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NORTHERN ROCK : un plan pour transformer les prets de la BoE en obligations

Publie le samedi 19 janvier 2008 par Open-Publishing
17 commentaires

Northern Rock : un plan pour transformer les prêts de la BoE en obligations (BBC)

Le gouvernement britannique soutient un plan pour transformer en obligations les prêts accordés par la Banque d’Angleterre (BoE) à la Northern Rock, la banque britannique sévèrement touchée par la crise mondiale du crédit, a affirmé samedi la BBC.

La banque américaine Goldman Sachs, auquel le gouvernement avait fait appel pour tenter de monter le financement du sauvetage de Northern Rock, a proposé de convertir les prêts, d’un montant d’au moins 26 milliards de livres (35 milliards d’euros), en obligations vendues aux investisseurs internationaux.

Elles ne seraient cependant vendues que progressivement, en fonction de l’amélioration de l’état du marché, selon la BBC, qui affirme que le Premier ministre britannique Gordon Brown soutient cette stratégie.

Interrogé lors de sa visite en Chine, M. Brown a refusé de s’exprimer directement sur le sujet. "Je peux confirmer que des discussions ont lieu avec les entreprises privées qui ont exprimé un intérêt", a-t-il déclaré.

Deux projets sont officiellement sur la table en vue de la reprise de Northern Rock, banque spécialisée dans le crédit hypothécaire qui a été durement affectée par les répercussions de la crise des "subprimes" aux Etats-Unis.

La première offre est conduite par le conglomérat Virgin du milliardaire Richard Branson, l’autre par un groupe baptisé Olivant emmené par l’ancien patron de la banque Abbey Luqman Arnold.

M. Brown a également confirmé que le ministre des Finances Alistair Darling s’exprimerait lundi devant la chambre des Communes sur le sujet.

Jadis surnommé "The Rock", la Northern Rock vit dorénavant sous perfusion de la BoE et avec la garantie du Trésor public, tandis que se sont multipliées les spéculations sur sa nationalisation. Le Premier ministre avait reconnu mardi que cette solution était parmi les hypothèses envisagées.

M321409 - 19/01/2008 à 11:39

Viva la titrisation

les rosbeefs sont inépuisables sur le sujet. Ces financiers auront inventé l’argent virtuel. Les subprimes, c’est pas de la confiture. Plus il y en a, et plus on l’étale...

http://www.boursorama.com/infos/act...

Messages

  • Bien,

    La banque centrale de Grande Bretagne a prêté pour 25 milliards de livres (il y a des infos sur 30 mais....) .... de 35 à 40 milliards d’euros.... et elle vaut quoi la Northern Rock ?

    Allez ! Cherchons en cœur ! Quelle est la capitalisation de cette banque ? Quelles contreparties avait-elle pour que la banque centrale lui prête des sommes aussi monstrueuses ?

    Comme disait un oiseau de passage il y a quelque temps à propos des prêts de fin de mois consentis par la BCE à des banques : Oui mais ils prêtent contre des contreparties sures (mais oui mais oui ta la la la)....

    Il faudrait une commission d’enquête indépendante sur les comptes des banques centrales britannique , européenne et suisse (ne pas oublier d’inviter Majax ).

    Abracadabra......

    Copas

    • La violation la plus bizarre des principes d’une banque centrale dans l’architecture du système euro, reste néanmoins la simple omission du principe même de prêteur en dernier ressort.

      Ni le traité de Maastricht, ni le traité d’Amsterdam ou le statut du système des banques centrales européennes et de la Banque centrale européenne ne font la moindre référence à la responsabilité de prêteur en dernier ressort. »

      LES DETTES ET IMPAYES QUE VA ESSUYER LA BCE,LA FED ,LA BoE,en pretant a des banques insolvables dont les garanties ne valent rien,seront un jour honorés par Nous,de gré ou de force !!!

    • Comme disait un oiseau de passage il y a quelque temps à propos des prêts de fin de mois consentis par la BCE à des banques : Oui mais ils prêtent contre des contreparties sures (mais oui mais oui ta la la la)....

