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P. Bérégovoy l’oubliè de la Mitterando-nostalgie

Publie le samedi 14 janvier 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

Alors que la France renoue avec à l’ère Mitterrandienne et idéalise un Président aux multiples facettes, la mémoire collective tend à effacer la dureté et l’affairisme de cette période qui se sera conclu pour Pierre Bérégovoy, ancien Premier Ministre par une mort mystérieuse un 1er mai sur le bord d’un canal de la nièvre.

La vie de P. Bérégovoy, "Béré" pour les familiers, aura été une véritable success story telle que la République les aime. Fils d’un immigrant ukrainien, obligé très de travailler très tôt en raison de la maladie de son père, ses diplômes se limiteront à un certificat d’étude et un CAP d’ajusteur et de dessin industriel. Ils ne l’empêcheront pas d’occuper des postes et des fonctions de premier plan : Secrétaire Général de l’Elysée, Ministre des affaires sociales puis trois fois Ministre de l’économie et des finances sous trois gouvernements différents avant de devenir Premier Ministre.

Ses origines modestes, sa réussite construite sur la volonté mais aussi sa probité et son désintéressement en auront fait un homme à abattre. Le recours imprudent à un prêt immobilier sans intérêt auprès de Roger Patrice Pelat, l’ami et homme de l’ombre du Président de la République, signera sa perte.

Le déchaînement médiatique menée à son encontre amènera F. Mitterand à prononcer lors de l’éloge funèbre ces phrases devenues célèbres : "Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous. "

Reste le mystère. Le décès de P. Bérégovoy intervient à la veille du procès pour délit d’initié dans l’acquisition de Triangle par Péchiney dans une décennie où l’affairisme est roi. Les profits dans cette opération étaient passés par certains des circuits financiers de Thomson (SOCOFINANCE). Libéré des contraintes du pouvoir, il aurait pu témoigné devant la justice sur un certain nombre de dossiers dont celui-ci.

Certes on disait l’ancien Premier Ministre profondément déprimé et affecté parle cumul de l’importante défaite aux élections législatives de mars et de la polémique sur le prêt de M. Pelat. D’accord, deux mois avant, au moment de son départ de Matignon, il n’était pas bien. Mais, il avait remporté les élections législatives dans sa ville de Nevers et tous ses proches attestent qu’il avait des projets, qu’il allait mieux.
Plus troublant, on relate que des témoins auraient entendu deux coups de feu. Aucun mot d’adieu, n’a été trouvé alors que Pierre Bérégovoy était très proche de sa famille qui a réfuté la thèse du suicide. Son carnet sur lequel il notait tout a disparu alors qu’il l’avait dans sa poche une demi-heure avant sa mort. A-t-on voulu effacer la trace du dernier rendez-vous ? On voit aussi, sur l’unique photo du mort sur le brancard, que l’orifice sur le sommet du crâne n’est pas très grand et ne ressemble pas à la trace que laisse, dans la majorité des cas, un 357 Magnum, l’arme de service de son garde du corps que Béré est censé avoir subtiliser dans une boîte à gants. Aucune expertise balistique n’a été réalisée et la famille a toujours réclamé en vain le rapport d’autopsie, En fait, il n’y a pas eu d’enquête. Sous la pression politique, en un quart d’heure, une vérité officielle s’est imposée, celle du suicide d’un homme désespéré.

Un suicide de plus à la longue liste des disparitions tragique d’alors celui de René Lucet, directeur de la sécurité sociale (retrouvé mort « suicidé » avec deux balles dans la tête le 4 mars 1982), de François de Grossouvre (ancien conseiller du Président, retrouvé mort le 7 avril 1994 avec une balle dans la tête dans le Palais de l’Élysée), ou de Pierre-Yves Guézou (responsable des écoutes téléphoniques de l’Élysée retrouvé pendu à son domicile le 12 décembre 1994).

Messages

  • Difficile de croire à la thèse du meurtre ; moi je pense qu’il avait de bonnes raisons de se suicider, il était probablement très déprimé et pour cause ... il y avait une accumulation trop lourde à porter pour un type assez honnête à la base, il me semble.
    Quant aux responsabilités qu’on pourrait imputer aux uns ou aux autres, l’attaque sur les "chiens" est pas plaisante.
    Les journalistes coupables du suicide de Bérégovoy ? un peu rapide comme verdict à mon sens

    Moi j’imagine plutôt un homme ayant du assumer trop seul ses échecs et la chute qui en a découlé, lâché par son camp ? va savoir ... c’est bien possible.
    Incriminer les journalistes est toujours une solution quand il y a une responsabilité difficile à assumer ; la perversité des rapports presse-politique (voire les rapports entre presse et people) est vraiment quelque chose qui m’intrigue ; je te sonne quand j’ai besoin de toi et je te casse quand tu deviens fouille-merde ... on en connaît un dans le genre qui aime bien jouer à ça en ce moment d’ailleurs.

  • C’est bien de ne pas l’oublier complètement...

    Je fais partie de ceux qui refusent la thèse du suicide et même le fait qu’il soit réellement mort

    car Raphaêl Vacciny, prophète des temps actuels, a écrit :

    "Un vieillard que l’on croyait mort (ce n’était pas lui, mais un sosie) depuis longtemps

    va bientôt réapparaître et dire la vérité."

    Je pense qu’il s’agit de Pierre bérégovoy, justement à cause du carnet d’adresses.

    Je peux me tromper

    Michèle

  • Les morts sont tous de braves types...,” certes. Mais on ne saurait oublier que Béregovoy fut le ministre du franc fort et du coup de barre à droite, puis jeté apris usage.