« Nous revendiquons la désobéissance civile »

Jeff Halper est le responsable d’une association d’Israéliens qui s’opposent à la destruction des maisons palestiniennes.

Entretien réalisé par Jérémie Bazart

De passage à Paris à l’invitation d’Amnesty International, Jeff Halper, qui dirige l’organisation The Israeli Committee Against House Demolitions (ICAHD, comité israélien contre la démolition des maisons), répond aux questions de l’Humanité.

Quel est le but de votre association ?

Jeff Halper. Notre mouvement est né en 1997, au moment de l’élection de Benjamin Netanyahou. Les accords d’Oslo venaient de capoter, l’occupation reprenait, le mouvement pour la paix était silencieux. Nous sommes allés discuter avec les Palestiniens, car nous travaillions ensemble, et nous leur avons demandé ce qui, selon eux, représentait l’occupation israélienne. Ils nous ont dit que c’était la destruction des maisons. Depuis 1967, l’armée israélienne a détruit 11 000 maisons palestiniennes dans les territoires occupés. Pour chaque maison détruite, c’est une famille, une histoire qui sont détruites, et l’exemple des maisons illustre bien l’idéologie de l’occupation.

En quoi la reconstruction des maisons palestiniennes est-elle une forme de résistance à l’occupation israélienne ?

Jeff Halper. À chaque fois qu’une maison est détruite, cela montre le mensonge des Israéliens. Cela viole les droits humains. Car ces maisons ne sont pas celles des terroristes, contrairement à ce qui est avancé. Les personnes à qui elles appartiennent ne représentent généralement aucun danger pour Israël. Lorsque nous reconstruisons les maisons avec des Palestiniens et des internationaux, nous faisons une action de désobéissance civile car c’est interdit. Et cela reste politique, ce n’est pas humanitaire ! Notre principal message est que la destruction est une façon qu’a Israël de désirer l’occupation du pays tout entier : ce n’est pas défensif.

Quels sont vos espoirs de paix pour Israël et la Palestine ?

Jeff Halper. Telles que s’annoncent les frontières du futur État palestinien ratifié en juin par le Congrès américain (démocrates et républicains réunis), les Israéliens disent qu’ils ne veulent plus négocier avec les Palestiniens mais qu’ils gardent le contrôle des frontières, de l’eau, de l’espace aérien, des communications..., bref, de tout. C’est pourquoi nous disons que c’est de l’apartheid. Cela transforme l’occupation, définie comme temporaire, en état de fait permanent. La solution des deux États est impossible, inacceptable dans ces conditions ! Et nous sommes pour la constitution d’un seul État binational. Cela sous-entend la fin d’Israël comme état juif.

Une autre option est la constitution d’une confédération régionale, quelque chose qui ressemblerait à l’Europe, avec la Palestine, la Syrie, la Jordanie. Ce conflit est d’une importance internationale car c’est le fondement des droits de l’homme pour le monde entier.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-10-02/2004-10-02-401707