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Nicolas Sarkozy se dédouane de toute responsabilité dans la canicule

Publie le samedi 20 décembre 2003 par Open-Publishing

PARIS (AP) — Nicolas Sarkozy s’est dédouané mardi de toute responsabilité dans la canicule
meurtrière de l’été dernier en assurant à l’occasion de sa première audition devant une commission
parlementaire qu’il n’avait « pas eu connaissance » de la crise sanitaire avant le 12 août.

Le ministre de l’Intérieur, qui était entendu par la mission d’information sénatoriale sur la
canicule, a proposé que les préfets retrouvent leur rôle de coordination des services sanitaires en
cas de crise.

M. Sarkozy était le seul ministre à ne pas avoir donné d’explications sur la gestion par ses
services de la canicule. La mission d’information constituée par l’Assemblée nationale, qui avait rendu
son rapport dès le 24 septembre dernier, n’avait pas jugé bon de l’entendre, ce qui avait soulevé
des critiques de la gauche.

L’opposition souhaitait en particulier savoir pourquoi le ministre de l’Intérieur, qui exerce la
tutelle des pompiers de Paris et des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS),
n’avait pas déclenché l’alerte avant le 12 août.
« Mon cabinet n’a pas eu connaissance de la crise qui enflait avant le 12 août », a répondu mardi
Nicolas Sarkozy.

A l’appui de ses dires, le N2 du gouvernement a présenté aux sénateurs les rapports
quotidiens adressés à la place Beauvau par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) durant
la période cruciale du 5 au 12 août.
Le 8 août, au plus fort de la crise, les pompiers de Paris ont réalisé 1.000 interventions de
secours à des victimes, contre 800 en période normale. « Mille cas ne sont pas en soi suffisants pour
déclencher un système de crise et d’alerte », a souligné M. Sarkozy, en notant que les pompiers
avaient réalisé 950 interventions la semaine dernière.

« Si des problèmes étaient remontés au cabinet, j’en aurais été immédiatement informé », a ajouté le
ministre de l’Intérieur. En vacances en Gironde, il téléphonait « cinq fois par jour » à son
directeur-adjoint de cabinet, de permanence à Paris, notamment pour coordonner la lutte contre les
incendies de forêt.

Il a démenti les informations données début novembre par le commandant Jacques Kerdoncuff de la
BSPP à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Selon cet officier, la préfecture de police
de Paris a demandé aux pompiers de ne pas « diffuser de message alarmiste et de ne pas donner le
nombre de morts » à la presse. « C’est un mauvais procès », a répliqué le ministre de l’Intérieur, qui
a exclu toute « volonté de dissimulation » de la part de la préfecture.
Nicolas Sarkozy a également démenti être destinataire des certificats de décès dressés par les
mairies.

Il a expliqué que le seul destinataire de ces documents était l’INSEE, qui les reçoit tous
les trois mois.
Le ministre de l’Intérieur a en revanche insisté sur la rapidité de sa réaction dès qu’il a eu
connaissance le 12 août de l’hécatombe parmi les personnes âgées en raison de l’activité anormale des
services funéraires. Deux circulaires ont ainsi été adressées dès le 13 août aux préfets d’Ile de
France pour les informer des disponibilités des services funéraires et déclencher le plan blanc.

Dans cette crise, « les services relevant du ministère de l’Intérieur ont accompli la mission qui
était la leur, une mission qui ne comporte pas le suivi du fonctionnement des services de santé », a
souligné M. Sarkozy dans une critique implicite de son collègue Jean-François Mattei.

Au delà de ses explications sur la crise, le ministre de l’Intérieur a formulé trois propositions
pour l’avenir. Afin de remédier au cloisonnement des administrations, il a proposé que les préfets
retrouvent leur rôle de coordination des services sanitaires en cas de crise. Les représentants de
l’Etat n’ont plus de lien direct avec les hôpitaux depuis la création des agences régionales
d’hospitalisation (ARH) en 1996.

Il a par ailleurs suggéré que le champ d’intervention du Centre interministériel de gestion
opérationnelle des crises (COGIC), qui dépend de son ministère, soit étendu à la santé. Le ministre de
l’Intérieur a enfin préconisé une réunion quotidienne des directeurs de cabinet des ministres
concernés à Matignon, comme cela est prévu en cas de plan Vigipirate renforcé.
Nicolas Sarkozy devrait répéter ces propositions lors de son audition mercredi devant la
commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la canicule. AP