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Par ici, la sortie du nucléaire !

Publie le lundi 26 avril 2004 par Open-Publishing

LES DERNIERES NOUVELLES D’ALSACE

A deux jours de la date anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, le
réseau « Sortir du nucléaire », constitué de 688 associations
environnementalistes, a inauguré hier, à Fessenheim, un tour de France pour
sensibiliser les citoyens au risque nucléaire et manifester leur volonté de
changer de politique énergétique.

Ils se sont donné rendez-vous hier, à 14 heures, devant la mairie. Mais bien
avant, déjà, le centre de Fessenheim était engorgé. Militants fortement
engagés dans le monde associatif, citoyens sans étiquette, simplement
soucieux de l’avenir énergétique, Français, Suisses, Allemands, ils étaient
plus de 3 000 à manifester leur volonté de changer de politique énergétique.

« La centrale la plus vieille du pays »

Pour témoin de l’ampleur du rassemblement, le nombre de reporters
zigzaguant, caméra à l’épaule, entre le podium et les participants, un
auditoire des plus attentifs.
Sur l’estrade Jean-Paul Lacote, membre de la commission locale de
surveillance, dénonce les conditions de travail à l’intérieur de la centrale
nucléaire. Et Jean-Marie Brom, chercheur au CNRS et porte-parole local du
réseau Sortir du nucléaire, précise que Fessenheim « synthétise toute la
problématique du nucléaire en France, car la centrale est la plus vieille du
pays. Huit incidents sont survenus - officiellement - depuis janvier ; la
commission s’est émue de n’avoir été avertie qu’après-coup ».
D’où la parodie qui se déroule au pied de l’estrade. Un personnage en
costard-cravatte, malette à la main, demande incessamment « plus de
nucléaire ». Tandis que « Chirac » bâillonné hoche négativement du chef
lorsque les intervenants demandent la sortie du nucléaire. Il y a une
semaine, de fait, Sarkozy a réaffirmé la priorité du nucléaire pour les
années à venir. « Il a confirmé la décision du gouvernement de recourir à la
technologie du réacteur européen à eau pressurisée (EPR) », s’indigne
Jean-Marie Brom.
Marie-Anne Isler-Béguin, membre du groupe des Verts au Parlement européen,
commente ainsi le débat sur le nucléaire : « Madame Nicole Fontaine, qui
était ma collègue au Parlement, n’était pas au courant de ce qu’était le
nucléaire en France ; le débat était bidon, sans véritable analyse par
rapport aux coûts. Ainsi, le coût de la surveillance des déchets radioactifs
n’a jamais été vérifié. Or, c’est des milliers et des milliers d’années que
nous laissons pour facture à nos enfants, ce qui est inadmissible ».
Tambour battant, la foule s’est mise progressivement en mouvement. Un
cortège se dirige vers la centrale. A pied ou à vélo. Et, pour fermer la
marche, un camion d’où émanent des refrains du groupe Zebda, suivi d’un bus
badigeonné du slogan « Nucléaire non, renouvelable oui ».

Consommer autrement

La question des énergies renouvelables sera discutée d’ailleurs devant les
grilles de la centrale. Henri Stoll, maire de Kaysersberg, annonce que sa
municipalité élabore depuis un an un plan d’éclairage dont l’objectif est de
diviser par trois la consommation d’électricité pour l’éclairage public. « 
C’est faisable avec la technologie actuelle, on a des lampes de plus en plus
performantes, comme les lampes basse consommation. Si l’ensemble des
communes suivait cette démarche, on pourrait rapidement fermer plusieurs
tranches du réacteur », conclut-il.