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Nous ne sommes pas des voleurs d’images

Publie le mercredi 22 octobre 2003 par Open-Publishing

Communiqué de presse

À propos d’Etre et avoir

Nous ne sommes pas des voleurs d’images

Nous, Association des cinéastes documentaristes (Addoc), souhaitons
alerter l’opinion sur les dangers d’une marchandisation du "droit à
l’image" et du détournement de la notion d’œuvre.

Le « droit à l’image » n’existe pas en tant que tel dans la législation
française. La loi protège la vie privée des individus, ainsi que le
respect de leur dignité. Cette question d’éthique se pose pour chaque
film que nous réalisons.
Nous travaillons à partir de situations et personnes existantes. L’acte
de filmer s’accomplit dans la rencontre entre deux désirs, celui du
cinéaste et celui des personnes filmées. Si un rapport systématique
d’argent s’instaure en amont du tournage entre le cinéaste et les
personnes filmées, ce principe de liberté réciproque ne peut plus
exister. Dès lors la personne filmée devient dépendante du cinéaste
mais aussi du producteur, voire du diffuseur. C’est l’essence même du
cinéma documentaire qui est remise en question.

Un film documentaire engage le cinéaste dans sa relation intime au
réel. Le cinéaste ne reproduit pas mécaniquement le réel. Il prend le
risque de développer un point de vue et une esthétique personnels sur
le monde. La genèse de chaque film et la démarche du cinéaste sont
uniques. C’est en ce sens que le cinéaste est auteur et que le film est
œuvre.

Le succès populaire et commercial du film de Nicolas Philibert revêt un
caractère exceptionnel. À la différence du cinéma de fiction, le
documentaire ne s’appuie pas sur le star system. Nicolas Philibert a
filmé une classe au travail et son instituteur. C’est son travail de
cinéaste qui fait advenir à l’écran "des héros" populaires.
Les recettes commerciales d’Etre et avoir sont exceptionnelles, elles
ne doivent pas occulter la pauvreté économique de production du cinéma
documentaire ni les conditions aléatoires de sortie et de distribution
des films.

L’enjeu du procès est extrêmement révélateur. Il devrait soulever la
question de la place du cinéma documentaire dans nos sociétés en perte
de sens social et politique où tout devient objet de commerce.

Addoc
Association des cinéastes documentaristes
14, rue Alexandre-Parodi
75010 Paris
tél : (+33) (0) 1 44 89 99 88
fax : (+33) (0) 1 44 89 99 60
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