      Le plan de convertir les prêts en obligations (c’est à dire, la transformation d’un prêt liquide à court terme en prêt obligataire à long terme) indique cependant que "l’oiseau de passage" en question avait parfaitement raison. Pour le comprendre, voyons quel est exactement le problème :

       Une banque est un organisme qui transforme des prêts à court terme en prêts à long terme. Quand le citoyen lambda met ses sous dans sont compte courant, ce qu’il est en train de faire en fait est de consentir à la banque un prêt. Un prêt à très court terme, puisqu’il peut retirer son argent quand bon lui semble sans préavis. Bien entendu, le client peut donner son argent pour un temps un peu plus long (comptes bloqués, achat de titres), mais d’une façon générale l’argent reste disponible et son propriétaire peut le reprendre rapidement.

       L’argent que ses clients lui prêtent à court terme, la banque le prête à sont tour, moyennant un intérêt, mais cette fois-ci elle le fait pour le long terme. Quand la banque me prête de l’argent pour achêter une maison ou financer l’agrandissement d’une entreprise, elle ne peut reprendre l’argent avant le terme du prêt, cinq, dix, voire vingt ans plus tard.

      Cette transformation du court terme en long terme (essentielle pour une économie industrialisée) n’est possible que grâce à un effet statistique : si tous les clients de la banque se présentaient pour rétirer en même temps leurs économies, la banque se trouverait dans l’impossibilité de leur rendre leur argent. Mais le système fonctionne justement parce que d’une part et en temps normal tous les clients ne se présentent pas pour reprendre leur argent en même temps et aussi parce qu’en cas de déséquilibre entre les retraits et les dépôts, la banque peut demander des prêts court terme à d’autres banques pour maintenir l’équilibre. En fait, les banques savent par expérience qu’il suffit de garder un 10% des dépots à vue en caisse pour que le système fonctionne correctement.

      Mais que se passe-t-il dans une situation de crise de confiance, quand les déposant craignent (à tort ou à raison, peu importe) pour leur dépôts ? D’un côté, la banque se trouve devant une demande massive de déposants qui se présentent au guichet retirer leurs économies. Et de l’autre, il lui est difficile d’emprunter à court terme auprès des autres banques, parce que celles-ci gardent leur argent en prévision d’un retrait massif à leurs propres guichets. Ainsi, une banque peut se trouver en difficulté alors qu’elle est parfaitement solide, que son portefeuille de prêts est sain et qu’elle est bien gérée, simplement parce que le fonctionnement bancaire repose essentiellement sur la confiance que les prêteurs à court terme que sont les déposants ont dans le système. C’est ce qu’on appelle une "crise de liquidité". Et c’est ce qui est arrivé à la Northern Rock.

      Dans cette situation, on sait depuis 1929 quels sont les erreurs à ne pas cometre. En particulier, on sait qu’il faut rapidement rétablir la confiance des déposant en leur démontrant que l’Etat (qui est le seul intervenant solvable par définition) garantira leur dépots. Et cela se fait en général en prêtant à la banque suffisament pour rendre aux déposants leur argent. Mais cet argent ne s’évapore pas pour autant : ayant rendu son argent aux déposants (c’est à dire, les prêteurs à court terme), l’Etat se rembourse sur les prêts (à long terme) consentis par la banque.

      La transformation d’un prêt à court terme en obligations traduit exactement ce mécanisme. La BoE sait que demander le remboursement à court terme implique mettre la Northern Rock en faillite, non pas parce qu’elle ne vaut rien, mais parce qu’elle manque de liquidités. Mieux vaut transformer le prêt en obligations sur le long terme, et encaisser les intérêts en attendant que la confiance revienne. A ce moment là, les déposants remettront leurs économies à la Northern Rock, et la BoE recupérera son argent...

    • Ni le traité de Maastricht, ni le traité d’Amsterdam ou le statut du système des banques centrales européennes et de la Banque centrale européenne ne font la moindre référence à la responsabilité de prêteur en dernier ressort. »

      Rien d’étonnant à ça. Les statuts de la Banque de France ne faisaient pas référence à cette "responsabilité" non plus...

