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Nicos POULANTZAS - 1936-1979 - éléments biographiques

Publie le jeudi 18 mars 2010 par Open-Publishing
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Né à Athènes, Nicos Poulantzas a été membre du Parti communiste grec.

Résidant en France à partir de 1960, il va être maître de conférences à l’université de Paris-VIII (Vincennes).

Quand il publie en 1968 son livre "Pouvoir politique et classes sociales", il n’est pas exagéré de dire qu’il n’y a pas en France de véritable théorie marxiste de l’État. Les esprits exigeants doivent se contenter de quelques textes de Gramsci et de quelques commentaires intelligents sur les classiques de la théorie de l’État.

"Pouvoir politique et classes sociales" se situe à un tout autre niveau.

C’est apparemment un livre bardé de références dogmatiques, formulé dans une langue rébarbative, mais en même temps plein de vigueur juvénile et qui bouscule les règles établies. Nicos Poulantzas est, à l’époque, très profondément influencé par Louis Althusser, mais il ne développe pas pour autant la pensée d’un maître ; il part, en réalité, à l’aventure, un peu comme s’il s’enivrait de découvertes qu’il est très difficile de maîtriser et qu’il faut, à cause de cela, emprisonner dans une terminologie familière et bien connue.

On peut, bien entendu, critiquer sévèrement l’importance qu’il attribue alors aux définitions et aux classifications, à la taxinomie. On ne doit cependant pas oublier que cet ouvrage permet à beaucoup de rompre, à ce moment-là, avec un marxisme simpliste, qui ne voit dans l’État que l’instrument de la classe dominante et dans la politique qu’une manipulation.

Nicos Poulantzas, en cherchant à délimiter le champ du politique, fait toucher du doigt l’irréductibilité de celui-ci par rapport à l’économique ou à l’idéologique, et le redécouvre comme un jeu de stratégies et de tactiques en vue de maintenir la cohésion de la formation sociale.

Il est, en ce sens, beaucoup plus loin du structuralisme qu’on ne l’a dit.

C’est ce que montre bien son livre "Fascisme et dictature" (1971), qui s’intéresse de très près aux processus qui ont mené les fascistes italiens et les national-socialistes allemands à prendre le pouvoir.

Nicos Poulantzas, dans cet ouvrage, fait preuve d’une très grande sensibilité aux évolutions des rapports de force entre les classes et aux glissements politiques et idéologiques qu’on observe comme conséquences directes des affrontements entre les grandes organisations représentatives des couches opprimées et de la bourgeoisie.

La politique pour laquelle il se passionne n’est certainement pas le reflet de l’économie et des rapports économiques ; elle est, au contraire, la réaffirmation toujours renouvelée de la lutte des classes ; elle est faite d’une suite d’interventions qui bouleversent des relations apparemment très établies et cristallisées.

On peut dire que la théorie de Nicos Poulantzas se centre autour de la contradiction entre les déterminismes sociaux structurels et l’innovation latente, et porteuse d’avenir, des conflits de classes.

Dans cet esprit toujours, il n’y a pas de pire adversaire du marxisme authentique que l’économisme, qui résume toutes les conceptions fatalistes de l’histoire et toutes les conceptions déterministes de la société.

Pour Nicos Poulantzas, le caractère irrésistible des processus économiques auxquels les hommes d’aujourd’hui sont confrontés, particulièrement dans un contexte de prolifération des sociétés multinationales et de désordres monétaires internationaux, ne renvoie donc pas à une loi d’airain du devenir social, mais à un certain agencement des rapports de classes, à des dispositifs favorables, dans une conjoncture donnée, à la classe dominante.

La domination de l’État, sa suprématie apparente dans tous les débats qui secouent la société ne sont pas le fait d’une entité maîtresse d’elle-même, d’une sorte de démiurge qui ferait face consciemment aux problèmes qu’il doit affronter.

