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"Novation, non-dilution du PCF et riposte à Sarkozy", P. Boccara

Publie le lundi 1er octobre 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

Une très bonne Tribune de P. Bocara dans l’Huma du 28 09 2007

"Novation, non-dilution du PCF et riposte à Sarkozy

Par Paul Boccara, économiste.

Les communistes sont face à un défi existentiel. Une novation profonde du Parti communiste est urgente. Son exigence est rendue plus évidente et plus concrète avec les défis de la riposte aux mesures de Sarkozy. La riposte concerne la critique des mesures et la résistance, mais aussi des contre-propositions à la hauteur et des rassemblements larges de lutte.

Comment, à la fois, contribuer à rassembler largement dans les luttes et à des contre-propositions valables ? Et comment remonter, ce faisant, la pente de notre déclin ? Est-ce que cela veut dire diluer les communistes dans une nouvelle formation, comme le prétendent certains dirigeants ? Ou, au contraire, cela ne signifie-

t-il pas développer l’originalité du PCF, ses capacités d’apports au mouvement social, à l’ensemble de la gauche, à des transformations sociales, démocratiques ?

Défis de la riposte

Il s’agit, devant l’avalanche des mesures, de ne pas se contenter de dénoncer, mais de persuader de leur caractère nocif, de leur cohérence réactionnaire avec des promesses illusoires, démagogiques.

Comment montrer que favoriser la richesse par les exonérations fiscales et de cotisations sociales, et faire pression sur les « coûts salariaux », en opposant entre eux les salariés, sous prétexte que le capital apportera de l’emploi et de la croissance, est une illusion ? Cela renforce, au contraire, les placements financiers contre l’emploi, les salaires et la croissance réelle.

Il ne suffit pas de mobilisations sur certaines mesures : des franchises médicales aux régimes spéciaux de retraite, des suppressions d’emplois dans les services publics au Traité simplifié européen. On doit montrer leur cohérence en posant la question de l’utilisation de l’argent, de l’argent public, du crédit : Pour qui ? Pour quoi ? Et de l’opposition entre prélèvements financiers et prélèvements publics ou sociaux.

Un deuxième axe de cohérence est celui des dispositions sur le marché du travail et l’emploi. Des contre-propositions doivent permettre un rassemblement des salariés, des syndicats, ainsi qu’entre eux et les partis de gauche, à l’opposé de leurs divisions. Or, la négociation sur le marché du travail a déjà commencé entre MEDEF et syndicats, avec les pressions de Sarkozy et la menace d’une loi.

C’est la pression pour un « contrat unique » favorisant le licenciement ou du moins des contrats avec allongement de la période d’essai et de licenciement sans motif. C’est une fusion ANPE-UNEDIC, mais pour faire accepter n’importe quel emploi à bas salaire, au lieu de pouvoirs syndicaux nouveaux sur la qualité des emplois proposés, etc. Cela concerne certes au premier chef les syndicats, mais pas seulement.

Aux pressions du pouvoir politique doivent répondrent le soutien et l’apport des partis de gauche. Or, le PCF peut beaucoup apporter sur : les objectifs sociaux de contre-propositions pour l’emploi ; les pouvoirs ; les moyens financiers.

Un troisième axe serait, face à l’ hyper-présidentialisme de Sarkozy, l’exigence de nouveaux pouvoirs de démocratie participative et d’intervention, depuis les entreprises, les services publics et les localités, dès maintenant en fait et dans la perspective d’une VIe République.

Tout cela renvoie à la responsabilité du PCF pour un développement populaire de nos explications avec une multiplication des luttes.

Nous avons réclamé et obtenu la création du Collectif Riposte du PCF, et son action avec la manifestation du 27 octobre. Son expérience confirme déjà :

 La responsabilité des initiatives du PCF. C’est après cette initiative qu’a pu avoir lieu une rencontre et une déclaration commune des partis de gauche, si limitée que soit cette dernière quant aux actions.

 La grande insuffisance de la concrétisation de nos contre-propositions dans les luttes. Qu’en sera-t-il notamment du développement de campagnes sur les différents thèmes après le 27 octobre ?

Défis de novation profonde du PCF

L’apport d’un PCF transformé devrait se développer à partir de ses avancées récentes, comme sur la sécurisation de l’emploi, mais aussi de nouvelles avancées, comme sur les services publics.

Nous avons besoin d’une véritable révolution culturelle dans le Parti communiste : avec une remontée considérable de la culture alternative (tandis que les anciens repères ont été perdus sans être suffisamment remplacés), avec des progressions formidables des concrétisations de propositions et de la formation tellement négligée des militants. On devrait organiser, avec les expérimentations des luttes sur le terrain, un va-et-vient entre culture et formation, d’une part, expérimentation des luttes et rassemblements, d’autre part.