      Le caractère de "prêteur en dernier ressort" n’a pas besoin de figurer dans aucun "statut". Le fait même de pouvoir émettre de la monnaie fait d’une institution un "prêteur en dernier ressort", pour la simple raison qu’un institut d’emission ne se trouve jamais, par définition, à court de monnaie.

    • Ainsi, une banque peut se trouver en difficulté alors qu’elle est parfaitement solide, que son portefeuille de prêts est sain et qu’elle est bien gérée, simplement parce que le fonctionnement bancaire repose essentiellement sur la confiance que les prêteurs à court terme que sont les déposants ont dans le système. C’est ce qu’on appelle une "crise de liquidité". Et c’est ce qui est arrivé à la Northern Rock.

      Voui, et elle n’avait effectivement pas la contrepartie de ses emprunts à la Banque centrale britannique.

      Je ne dis rien d’autre que les assurances avancées comme quoi les banques centrales prêteraient contre des contre-parties sures ne tiennent que par la magie de la méthode Coué. Un trou est un trou et si il manque 40 milliards d’euros c’est que cet argent qui devait y être n’y est pas.

      Transformer cela en obligations long terme c’est désirer dégager une quarantaine de milliards d’euros de bénefs (et de récups sur des créances douteuses) pour rembourser + les bénefs destinés aux nouveaux actionnaires qui vont prendre contrôle du groupe.

      Le résultat net de cette banque oscille entre 350 et 600 millions (pas mal), c’est donc de 50 à 100 ans de résultats à trouver. C’est beaucoup. Sauf effort particulier de la banque centrale, écran de fumée et brouillard lourd..... même si ils récupèrent beaucoup de fric sur des créances douteuses.

      et les dépôts représentent à peu près la dette apparente et avouée à la banque centrale. Je conçois donc tout à fait que les gens qui ont leur compte là dedans aient désir de se casser au plus vite,de retirer leur argent.

      Mais c’est là que tu as raison, beaucoup d’édifices ne tiennent que par la confiance et le déséquilibre du mouvement en avant.

      C’est d’ailleurs un problème financier majeur de notre temps : L’existence de formidables châteaux de cartes .

      Et les seules contreparties finalement des prêts de la banque centrale étaient : confiance , confiance et confiance... Mais pas de la nature de ce que prétendent avoir en contre-parties de leurs prêts les banques centrales.

      En fait nous n’avons qu’une re-négociation, sur le fond, de prêts. De la même façon que des gens ont emprunté pour acheter un bien et ne peuvent plus rembourser ensuite.

      Mais les contre-parties sures n’existent pas, sauf dans l’enfumage novlangue des institutions financières dont on souhaiterait qu’elles aient mêmes sollicitudes pour les pauvres endettés.

      http://www.lse.co.uk/ShareChart.asp?sharechart=NRK

      Avec une telle sollicitude Northern Rock deviendrait presque une bonne opportunité de spéculation (à la hausse).

    • Voui, et elle n’avait effectivement pas la contrepartie de ses emprunts à la Banque centrale britannique.

      Bien sur qu’elle les a. Mais elle les a sous forme de prêts à long terme, alors que ses clients veulent retirer les dépots à vue immédiatement. Pour te donner un exemple, imaginons que t’es propriétaire d’une maison, et que tombe la facture d’électricité. Tu es évidement solvable, puisque ta maison vaut beaucoup plus que la facture en question. Mais la facture est à payer dans les 15 jours, alors que la vente de la maison prendrait sans doute plusieurs mois. Qu’est ce que tu peux faire dans unte telle situation ? Par exemple, emprunter pour payer la facture, en donnant la maison comme garantie. En d’autres termes, convertir une créance à court terme en créance à long terme.

      Je ne dis rien d’autre que les assurances avancées comme quoi les banques centrales prêteraient contre des contre-parties sures ne tiennent que par la magie de la méthode Coué. Un trou est un trou et si il manque 40 milliards d’euros c’est que cet argent qui devait y être n’y est pas.

      En économie, faut se méfier des simplifications. "Un trou est un trou" ne rend pas compte de la réalité : un "trou à court terme" n’est pas nécessairement un "trou à long terme". Le problème de Northern Rock était qu’elle possédait des capitaux bloqués à long terme, et des dettes à court terme. Il n’y a aucun "trou"...

