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Le programme électoral du Hamas : la Charria et la haine des femmes !
PAR LIBERTÉ POUR LES FEMMES DE PALESTINE
mercredi 22 mars 2006
À en croire certains commentateurs, le Hamas ne serait finalement pas si islamiste que cela, et si il est beaucoup question de savoir si, au gouvernement, le Hamas acceptera ou non de reconnaître Israël, on ne trouve par contre que très peu d’informations sur le programme du Hamas pour la société palestinienne.
Pourtant, le « programme pré-électoral du bloc Pour le Changement et les Réformes » (nom de la liste du Hamas pour les élections parlementaires de janvier 2006) est très clair sur cette question et a été publié le 24 janvier sur un site lié aux islamistes palestiniens[1].
Laissons tomber la longue introduction qui commence comme un prêche (« Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ») et comporte de longues citations du coran, pour en arriver sur ce qui est appelé les principes de la liste. Et le premier de ces principes c’est : « Le véritable Islam et la réalisation de la civilisation islamique, voilà la base de notre identité et la base de la construction de la vie dans tous ses éléments, à la fois politiques, économiques, sociaux et juridiques ». Et on peut préciser que dans tous les paragraphes, ou presque, concernant la libération nationale, le Hamas ajoute que la Palestine est « une part intégrale de l’oumma islamique ».
Plus loin, dans ce programme, on peut lire : « À propos de la politique législative et la refondation du système judiciaire nous proposons : de faire de la Charria le point de départ de la législation de l’Autonomie Palestinienne. » Bien sûr, le Hamas s’affirme presque démocrate en affirmant par exemple dans le quatrième point de son programme concernant la législation : « Développer une culture du dialogue, où toutes les opinions seront respectées », mais en ajoutant aussitôt cette restriction, « seulement si elles ne s’éloignent pas de l’héritage culturel et religieux du peuple palestinien ». Et on sait ce que cela signifie pour le Hamas : les revendications féministes, par exemple, sont considérées par les islamistes comme des valeurs étrangères à cet « héritage culturel et religieux ». On peut y voir aussi, de façon très claire, l’interdiction des propos jugés « blasphématoires » et de tout regard critique sur le coran, la sunna ou la charria.
D’ailleurs, dans la partie du programme électoral concernant la formation, le premier point indique : « Les principes pédagogiques, qui dirigent la philosophie de la pédagogie en Palestine, sont en premier lieu l’Islam, comme système universel de formation, qui enseigne le bien à l’homme et assure ses droits individuels et publics. » Est-il besoin de commenter ce point ? Est-il besoin de rappeler que depuis le 7e siècle, date à laquelle l’islam a été inventé, bien des avancées dans la connaissance scientifique, dans la culture et dans les arts ont été réalisées ?
Et comme tous les partis réactionnaires de par le monde, le premier point du volet « politique sociale » de ce programme électoral indique : « Soutien à la base saine de la famille palestinienne. Nous devons adhérer à ce soutien afin de préserver nos valeurs et nos principes moraux. » Cette « base saine » est-elle cette vieille tradition, toujours en vigueur en Palestine, qui permet à un homme de la famille d’assassiner une femme parce qu’il la soupçonne d’avoir eu des relations sexuelles hors du mariage ? Cette base saine est-elle celle qui fait des femmes des éternelles mineures sous la tutelle du père, des frères, puis du mari ? À chaque fois que des réactionnaires brandissent le drapeau de la « saine base familiale », ce qu’ils défendent c’est la famille patriarcale où la femme doit courber l’échine face à son mari, ignorer ses aspirations et ses désirs, bref se sacrifier pour son homme. C’est au nom de cette « base saine » que, partout dans le monde, on cherche à refuser aux femmes le droit de choisir leur sexualité, c’est au nom de cette base que, partout, on condamne et persécute les homosexuel(le)s...
D’ailleurs, ce « volet social » du programme électoral du Hamas précise sans son point 5 : « Concernant la législation sur le statut civil et les voies de la Charria : il est nécessaire d’accepter la loi, sur la base des textes du droit musulman (Charria) et ses livres théologico-juridiques ; de sélectionner parmi eux tout ce qui correspond au développement de la société palestinienne islamique ; de publier des décisions législatives sur l’application de la charria en Palestine qui doit dans toute sa variété être l’unique modèle à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza (...) ».
