendants pour enjoliver mon socialisme, je nierais mon histoire et je me priverais de la connaissance du "faire" et du "ne pas faire".

      Tant pis si je suis crédule et que mes connaissances historiques sont limitées, je ne suis pas un érudit et je vais faire grincer les dents des férus d’histoire, mais après cet excellent exposé il risque d’y avoir blocage.

      Staline à essayé d’accélérer l’histoire du communisme jusqu’à vouloir le finaliser. Bien sûr en voulant atteindre des fins sans jamais réajuster les moyens, il a tué l’évolution dans la révolution.

      La reconnaissance des crimes de Staline a déjà été dénoncée par la grande majorité des partis communistes de la planète.

      Qu’est-ce que les communistes d’aujourd’hui devraient-ils faire pour faire PLAISIR aux anti-communistes primaires ?

      Faudrait-il leur dire que le communisme est un type de société mauvais, ringard, hors du temps, dépassé ? (référence à Staline)

      Faudrait-il leur dire que le « néo-libéralisme » est leur seul type de société qui est bénéfice à l’homme, qui est émancipateur de l’homme ?

      Non je ne leur dirai pas car, la vision de mon communisme à moi ("fort"de la connaissance passée) n’a rien à voir avec celui vécu pendant l’ère Staline.

      Je n’ai de mea culpa à faire à personne.

      Je ne suis pas responsable de mes ancêtres, quels qu’ils soient, ni de leur barbarie, quelle qu’elle soit.

      Je sais ce que Staline a fait, je sais ce que d’autres ont fait, je sais ce que je vis, je sais ce que je veux dans mon contexte.

      J’ai compris que l’évolution de mon communisme ne peut se faire en sautant des étapes, qu’il n’a pas de finalité, que sans cesse il améliorera l’humain, en partageant, respectant, apportant le bien-être, et les fins devront inévitablement et en permanence influer et modifier les moyens.

      C’est bête n’est-ce pas ?
      C’est simpliste non ?
      C’est utopique pas vrai ?

      Quel idiot dirons certains !

      Esteban

    • HERITIER MAIS DE TOUS !

      oui nous sommes des heritiers de staline , l’heritage est lourd , mais nous sommes aussi les hertiers de lenine qui se considerait comme l’heritier de la commune de Paris , nous sommes les heritiers de JOUKOV qui prit Berlin , nous sommes les heritiers de GAGARINE qui ouvrit les portes de l’espace , nous sommes surtout en france dans notre pays les heritiers du congrés de Tours , du front populaire , des brigades internationales qui se battirent quand d’autres preferaient ne pas intervenir , nous sommes les heritiers des FTPF de la resistance , du programme du CNR , nous sommes les heritiers de ceux qui se sont battus contre la guerre d’indochine , nous , avons soutenu nos camarades vietnamiens pendant la guerre du vietnam , nous avons lutté contre les tueurs de l’OAS , et nous l’avons payé au metro charonne , nous sommes les heritiers de ceux qui se sont battus pour les ouvriers et qui continuons de le faire , oui , nous sommes les heritiers de tout , de l’horreur et de l’honneur , je connais beaucoup d’heritiers de l’horreur , j’en connais beaucoup moins de l’honneur .
      Alors oui je suis fier d’etre communiste , je sais le malheur , reconnaissez l’honneur de millions de militants qui depuis 1920 dans ce pays n’ont fait que defendre leur classe sociale .
      claude de toulouse .

    • Non ce n’est pas idiot, votre conviction est formidable, bravo

      Nicole

    • le communisme, quel bilan ?

      "Des espoirs par milliers, des militants par milliards, des morts par millions..."

    • memoire courte ou pas de memoire ?
      votre reponse est un peu courte , mais admettons !
      appliquez donc votre mode de pensée aux grands systemes qui ont dominé le monde :
      le colonialisme quel bilan ? le genocide des , indiens d’amerique du nord et du sud , l’esclavagisme , les guerres de decolonisation ?
      le catholicisme quel bilan ? de l’inquisition aux guerre de religion jusqu’a la guerre d’espagne ?
      l’imperialisme europeen quel bilan ? deux guerres mondiales ?
      si l’on fait un bilan il faut le faire sur tous les comptes , alors j’attends votre reponse !
      claude de toulouse.
      vous aurez bien compris que la liste n’est pas limitative .

    • Claude, ce commentaire est de loin le plus responsable et le plus honnête de l’ensemble.
      Je vous admire pour tant de résolution, c’est toujours un plaisr de vous lire. Continuez à apporter votre contribution à ce site...
      Maxime