Accueil > Nous sommes tous des Palestiniens !
de Christian Picquet
Yasser Arafat vient peut-être de jouer un ultime tour à ses détracteurs. Son difficile combat contre la maladie aura confirmé l’irréductibilité de la question palestinienne, au moment où les dirigeants israéliens décrétaient qu’ils n’avaient plus d’interlocuteurs à Ramallah.
Reste que l’affaiblissement politique, ou la disparition, de celui qui incarna plus que tout autre la revendication nationale palestinienne, va confronter son peuple à de nouvelles épreuves.
Quoique le parcours d’Arafat ait été jalonné de lourdes erreurs, quoique l’Autorité palestinienne et ses élites subissent aujourd’hui un lourd discrédit, le vieux leader avait toujours su conjurer le spectre de la guerre civile inter-palestinienne, déjouant les manœuvres en ce sens des gouvernements israéliens successifs.
Nul doute que, du côté d’Ariel Sharon ou d’un George W. Bush spectaculairement réélu, la situation nouvellement créée sera mise à profit. Non pour relancer un processus de négociations débouchant sur une paix dans la justice (comme tant de commentaires tendent à le faire croire), mais pour enterrer définitivement l’idée d’un État palestinien viable.
Nul ne peut l’ignorer, le plan israélien d’évacuation de Gaza dissimule une offensive visant à rendre irréversible la colonisation de la Cisjordanie, l’appropriation d’une grande partie de ses terres arables ou de ses puits d’eau, l’annexion de Jérusalem-Est. La construction du fameux « mur » y consacre, dans les faits, un nouvel apartheid.
Et cet apartheid, pour s’imposer, doit à tout prix empêcher que les Palestiniens se dotent d’une représentation symbolisant leur unité et leurs aspirations à la souveraineté. Ce n’est pas pour rien que Marwan Barghouti croupit dans les prisons israéliennes, condamné à cinq fois la perpétuité...
Point n’est besoin d’autres mots pour dire qu’il nous faut assurer le succès des mobilisations prévues, le 13 novembre, contre le nouveau « mur de la honte ».