Panique sur les marchés des changes en Europe de l’Est

Panique sur les marchés des changes en Europe de l’Est

BUDAPEST, 10 oct 2008

Les marchés des changes des pays d’Europe de l’Est ont été frappés d’un vent de panique vendredi, dans le sillage de la crise financière mondiale, provoquant un fort recul du zloty polonais, du forint hongrois et du leu roumain au point que la Banque nationale de Roumanie a du intervenir pour soutenir sa devise.

"Le décrochage du zloty est lié à la situation générale, le retrait des capitaux des marchés émergeants, mais il est également dû aux bruits autour de la banque hongroise OTP qui ont affaibli le forint", a déclaré à Varsovie Mateusz Mokrogulski, analyste en chef de la banque BGZ.

Fin juillet, le zloty s’était négocié à un taux record de 3,1814 zlotys pour un euro. Après avoir déjà décroché jeudi à 3,45 zlotys, la devise polonaise a dévissé vendredi vers 13h40 GMT à 3,5760 zlotys pour un euro.

La monnaie polonaise a perdu davantage contre le dollar. Après avoir brièvement enfoncé le seuil des 2 zlotys pour un dollar à la mi-juillet, elle s’échangeait vendredi après-midi à 2,650 zlotys pour un USD.

La banque centrale de Pologne (NBP) a tenté de calmer les esprits en expliquant que l’affaiblissement de la devise nationale "n’avait pas d’origines dans les données fondamentales de l’économie polonaise".

"La situation de l’économie polonaise est stable et le secteur bancaire est dans une bonne condition", a écrit la NBP dans un communiqué.

La situation a été semblable en Hongrie où le forint a dévissé vendredi matin à 272 forints pour un euro. Dans l’après-midi il réussi à se resaisir quelque peu à 262,78 forints pour un euro.

"Il n’y a pas de raisons particulières derrière la faiblesse du forint. La perte est causée par la panique globale des marchés financiers", a estimé Gergely Suppan, analyste de la Takarekbank.

"L’économie hongroise est vulnérable aux événements extérieurs. Même si le déficit public a considérablement baissé ces derniers temps : l’économie dépend quand même d’un financement extérieur. Et maintenant ils ont fermé le robinet", a-t-il ajouté.

"La fuite des capitaux hors de Hongrie est totalement liée à la panique et non aux fondamentaux", a confirmé Matyas Kovacs, analiste de la Raiffeisen Bank à Budapest. Selon lui, le forint devrait se stabiliser "à moyen-terme aux alentours de 260 forints l’euro".

Pour le président de la Banque centrale (MNB) Andras Simor "il n’y a pas de bases fondamentales pour le faiblissement du forint". En cas de besoin la "MNB interviendra avec les outils dont elle dispose", a-t-il ajouté en parlant des taux d’intérêt.

Un courtier de la bourse de Budapest a démenti les rumeurs de faillite de la banque OTP et a affirmé que le forint a bénéficié d’un soutien "massif" de la banque centrale" ajoutant "mais bien sûr, c’est la panique. Si nous avons deux jours de panique grave aux Etats-Unis, alors la panique peut affaiblir la devise hongroise jusqu’à 280 forints l’euro".

La Banque nationale de Roumanie (BNR) est, elle, intervenue vendredi en vendant de l’euro pour soutenir le leu qui a eu des accès de forte volatilité en début de séance sur le marché des changes, a rapporté l’agence Mediafax.

La BNR a fixé le cours du jour du leu à 3,76 par rapport à l’euro, contre 3,82 la veille. La monnaie roumaine avait lundi atteint son niveau le plus bas depuis décembre 2004, à 3,94 lei pour un euro.

Selon les analystes, cette dépréciation du leu s’explique par la crise sur les marchés internationaux, mais aussi par le risque de dérapage du déficit public en Roumanie, après le vote du Parlement en faveur d’une hausse de 50% des salaires des enseignants.

En Bulgarie, le lev, rattaché à l’euro au cours fixe de 1,95583 leva pour un euro dans le cadre d’un régime d’austérité budgétaire, est resté épargné.

En Slovaquie et en République Tchèque les devises nationales ont elles aussi été épargnées. La couronne slovaque s’échangeait vendredi entre 30,41 et 30,43 couronnes pour un euro, le pays étant à quelques mois de l’adhésion à la zone euro au 1er janvier dont il deviendra le 16e pays membre.

http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/News/index.php?newsID=199803