      Transformer cela en obligations long terme c’est désirer dégager une quarantaine de milliards d’euros de bénefs (et de récups sur des créances douteuses) pour rembourser + les bénefs destinés aux nouveaux actionnaires qui vont prendre contrôle du groupe.

      J’avoue ne pas très bien comprendre ton propos. Transformer une dette envers la banque en obligations ne change en rien les "benefs" et encore moins les "recups de créances douteuses". Elle ne change non plus en rien la situation des actionnaires, nouveaux ou anciens, puisque les créances obligataires ont priorité sur les détenteurs d’actions. La transformation en obligations ne fait que acter la transformation de la dette court terme en dette long terme, et accessoirement de permettre un tranfert plus aisé de la créance.

      Le résultat net de cette banque oscille entre 350 et 600 millions (pas mal), c’est donc de 50 à 100 ans de résultats à trouver.

      Comme je te l’ai dit, il n’y a pas de "trou", et ce ne sont donc pas les résultats, mais le portefeuille de créances qui rembourse la dette de la banque. Mais il s’agit de créances à long terme, d’ou la nécessite d’un mécanisme de conversion en liquidité court terme...

      Pour finir, supposons un instant que tu soies le gouverneur de la BoE. Qu’est ce que tu aurais fait à la place ? Refuser le prêt à la Northern Rock ? Cela aurait provoqué la faillite de la banque, et les déposants (petits épargnants en majorité) se seraient trouvés sans un sou. A côté de ça, les actifs (c’est à dire, les prêts à long terme détenus par la banque) auraient été achêtés a vil prix par les requins habituels, qui les auraient fait fructifier dan le temps. Est-ce que c’est une meilleure solution ?

      A mon sens, la BoE a eu raison de se substituer à un mécanisme défaillant du marché (celui qui assure la conversion de l’argent "court terme" en argent "long terme" et viceversa). C’est pour avoir refusé de le faire que le gouvernement US a enfoncé son pays en 1929.

    • Voui, et elle n’avait effectivement pas la contrepartie de ses emprunts à la Banque centrale britannique.

      Bien sur qu’elle les a. Mais elle les a sous forme de prêts à long terme,

      Elle ne les a donc pas. Un prêt à quelqu’un qui se finance sur un prêt à quelqu’un qui se finance sur .....

      Il n’y avait donc pas de contrepartie puisque les prêts long terme justement étaient construits sur des créances douteuses (qui ont entrainé justement le déséquilibre des comptes).

      Par ailleurs la question de savoir si la BOe devait prêter ou non à la danseuse de "rock" est une toute autre question. Je vois bien là que tu as de grandes connaissances techniques.

      Merci quand même de nous annoncer que le malade aurait pu mourir guéri. C’est vrai que tu as raison et c’est un classique de beaucoup d’entreprises d’avoir un dysfonctionnement mortel au milieu d’une situation par ailleurs profitable.
      Et il suffit des fois de fort peu de choses pour sauver de la faillite.
      Exact, tout le monde sait cela.

      Toutefois il est utile d’abord de reconnaitre une situation ( des contreparties douteuses ) et non pas fonctionner d’emblée dans le camouflage du constat. La démarche de la banque centrale britannique de passer ça en obligations long terme a-t-elle été prise d’emblée ? hum ? Alors ?

      C’est quoi une obligation sur le fond ?

      Faut-il baisser les bras et augmenter la taille du château de cartes sous prétexte que son écroulement serait dangereux ?

      Pourquoi ce qu’on trouve normal quand il s’agit de pauvres endettés jusqu’au cou, leur confisquer leurs biens et les vendre à l’encan, devient-il d’un coup impossible quand il s’agit d’une banque privée ?

      (ou l’inverse de cette solution, sauver les pauvres réellement, pas au compte gouttes et garantir leur propriété comme on le fait de Northern Rock)

      Sinon, en revenant au fond, les livres ne poussent pas dans les potagers de la Banque d’Angleterre et il faut admettre que cet argent est bien prélevé dans la poche des britanniques (soit sous forme d’inflation par la création de monnaie, soit comme une espèce d’impôt). C’est une aide directe à une grande entreprise, camouflée sous des tas d’oripeaux et jeux de pistes techniques.