Bref, la base et la source de tout ce qui concerne la famille et donc les femmes, c’est la Charria, encore la Charria et toujours la Charria ! Comme si rien n’avait évolué depuis le 7e siècle ! Et si, en ce qui concerne déjà de nombreux points législatifs en Palestine, la Charria est déjà une des sources du droit, on sait que pour le Hamas c’est l’interprétation la plus stricte et la plus rétrograde de ce texte qui lui sert de base.
Et comme si ce n’était pas assez clair, le point 6 de ce même « volet social » ajoute : « Protection de la structure sociale unie, acceptable pour le peuple palestinien, et protection de la morale publique, garantie de la protection des principes moraux pour empêcher tous les processus qui la piétinent ». On peut rappeler que c’est justement au nom de cette « protection des principes moraux » que le Hamas s’était fermement opposé à toute revendication féministe[2] ! Que c’est au nom de ces principes « moraux » rétrogrades que la municipalité de Qualqilya a interdit un festival de musique, entre autres pour s’opposer à la mixité[3] ! Que c’est pour défendre cette « morale publique » que des assassins fondamentalistes avaient exécuté Yousra en pleine rue à Gaza[4] ! Que déjà des factions armées se définissant comme « milices de la vertu » sèment la terreur en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza !
Et le point 13, toujours dans ce même volet, précise : « Combattre la drogue, l’alcool, la dégradation morale sous toutes ses formes par les méthodes cultivées d’un éclaircissement selon l’esprit et la lettre de la Loi ». Précisons que la « Loi », surtout avec un grand L, c’est, pour le Hamas, la charria. Et si ce n’est pas la peine de revenir sur la conception islamiste du « respect de l’esprit et de la lettre de la Loi » concernant le droit des femmes et la sexualité, on peut noter, pour ce qui est de l’alcool, qu’au début de ce mois de janvier, le dernier endroit où l’on pouvait acheter des boissons alcoolisées à Gaza a été détruit par une explosion.
Le volet suivant concerne l’information, et on trouve de nombreux articles défendant la liberté de la presse, mais une « liberté » réalisée selon les principes de l’islam politique, c’est à dire limitée et contrôlée. Ainsi, le premier point du volet concernant les médias indique : « La politique de l’information doit être basée sur les principes de la liberté de pensée, la liberté des opinions, l’ouverture et l’honnêteté », pour limiter immédiatement cette liberté dans le point 2 : « Il est nécessaire de protéger les citoyens, et en particulier les jeunes gens, de l’immoralité, de la banalité, de l’imitation de l’Ouest et de l’assimilation culturelle ». À noter que lorsque des femmes revendiquent leurs droits, c’est, pour le Hamas, une « imitation de l’Ouest » ! Et ce point 2 montre bien la conception de la liberté de la presse et des médias pour le Hamas, une liberté à l’iranienne ou à la saoudienne ! À se demander si des chansons d’amour, ou même des femmes sans hidjab, pourront passer à la télévision ou à la radio !
Le volet suivant concerne « Les problèmes des femmes, des enfants et de la famille ». Et le point 4 de ce volet résume bien toute la philosophie réactionnaire du Hamas concernant les femmes : « Renforcer l’éducation islamique des femmes, la garantie de leurs droits, le moulage d’une personnalité indépendante de la Palestinienne, où sont inhérentes à la fois la modestie, la décence et le sentiment de la dette nationale. » On voit mal de quels droits il s’agit, si ce n’est celui de se taire « avec modestie ». Quant à la « décence », on ne sait malheureusement que trop bien ce que ce mot signifie pour les militants de l’islam politique. Meriem Farhat, candidate élue dans la Bande de Gaza, avait d’ailleurs indiqué lors de la campagne qu’une des premières lois qu’elle proposerait au parlement serait de rendre le voile obligatoire[5]. Imposer le voile aux femmes fut d’ailleurs une des premières campagnes du Hamas d’abord dans la Bande de Gaza, puis dans différentes régions de Cisjordanie[6].
Et un peu plus loin, dans le point 7 de ce volet, il est écrit : « Protéger la femme palestinienne de ce qui nie son rôle spécifique, se moque de son essence féminine, insulte son mérite et contre d’autres actions contraires au droit ». On sait que pour le Hamas, le droit c’est la Charria. On sait que leur protection de la femme justifie pour les islamiste d’assassiner une jeune fille dans les rues. Et on sait surtout que lorsque les réactionnaires parlent de « rôle spécifique » et « d’essence féminine », c’est toujours un moyen pour justifier l’oppression des femmes, pour lui nier son statut d’être humain à part entière.
