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Où va l’Italie ?

par Jean-Pierre Anselme

Publie le mardi 27 mars 2012 par Jean-Pierre Anselme - Open-Publishing

Les Mercredis de la démocratie organisent une conférence-débat sur la situation en Italie, "Où va l’Italie ?", avec Anna-Maria Merlo, journaliste italienne, correspondante en France du quotidien Il Manifesto, le mercredi 28 mars, à 20h.

Après Berlusconi, face à un gouvernement de technocrates chargé d’appliquer les diktats de la finance, où en sont les gauches politiques et sociales en Italie et quelles sont leurs perspectives ?

CAFÉ ASSOCIATIF LA COMMUNE

http://www.cl-aligre.org/spip/index.php

3, rue d’Aligre, Paris XIIe

(métros : Ledru Rollin, Gare de Lyon)

(Soupe printannière après la conférence-débat)

INTRODUCTION AU DÉBAT. Les politologues considèrent l’Italie comme un « laboratoire politique ». Pour le pire : on a eu le fascisme avant les autres, il y a eu la politique par l’écran télé avec Berlusconi, maintenant on a un « gouvernement technique », c’est à dire le gouvernement des banques, formé par des non-élus. Pour le moins pire, l’Italie a eu le plus grand parti communiste occidental, plus indépendant de l‘Urss que ses confrères et pour le meilleur une société civile alerte par le passé.

Comment comprendre le paradoxe italien du moment ? Le gouvernement de M. Mario Monti, professeur à l’université privée Bocconi de Milan, ancien consultant de Goldman Sachs après avoir été commissaire européen (Marché Intérieur, Concurrence), après trois mois de pouvoir garde le consensus d’une majorité des citoyens. Pourtant il applique à la lettre le diktat de la troïka (Fmi, Ue, Bce), porte des coups francs dans le droit du travail et ne fait rien contre le chômage, qui ravage la société, notamment les jeunes.

Beaucoup s’explique avec les années Berlusconi qui ont meurtri une partie de la population. M. Monti donne une meilleure image internationale du pays. Cela suffit ? La partie, majoritaire en nombre (mais minoritaire dans les résultats des urnes, grâce au mode de scrutin imposé par la droite), qui a refusé Berlusconi est dans l’attente. Le caïman est encore là, avec sa majorité de députés et il peut resurgir à tout moment. Le populisme de la Ligue du Nord est encore présent.

M. Monti a promis de sortir le pays des corporatismes archaïques qui bloquent la société. Le fera-t-il ? Le peuple attend. Sans illusions : il n’a pas promis l’égalité, mais seulement l’équité. Le peuple jugera sur pièces. Avec la peur au ventre que, au lieu de combattre la corruption et les corporatismes qui ont dépouillé la République, il s’en prenne aux corps intermédiaires, à commencer par les syndicats, pour imposer l’absurde religion de l’austérité. Tandis que la gauche, divisée et fatiguée, reste sur le bord de la route, en attendant… quoi ?

Anna-Maria Merlo


IL MANIFESTO
(l’Affiche) est le quotidien italien de la gauche critique. Fondé en 1969, le titre est né d’une dissidence du Parti communiste italien, à la suite de l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie. Véritable institution de la péninsule, Il Manifesto a la particularité d’être géré par ses journalistes, avec un salaire unique pour tous ses salariés. En 1995, il a été l’un des premiers quotidiens italiens à créer son site Internet : http://www.ilmanifesto.it

Depuis sa naissance le journal transalpin a réussi à surmonter de multiples crises financières grâce, en particulier, au soutien de ses lecteurs. Confronté à une baisse de ses ventes (environ 15 000 contre le double il y a dix ans) liées notamment à la baisse du pouvoir d’achat et à la décision du gouvernement Monti de tailler dans les aides à la presse, Il Manifesto a été placé sous administration judiciaire au début de 2012. Dans cette situation très périlleuse, le quotidien fait une fois encore appel à ses lecteurs pour des dons ou des abonnements.

http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/260312/ou-va-litalie