      Utile ou pas ? Obligée ou pas ? encore faut-il d’abord reconnaitre une situation. Dans un des temples du libéralisme on se rend compte, ici comme ailleurs, que le sein nourricier du bien public reste une drogue dure pour les grands intérêts privés.

      L’important c’est déjà d’avoir lucidité sur la réalité des choses et des processus.

    • J’avais écrit :

      Bien sur qu’elle les a [des contreparties]. Mais elle les a sous forme de prêts à long terme

      Tu me réponds :

      Elle ne les a donc pas. Un prêt à quelqu’un qui se finance sur un prêt à quelqu’un qui se finance sur .....

      Elle les a donc. Jusqu’à nouvel ordre, une créance est une "contrepartie". Si quelqu’un me doit beaucoup d’argent, et je vais voir mon banquier pour demander un prêt, c’est comme cela qu’il el verra...

      Quant à la question du "pret à quelqu’un qui se finance sur un prêt...", c’est l’essence même d’une banque. Une banque est une institution qui transforme les prêts qu’elle obtien à court terme en prêts à long terme. C’est une fonction qui est nécessaire même dans une économie socialiste... alors je vois mal pourquoi il faudrait la diaboliser.

      Il n’y avait donc pas de contrepartie puisque les prêts long terme justement étaient construits sur des créances douteuses (qui ont entrainé justement le déséquilibre des comptes).

      Pas exactement : c’est la crainte des créances douteuses (et non pas leur réalité qui a produit la méfiance des déposants, d’ou le retrait massif et la crise de liquidités. Si la BoE pense transformer les prêts en obligations, c’est justement parce qu’elle a fait ses calculs et trouvé que les créances solvables sont supérieures au montant du prêt. Autrement, cela n’aurait aucun sens de les transformer en obligations pour les vendre aux investisseurs : qui est prêt à acheter des obligations d’une banque qui est en faillite ?

      C’est vrai que tu as raison et c’est un classique de beaucoup d’entreprises d’avoir un dysfonctionnement mortel au milieu d’une situation par ailleurs profitable. Et il suffit des fois de fort peu de choses pour sauver de la faillite. Exact, tout le monde sait cela.

      Faut croire que "tout le monde" ne sait pas cela. Autrement, on ne verrait pas des articles comme on peut les lire sur ce forum prédisant la fin du monde pour demain. En fait, il faut pas confondre un crise de liquidités (qui résulte en fait d’une imperfection des marchés de capitaux) avec une crise structurelle, qui correspond à un véritable "trou".

      Toutefois il est utile d’abord de reconnaitre une situation ( des contreparties douteuses ) et non pas fonctionner d’emblée dans le camouflage du constat.

      La meilleure preuve que les "contreparties" ne sont pas si "douteuses" que ça est que Northern Rock interesse des repreneurs. Il y a donc des gens prêts à acheter des actions d’une banque qui est grevée d’une dette obligataire (c’est à dire, prioritaire par rapport aux actions) de 35 milliards d’euro. A ton avis, ces gens sont des fous ? Des masochistes ? Des philantropes ? Ou plutôt des gens qui ont compris que Northern Rock est fragile a court terme mais saine à long terme ?

      La démarche de la banque centrale britannique de passer ça en obligations long terme a-t-elle été prise d’emblée ? hum ? Alors ?

      Il n’y a pas de raison de le faire. Devant un feu, on appelle d’abord les pompiers et seulement ensuite on contacte l’asureur. La BoE a d’abord injecte des liquidités pour rassurer les déposants, et ensuite s’est posé la question de quand et comment recupérer ses sous. Elle a certainement examiné le bilan et les "contreparties" de Northern Rock, et a estimé que ces "contreparties" n’étaient récupérables qu’à long terme. Et a donc décidé de transformer son prêt à court terme en prêt obligataire. Avec la perspective de vendre ces obligations dès que le marché se sera calmé. Rien que de très logique.