Et enfin, pour finir ce tissu de mesures rétrogrades, notons que pour le volet concernant les jeunes, le Hamas indique dans le point 4 : « Protection des jeunes gens de toute manifestation de défaut et de dégradation morale »... Comme protéger une jeune fille en l’assassinant ? Comme interdire un festival de musique ?
Ces quelques extraits du programme électoral du bloc « Pour le Changement et les Réformes » rappellent bien le caractère profondément réactionnaire, anti-féministe, et liberticide du Hamas.
Bien sûr, si les militants du Hamas adhèrent à ce programme, bien des électeurs ont surtout voulu sanctionner le Fatah, sa corruption, et le chaos qui règne dans la Bande de Gaza lors des affrontements entre différentes factions armées. Bien des électeurs ont voulu, aussi, protester contre la misère, le chômage et la pauvreté, sans parler de la lassitude face à un « processus de paix » qui n’est, pour la population palestinienne qu’une continuation de l’occupation, de la colonisation, des incursions militaires, des contrôles aux check-points, sans même parler du Mur de l’apartheid...
Pour ce qui est de l’occupation, ce n’est pas dans le parlement de Ramallah que se prendront les décisions importantes. Le Hamas le sait : sur cette question, que ce soit lui, le Fatah ou un autre parti, rien de changera concernant l’occupation. C’est d’ailleurs pour cela que le Hamas insiste pour former un gouvernement de coalition, espérant laisser au Fatah l’échec du « processus de paix », pour se consacrer à l’islamisation de la société palestinienne. Le Hamas, d’ailleurs, avait avant même les élections demandé des postes comme l’éducation, le social ou la santé. Pour ce qui est de la misère et du chômage, là non plus, malgré des propositions démagogiques, le Hamas ne changera rien dans la vie quotidienne des travailleurs de Palestine. Et il faut rappeler que le Hamas est, du point de vue économique, libéral, qu’il défend un ordre social capitaliste, lui ajoutant simplement la charité, cette « valeur » des cléricaux de tous les pays, qui consiste à donner quelques miettes aux pauvres.
Le seul point de son programme que le Hamas pourra chercher à appliquer, c’est son programme fondamentaliste, anti-féministe et liberticide, c’est la Charria la plus stricte dans toute son horreur, c’est le renforcement de l’oppression contre les femmes et au-delà la réaction pour toute la société palestinienne.
Plus que jamais les féministes de Palestine ont besoin de toute notre solidarité[7].
par Yasmina, article publié sur le site Liberté pour les femmes de Palestine
[1] Voir aussi sur la Charte du Hamas :
http://libertefemmepalestine.chez-a...
[2] Voir entre autres « Les Palestiniennes face aux mouvements islamistes » :
http://libertefemmepalestine.chez-a...
[3] http://libertefemmepalestine.chez-a...
[4] Sur l’assassinat de Yousra, voir :
http://libertefemmepalestine.chez-a...
http://libertefemmepalestine.chez-a...
http://libertefemmepalestine.chez-a...
[5] Voir : Gaza à l’heure « H »
[6] Voir : « Les femmes, le hidjab et l’Intifada »
http://libertefemmepalestine.chez-a...
[7] ASWAT, organisation féministe lesbienne de Palestine, a, par exemple, besoin de toute notre solidarité :
http://libertefemmepalestine.chez-a...
Messages
1. Et cette politique là t’en pense quoi ? , 22 mars 2006, 10:16
http://www.thewallofhate.org/film/thewall.wmv
Palestine - 15-03-2006
PNIC : 4298 morts et 46353 blessés depuis le début de l’Intifada
Par IPC
Le nombre de personnes tuées depuis le début de l’Intifada d’Al- Aqsa du 29 août 2000 au 28 Février 2006, a atteint 4298 tués, tandis que le nombre des blessés a atteint 46353 blessés.
Un rapport publié par le Centre national palestinien d’Information (PNIC) qui appartient au SIS (State Information Service), mentionne que le nombre d’enfants tués s’élève à 801 enfants.
Le nombre de palestiniens qui ont été tués pendant des bombardements israéliens a atteint 732 victimes, 272 femmes sont tombées morts en plus de 344 membres de la sécurité nationale et 844 étudiants et professeurs.
