Accueil > O dieux visuel:Colère des soutiers de la télé

O dieux visuel:Colère des soutiers de la télé

Publie le mercredi 30 avril 2008 par Open-Publishing

Colère des soutiers de la télé
Social. Un collectif dénonce les conditions de travail dans les 
boîtes de prod.
RAPHAËL GARRIGOS ET ISABELLE ROBERTS
QUOTIDIEN : mardi 29 avril 2008

Selon le dernier pointage, ils sont 820. « Ils », c’est le Collectif 
télé : des ingénieurs du son, des chefs opérateurs, des monteurs, des 
journalistes, tous intermittents travaillant pour les boîtes de 
production qui font l’ordinaire de la télé. Depuis des mois, le 
Collectif télé mène une guerre sourde contre ces employeurs pour 
simplement faire appliquer la convention collective qui régit le 
métier. « On demande juste le minimum », résume un membre du collectif. 
L’anonymat est la règle : « Celui qui l’ouvre est blacklisté : la prod 
télé, c’est la loi de l’omerta et du plus fort. »

Abus. L’affaire démarre pourtant bien avec la signature, en juillet 
2007, d’une nouvelle convention collective de la production 
audiovisuelle. Il s’agit de mettre fin aux abus en vigueur dans les 
boîtes de prod où le salaire des intermittents est complété grâce aux 
Assedic. Sur un mois de travail, l’employeur déclare dix jours et les 
Assedic payent le reste. Une pratique alors quotidienne, facilitée 
par le flou artistique de la législation. La nouvelle convention 
collective établit que l’employeur paiera aux intermittents le nombre 
d’heures travaillées. Une lapalissade qui constitue pourtant une 
réelle avancée dans le secteur. La convention est signée par les plus 
importants syndicats de producteurs ainsi que par deux syndicats 
affiliés à la CGT pour une entrée en vigueur en février 2008 maximum.

Février 2008 : la nouvelle convention collective n’est appliquée 
nulle part. Endemol, Capa, Fremantlemedia, personne ne l’applique. Ah 
si, quelques sociétés sont en règle : Air Productions, celle de Nagui 
où tout semble se dérouler conformément à la convention. Et Réservoir 
Prod. Là, chez Jean-Luc Delarue, c’est un peu particulier : on 
applique la nouvelle convention, mais on déclasse. Ainsi le chef 
opérateur est-il prié d’accepter un simple poste d’opérateur, de même 
le chef monteur doit-il devenir monteur. Moins cher, pardi.

Chez Quai Sud, filiale de TF1 chargée de produire Sans aucun doute, 
l’émission où l’on dénonce diverses arnaques, la direction affirme 
appliquer, depuis le 1er janvier, la nouvelle convention, comme dans 
les autres filiales de production de la Une. A voir, affirme un 
salarié de Quai Sud : « Un directeur de production nous a dit ne pas 
pouvoir appliquer la nouvelle convention, qu’il allait nous payer une 
heure supplémentaire mais qu’on en ferait cinq. » Autre procédé en 
vigueur chez Quai Sud : au lieu de facturer en heures travaillées le 
voyage sur le lieu de tournage, on paye une indemnité de transport : 
c’est-à-dire, pas de cotisations pour la retraite, ni à l’Ursaaf. « Et 
ça représente 20 % de salaire en moins », explique un intermittent. 
« Il y a eu des divergences d’interprétation », avoue Edouard Boccon-
Gibod, patron des filiales de la Une. Finalement, la convention 
collective devrait être totalement appliquée à partir du 1er mai.

Mais ailleurs, la réponse des producteurs est toujours la même : la 
convention collective coûterait trop cher. Et si vous n’êtes pas 
contents, c’est la porte. Ainsi chez Sacha Production qui conçoit 
Question maison, pour France 5. Au bout de cinq ans d’émission, 
l’équipe a osé demander des augmentations ainsi que l’application de 
la convention collective. Bilan : jeudi dernier, le patron de Sacha 
Production a viré toute l’équipe, soit 25 personnes ! L’avocat de 
Sacha Production, Me Vincent Toledano ne souhaite pas épiloguer sur 
« les emportements des uns et des autres » : « La nouvelle convention 
collective ne satisfait ni les intermittents, ni les employeurs qui 
ne peuvent pas en supporter le surcoût ».

Perte. Pourtant, le travail du Collectif télé commence à payer. Aidé 
par des inspections du travail dévastatrices dans plusieurs sociétés, 
dont Quai Sud ou Réservoir Prod. Le Collectif télé est assisté par Me 
Françoise Davideau qui a écrit à l’ensemble des boîtes de prod pour 
leur demander d’appliquer la convention collective. Souvent en pure 
perte : « Je suis sidérée, déclare Me Davideau, par l’arrogance 
opposée à de simples demandes de dialogue et l’application de la 
loi ». L’avocate envisage une plainte au pénal, déposée par des 
syndicats contre plusieurs sociétés.

« Toro piscine » dans les stades
QUOTIDIEN : mardi 29 avril 2008

Le collectif « Toro piscine » a déjà frappé deux fois, en février et à 
la mi-avril : deux mouvements de grève des personnels techniques 
chargés de la captation des matchs de rugby et de foot. Le 
téléspectateur n’en a rien vu puisque les prestataires ont remplacé 
les grévistes Toro piscine par du personnel non gréviste. Les 
techniciens réclament une réévaluation de leurs salaires : « Le tarif 
n’a pas évolué depuis quinze ans », explique l’un d’eux. Le Syndicat 
national des techniciens (SNTPCT) tente de menerdes négociations avec 
le syndicat patronal, la Ficam. Sans suite pour l’instant.