      C’est quoi une obligation sur le fond ?

      Sur le fonds, c’est un titre d’emprunt. Je prête de l’argent a quelqu’un, et en échange ce quelqu’un me donne un papier par lequel il "s’oblige" à me payer un intérêt fixe annuel, et à une échéance donnée (en général assez longue) de me rendre l’argent. Pour une entreprise, les obligations ont la particularité de "passer devant" les actions. Autrement dit, en cas de liquidation on paye d’abord les créanciers obligataires, et seulement après les actionnaires.

      Pourquoi ce qu’on trouve normal quand il s’agit de pauvres endettés jusqu’au cou, leur confisquer leurs biens et les vendre à l’encan, devient-il d’un coup impossible quand il s’agit d’une banque privée ?

      Parce que c’est exactement ce qu’on a fait en 1929, avec les résultats que l’on sait. Depuis, on a comrpis qu’en cas de crise bancaire il faut faire en sorte que les actionnaires perdent de l’argent sans que les déposants en soient lesés. Et c’est exactement ce qui va se produire dans le cas présent : les repreneurs de Northern Rock acheteront la banque pour une bouchée de pain aux actionnaires actuels, et la BoE recupérera son argent sous forme d’obligations. Mais les déposants n’auront pas perdu un centime.

      Sinon, en revenant au fond, les livres ne poussent pas dans les potagers de la Banque d’Angleterre et il faut admettre que cet argent est bien prélevé dans la poche des britanniques (soit sous forme d’inflation par la création de monnaie, soit comme une espèce d’impôt)

      Pas tout à fait. Si le sauvetage reussit (et cela semble être le cas) la BoE aura prêté 35 milliards d’euro, somme sur laquelle elle touchera des intérêts et recuperera le capital à l’échéance des obligations (ou bien avant, en les vendant sur les marchés). Selon le taux d’interêt des obligations en questions, cela peut être une très bonne affaire pour le trésor britannique. Mais même si la BoE laissait quelques plumes, payées bien entendu par le consommateur ou le contribuable, il faut comparer avec ce que couterait à ce même consommateur ou contribuable une crise générale du système de crédit. A mon avis, ce serait bien plus coûteux.

      Dans un des temples du libéralisme on se rend compte, ici comme ailleurs, que le sein nourricier du bien public reste une drogue dure pour les grands intérêts privés.

      Dans les "temples du libéralisme", on a tendance à regarder ce genre d’interventions des banques centrales avec la plus grande méfiance. Ce sont au contraire les keynésiens qui ont théorisé les imperfections du marché des capitaux et les besoins pour les banques centrales d’intervenir...

    • Il n’y a pas de raison de le faire. Devant un feu, on appelle d’abord les pompiers et seulement ensuite on contacte l’asureur. La BoE a d’abord injecte des liquidités pour rassurer les déposants, et ensuite s’est posé la question de quand et comment recupérer ses sous.

      Ils se sont donc précipités pour sauver cette banque sans s’interroger sur les contre-parties mais seulement en regardant le risque induit par l’éventuelle faillite de cette entreprise.

      Ce qui revient à l’origine de la polémique : Ils n’avaient pas de contre-parties. Et comme tu dis, ils ont été éteindre le feu ! et après ce sont interrogés. Donc l’histoire sur on ne prête pas sans contre-parties sures est une parole très excessive, sans même parler de contre-parties sures.

      Encore une fois c’est la réalité qu’il faut regarder en face.

      Par ailleurs sur la question de la capacité de la banque à faire face à ses obligations, quand on dispose d’une telle sollicitude bienveillante c’est bien quelque part une bonne affaire (la capacité à disposer de prêts immédiats "incendies" que n’ont pas les populations ni même de petites entreprises). Et je comprends l’intérêt de quelques entreprises pour avaler pour 2 milliards d’euros une entreprise qui arrive à se faire prêter 35 milliards d’euros !

