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Nicolas Sarkozy joue avec le feu de Dieu

Publie le vendredi 18 janvier 2008 par Open-Publishing
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Nicolas Sarkozy joue avec le feu de Dieu
FRANCE | 00h06 Le président remet l’Eglise au milieu du village gaulois. Atteinte à la laïcité ?

L’ÉLYSÉE, LE 17 JANVIER 2008 Recommander JEAN-NOËL CUÉNOD | 18 Janvier 2008 | 00h06

Tsunami dans un bénitier ou brèche dans la sacro-sainte laïcité ? Hier soir, lors de la cérémonie des voeux aux « forces religieuses » à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a remis l’Eglise au milieu du village gaulois après les polémiques soulevées par ses propos fort élogieux envers les religions et la croyance en Dieu. Il a notamment déclaré aux ecclésiastiques : « Si les circonstances historiques de la séparation de l’Eglise et de l’Etat furent douloureuses parce qu’il s’agissait de rompre des liens multiséculaires, nul ne doit plus avoir de raison aujourd’hui de se sentir blessé par la laïcité. »

Le président français défend la « laïcité positive » qui, « tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout. (...) Il s’agit de rechercher le dialogue avec les grandes religions de France et d’avoir pour principe de faciliter la vie quotidienne des grands courants spirituels plutôt que de chercher à la leur compliquer. »

Credo présidentiel
Et, à Ryad, le président a entonné un credo célébrant « Dieu transcendant, qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme ».

Aussitôt, François Hollande, au nom du Parti socialiste, y est allé de son psaume laïque : « Sarkozy fait de la religion un élément de sa politique extérieure, et sur le plan de la politique intérieure, il lui confère un rôle qui serait presque supérieur à celui qui est donné aux éducateurs dans la République. »

Spécificités françaises
La principale obédience (fédération de loges et de rites) maçonnique d’outre-Jura, le Grand Orient de France, est également montée au créneau laïque dans des termes semblables. Ailleurs qu’en France ces propos présidentiels n’auraient pas causé le moindre zéphyr protestataire. Mais dans l’Hexagone la question religieuse reste fort délicate à manipuler. Ce pays a toujours développé des rapports particuliers et passionnels avec la religion. La hiérarchie catholique s’est identifiée à la monarchie jusqu’à la Première Guerre mondiale. Dès lors, la République s’est construite contre l’Eglise romaine durant des décennies. La séparation de la religion et de l’Etat, édictée en 1905 par le gouvernement radical, a été vécue comme une blessure chez les catholiques et comme une libération dans le camp républicain et agnostique mais aussi au sein des Eglises protestantes et des communautés juives. Ces cicatrices se sont refermées mais elles sont prêtes à se rouvrir à la première occasion, notamment à propos des écoles privées. Le développement de l’islam qui n’est pas une religion si nouvelle que cela en France dans les zones de pauvreté vient ajouter une touche actuelle à ce vieux fond historique.

Dès lors, à trop confondre discours politique et religieux, le président français risque de se brûler au feu de Dieu.

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