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Nouveaux bombardements américains à Nadjaf, attentats à Bagdad
Publie le mardi 24 août 2004 par Open-PublishingPar Michael Georgy, avec Dean Yates à BAGDAD
NADJAF, Irak - L’aviation et les blindés américains ont bombardé dans la nuit de lundi à mardi les positions des miliciens chiites fidèles à l’imam radical Moktada Sadr dans la ville sainte de Nadjaf tandis que deux attentats distincts ont été perpétrés à Bagdad contre deux ministres.
Ces deux responsables sont sortis indemnes de ces attaques qui ont tué en tout cinq de leurs gardes du corps.
Plusieurs obus de mortiers se sont abattus mardi peu après l’aube dans le centre de Nadjaf, non loin du mausolée de l’imam Ali, dans lequel sont retranchés depuis trois semaines les rebelles chiites. Des tirs nourris à l’arme automatique ont en outre retenti dans la vieille ville.
Après l’échec vraisemblable des tentatives de médiations pour sortir pacifiquement de cette crise, particulièrement délicate à gérer pour le gouvernement irakien du fait du caractère sensible des lieux saints de Nadjaf, les forces américaines semblent avoir décidé d’intensifier la pression militaire sur les miliciens.
Les lueurs d’un incendie étaient visibles dans la nuit au-dessus de la vieille ville de Nadjaf, à moins de deux kilomètres du mausolée de l’Imam Ali, un des plus importants lieux du chiisme irakien.
On entendait aussi des salves d’artillerie témoignant de l’entrée en action des forces terrestres américaines. Des véhicules blindés ont également ouvert le feu après qu’un avion AC-130 eut fait usage de ses canons à fréquence de tir rapide et de ses mitrailleuses.
UN CAMION ET UNE AMBULANCE ATTAQUES
Depuis plusieurs jours, l’aviation américaine bombarde le soir des positions tenues par les partisans de Sadr dans le but de briser leur résistance. Ces miliciens contrôlent les ruelles qui entourent le mausolée. Ils sont assiégés par des soldats et des chars américains postés dans des rues avoisinantes.
Le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a plusieurs fois averti les rebelles chiites qu’ils s’exposaient à une offensive militaire majeure s’ils ne décidaient pas de se rendre. Mais ceci n’a pas suffi à les déloger.
"Il y a des limites. Je crois qu’il ne reste plus beaucoup de temps. Des jours ou des heures, cela dépendra de la façon dont évoluent les choses", a encore dit lundi le ministre de l’Intérieur Falah al Nakib sur les ondes de la chaîne Al Arabia.
Plus d’une centaine de personnes ont été trouvé la mort depuis le début de la crise de Nadjaf. Les discussions visant à obtenir des miliciens de Sadr qu’ils rendent le contrôle des lieux saints aux autorités religieuses de Nadjaf, et notamment au grand ayatollah Ali Sistani, n’ont à ce stade rien donné.
Le sort du jeune imam était lui-même incertain. La police de Nadjaf a dit avoir reçu mardi des informations selon lesquelles il aurait fui vers Souleïmaniah, dans le nord du pays. Mais les proches de Sadr et les responsables de cette ville à majorité kurde ont démenti ces informations.
Des rebelles ont par ailleurs attaqué mardi à Latifiah, au sud de Bagdad, un camion et une ambulance acheminant de l’aide vers Nadjaf. Deux personnes ont été tuées et les véhicules ont été incendiés.
DEUX MINISTRES ATTAQUES
A Bagdad, la ministre irakienne de l’Environnement Michkat Moumin a été la cible dans la matinée d’un attentat suicide à la voiture piégée qui a tué quatre de ses gardes du corps et blessé plus d’une dizaine de personnes.
"J’ai travaillé à l’envoi d’aide vers Nadjaf et, auparavant, à la distribution d’eau à Sadr City. Servir le peuple irakien n’est pas un crime qui mérite cela", a-t-elle dit à Reuters.
La police a précisé que le kamikaze attendait le convoi ministériel près d’un complexe de bâtiments du gouvernement.
Peu auparavant, c’est un convoi du ministère de l’Education qui a été attaqué, probablement par une mine. On ignorait dans l’immédiat si le ministre, Sami al Moudhaffar, se trouvait dans ce convoi. L’un de ses gardes du corps a péri.
La rébellion irakienne, en lutte contre les forces américaines, prend régulièrement pour cible les ministres. En juillet, le ministre de la Justice a survécu à un attentat suicide à la voiture piégée perpétré à son encontre. Alors chef du Conseil intérimaire de gouvernement irakien (CIG), Izzedine Salim a été assassiné en mai dans une attaque similaire.
La plupart de ces attentats ont été revendiqués par un groupe se réclamant d’Abou Moussab Zarkaoui, le chef présumé de la nébuleuse islamiste Al Qaïda en Irak.
C’est ce même groupe qui pourrait avoir été la cible de raids de l’aviation et des blindés américains dans la nuit contre la ville de Falloudja. Washington considère Zarkaoui comme un allié d’Al Qaïda ayant organisé la plupart des attentats-suicides d’envergure perpétrés en Irak depuis un an. (Reuters)