      Sur la question du désir de catastrophe de certains tu as raison, un krach serait d’abord une catastrophe sociale avant d’être un problème pour le système capitaliste. Par ailleurs je pense aussi qu’il s’en faut encore de quelques années avant que de gros soucis n’arrivent (du moins je le pense) et non je ne crois pas trop que les banques centrales et les entreprises-bourses n’aient les moyens d’empêcher un gros krach, par contre elles ont capacité à en reporter les échéances.

      le krach dit des nouvelles TMT (technologies, médias, télécommunications) de 2000 présentait strictement les mêmes caractéristiques que celles de 1929, montrant que les mêmes mécanismes étaient à l’œuvre, regarder les graphiques là :

      http://www.lowrisk.com/nasdaq-1929.htm

      Le Nikkei à la fin des années 80 a le même profil. Le Hang Seng semble présenter le même profil en ce moment.

      Ce qui indique que du point de vue des opérateurs de tous niveaux, malgré un armement technique digne de la guerre des étoiles pas un pouce n’a été gagné dans la prévention et le traitement de ce genre d’évènements.

      Par contre, c’est vrai, les banques centrales savent maintenant qu’elles doivent intervenir. Avec un bémol : le château de cartes est plus gros.

    • le krach dit des nouvelles TMT (technologies, médias, télécommunications) de 2000 présentait strictement les mêmes caractéristiques que celles de 1929,

      Sans vouloir t’offenser, c’est un contresens historique. La crise de 1929 était une crise de surproduction de bien rééls, alors que le "krach" des TMT était l’explosion d’une bulle financière. Le deux crises n’ont absolument rien à voir.

      Je parlais du mouvement et du mécanisme réel de panique dans les deux cas. Et de la capacité, ou pas, des banques centrales d’en enrayer les mécanismes.

      Quand on parle des moyens et de la possibilité de juguler une crise c’est également des moyens de chevaucher et de bloquer un processus.

      29, comme le Nikkei dans la fin des années 80, comme la bulle de 2000 ont strictement la même forme montrant que les mêmes mécanismes sur des sommes gigantesques sont à l’œuvre. Je ne te parle pas là des phénomènes sous-jacents ayant provoqué la crise. Je parle des conséquences et de la forme des krachs.

      Des crises il y en a et il y en aura, la question est de savoir si nous avons ou pas les moyens de les juguler. Pour ce qui est des spéculateurs et investisseurs, c’est non : Ils n’ont rien appris.

      Pour ce qui est des banques centrales et intervenants institutionnels je ne pense pas qu’ils puissent faire + que de retarder des échéances face à des mécanismes de plus en plus gros...

      Pour ce qui est des contre-parties, vas chez le banquier et dis-lui qu’il y a 10 SDF qui te doivent de l’argent et que tu n’es pas sur de te faire rembourser et demandes un prêt en lui disant que l’argent qu’on te doit te sert de contre-partie....

      Soit le banquier t’aime bien et il te l’accorde, soit c’est un banquier et il ne te l’accorde pas.
      Il y a une autre possibilité, il te prête parce que ta faillite lui causerai du tort , et en ce cas c’est la seule réelle contrepartie dans l’affaire.

      Et je pense que c’est la dernière possibilité qui prévaut. Après, récupérer l’argent, on verra.

      Je parlais donc de cette démarche là et je persiste : il faut un contrôle sur les banques centrales, un contrôle public , par des représentants du peuple élus directement et ayant obligation de porter à la connaissance de la population ce qui se pratique.

      Je suis également pour que les citoyens aient accès aux conditions de prêts des banques centrales , améliorées par des politiques sociales .

    • votre explication est excellente, claire et limpide. Merci beaucoup. Aussi j’ai confiance en vous pour vous demander un conseil précieux.

