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Nucléaire : un document "confidentiel défense" sur Internet

Publie le jeudi 18 mai 2006 par Open-Publishing

Les Verts, Greenpeace et le réseau Sortir du nucléaire ont mis en ligne sur Internet un document sur l’EPR classé "confidentiel défense". Un mouvement de solidarité en réaction à la garde à vue d’un militant anti-nucléaire pendant 14 heures par la DST.

de Matthieu DURAND

Le réacteur du projet de centrale nucléaire EPR pourrait-il résister au crash d’un avion de ligne ? Un document émanant d’EDF et classé "confidentiel défense" qui aborde cette question est disponible depuis jeudi sur Internet. Il a été mis en ligne par des associations anti-nucléaires mais aussi par plusieurs élus de la République, comme la sénatrice Dominique Voynet et le député Yves Cochet, tous deux membres des Verts.

Ce "mouvement de désobéissance civile", comme l’appelle Hélène Gassin (Greenpeace France), a été décidé mercredi soir après la garde à vue pendant près de 14 heures de Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire". Le matin même, "à 8 heures, une dizaine de membres de la DST [Direction de la surveillance du territoire] et autant de policiers bordelais ont débarqué à mon domicile", raconte Stéphane Lhomme à LCI.fr. "Vous ne fermez pas votre porte à clé et les policiers rentrent chez vous, c’est ça, l’insécurité !", plaisante-t-il, en précisant plus sérieusement que les forces de l’ordre ont été "très correctes".

"Pourquoi ne se sont-ils réveillés que maintenant ?"

Le militant a été placé un epremière fois en garde à vue chez lui, pendant 5 heures : "ils ont épluché tout ce qu’ils trouvaient" avant de saisir documents, téléphone mobile, ordinateur portable et disque dur. Stéphane Lhomme a ensuite été conduit au commissariat central de Bordeaux, où il a été placé en garde à vue pendant encore 9 heures. Il a longuement été interrogé sur la provenance du document d’EDF, que le réseau a rendu public dès 2003.

"Pourquoi ne se sont-ils réveillés que maintenant ?, demande le porte-parole de Sortir du nucléaire. Je ne sais pas mais il est hors de question de livrer des noms." Ces documents émanent de collaborateurs d’EDF, poursuit-il, "éventuellement de gens haut placés". Car, "en off, les dirigeants d’EDF trouvent le projet trop coûteux", assure-t-il. Stéphane Lhomme est désormais en attente d’être convoqué par la DST et le Parquet de Paris. "On nous accuse de mettre en danger les gens en divulguant ces informations, précise-t-il, et nous répondons qu’on ne met personne en danger puisque l’EPR n’est pas encore construit !"

"Pied de nez"

Les anti-nucléaires ont été nombreux à dénoncer le sort réservé à Stéphane Lhomme. La mise en ligne du document d’EDF et l’appel à sa publication généralisée constituent "une manifestation de solidarité à l’égard de Stéphane ainsi qu’un pied de nez à cette opacité qui entoure le nucléaire en France", explique à LCI.fr Sergio Coronado, le porte-parole des Verts. Le document est ainsi présenté sur le site du parti ainsi que sur ceux de certains de ses élus (Dominique Voynet, Yves Cochet, Jean Desessard), de Greenpeace, de Sortir du nucléaire, de la Confédération paysanne et même d’ONG étrangères. "Poursuivre en justice tout le monde serait ridicule, pointe Sergio Coronado. En même temps, le gouvernement, qui a considérablement durci ses positions sur le nucléaire ou les OGM, est prêt à tout."

"Sur l’EPR, Iter ou les déchets nucléaires, les Français ont droit à un débat", justifie Hélène Gassin, de Greenpeace France. Or, pointe-t-elle, "le gouvernement et les industriels du nucléaire n’en tiennent pas compte". Et les anti-nucléaires estiment que la transparence est impossible depuis qu’un arrêté ministériel d’août 2003 interdit la divulgation d’informations sur le nucléaire jugées sensibles.

http://tf1.lci.fr/infos/sciences/0,,3302742,00.html