Ils sont plutôt l’expression d’un fonctionnement aveugle : l’État capitaliste contemporain est tout autant dirigé qu’il dirige. Comme le dit Poulantzas dans son dernier ouvrage, "L’État, le Pouvoir, le Socialisme" (1978), l’État est de nature relationnelle. Il exprime et traduit des relations sociales complexes au niveau global, ou plus précisément national, sans qu’on puisse dire qu’il s’impose comme l’organisateur véritable de la société. Il est, dit encore Nicos Poulantzas, condensation, matérialisation des rapports de force entre les classes. En d’autres termes, on est bien en présence d’une immense machinerie, mais d’une machinerie qui n’a pas en elle-même ses forces motrices ni son principe de fonctionnement.

L’État doit donc être désacralisé et débarrassé de tous les investissements idéologiques qui en font un instrument privilégié de conservation ou de transformation de la société. On ne peut évidemment ignorer des phénomènes tels que le nazisme et le stalinisme, qui sont l’irruption d’une sauvagerie étatique rationalisée ; mais ils doivent être replacés dans le cadre de modifications radicales des rapports de classes, alors même qu’ils semblent précéder celles-ci, voire les mettre en œuvre de façon paroxystique.

Il en découle logiquement qu’on ne doit pas simplifier – comme le fait une partie de la tradition marxiste – le problème de la disparition ou du dépérissement de l’État.

La métaphore de la destruction de l’appareil d’État ne doit pas nous conduire à oublier que la lutte pour faire régresser la part de la coercition politique dans les rapports sociaux ne saurait s’épuiser dans la destruction de certaines institutions étatiques.

Il faut, en réalité, qu’il y ait concomitance des transformations politiques et des transformations sociales, dans un contexte général d’extension de la démocratie.

L’œuvre prématurément interrompue de Nicos Poulantzas se clôt sur une mise en question très claire du dogmatisme et sur une invite à ne pas se laisser prendre dans les filets de l’étatisme.

Jean-Marie VINCENT (professeur à l’université de Paris-VIII)

(Sce : Encyclopédie UNIVERSALIS)


Nicos Poulantzas (Greek : Νίκος Πουλαντζάς ; 30 September 1936 – 3 October 1979) was a Greek Marxist political sociologist. In the 1970s, Poulantzas was known, along with Louis Althusser, as a leading Structural Marxist and, while at first a Leninist, eventually became a proponent of eurocommunism. He is most well-known for his theoretical work on the state. But he also offered Marxist contributions to the analysis of fascism, social class in the contemporary world, and the collapse of the dictatorships in Southern Europe in the 1970s (e.g. Franco’s rule in Spain, Salazar’s in Portugal, and Papadopoulos’s in Greece).

Life

Poulantzas studied law in Greece and was active in the student movement. He then moved to France.[1]. He killed himself in 1979 by jumping from the window of his Paris flat.[2]

[edit] Theory of the state

Poulantzas’s theory of the state was reacting against what he saw as more simplistic understandings within Marxism. Instrumentalist Marxist accounts held that the state was simply an instrument in the hands of a particular class. Poulantzas disagreed with this, because he saw the capitalist class as too focused on their individual short term profit, rather than on maintaining the class’s power as a whole, to simply exercise the whole of state power in its own interest. Poulantzas argued that the state, though relatively autonomous from the capitalist class, nonetheless functions to ensure the smooth operation of capitalist society, and therefore benefits the capitalist class.

In particular, he focused on how an inherently divisive system such as capitalism could co-exist with the social stability necessary for it to reproduce itself - looking in particular to nationalism as a means to overcome the class divisions within capitalism. Poulantzas has been particularly influential over the leading contemporary Marxist state theorist, Bob Jessop.

Borrowing from Antonio Gramsci’s notion of cultural hegemony, Poulantzas argued that repressing movements of the oppressed is not the sole function of the state. Rather state power must also obtain the consent of the oppressed. It does this through class alliances, where the dominant group makes an ’alliance’ with subordinate groups, as a means to get the consent of the subordinate group.