      Je suis actionnaire de northern rock depuis mi-janvier (juste avant l’annonce de Darling de transformation du prêt de la banque d’Angleterre en obligations garanties par le GVT).
      c’est pourquoi je les ai eu pour un bon prix (environ 70 GBX, c’est à dire 70 centimes de livres (pence) frais de courtage inclus). Ils sont aujourd’hui à 98 GBX (soit plus de 50% plus chères). Dois-je les revendre (ou du moins la plupart, car si l’offre de reprise de Virgin reussit, il faut en garder quelques unes car Richard Branson propose dans son plan de sauvetage de donner à chaque détenteur d’une action un droit à pouvoir en acquérir 4 ou 5 nouvelles, d’où l’augmentation de capital, au prix très bas de 25 GBX) ou les conserver (car l’annonce du choix par le gouvernement d’un repreneur privé risque fort de doper énormément le titre, car elle signifierait que la nationalisation est évitée, or c’est le pire cauchemar de l’actionnaire, qui risque de tout perdre, et c’est mon cas) ?
      A votre avis la probabilité de nationalisation est-elle importante ? (auquel cas il vaudrait mieux que je revende tout, du moin je crois : on parle de nationalisation temporaire, est-ce que cela veut dire que l’action peut ne pas perdre sa valeur à terme ou va-t-on tout solder et recommencer à zéro en revendant à des acheteurs privés sans avoir indemnisé les actionnaires précédents ?).

      Je vous remercie d’avance pour profiter de vos lumières

  • Une observation sur le dernier paragraphe du dernier commentaire : Keynes était aussi un libéral ou un fervent du système capitaliste. Il a dit lui-même - et il a été fait "noble de sa majesté" pour ça - qu’il s’était employé à formuler des propositons pour sauver le capitalisme. En fait, il a préconisé une intervention de l’Etat dans le fonctionnement du système qui a toujours été la règle : voir Napoléon et le développement de l’industrie métallurgique, en concurrence directe avec l’Angleterre. Jesse

  • La Banque de France a fait et défait tous les gouvernements avant-guerre (et même après) : voir Annie Lacroix-Riz et ses dépouillements d’archives incontestables. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que l’Etat en France (mais aux US aussi avec la Fed, tout aussi privée et partout dans le monde non socialiste de l’époque ) n’avait rien à refuser au Kapital. Penser un système économique, c’est penser la totalité : il faut se méfier des abstractions partielles et partiales. Keynes a dit en propres termes : "J’ai sauvé le capitalisme." C’est en ceci qu’il était libéral, même s’il s’est heurté à des libéraux plus intégristes que lui. Même Hitler était un libéral, bien qu’il soit entré en guerre contre d’autres libéraux (dialectique mondiale oblige, voir géopolitique). Le coeur du libéralisme, c’est la puissance matérielle, autrement dit le complexe militaro-industriel, à capitaux majoritairement privés, à la gestion desquels concourt l’Etat. Un président des Us, par ailleurs général "victorieux" de la seconde guerre mondiale, a dit il y a cinquante ans tout le bien qu’il en pensait...et tout les dangers que ça représentait pour l’avenir de l’humanité.Jesse

  • "Il ne faut pas banaliser les mots" : certes ! Le sens d’un mot, c’est l’Idée qu’il évoque. Un mot peut enterrer l’Idée. On le dit vide ou creux, flatus vocis. Le libéralisme, aujourd’hui à la mode, remplace le gros mot capitalisme. Qui a dit : "Le fascisme est la dictature terroriste du capital" ? Question à mille euros.
    Et à partir de là on peut vraiment commencer à "penser", non plus comme un petit-bourgeois mais comme un être humain.

  • "J’ai beaucoup de mal, etc."
    Evidemment, la culture politique n’est pas la chose du monde la mieux partagée, autrement les sociétés humaines ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui encore. Il faut lire des ouvrages historiques sur le IIIème Reich, William Shirer par exemple, mais il y a pléthore en la matière. Même seulement un ouvrage d’histoire de Première ou de Terminale, peu susceptible de subversion.
    Avant son accession au pouvoir comme après, les banques ne refusaient rien à Hitler et Hitler ne leur a rien refusé, comme il n’a rien refusé aux industriels, Krupp, IG Farben, Mercedes, BMW et tutti quanti. Même pas de la main d’oeuvre à 0,2 mark la journée qui mourrait de sous-alimentation en trois mois. Il ne faut pas avoir beaucoup réfléchi pour ne pas comprendre que c’est là le rêve du capital : 100% pour lui, rien pour le travail. Heureusement rêve impossible : figure du mauvais infini de Hegel.