Comment accepter, au nom du rassemblement, une dissolution et la dilution du Parti communiste dans une autre organisation, incluant seulement une sensibilité communiste et la coiffant avec des non-communistes ? Ce qui n’est pas du tout la même chose que travailler avec des non-communistes et d’autres organisations. Or nous sommes mis au défi d’appels explicites d’un certain nombre de dirigeants dans ce sens.

Comment accepter un congrès du PCF, articulé à une sorte d’autre congrès avec d’autres forces, y compris sous la forme d’invitation de ces forces à des discussions préparatoires et terminales d’un congrès extraordinaire du PCF ?

Le congrès devrait pouvoir, à la fois, se consacrer aux initiatives de luttes rassembleuses des communistes et à un développement profondément novateur du PCF pour contribuer au rassemblement transformateur de toute la gauche.

Enfin, face à l’assimilation du communisme au stalinisme ou même à l’Union soviétique, nous pouvons discuter d’une grande campagne, avec des actes symboliques, sur les valeurs humanistes des communistes de notre époque : pour un dépassement du capitalisme, de ses libertés dans l’inégalité, pour un partage des pouvoirs, des ressources, des informations, des rôles, pour un PCF d’un communisme de liberté pour chacun, de démocratie participative et d’intervention de tous."

http://www.humanite.fr/2007-09-28_T...

Messages

  • Enfin une lueur dans l’Humanité de ce veulent les Communistes dans leur immense majorité et qui a du mal à faire sa place dans ce Journal pour le quel des dizaines de milliers de camarades encartés et sympathisants se bougent toute l’année avec cette fête des militants qui ne renoncent jamais ! Boccara que je ne connais pas personnellement est ainsi notre porte parole , j’ai confiance dans l’avenir car par le passé dans situations bien plus critiques(1939,1958) les communistes ne s’en ont pas laissé compter par les liquidateurs de leur idéal,et la base comme ils disent ne se laissera pas éconduire comme à ce fameux congrés de Martigues où nombreux comme moi avaient jetté l’éponge avant le combat ,cette fois çi ils faudra pas compter sur nous pour nous taire .Notre parti est fort d’un collectif militant de dizaines de milliers de personnes,l’objet du congrés est de le faire s’exprimer a contrario de ceux là qui écrivent des bouquins pour essayer d’embobinner la pietaille et les embarquer derriere eux,combat de chefs ? peut être mais je leur dis non merci,veulent ils préserver la direction, des perspectives personnelles sont elles en jeu ? j’ai perdu ma naiveté à propos des directions et je n’ai pas envie de marcher dans leur sillage ! En fait la vraie question à nous poser et à la quelle il faudra bien répondre : Communisme ou Réformisme ? Union populaire ou Union dans les salons ? Vivre ou crever ? Continuer ou se saborder ? Autonomie politique ou satellisation ?
    Merci P . Boccara ! tu a vaincu la censure pour nous tous !
    BERUROUGE

    • Austerlitz ?

      Ce n’est pas pour honorer la mémoire de Napoléon Ier que je pense à Austerlitz mais bien à cause de cette lueur, comme dit Bérurouge, que nous apporte P. Boccara dans les pages de l’Humanité , lueur qui me rappelle le mot fameux : "Voilà le soleil d’Austerlitz !".

      L’image d’Austerlitz me semble appropriée, tant notre ciel est sombre et froid, et tant les forces réellement progressistes de ce pays semblent menacées de toutes parts par des coallitions impérialistes et des idéologies critiquables.

      Tant également, nos opposants ont déjà signé l’acte de décès et pris acte de notre disparition.

      Ainsi, François Hollande* qui, interrogé sur son projet de "grand parti progressiste qui irait du centregauche aux décombres du Parti communiste", dit dans le Canard Enchaîné du 26 septembre dernier p.2, , qu’il entend tenir ce discours à notre Parti  :"Vous êtes à la fin de votre histoire. Soit vous allez avec Besancenot, soit vous venez avec nous".

      Las, à Austerlitz, la coallition avait sous estimé les forces de la Grande Armée. Mal lui en pris.

      (NB : Le piège d’Austerlitz a principalement consisté à faire croire à l’ennemi que les forces de Napoléon étaient trop faibles pour vaincre. Pour ce faire, il utilisa de nombreuses ruses (organiser le repli de ses troupes lors d’affrontements ou d’escarmouches, demander à être reçu par les autres empereurs comme pour négocier, etc...). Les ennemis pensèrent alors que Napoléon ne disposait que de 40 000 hommes (au lieu de 73 000). Koutouzov n’en était pas persuadé mais les jeunes généraux (nobles ayant acheté des charges, donc peu expérimentés) voulurent briller devant leur empereur et foncèrent dans le piège, sans attendre les renforts du sud...)