In his later works, Poulantzas analysed the role of what he termed the ’new petty bourgeoisie’ in both consolidating the ruling classes hegemony and undermining the poletariat’s ability to organise itself. By occupying a contradictory class position, that is to say, by identifying with its de facto oppressor, this fraction of the working class throws its lot in with the bourgeois whose fate it (wrongly) believes it shares.

The fragmentation (some would argue the demise) of the class system is, for Poulantzas, a defining characteristic of late capitalism and any politically useful analysis must tackle this new constellation of interests and power. An example of this can be seen in a Poulantzas-influenced analysis of the New Deal in the United States : the American ruling class, by acceding to some of the demands of labour (regarding things like minimum wage, labour laws, etc.), helped cement an alliance between labour and a particular fraction of capital and the state [Levine 1988]. This was necessary for the continued existence of capitalism, for if the ruling class simply repressed the movements and avoided making any concessions, it could have led to a socialist revolution.

[edit] Legacy

Poulantzas provides a nuanced analysis of class structure in an era when the internationalisation of production systems (today ’globalisation’) was shifting power from labour to capitalist classes. In many areas, he foresaw the current debate on the critical Marxian language of ’class’, ’bourgeoisie’, and ’hegemony’ finds little echo in contemporary political science where its positivism requires researchers to focus on putative measurable and objective entities. However, by placing class analysis at the center of political analysis, Poulantzas reminds us that theorists are political agents themselves and that accounts of the political world are suffused with the ambient ideology that they suppose themselves to bracket.

[edit] Major works

* Poulantzas, Nicos. Political Power and Social Classes. NLB, 1973 (orig. 1968).

* Poulantzas, Nicos. Fascism and Dictatorship : The Third International and the Problem of Fascism. NLB, 1974 (orig. 1970).

* Poulantzas, Nicos. Classes in Contemporary Capitalism. NLB, 1975 (orig. 1973).

* Poulantzas, Nicos. The Crisis of the Dictatorships : Portugal, Greece, Spain. Humanities Press, 1976.

* Poulantzas, Nicos. State, Power, Socialism. NLB, 1978.

* Poulantzas, Nicos. The Poulantzas Reader : Marxism, Law and the State, ed. J. Martin. Verso, 2008.

[edit] Further reading

* Jessop, Bob. Nicos Poulantzas : Marxist theory and political strategy. Macmillan, 1985.

* Levine, Rhonda. Class struggle and the New Deal : industrial labor, industrial capital, and the state. University Press of Kansas, c1988.

[edit] References

http://en.wikipedia.org/wiki/Nicos_Poulantzas


Institut POULANTZAS, Athènes

Messages

  • Bonjour,

    Pour avoir pratiqué et enseigné Nicos Poulantzas, et spécialement Pouvoir politique et classes sociales..., j’ai plaisir à vous dire ma convergence d’interprétation avec votre article et spécialement avec la lecture lucide de Jean-Marie Vinçent. Je voulais vous signaler qu’à l’occasion d’un encore récent colloque, Actualité de la pensée grecque... et de la publication d’un livre ad hoc (Dir Panagiotius Christias, Antigone Mouchtouris) Paris Le Manuscrit 2014, J’ai publié une analyse rétrospective de son apport à l’historien devenu sociologue universitaire que je suis. Sur l’usage de ses concepts novateurs et libres sous la langue de bois alors obligée, dans mes propres développements de recherche, et sur le procès biographique qui le mène d’un apparent objectivisme scientiste à une prise en compte de la singularité (des sociétés et des individus), voire à une acceptation de plus en plus intense, jusqu’à son suicide, du "sujet" même ce tabou du marxisme orthodoxe, je vous signale mon article dans ce colloque et dans ce livre. De Nicos Poulantzas à Cornelius Castoriadis, deux ponctuations grecques d’un itinéraire sociologique en France (1968-2008.). Merci de votre accueil et qui sait à suivre ? Jacky Réault Université de Nantes. Lestamp jacky.reault@wanadoo.fr ce 30 novembre 2014).