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Nouvelle-Calédonie : affrontements et saccages sur fond de conflit minier.

Publie le jeudi 5 juin 2014 par Open-Publishing
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Nouvelle-Calédonie : affrontements et saccages sur fond de conflit minier.

Des violences ont opposé manifestants et gendarmes mardi à la tribu de Saint-Louis près de Nouméa, faisant deux blessés légers par balle parmi les forces de l’ordre, dans le cadre d’un conflit lié à un incident dans une usine métallurgique de nickel.

Toute la journée de mardi, la route qui longe cette tribu kanak de la commune du Mont-Dore a été le théâtre d’accrochages plus ou moins violents entre des jeunes tapis dans les brousses et quelques 150 gendarmes mobiles, équipés de véhicules blindés.

A la grande exaspération des automobilistes, la route a été bloquée par intermittence, en raison des caillassages et des tirs.

En milieu de journée alors qu’une quarantaine de jeunes "très énervés" lançaient des pierres et tiraient avec des fusils de chasse, deux gendarmes ont été légèrement blessés.

Le matin, un minibus a délibérément percuté un véhicule de gendarmerie, tandis qu’aux abords de la tribu gisent des carcasses de voitures brûlées et des poteaux de lampadaires, sciés par les émeutiers. Une quinzaine de jeunes ont été interpellés.

Le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Jean-Jacques Brot, s’est rendu sur place avec le maire du Mont-Dore Éric Gay, et a fermement condamné ces actes "inqualifiables et inadmissibles". "Il y a eu des attaques délibérées à hauteur d’homme contre les forces de l’ordre. (...) Il y a d’autres moyens de faire avancer ses revendications et j’appelle chacun à prendre ses responsabilités", a-t-il affirmé.

Ces violences interviennent après un nouvel accident industriel le 7 mai dernier à l’usine métallurgique de nickel du groupe brésilien Vale, dans le sud de l’archipel.

Près de 100.000 litres d’une solution contenant de l’acide se sont déversés dans une rivière, provoquant la mort de plus d’un millier de poissons et crustacés, et entrainant l’arrêt de la production sur décision de la province sud.

 "Sentiment d’avoir été trahis" -

Samedi, les chefferies coutumières kanak de la région, dont certaines veulent la fermeture définitive du site, ont finalement choisi d’octroyer un délai de deux mois à l’industriel. Mais cette décision modérée n’a pas été acceptée par les habitants de Saint-Louis, qui dès samedi soir ont dressé des barrages et se sont heurtés avec les forces de l’ordre.

"L’option des chefferies n’a pas été suffisamment expliquée aux jeunes, ils ont le sentiment d’avoir été trahis", a déclaré M. Gay, tandis que Jean-Jacques Brot prône, lui aussi, plus de "pédagogie". Des réunions devraient avoir lieu mercredi.

Le site de l’usine a par ailleurs été la cible de saccages de bureaux, de destructions de camions et d’incendies de véhicules dans la nuit de dimanche à lundi, des dégâts évalués entre 20 et 30 millions de dollars US par l’industriel.

Depuis ses débuts, ce projet, dont le coût a explosé à plus de 6 milliards de dollars, est émaillé de conflits avec les écologistes et les tribus kanak.

"Il y a sans doute des choses à revoir en terme de gestion des relations et de contribution à la vie publique, économique et coutumière. La direction de Vale en est consciente et j’ose espérer que des décisions seront prises", a déclaré le haut-commissaire.

Directeur exécutif des métaux de base du géant minier, Peter Poppinga, a déclaré aux Nouvelles Calédoniennes que "la fermeture de l’usine n’était pas sur la table", malgré ces déboires.

"Nous avons fait un progrès spectaculaire techniquement depuis quelques années. Aujourd’hui, il nous faut davantage de discipline opérationnelle", a reconnu M. Poppinga.

Mercredi, les conclusions d’un audit sur la sécurité du site seront rendues au président de la province sud, qui pourrait prendre un arrêté autorisant la reprise de la production.

L’usine, en phase de montée en puissance, fait travailler directement ou indirectement plus de 3.000 personnes, et nombre de sous-traitants se disent aujourd’hui pris à la gorge.

Deuxième groupe minier mondial, Vale avait pour objectif de produire 40.000 tonnes de nickel cette année en Nouvelle-Calédonie.

http://www.lepoint.fr/societe/nouvelle-caledonie-affrontements-et-saccages-sur-fond-de-conflit-minier-27-05-2014-1828499_23.php

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