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Oui à la confrontation d’idées. Non à la censure et à la violence
par Le MRAP
Publie le vendredi 28 novembre 2014 par Le MRAP - Open-PublishingJeudi soir, un appel à manifestation pour interdire la pièce Exhibit B a réuni plus d’une centaine de personnes se réclamant de la représentativité du « peuple noir ».
Plusieurs militants du comité local du MRAP de Saint Denis se sont retrouvés avec d’autres, devant le théâtre Gérard Philippe pour tenter d’amorcer un dialogue avec les antis Exhibit B ;
Peine perdue, plusieurs tentatives de discussions ont viré à l’insulte, l’injure et même des violences ...
C’est ainsi qu’une des figures « des luttes des sans » à Saint Denis et adhérente du MRAP, âgée de plus de 70 ans, s’est retrouvée à terre après qu’une manifestante l’ai délibérément poussée après lui avoir craché au visage. Choquée, elle a été transportée à l’hôpital le plus proche par les pompiers. Elle revendiquait simplement une écoute réciproque
Nous dénonçons fermement l’attitude pour le moins irresponsable de certains initiateurs de la manifestation qui, par leur appel à la censure et au boycott, ont permis à des groupuscules, dont le discours ressemble à la rhétorique développée par « Tribu K » organisation racialiste, antisémite violente dissoute en 2006, de se remettre en scène.
Cette manifestation est surtout une violence faite aux performeurs acteurs qui, aux yeux de leurs détracteurs, ne seraient pas capables de penser, c’est aussi une violence faite aux antiracistes qui entendaient voir la pièce et en débattre. Les réserves et critiques doivent s’exprimer démocratiquement, en laissant place à la liberté de création et au débat.
Les blessures laissées par l’esclavagisme, le colonialisme, l’apartheid sont profondes. Nous avons à développer plus encore un nécessaire travail de mémoire et de réhabilitation qui prennent en compte les résistances des peuples africains dont beaucoup de leaders ont été sciemment assassinés par l’impérialisme blanc et ses séides en Afrique. Nombre de victimes de l’apartheid, de l’impérialisme et du colonialisme ont d’abord et avant tout été des résistants.
Mais ce travail de mémoire ne peut souffrir d’aucune exclusive : il nous concerne toutes et tous, quelle que soit notre identité d’origine présupposée. C’est ce qui est initié à Saint Denis depuis longtemps et qui doit s’affirmer avec encore plus d’opiniâtreté.
Si un spectacle de théâtre, ne peut, à lui seul, résoudre la question aussi cruciale du racisme, il est non seulement légitime qu’une œuvre, à sa manière, et avec toute la subjectivité de l’artiste, puisse s’adresser aux spectateurs sans que personne ne s’immisce entre les deux pour juger en lieu et place du public, mais nécessaire quand elle illustre, fût-elle d’une manière crue et dérangeante, les dangers des clichés les plus éculés du racisme.
Nous rappelons enfin que la censure est le premier pas vers le fascisme. Le pire serait, au nom d’un certain antiracisme, de le favoriser. Un théâtre qui ferme et c’est la culture pour toutes et tous qui en souffre.