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PS recherche leader désespérément
Publie le mercredi 10 octobre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
de Michel Noblecourt
Principale force de l’opposition, le Parti socialiste est décidément dans une étrange situation. Jusqu’au prochain congrès, après les élections municipales de 2008 (à la fin du printemps ou à l’automne ?), François Hollande est toujours premier secrétaire. Mais déjà, n’étant pas candidat à un cinquième mandat, artisan d’une rénovation qu’il ne mènera probablement pas à son terme, il est perçu comme hors du film en cours, ailleurs, n’ayant plus, tel un leurre, qu’une apparence de pouvoir.
Dans son interview à Charlie Hebdo du 3 octobre, M. Hollande le reconnaît en creux, en décrivant la gauche comme une "armée mexicaine", avec des responsables socialistes "libres de s’exprimer en ne représentant qu’eux-mêmes, mais en brouillant le message du Parti socialiste".
Ebranlé par l’ouverture présidentielle, secoué par une profonde crise d’identité, le PS est aussi victime de ce que M. Hollande appelle le "bougisme aigu" de Nicolas Sarkozy, qui a en permanence trois annonces en poche et cinq réformes en préparation. Face à cette rafale de chantiers présidentiels, le PS est d’autant plus inaudible qu’il n’est pas en état de remplir le contrat qu’il s’est lui-même fixé : s’opposer sans en rester à la dénonciation et proposer des réformes alternatives. Faute d’être au clair sur leurs propositions, à l’exception des régimes spéciaux de retraite où une réflexion sur leur "évolution" a été amorcée, les socialistes peinent à donner de la cohérence et de la visibilité à une "autre politique". Et leur cuirasse risque de garder ce défaut tant qu’ils n’auront pas préalablement entrepris leurs travaux de rénovation. Début 2008, et alors que le PS aura théoriquement achevé la première phase de sa rénovation - la seconde étant prévue au moment même du congrès -, au cours de laquelle les différentes personnalités se feront concurrence pour en être l’incarnation, M. Hollande cessera d’être transparent. Il rendossera, pour la bataille des municipales, les habits de chef de campagne qui lui ont si bien réussi pour gagner la séquence électorale de 2004 (régionales, cantonales et européennes). Mais la question de savoir qui lui succédera pour devenir le premier secrétaire du PS, et donc en principe son leader, restera entière.
Or, à partir du moment où le PS fait sienne l’équation selon laquelle c’est lors d’un nouveau congrès en 2010 qu’il désignera son candidat à l’élection présidentielle de 2012 et que de facto il se rallie à l’idée de M. Hollande jugeant "judicieux" que le premier secrétaire de 2010 brigue aussi l’Elysée, il est face à un véritable dilemme. Les présidentiables vont y regarder à deux fois avant de tenter de "prendre le parti" deux ans avant le choix du candidat, de peur de se brûler les ailes. La solution pourrait alors être d’élire, l’année prochaine, un "patron" de transition - qui céderait sa place au candidat en 2010... ou s’engagerait à ne pas l’être -, mais ce schéma ne réglera pas la question du leadership.
La parole de cet intérimaire ou de ce simple gestionnaire de l’appareil sera automatiquement brouillée par la compétition, très médiatisée, entre les présidentiables qui ne manquera pas de repartir de plus belle. Dans le club des responsables "historiques" du PS, chacun y va de son calcul et de sa stratégie. Hors jeu en 2008 puisqu’il a promis de ne pas se représenter, après avoir été plus de dix ans à la tête du PS, M. Hollande veut retrouver sa pleine liberté, qu’il a déjà commencé à exercer sur les 35 heures ou la mondialisation, pour garder ses chances d’être candidat en 2010. Ségolène Royal se montre moins pressée. L’ancienne candidate refuse de se doter d’un courant et met des conditions - "si je le veux", "si je suis bien accompagnée", "si cela correspond à l’intérêt des socialistes et donc à l’intérêt du pays" - avant de briguer la direction du PS. De plus en plus sur les rangs, Bertrand Delanoë s’organise méthodiquement. Mais s’il est réélu maire de Paris, il aura du mal à se jeter, aussitôt, dans le chaudron socialiste après s’être engagé à faire son "travail de maire à 100 %".
Les amis de Dominique Strauss-Kahn sont orphelins depuis que l’ancien ministre a conquis la direction générale du Fonds monétaire international (FMI). Certains poussent Pierre Moscovici à tenter sa chance pour être premier secrétaire, voire plus. D’autres imaginent un retour de "DSK" avant la fin de son mandat en 2012 si jamais il échouait à rénover le FMI et surtout s’il pouvait en faire porter le chapeau aux gardiens du temple libéral... Laurent Fabius semble se remettre dans le jeu, en "actif sage", mais ses forces sont affaiblies et hésitantes. Quant à Lionel Jospin, personne ne l’imagine reprenant du service à 70 ans pour incarner la "renaissance" du PS.
"MUTATION" ET "PACIFICATION"
Si la compétition pour 2012 se joue entre Mme Royal, M. Hollande et M. Delanoë, ils ont tous les trois intérêt - le député de Corrèze n’ayant, lui, pas le choix - à passer leur tour en 2008 et à attendre 2010. M. Delanoë pourrait encourager une candidature à la tête du PS de son ami Jean Glavany s’il conquiert la mairie de Tarbes. Quant aux quadras de la rénovation - Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Gaëtan Gorce -, ils aiguisent et affichent leurs appétits mais n’ont guère envie de jouer les intérimaires ou les marchepieds. Outre M. Moscovici, d’autres noms sont cités pour la direction du PS. Benoît Hamon ? L’atout du député européen est d’être le plus jeune (40 ans) mais, "noniste" au référendum de 2005 et partisan de M. Fabius lors de la primaire, il campe à l’aile gauche et n’est pas "ségo-compatible". Harlem Désir ? A près de 48 ans, fils d’un père martiniquais, l’ancien président de SOS-Racisme a un bon profil. Malgré sa position pour le "oui" au référendum européen, M. Désir est bien vu par l’aile gauche. Mais le député européen joue à fond la carte Delanoë. Pour l’heure, aucun des sept aspirants n’est en situation d’être élu.
Des outsiders plus consensuels, comme le ségolèniste Michel Sapin - ami de Mme Royal comme de M. Hollande - ou surtout François Rebsamen, actuel numéro deux du PS, maire de Dijon - qui, dépourvu de toute ambition présidentielle, peut prétendre rassembler plus largement -, seraient des candidats de compromis et de transition. Jean-Christophe Cambadélis, proche de M. Strauss-Kahn, suggère une autre piste, celle d’"une équipe avec un primus inter pares, sorte de speaker plutôt que leader, qui pourrait être élu pour un an ou deux". Ce secrétariat national, resserré et paritaire, mènerait de pair "mutation" et "pacification", en mettant entre parenthèses toute querelle de présidentiables. Mais le scénario Cambadélis suppose un apaisement interne qui relève aujourd’hui de l’utopie. Et la question demeure : le PS peut-il attendre 2010 pour retrouver un véritable leader ?
Messages
1. PS recherche leader désespérément, 10 octobre 2007, 14:19
Avant relire Rosa Luxembourg ici : http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=53455
Et ensuite, signer la pétition des communistes ici, plus que jamais d’actualité, avec son nom et sa section du PCF, pour un référendum militant sur les municipales et les alliances avec le PS.
LA PETITION ICI : http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=53075