      "Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre".

      Voici ce que dit Napoléon à ses troupes après la bataille d’Austerlitz qui vit la cinglante défaite de la IIIème coallition.

      Sommes nous trop faibles pour vaincre ? " Tout le monde" le pense, donc. Mais nous , les communistes, qu’en pensons nous ?...Et si cette faiblesse n’était en partie qu’une vue de l’esprit ?

      Je veux le croire, et il me semble que Paul Boccara le croit aussi, qui dit ici sa confiance dans les communistes et le PCF pour être ce qu’ils doivent devenir : un moteur d’une force de progrès anticapitaliste et populaire, ouverte, un parti rénové, centre d’un mouvement, et non un courant d’un éventuel parti démocrate "de gauche".

      Merci à Paul Boccara donc, d’avoir "forcé" les colonnes de l’Humanité pour y traduire notre espérance.

      La Louve

      *Ps : J’ai appris il y a peu ceci....

      "Le Hollandais volant (en anglais, Flying Dutchman) est le personnage central d’une grande quantité de légendes maritimes.

      Issu d’une rumeur qui circulait dans les Caraïbes aux premiers temps de la flibuste, il était supposé être le revenant d’un capitaine de fortune, qui, avec un équipage d’ectoplasmes à bord de son vaisseau fantôme, attaquait par traîtrise les navires sur toutes les mers du globe.

      Grand pourvoyeur de frayeurs auprès de marins frustes et prompts à s’inquiéter dans des conditions difficiles d’existence, il a dominé la légende maritime pendant très longtemps."

    • J’ai lu avec intérêt la tribune de P.Boccara et j’y souscrit entiérement.

      Ca change des positions oiseuses de certains.

      Ce qui ne m’amene pas à souscrire au "référendum militant" sur les municipales.

      Jean Claude Goujat

      ex des Landes.PCF

    • Ah bon ? Censure ? Je croyais qu’il n’y avait plus de censure dans le Parti, c’est donc le moment de commencer à réclamer des comptes à notre direction et non pas seulement à Marie-George, c’est le moment de dire à tous ces dirigeants permanents de sortir au grand jour, de s’habituer pour certains à l’idée de faire autre chose dans la vie, de militer à la base et de se plonger dans la lutte des classes, cesser de ne percevoir l’"Opinion" qu’à partir des sondages de la SOFRES. Notre travail à nous est quotidien, il a permis de remplir des salles de meetings et pas seulement pour les caméras et les journaux. Au lieu de se lamenter sur notre score aux élections, interrogeons-nous sur le pourquoi du départ de nombreux Communistes déçus de ce suivisme d’un changement "soft" en priorité avec un PS officiel de plus en plus droitier, alors que nos acquis sont taillés à coup de serpe. Je ne parlerai pas de ces élus et "personnalités" qui mandatés par des colleurs d’affiches (comme moi) ont lâché une orientation qu’ils ont contribué à mettre en place et qui nous a mené là où nous sommes, des bureaucrates de "gauche" médiatisés et pour cause(ils ne valent pas mieux que KOUCHNER and co dans leur démarche individualiste) , d’un "nouveau" genre : ils doivent prendre leurs responsabilités jusqu’au bout et renoncer à leurs mandats, par simple respect ( s’ils en ont) des Communistes de base. Non nous ne renoncerons pas, mais nous avons besoin de clarté pour lutter, pas de langue de bois tordue, ni de circonvolutions face à l’exploitation capitaliste pour maintenir quelques rentes de situation qui mènent à des compromis boîteux et inefficaces qui ne font que faire durer les illusions sur une union de la Gauche (laquelle ?) avec un PS fidèle et reconnu gestionnaire du Capital (Lang, Kouchner, DSK pour les plus visibles) ...
      Je rêve d’un PCF combatif, sincère et décomplexé , pour la lutte et que ça se voie. JdesP

    • COMME TOI JdesP......

      je reve d’un PCF combatif, sincère et décomplexé, ce qui inclus des élus et des permanents ayant les memes qualités.

