Accueil > Notre Afghanistan de la porte à côté

de Giovanni Maria Bellu traduit de l’italien par karl&rosa
Il y a une mission en Afghanistan qui, apparemment, devrait rencontrer l’accord de tous : des plus radicaux parmi les pacifistes aux plus ultras parmi les militaristes.
D’abord parce qu’elle ne présente aucun risque pour les soldats, et carrément même pas la nécessité d’en employer. Elle a en outre des coûts très réduits : qu’il suffise de savoir qu’il y a deux semaines la mission a été refinancée par des particuliers avec un investissement de deux – trois cents euros en produits de première nécessité. Enfin – voilà peut-être l’aspect le plus avantageux – pour l’accomplir il ne faut même pas se rendre en Afghanistan.
Il suffit de se rendre à Rome. Ou, pour ceux qui résident déjà dans la Capitale, de prendre le métro, ligne B, et descendre à l’arrêt Piramide. Quelques pas et voilà piazzale Ostiense, notre Afghanistan de la porte à côté.
Le père Giovanni La Manna, président du "Centro Astalli", est perplexe. "Il y a deux semaines, un mardi soir, quand le service de restauration était déjà terminé, un groupe d’Afghans s’est pointé. Ils ne demandaient pas de nourriture, mais des couvertures. Ils nous ont raconté que celles qu’ils possédaient avaient été confisquées par la police. Nous avons collecté ce qui était possible, le leur avons donné et ils sont partis."
La mission en Afghanistan du « Centro Astalli » s’est achevée ainsi, en quelques minutes. Et la vie quotidienne des « réfugiés afghans », une catégorie bien présente dans notre imaginaire collectif pour avoir été célébrée aux années 80 par Franco Battiato (« la colère funeste des réfugiés afghans, qui de la frontière se déplacèrent en Iran »), quand la raison de la fuite était l’Armée rouge, a repris son cours. Ce n’étaient pas encore les Talibans ni les Américains non plus.
Depuis, les réfugiés afghans ont augmenté démesurément. On calcule qu’ils sont plus de deux millions, mais le chiffre ne comprend pas les réfugiés et les migrants vivant au Pakistan, qui seraient, selon des estimations, plus d’un million et demi. Et, après plus d’un quart de siècle de guerres sans interruption, il est probable que la résignation ait pris la place de la colère funeste.
L’intervention de la police à piazzale Ostiense a eu lieu à 7h du matin. « L’opération – comme en informe une note – a été accomplie suite à la surveillance du territoire, dans le but de contraster le phénomène des installations de citoyens extracommunautaires clandestins ». Soixante treize hommes, femmes et enfants (tous de nationalité afghane, sauf un Iranien) ont été amenés au Bureau d’immigration pour y être identifiés. A la fin des contrôles, une rafale de mesures : quatre arrestations pour violation de la loi Bossi-Fini, trente trois ordres de quitter le territoire national et, pour les vingt neuf mineurs du groupe, l’assignation à des centres d’accueil. Sept seulement – dont deux parce qu’ils sont protégés par le statut de réfugiés politiques – se sont avérés en règle. La confiscation des couvertures, une technique rudimentaire pour éviter le retour immédiat au bivouac, n’a eu d’effet que pendant quelques jours.
Ceux qui ont un peu de temps et se trouvent a Rome, peuvent le vérifier facilement en prenant le métro habituel en direction de l’arrêt Kaboul - Piramide. Les réfugiés afghans sont de nouveau là. Avec de nouvelles couvertures, dans l’attente que quelqu’un, autre que la police, se souvienne d’eux. « Il est vraiment singulier – observe le père Lamanna – que tandis qu’on débat autour d’investissements de millions d’euros pour soutenir l’Afghanistan, on n’arrive à rien faire pour les Afghans qui sont à côté de nous ».
glialtrinoi@repubblica.it