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Otages en Irak : le gouvernement se tait

Publie le lundi 6 septembre 2004 par Open-Publishing

« Moins on en dit mieux c’est », a estimé lundi matin Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense • Selon Fouad Alaoui, secrétaire général de l’UOIF, Christian Chesnot et Georges Malbrunot auraient été remis à la résistance par leurs ravisseurs •

Par Libération.fr

17 jours que les journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot sont retenus en otages en Irak et toujours un optimisme mêlé de prudence. Michèle Alliot-Marie, lundi, sur LCI : « Tout ce que nous pouvons dire aujourd’hui, c’est que nous avons des indications sérieuses qui permettent de croire d’abord qu’ils sont en bonne santé et d’autre part qu’une libération est possible ». Quand ? Plus personne ne se risque à avancer une date, même hypothétique. « Tant que les otages sont détenus et sont en Irak, il faut être extrêmement prudent », a souligné la ministre de la Défense. « Ce pays est en plein chaos, cela pose donc de grandes difficultés. (...) Moins on en dit et mieux c’est. »

Michèle Alliot-Marie a assuré que « tout est fait sur le terrain de la part bien entendu de tous nos services mais également de tous nos amis pour obtenir leur libération ». Et salué « l’action de toutes les autorités religieuses et politiques du monde arabe » au lendemain d’une fatwa (décret religieux) exigeant la libération des deux journalistes français émise par la plus haute autorité salafiste en Irak (lire l’article).

Le ton tranche avec celui de certains ministres qui espéraient « un dénouement heureux » en fin de semaine dernière. Dominique de Villepin avait ainsi publiquement caressé l’espoir d’une libération vendredi dernier, jour de la grande prière. Le mot d’ordre de prudence intimé par un Jean-Pierre Raffarin agacé de la cacophonie gouvernementale est désormais respecté à la lettre. Renaud Donnedieu de Vabres, convaincu jeudi dernier à Perpignan que les otages « ne sont plus dans les mains des ravisseurs au milieu desquels ils se situaient », se contente aujourd’hui de lâcher : « Nous voulons toujours croire que leur libération sera la plus rapidement possible réalisée (...) Nous ne voulons rien faire qui puisse compromettre cette issue que nous attendons ».

Les rares informations viennent des membres de la délégation du CFCM qui s’est rendue en Irak la semaine dernière. Fouad Alaoui, secrétaire général de l’UOIF, a indiqué sur Europe 1 : « Nous sommes dans une phase que j’appellerai de remise des otages qui est différente de la phase de libération des otages (...) Les otages ne sont plus dans les mains de leurs premiers ravisseurs mais plutôt dans celles de la résistance irakienne ».

D’après lui, leur libération est toutefois rendue difficile par le « chaos » régnant à Bagdad mais aussi par l’absence de collaboration des forces américaines sur place. Une critique reprise lundi, à Paris, par l’association Amitiés franco-irakiennes, qui regroupe des personnalités françaises de diverses tendances politiques hostiles dans les années 1990 à l’embargo contre l’Irak, puis à la guerre. Selon elle, en procédant dans la nuit du 4 au 5 septembre à des « exécutions et à plusieurs centaines d’arrestations dans la zone de Latifuya-Mahmoudiya, au sud de Bagdad, où les deux journalistes ont été enlevés, et où ils pourraient être libérés, les Etats-Unis ont mis sciemment en danger la vie de Georges Malbrunot et de Christian Chesnot ».

http://www.liberation.fr/page.php?Article=236604