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Pacho Cortes prisonnier politique en Bolivie

Publie le samedi 31 juillet 2004 par Open-Publishing

de Jean-Marc Desfilhes

Francisco Cortes dit Pacho, citoyen colombien, a été arrêté le 10 avril 2003 à El Alto, quartier pauvre de La Paz en Bolivie. Militant infatigable pour les droits de l’Homme dans son pays, il s’est investit sans compter dans la défense des communautés paysannes et pour les droits des peuples indigène.

Dés le début des années 1980, il participe à la création de l’ANUC, association national des usagers de la campagne, qui regroupera rapidement plus de 450 organisations paysannes. Ses prises de positions courageuses lui crée de nombreuses inimitiés tant du côté des groupes révolutionnaires que des escouades de paramilitaires. Il échappe en 1997 à un premier attentat qui le contraint à quitter la ville d’Arauca et de se réfugier à Bogota où il poursuit ses activités pour organiser les communautés rurales.

Au début de l’année 2003, les menaces se précisent et Francisco Cortes prend la décision de s’exiler et de partir avec sa famille pour s’installer en Bolivie. Le pays il le connaît un peu pour avoir travailler avec des leaders paysans dans le cadre de rencontre de la Via campesina. Il sait qu’il pourra trouver des appuis, commencer une nouvelle vie, trouver un logement et un travail sans rompre avec ses engagements militants.

La société civile bolivienne a gagné une réputation de lutte et de victoire en parvenant après des heurts très violents à empêcher la privatisation de la distribution d’eau de Cochabamba, la troisième ville du pays. Les réserves de gaz et de pétrole de la Bolivie arrivent en deuxième position après celles du Venezuela et aiguisent les appétits des multinationales. Les peuples indigènes, Aymara, Quechua, Guarani, semblent se réveiller après cinq siècles de colonisation et revendiquent haut et fort une place dans la gestion des affaires du pays. Ils refusent la répartition inégale de la terre. Ils veulent poursuivre la culture de la coca, plante médicinale traditionnelle des cette région des Andes. Pour eux les bénéfices tirés de l’exploitation des champs d’hydrocarbures ne doivent pas être investis à New york, à Madrid ou à Paris mais doivent servir à développer les services publics de leur village. Cette contestation a donné naissance à un parti politique, le MAS, Mouvement !
Al Socialismo, qui fédère toute cette contestation et cette remise en cause de l’ordre colonial établi. Evo Morales, leader paysan, député indigène, figure emblématique de cette révolte, est devenu la bête noire de l’Ambassade des Etats-Unis. Tous les coups sont permis pour discréditer ce mouvement paysan qui est en passe de faire la jonction avec les couches défavorisées des grandes villes. La campagne électorale pour les élections présidentielles bat son plein au mois d’Avril 2003, lorsque Francisco Cortes débarque à La Paz.

Le gouvernement bolivien de l’époque, avec la connivence de l’Ambassade des Etats-Unis décide d’utiliser Pacho Cortes pour jeter des suspicions sur le mouvement paysan bolivien et par extension ternir l’image d’Evo Morales et du MAS. Au mois de mars 2003, David Greenlee, Ambassadeur des Etats-Unis, annonce que les services de renseignements de son pays, la CIA, ont eu connaissance de la préparation d’un coup d’état contre Sanchez de Lozada.

Pacho Cortes est arrêté le matin du 10 avril 2003 en compagnie de deux paysans boliviens, Claudio Ramirez et Carmelo Peñaranda. Ils seront détenus pendant 8 mois dans des conditions très difficiles au centre pénitentiaire de Conchocorro où Pacho Cortes perdra plus de 12 kilos. Ils sont accusés de mettre sur pied un groupe terroriste, el Ejercito de Dignidad Nacional, et de préparer des attentats visant à déstabiliser le pouvoir bolivien. La presse réactionnaire locale se déchaîne et fait les gros titres contre Pacho Cortes, le colombien. Depuis cette date, bien que l’ex-président bolivien, Sanchez de Lozada ait été chassé du pays par les émeutes de la colère en novembre 2003 qui ont laissé plus de cinquante morts dans les rues de La Paz et d’El Alto, Pacho Cortes attend toujours de passer en procès.

Au mois de juin 2004, Via campesina a dépêché une mission internationale de soutien à Pacho Cortez. Constitutée de Rafael Alegria et de José Bové (leaders paysans), de Mme Cordoba, sénatrice colombienne, de Frey Sergio, député Brésilien du PT, de Belen Cortes, militante colombienne de l’UNAC vivant en exile. La mission a rencontré le mercredi 9 juin le président actuel, Don Carlos MESA, pour lui faire part de sa préoccupation concernant Pacho Cortes. Au cours de l’audience le Président bien que reconnaissant les défaillances de la justice et la corruption de certains juge de son pays, n’a pas voulu envisager une solution politique à cette crise. La justice doit suivre son cours...

Via campesina a décidé de lancer une campagne internationale pour dénoncer l’utilisation par les Etats-Unis de l’accusation de terrorisme pour discréditer, affaiblir, diaboliser et finalement opprimés, les secteurs les plus revendicatifs de la société civile sud-américaine. Le cas de Pacho Cortes est malheureusement symbolique de cette politique totalitaire qui est en train de se mettre en place du Mexique à la Patagonie. En absence d’une mobilisation internationale suffisamment forte pour faire contrepoids à la pression exercée par l’Ambassade des Etats-unis, il est fort probable que Pacho Cortes soit condamné à de nombreuses années de prison.

La Confédération paysanne a décidé de s’engager dans cette lutte pour obtenir la libération de Pacho Cortes. Elle vous invite à envoyer une lettre type au Président Carlos MESA que vous pourrez vous procurez sur le site www.viacampesina.org/pacho et à vous mobilisez localement venir en aide à Pacho Cortes.