Selon le rapport, le nombre de personnes exécutées extrajudiciairement vaut 394 citoyens, tandis que le nombre de malades qui sont morts en raison des obstacles et des points de contrôle israéliens a atteint 140 personnes.
D’autre part, 65 personnes ont été tuées en raison des attaques produites par des colons israéliens.
Quant au personnel du secteur médical et des personnes du personnel de la Défense civile, 36 employés ont été tués et également 9 journalistes et ouvriers dans la presse ont été assassiné à côté de 220 athlétiques.
Le nombre de prisonniers et de détenus qui sont encore emprisonnés 9200 palestiniens, dont 560 ont été emprisonnés avant l’Intifada d’Al- Aqsa, tandis que le nombre de prisonniers étudiants dans des écoles ou universités est arrivé à 1389 prisonniers, d’ailleurs, 319 enfants au moins de 18 ans sont en dehors de ce nombre.
A Propos des prisonniers dans le domaine de l’Education, 205 professeurs et employés du ministère de l’Education supérieur ont été détenu par les forces de l’occupation israélienne.
En outre, 1200 prisonniers souffrent des maladies chroniques, pourtant, 116 prisonnières sont encore détenues, tandis que 67 prisonnières ont été jugées, 43 sont condamnées avec sursis et 6 prisonnières sont administratives.
D’une part, le rapport de PNIC se réfère également au total de maisons endommagées totalement ou partiellement ; 71470 maisons, dont 7658 maisons ont été complètement, parmi lesquelles 4785 maisons se situent dans la bande de Gaza.
D’autre part, le nombre de maisons qui ont été endommagées partiellement atteint 63842, dont 23622 maisons se trouvent dans la bande de Gaza.
Le nombre de bâtiments et d’équipements appartenant au secteur public et à la sécurité soit endommagés complètement soit partiellement vaut 645 bâtiments.
12 universités et écoles ont été fermées à cause des commandes militaires ; 1125 associations éducatives ont été suspendues en raison de l’agression israélienne.
Pourtant, le nombre d’établissements du ministère de l’Education qui ont été affectés par le bombardement israélien ordonné de la part des troupes israéliennes, est 350 établissements.
Selon les violations israéliennes au secteur agricole, le rapport clarifie que la superficie des terres qui a été arrachée est mesurée de 76867 dunums.
1355290 arbres ont été déracinés si bien que 770 magasins agricoles ont été démolis par l’occupant israélien, an ajoutant 756 fermes avicoles ont été démolis.
31263 dunums équipés de réseaux d’irrigation et 1327 puits d’eau ont été détruits.
Les clôtures des régions agricoles qui ont été détruites, sont mesurées de 609593 mètres en arrachant 929984 mètres de réseau principal d’eau.
Le nombre de fermiers qui ont subi à des pertes en raison des agressions israéliennes a atteint 61195, où le nombre de pépinières détruits a atteint 16, en plus d’endommager 16 tracteurs et de divers équipements agricoles.
Le nombre de magasins, qui ont été entièrement démolis du 1er Octobre 2001 au 30 Décembre 2005,a atteint 9254 magasins.
Le rapport mentionne que 899767 poule ont été massacrés en plus de 350292 poulets.14749 chèvres ont été tués ainsi que 12132 vaches et bétails.
15265 ruches ont été démolies. 404 puits ont été démolis ; en plus de 207 maisons qui appartiennent aux fermiers.
Le rapport déclare aussi que le nombre d’ouvriers en chômage, selon les résultats d’un aperçu fait au premier trimestre de 2005,a atteint 272 (26,3%), où le pourcentage de la pauvreté dans les territoires palestiniens atteint 53,5% à cause de la fermeture israélienne, ceci est selon les résultats de l’enquête de pauvreté faite en 2005.
Les violations israéliens contre les journalistes ont atteint 753 violations et l e nombre des check points installés par les forces de l’occupation est 3852. La superficie des terres qui ont été confisquées pour la construction du mur de séparation est mesurée de 244494 dunums.
Source : IPC
1. > Et cette politique là t’en pense quoi ? , 22 mars 2006, 12:12
N’oublie jamais :
"L’homme le plus opprimé peut opprimer un autre être humain qui est sa femme. Elle est le prolétaire du prolétaire lui-même"
Flora Tristan