      JC COUALAN

    • JC, nous ne sommes pas seuls et je voudrais préciser que bien entendu l’expression "décomplexé" est à prendre au sens propre, pas comme ce langage faussement dynamique "néo"-conservateur qui maquille en inversant le sens des mots et expressions progressistes pour dissimuler des concepts franchement réactionnaires . Je précise également à titre d’exemple que si l’"opinion" rejette les franchises pour la Santé, c’est aussi parce que des milliers de Communistes qui ont créé la plupart des Comités Antilibéraux
      et milité durant les deux campagnes électorales, ont détaillé les intentions de SARKOZY et les siens et prévenu la Population de la casse de nos acquis, dont de nombreux ont été entamés par le PS au Pouvoir. Je ne m’étonne pas à ce sujet de la mollesse des directions de certaines forces syndicales et de la "société civile" qui ont accompagné ce travail de sape au nom de la construction européenne : la casse des Services Publics : des PTT dès 90 qui s’achève aujourd’hui, celle D’EDF-GDF, l’Étatisation de la Sécu pour la casser plus vite afin de libérer d’immenses espaces de prospérité pour les Assurances privée, la casse des Mutuelles banalisées en Assurances, les Privatisations de l’Eau, la Propreté publique, aujourd’hui c’est aussi la fusion ASSEDIC-ANPE, pour casser l’ANPE publique mais qui a le défaut d’être gratuite pour les usagers.
      Tout à l’heure ce sera au tour des bataillons de l’Éducation Nationale à s’ouvrir totalement à la Concurrence ; et nos enfants et petits enfants prendront comme aux USA leur petit déjeuner "gratuit" offert par MACDO en regardant en classe des spots télés à la gloire de leur " bienfaiteur", pardon sponsor.
      J’ai vu en Espagne il a plus de 4 ans, plusieurs "facteurs" concurrents distribuer le courrier dans la même rue, des bureaux de poste introuvables éclatés en activités et en sociétés différentes, mais des banques postales luxueuses, vendues à la DEUTCHBANK.
      J’ai vu au PORTUGAL, un bureau abritant une société privée... d’État Civil .
      Tout cela n’est pas fait au nom du dynamisme économique et pour le bien être de la population, parce que cela s’accompagne de précarité, de bas salaires, de pauvreté et de misère à la fois matérielle, sociale et culturelle au profit de nos maîtres : les Capitalistes
      L’heure n’est plus au développement des "Classes Moyennes" trop nombreuses, trop coûteuses pour assurer la perennité d’un système qui ne trouvera jamais un’équilibre précaire qu’au prix de sacrifices de plus en plus grands pour les "petits" .
      Le brouillard euphorisant des années 70-80 s’estompe, et la Lutte des Classes réapparaît, de plus en plus vive, brute dans son évidence comme dans sa force.Le Capital a repris chez nous toutes ses forces aidé par la faiblesse du camp populaire. C’est la raison pour laquelle, le PCF, le PARTI COMMUNISTE doit vivre car, comme l’écrivait Eric HOBSBAWN dans son "Histoire courte du XXième siècle, l’ÂGE DES EXTRÊMES", les Services Publics sont des îlots de socialisme particulièrement en France grâce au Conseil National de la Résistance et j’ajouterai grâce à la force d’un PCF qui s’illustra dans la Résistance comme seule force politique organisée, qu’il fallait respecter d’autant que la Bourgeoisie pro-nazie, puis pro-américaine craignait une invasion des Rouges soviétiques.
      Si le Passé éclaire l’Avenir, nous avons la responsabilité de faire face en tant que tels, sans nous dissoudre, nous sommes "condamnés" à exister, ne serait-ce que pour résister encore et toujours et pour continuer à lutter pour le Socialisme. SARKOZY a repris GUY MÔQUET en otage, libérons-le en rappelant avec force et détermination ses idéaux , car nous sommes le PARTI DE GUY MÔQUET. JdesP

    • Précisions :Ce que j’ai vu en Espagne et au Portugal, on nous l’impose aujourd’hui en France, il en est de même pour les "Maisons de l’Emploi", il s’agit de simples applications de directives européennes... JdesP

  • LA SECURISATION DE L’EMPLOI EST ELLE VRAIMENT UNE AVANCEE OU BIEN UNE ADAPTATION AU CAPITALISME FINANCIARISE ET MONDIALISE. POURQUOI PAUL BOCCARA NE PARLE PLUS DU PLEIN EMPLOI . EST CE UN OBJECTIF ABANDONNE ? ET DONC UNE ACCEPTATION DU SYSTEME CAPITALISTE.
    IL NE SUFFIT PAS DE REPETER SECURITE DE L’EMPLOI ET DE FORMATION A TOUTE OCCASION POUR EN FAIRE UNE PROPOSITION REVOLUTIONAIRE.
    POURQUOI PAUL BOCCARA QUI AVAIT AUPARAVENT PRONE DE NOUVEAUX CRITERES DE GESTION N’EN PARLE T’IL PLUS ?
    LA VERITABLE SECURISATION DU TRAVAIL EST LE PLEIN EMPLOI ET POUR CELA IL FAUT REMETTRE FONDAMENTALEMENT EN CAUSE LE SYSTEME
    PAUL